Coeur
Cécile savait qu'elle avait tort.
Elle raccrocha brutalement le combiné du téléphone.
Ce soir, le numéro composé, la sonnerie avait résonné dans le vide. Personne n'avait décroché et le répondeur ne s'était pas non plus enclenché au terme des trois sonneries habituelles.
Elle n'entendrait pas cette nuit la voix adorée débiter son message laconique.
Trois semaines qu'elle tentait de le joindre, en vain, qu'elle restait confrontée à cette solitude, toujours plus lourde.
Trois semaines qu'elle se jetait avec acharnement sur ses études, pour oublier que c'était elle qui avait réclamé une pause, que c'était elle qui l'avait quitté, que c'était elle, maintenant, qui gisait là, le coeur en miettes.
Cécile avait tort. Elle devait l'oublier.
Elle décida de se faire une tisane, prit un livre de Jane Austen dans sa bibliothèque, s'enroula confortablement dans une douce couverture et, sans s'en apercevoir, mit son coeur en hiver.