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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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20 octobre 2007

Si je devais...

passage_pommeraye...écrire un roman, je commencerais par fermer les yeux, un moment.

Je sais qu’il apparaîtrait presque aussitôt, mon personnage.

La jeune fille se tiendrait d’abord de dos. Je ne verrais d’elle que ses cheveux châtains, souples et longs, son lourd manteau brun et sa main, nerveuse et blanche tenant une clé. Elle fermerait alors la porte de son appartement, au cinquième étage, dévalerait l’envolée de marches qui mène dans la rue et je verrais enfin son visage, dissimulé sous une frange épaisse. Je déciderais de noter cette expression sur mon carnet à spirales : « ses yeux, grands et changeants, lui mangeaient le visage ».

Il y aurait des ruelles pavées, Nantes, le quartier Bouffay, le vendeur de marionnettes. Il y aurait de la pluie, fine et légère, comme une évidence. Les rues grises s’habilleraient de parapluies colorés. Elle mettrait sa capuche, mon héroïne, se souciant peu de son image. Elle serrerait ses bras autour de son torse, peut-être un peu trop maigre. Elle aurait froid mais elle se sentirait bien.

Elle s’engouffrerait alors dans le passage Pommeraye. Les miroirs lui renverraient son reflet, par mégarde. Elle ouvrirait une autre porte et disparaîtrait, sans prévenir, dans les entrailles de la ville.

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19 octobre 2007

Elle écrit

Elle écrit le matin. Elle écrit le soir.

tasse15Elle écrit, pour conjurer le silence. Elle écrit, pour oublier la pluie.

Elle écrit, pour survivre, pour que chacun de ses mots éloigne la douleur, pour poser sa douce pierre sur le chemin étroit du bonheur.

Elle écrit des mots tendres, pour faire taire les voix assassines, pour panser ses blessures et fermer les portes du malheur.

Elle écrit malgré le temps qui court, sans savoir où elle va.

Elle écrit au présent, pour cadenasser le passé.

Elle écrit pour ses enfants, pour apprendre à les regarder, pour leur enseigner la vie.

Elle écrit pour elle.

Elle écrit pour demain.

18 octobre 2007

Petit plaisir minuscule

brin_d_herbe

S'allonger dans l'herbe, les yeux dans les nuages.

Le bruit du vent dans les feuilles des bouleaux bercent doucement mon après-midi.

Je cherche du regard le brin d'herbe folle qui aura ma préférence. Lorsque enfin je l'ai trouvé, je le grignote doucement. Son sucre doux a un goût d'été.

Les bras en croix, je sens la terre respirer sous moi. Des yeux, je suis la course des nuages, et je me sens si petite. Une poussière.

Un jour, je saurai peut-être tous les "pourquoi" et les "comment". Je me sentirai utile. J'aurai des personnes à aimer.
J'aurai oublié les plaisirs minuscules et tous les brins d'herbes mâchouillés de mon enfance.

17 octobre 2007

A bicyclette

Zip !
J'appuie sur la pédale.
Zip ! Zip ! Re-zip !
Ca y est , je suis partie.

bicyclette

Ma bicyclette file sur l'asphalte, l'air plaque mes vêtements contre ma peau, le soleil joue avec les feuilles des arbres. Tout est calme.
Je m'éloigne de la maison. Je prends le chemin qui coule vers la rivière. De petits cailloux volent dans mes rayons, dans un bruit de carillon. Je passe la passerelle étroite et je suis de l'autre côté, du côté des possibles.
J'accélère. Des vaches répondent mollement à mon salut joyeux. Je connais les itinéraires. Je sais qu'il faut éviter le chien noir du village après le virage, passer derrière la maison aux volets bleus, rouler sur les poutres en béton au-delà du ruisseau et suivre le chemin de terre, jusqu'au carrefour.

Je ne suis jamais allée plus loin. Je n'ai jamais pu. Je me suis toujours arrêtée là, pour crier de rage, en silence, regarder le jour tomber doucement sur la campagne, et rêver.

Au retour, je fais parfois une halte près de la rivière, sur le guet. Je regarde l'eau glisser, emporter vers la mer ses alluvions, mes doutes et mes espoirs.

16 octobre 2007

Secret diary

Là où tout commence !

secret_diaryJe saute du car comme un bouchon de champagne. Heureusement, le trajet ne dure que cinq minutes, serrée que je suis contre la porte vitrée, un coin de cartable enfoncé dans le dos.
C’est seule que je pénètre dans mon impasse, laissant derrière moi un groupe de jeunes gens qui disparaissent au coin de la rue.
J’attends un instant avant d'entrer. Je sais que mes parents ne m’ont ni vue ni entendue arriver. Je savoure ce petit moment où je me rejoins. A l’intérieur, il y a du bruit et si peu de place pour s’isoler.
Quand j’entre enfin, la cuisine sent le café. Je pose mon cartable et me déchire un morceau de pain,  que je dévore avec avidité, semant des miettes un peu partout. Ma mère, occupée à repasser un tas de chemises, répond à mon salut.
Dans la chambre que je partage avec ma sœur, je prends le petit cahier rose que l’on m’a offert pour un anniversaire, celui qui ferme avec une petite clé dorée, celui avec un clown triste sur la couverture, et j’écris :
« Aujourd’hui, je t’ai croisé trois fois, et tu m’as souri ! »
Je referme le petit cahier que je cache soigneusement. Tout à l’heure, je le relirai tranquillementavant de me coucher, je regarderai ma sœur endormie, j’aurai peur qu’elle ne se réveille, je regretterai peut-être d’avoir écrit ces mots, mais je saurai au fond de moi que ce n’est qu’un début, que je continuerai…

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15 octobre 2007

Cour de récréation

cour_de_r_cr_ation Moments acides !

L'heure de la récréation.
Un brouhaha accompagne la sonnerie stridente qui résonne dans les couloirs et les escaliers. Des dizaines d'élèves dévalent les marches en criant, pressés d'envahir la cour.
Je descends lentement à leur suite, je n'ai pas besoin de courir.
Depuis que ma meilleure amie m'a préféré cette autre fille, depuis que ça a commencé, j'ai le temps. Personne ne m'attend plus. A chaque marche, je goûte la douleur de cette solitude. Elle a un goût de poison.
Un pas lourd, dans mon dos, me crie :"Dehors ! Plus personne dans les bâtiments !"
Je file rejoindre ma place sur le banc, à gauche de la porte des toilettes pour filles. Une autre adolescente me fait pendant, à sa droite, le regard absent.
Je n'ai pas envie d'aller la trouver. Je voudrais pouvoir être sauvée, encore.
Les voilà à nouveau, ils arrivent, accrochés les uns aux autres, rieurs. Ils ont fait le "tour de la cour". Avant, ils m'attendaient. Avant de comprendre, je les ai plusieurs fois rejoints à mi-parcours. Et puis, j'ai choisi cette place sur le banc. J'ai vu que ça ne changeait rien, que c'était même mieux.
Dix minutes...entre la sonnerie d'annonce et la fin du calvaire...deux fois par jour...sans oublier la longue traversée du retour de cantine.
Et ma place, toujours libre, à côté des toilettes.

14 octobre 2007

Les autres

les_autres

Un moment d'éternité !

Camions et voitures glissent devant moi dans un chuintement mouillé. Il pleut. J'attends. Pour l'instant, je suis seule, presque toujours la première au pied de cet arbre.
Je sens les gouttes de pluie s'aplatir sur mes cheveux, s'insinuer dans mon cou, mouiller mon pantalon en toile grise, le rendre lourd.
Du bout des doigts, je touche au fond de ma poche le petit rectangle dur d'une capuche pliée. Quand ma mère me l'a donné, il y a quelques jours, comme un présent précieux, j'ai eu envie de vomir. Panoplie de mémère !
Comme si TOUT n'était déjà pas assez suffisant.
Les "autres" sont de l'autre côté de la rue, eux aussi têtes-nues. Ils traversent. Leurs cheveux sont propres ; ils brillent. Les quelques gouttes qu'ils reçoivent font délicatement boucler leurs mèches rebelles. Le bus ne va plus tarder. Les "autres" n'ont pas peur. Ils ne se sentent pas sales. Ils jouent à "je te regarde le plus longtemps parce que je suis le plus fort". C'est vrai, ils sont plus forts, ils sont cinq, et je suis seule.
Le bus est en retard. Lorsque nous arriverons, la cour sera vide d'élèves. Il faudra frapper à la porte de la classe, s'excuser, voir leurs regards s'attarder sur mon pantalon bon marché, puis glisser sur moi comme sur une page vide.

13 octobre 2007

Un jour, je serai grande !

Na !

unjourJ'ai mis trois livres sur les étagères de ma chambre. Ils trônent, comme des trophées. Le soir, je regarde leurs tranches abîmées et je me raconte leurs histoires, avant de m'endormir.
Un jour, quand je serai grande, j'en aurai des centaines ; ils encombreront mon salon ; ils seront mon trésor.

Un jour, je serai grande...

Pour l'instant, lire est un plaisir "autorisé". Ma mère réfléchit longuement lorsque, juchée sur sa chaise, elle sort un livre jauni du haut de son placard. "Oui, celui-ci tu peux le lire !", me dit-elle en me tendant l'objet précieux.

Un jour, quand je serai assez grande. Moi aussi, debout sur sa chaise, j'atteindrai le placard interdit. Alors, il n'y aura plus de barrières entre moi et le monde, entre moi et les pages jaunies.
Je lirai du matin jusqu'au soir, à m'en fatiguer la tête, à m'en faire bouillir le cerveau. Et s'il n'y a plus de livres à lire, et bien j'en écrirai.

"Bon, tu éteins. Je veux dormir. Tu fais quoi, là, à regarder tes étagères ?"

Je pose mon quatrième livre sur ma table de nuit.

Quand je serai grande, jamais je dormirai !

12 octobre 2007

Tire le fil de ta vie

fil

Tire, doucement, dessus.

Regarde ce qui vient : toutes ces faiblesses, toutes ces joies, tous ces moments incongrus.

Tire le fil, plus fort.
Là, il devient plus épais, plus lourd.

Alors, tu sauras que tu tiens le fondement, de tout, de toi. Que tu vas pleurer, encore. Sur l'enfant que tu étais, coincée dans sa carapace maladroite.

Tire encore. C'est fini.

Tu es là où tout commence. Et tu ne sais plus pourquoi tu es...là.

11 octobre 2007

Mama

mama

 

Mama Mama

 

En langage de petite tête blonde, ce mot signifie parfois « papa », parfois « maman », parfois « Emma ».

 

 

En langage de petite tête blonde, ce mot peut aussi ressembler à « à moi » ou à « je t’aime ».

 

Puisque je t’aime, tu es à moi. Puisque tu m’aimes, je suis à toi. Puisque vous êtes trois, vous voilà dans ce seul mot que je jette dans les airs : « Mama ». L’un de vous, sans aucun doute, le rattrapera, se retournera, me sourira.

 

 

Dans mon monde de petite tête blonde, les mots font un peu n’importe quoi. Ils naissent et vivent dans ma mémoire, fins et ciselés. Je les connais et les reconnais dans votre bouche mais, sur ma langue, incongrûment, les voyelles se mélangent et les consonnes ne sont pas toutes là.

 

 

Voyez-vous, alors, entre tous autres mots, j’ai choisi ce « Mama », écho lointain de mon aquarium ouaté. Lorsque maman criait « Emma », tout le corps tendu, et qu’elle passait tendrement sa main sur son ventre déformé, touchant ma tête, ou mes pieds, j’entendais ce « Ma…Ma… », et je savais que j’étais chez moi.

 

 

 

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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