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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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21 novembre 2007

Couleurs

Explosions de douceurs. 

couleursDe la couleur.

Du rouge. Du bleu, dur, éblouissant.

Du vert, de l'ocre.

Et du magenta.

Tu barbouilles. Tu ris. Tu t'interroges. Les cheveux, verts, oranges ou violets ? Tu ne seras pas fâchée, dis maman, si je me fais plus grande que toi ?

Le pinceau tourne dans le godet. Je te regarde dessiner, tête penchée, soudain sérieuse, concentrée.

Des tissus. Des matières. De la couleur, encore, pour plonger dans les coussins, pour le plaisir du toucher, pour s'inventer des histoires.

Couleur profonde de tes cheveux fins, de tes yeux bruns, de tes joues rosies.

Couleurs des bibelots sur les étagères, ordonnés.

Couleurs des tapis, de la table basse, de tes jouets, oubliés.

Couleur de notre intérieur, douillet.

Loin de tout univers glacé,

En noir et gris.

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20 novembre 2007

La petite fille

Depuis quelques jours déjà, je fais un rêve...étrange.petitefille 

Une petite fille, d’une huitaine d’années environ, tend les bras vers moi. Quelque chose me retient, fortement, par la taille, m’aspire vers le haut, m’empêche de l’atteindre.

Je touche le bout de ses doigts, je ressens la douceur de leur bulbe. Je sais que si je pouvais agripper les mains de l’enfant, j’aurais suffisamment de force pour la prendre contre moi, la bercer et l’emmener.

Ses yeux sont confiants. Elle attend, calmement.

Elle porte une robe blanche à volants, brodés de fleurs chatoyantes. Ses cheveux sont, en partie, ramassés sagement derrière son crâne. De grandes boucles dorées encadrent son cou fin. Elle sourit.

Tout le corps tendu, mes yeux sont plantés dans les siens, ne les lâchent plus.

Je voudrais réussir. Rien n’y fait. La « chose » qui me retient m’éloigne inexorablement de l’enfant qui, découragée, laisse finalement ses bras retomber le long de son corps, sans pour autant me quitter du regard…

Tout est fini, mais je sais qu’elle m’attend. Je sais que je réussirai bientôt, là où je viens d’échouer. Je sais que je me sentirai alors pleine et vivante, enfin complète.

Je sais que cette enfant…c’est moi.

19 novembre 2007

On vous ment

Vous le saviez, non ?masque

On vous ment, depuis le début.

On vous dit que vous serez grand, libre, beau et intelligent, mais plus tard, beaucoup plus tard.

Et ce n’est pas vrai. Rien n’est vrai.

Vous traînez votre vous jusqu’à l’âge adulte, cahin-caha, tant bien que mal. Vous le parez d’instruction, d’expérience, d’un semblant de confiance en soi.

Allez, il vous arrive de vous trouver beau, parfois, dans la lumière blafarde de la salle de bain, le matin ; et intelligent, quand vous accumulez réussites professionnelles, diplômes, quand quelques malandrins félicitent votre ego.

Soyez rassurés, personne ne vous a réellement percé à jour.

Ils ont trop peur, tous, qu’en dévoilant votre secret, ils se retrouvent malencontreusement mis a nus, eux aussi.

On vous ment. On ne devient pas plus libre, ni plus beau, ni plus sage. On s’arrange avec soi-même. On promène son soi dans la vie, en évitant pertes et fracas.

On devient sociable.

18 novembre 2007

Le secret

Je crois qu’il est temps de parler de toi, du souvenir que j’ai conservé de toi.

Je crois qu’il est temps de sourire, aussi, à cette photo de classe où je me tenais bien droite, assise, les mains posées sur les genoux, sage, une frange épaisse couvrant mon front. J’avais le sourire timide à l’époque, rempli de fossettes, des yeux immenses, naïfs et doux.

Et toi, là, un peu plus à gauche, avec ton regard malicieux, tes airs de garnement et tes cheveux en bataille, tu étais,sans le savoir,mon plus grand secret.

Je t’aimais, comme on ne peut aimer qu’à neuf ans, en te laissant croire que je te méprisais, que je ne te voyais pas.

Et tu demeurais, à chaque seconde, ma préoccupation absolue.

Mes battements de cœur auraient du faiblir, avec le temps…

Alors, il est temps de parler du temps, justement, qui n’efface rien. Pauvre sagesse populaire !

Il est temps de parler du cœur, aussi, qui se meurt, et puis qui repart, toujours.

Mon coeur s’est arrêté, pour la première fois, à l’aube de mes seize ans, lorsque je t’ai vu embrasser cette fille brune, aux cheveux courts.

Il est temps de te dire…je t’aimais.

Tu ne l’as jamais su.

le_secret

17 novembre 2007

De bon matin

Une vie rêvée. 

Le réveil sonne, toujours trop tôt. Il fait froid. Je m’enroule en boule, profondément enfouie sous ma couette, pour que la vie m’oublie, encore une minute…

La sonnerie s’intensifie. Je me lève.

Café. Tartine. Le soleil apparaît timidement derrière les arbres sans feuilles. La cuisine prend des teintes lumineuses.

Mon cahier m’attend sur le bureau en bois, au fond du salon. Je m’installe, ma tasse fumante à nouveau remplie, posée près d’une pile de livres, en attente de lecture.

Quand mon texte sera prêt, je pourrai l’enregistrer et l’imprimer. Pour l’instant, je griffonne, je rature, je rectifie.

J’ai vue sur la côte sauvage. De l’endroit où j’écris, je peux voir des petits triangles blancs glisser doucement dans la baie. La mer est d’un bleu tendre ce matin.

Tout à l’heure, je descendrai sur le port…

La sonnerie stridente du réveil trouble mon rêve. Les enfants m’appellent, de la chambre à côté.

La lumière crue de la cuisine éclaire notre petit déjeuner.

Je ne suis pas écrivain.

lit

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16 novembre 2007

La voiture verte

Elle me suit depuis un moment, cette voiture verte.                voiture_verte 

Je la vois dans mon rétroviseur, à quelques mètres de moi. Son clignotant s’allume, à chaque fois, juste après le mien. Je tourne à droite. Je jette un coup d’œil dans le miroir, et elle est à nouveau là, derrière moi.

Pourquoi serais-je suivie ?

Le chauffeur semble impassible. Son visage, que je distingue très bien, n’éveille aucun souvenir en moi. L’homme, au volant, semble même presque agacé par ma lenteur.

Clignotant. Et à nouveau, le sien se met en route, du même côté.

Je prends le virage un peu brutalement. Mes pneus font voler quelques cailloux. Je suis passée trop près des bordures. La voiture verte semble accrochée à mon sillage. Elle m’oblige à rouler, trop vite, dans cette campagne que je connais mal. J’ai hâte d’arriver chez mes amis. Je cherche du regard le panneau m’indiquant leur village. Mes mains sont moites et serrent le volant fermement. Je distingue enfin le petit chemin de terre qui me conduira à destination. Clignotant. Un regard dans le rétroviseur. Je respire, persuadée de voir la voiture verte filer sur la route principale.

Horreur ! Elle me suit encore.

Arrivée devant le garage de mes amis, je me résous à klaxonner bruyamment. Ils sortent, presque aussitôt. Jeanne accourt vers moi, étonnée, alors que son mari ouvre les bras au chauffeur de la voiture verte, le sourire aux lèvres.

« Notre invité surprise du week-end ! », me murmure Jeanne, sur un ton, lourd de sous-entendus.

15 novembre 2007

Etre une bonne fille

etre_une_bonne_fille    Je sais faire. 

Eteindre la lumière du garage, coincer la bassine de linge sur ma hanche et puis, descendre le long du mur gauche de la maison, dans le noir, les étoiles pour tout éclairage.

Je n’ai pas peur du buisson qui bruisse, des cailloux importuns ou du chat du voisin, qui s’échappe en me frôlant. Je ferme les yeux. Mes pas sont assurés. Je sais faire. J’ai l’habitude.

La clé tourne difficilement dans la serrure. Il faut l’enfoncer, un peu, mais pas trop. Je tâtonne pour trouver l’interrupteur. La cave s’éclaire brusquement. Il est tard. J’accroche chaque pièce de linge au fil, pendu près du plafond bas.

Vendredi soir. Il est vingt-deux heures. Je suis arrivée tout à l’heure. Dîner. Lessive. Je suis chez mes parents, et je ne me sens plus chez moi. Je voudrais être ailleurs, dans mon petit appartement de neuf mètres carrés, même seule, même désespérée.

Je ne viens pas pour le linge, je ne viens pas pour les voir, je ne sais plus pourquoi je viens.

Etre une bonne fille, je sais faire. Je ne sais faire que cela. Quitte à garder ce goût, dans ma bouche, tout le week-end.

La bassine vide, posée à côté de moi, je contemple le jardin silencieux. Le bruit de la télévision me parvient, atténué par les volets fermés.

Il faut rentrer.

14 novembre 2007

Dans ma boulangerie

Né sous X.boulangerie 

Le petit garçon se tient devant moi. Il doit avoir environ sept ans. Sept ans…

Ce petit garçon, je l’ai déjà vu, je le reconnais. Il est venu, déjà, l’autre jour.

Il me regardait de biais, avec ses grands yeux bleus, son nez en trompette et ses cheveux blonds. Il me ressemblait.

Ca ne pouvait pas être un hasard. Non, ça ne pouvait pas.

Il me ressemblait, c’est tout.

Je me suis dit : « Oublie. N’y pense plus ! »

Il est là à présent, de nouveau devant moi. Il me regarde en face. Je pourrai le toucher, le prendre, l’emmener. Il me tend la main, des pièces au creux de sa paume.

« Une baguette, Madame, s’il vous plaît ! »

Il attend que je le serve, que je lui souris. Il attend, éventuellement un « Tiens mon bonhomme ! ». Il attend sa baguette.

Il ne s’attend pas à mon mutisme, à mon visage figé, à mes lèvres qui tremblent.

« Tiens, je te remercie. » les pièces chaudes au creux de ma main, je le regarde s’éloigner.

Je lui ai fait peur, c’est sûr. Et s’il ne revenait plus ?

Je vais l’attendre, patiemment. La prochaine fois, je lui sourirai, je lui donnerai un bonbon, peut-être.

La prochaine fois.

Mon dieu ! Comme il me ressemble ! Et si c’était lui ?

13 novembre 2007

Le chemin

Cécile savait que ses pas la mèneraient encore ici, sur ce chemin.chemin 

Elle ne pouvait s’en empêcher. Ses promenades la conduisaient toujours là, aux endroits où elle avait été avec lui, aux lieux où sa peau avait touché la sienne, même un instant, même par mégarde.

Il l’avait pourtant malmenée, bien souvent. Elle aurait préféré être ailleurs qu’avec lui, parfois. Il lui faisait même honte, de temps en temps.

Mais elle ne savait pas qu’il lui manquerait si longtemps, si intensément, malgré tous les bonheurs accumulés sur les étagères de sa vie, depuis.

Elle ne savait pas que l’on ne s’arrache pas le cœur, impunément, sans souffrir, que l’on pense guérir, mais que c’est un leurre. Elle ne savait pas que le destin poursuit sa route, sans faillir.

Hier, en consultant le journal, elle a vu son nom, a lui, en lettres fines, dans un coin de page.

Maintenant, elle sait où il travaille, ce qu’il est devenu, quelle ville il habite. Maintenant, elle ne peut plus se dire qu’elle ne sait pas.

Elle se tient à présent sur leur chemin, les pieds dans l’herbe folle, le vent dans les cheveux, la tête dans ses souvenirs, mais le cœur perdu.

12 novembre 2007

Les voilà !

Les voilà ! Mes petits livres. 

J’ouvre les cartons avec avidité. Le bon de livraison cache, pour le moment, les couvertures criardes. Ca y est. Je les vois. Juste en dessous. Là. Les jaquettes brillent.les_voil_

Je réclame, impatiente :

« Tu peux les rentrer en stock ? »

Je suis déjà loin lorsque j’entends résonner dans le couloir la réponse positive du déballeur officiel.

Je rentre sur la « surface de vente ». Mes talons s’enfoncent dans la moquette avec assurance. Je sais que j’ai le sourire aux lèvres. Je sais que je vais rendre un lecteur heureux, bientôt. J’ai ce pouvoir là, juste à cet instant précis.

Mon client attend toujours à la même place, impassible, les mains dans les poches. Dans cinq minutes, il aura dans ces mêmes mains, le livre attendu, un poche en version anglaise, qui sentira bon le papier neuf et l’encre des rotatives.

« Je vous fais patienter ? J’ai bien reçu votre ouvrage. Je pourrai vous le donner, dès qu’il sera enregistré. »

Il ne sait pas ce grand monsieur, au regard doux, qu’il est peut-être mon dernier client. Ce soir, tout sera fini. Se souviendra-t-il de mon visage, demain ? Reviendra-t-il ici, étonné de ne pas m’y retrouver ? Vous savez ? La petite jeune fille qui était là…qui m’avait trouvé ce titre…

Ce soir, je rassemblerai mes petites affaires, je saluerai les autres vendeurs. Réduction de personnel. Ce soir, l’encre de ma vie se sera tue, je laisserai des rayons orphelins à d’autres mains.

Ce soir, je ne serai plus libraire.

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Les lectures d'Antigone ...
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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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