Il y a toujours une maman pour me dire cette phrase sibylline, à la sortie de l’école, tout en tenant par la main sa progéniture, docile et muette.
En général, la femme se penche un peu, chuchote doucement, d’un air entendu, tout en enroulant de son autre main son écharpe autour du cou. Et elle sourit, à mon enfant, à moi, qui pendant ce temps court en tous sens, s’accroche au portail des maternelles, disparaît, réapparaît, me fait honte.
Au début, disciplinée, je courais aussi, après ma fille, je tentais de la raisonner, le doigt devant son nez, d’un air courroucé. « Emma, il ne faut pas ! » Alors, mon enfant partait d’un grand éclat de rire, et elle courait, encore plus loin, en criant : « Maman, tu ne m’attraperas pas ! »
Avant, je voulais la rendre docile, aussi, ma « fille sauvage », je voulais qu’elle se tienne droite et debout, à côté de moi, comme l’enfant sage que j’étais certainement, qu’elle soit patiente, douce et calme.
Mais, que veulent donc dire ces femmes avec ce « il vaut mieux » ? Envient-elles la vitalité débordante de mon enfant bondissant, son sourire à fossettes ou ses baskets roses à velcros ? Ou, veulent-elles me signifier simplement, à moi, sa mère, qu’elles savent y faire, elles, pour maintenir au sol les pieds de leurs enfants ?