La vierge froide et autres racontars, Jorn Riel
Voici le roman lu pendant les fêtes, pour le Club de lecture des blogueuses, qui m'a fait passer un très bon moment...mais n'anticipons pas !
Au fait, je vous souhaite encore une fois une bonne année 2008 !!
Résumé - Quatrième de couverture (critique de Michèle Gazier pour Télérama) : "Cap sur le Groenland avec Jorn Riel, écrivain baroudeur et conteur malicieux. De son long séjour en Arctique il a rapporté des anecdotes, des récits, des "racontars". En un mot, des histoires d'hommes seuls sur une terre glacée où le soleil, l'hiver, se couche très longtemps. Ces rudes chasseurs ont d'étranges faiblesses, des tendresses insoupçonnées, des pudeurs de jeunes filles et des rêves d'enfants. Les solitaires s'emplissent de mots tus et , ivres de silence forcé, ils quittent parfois leur refuge pour aller "se vider" chez un ami. Ces nouvelles de l'Arctique ont la rudesse et la beauté du climat qui les suscite. Souvent râpeuses, toujours viriles, parfois brutales, saupoudrées de magie et de mystère, elles nous racontent un monde où la littérature ne se lit pas mais se dit, où l'épopée se confond avec le quotidien, où la parole a encore le pouvoir d'abolir le présent et de faire naître des légendes."
Avis d'Antigone : Je ne pensais pas ressentir autant de plaisir à lire ces "chroniques du froid" car la couverture de ce livre ne m'inspirait guère et je ne suis pas friande, d'ordinaire, de ce type d'univers. Mais quelle surprise délicieuse que cette lecture ! Ces racontars "cocasses" et drôles, souvent gravement profonds, toujours décalés et philosophiques, ont été un régal ! Dans la solitude de l'hiver arctique, la parole a un pouvoir énorme, celle de sauver les hommes, et un prix, comme n'importe quel bien précieux. Alors, le dire s'échange, se vend, se troque et son absence peut se vivre comme un drame car dans cette solitude du Groenland elle a autant de poids que l'air que l'on respire. A lire !!
Extrait : "Tournée de visites
...où Herbert en viendrait presque à préférer Lodvig quand il fait la gueule...
Une violente envie d'entreprendre une tournée de visites envahit Herbert. Ce genre de chose peut vous tomber dessus n'importe quand dans l'année, mais choisit le plus souvent l'hiver, quand l'obscurité bloque toute perspective aussi bien dans la tête des bonhommes que dehors. Assumer seul l'absence d'Alexandre lui était pénible. Herbert trouvait que la solitude était totale après le décès du coq, même s'il lui restait encore la compagnie du chien Pjosker. Il s'abandonnait à de sombres méditations et commençait à avoir des palpitations en entendant des bruits qu'il ne pouvait pas immédiatement identifier. C'est à ce moment-là qu'il commença à entrevoir des formes là où, de toute évidence, il n epouvait rien y avoir. Il avait l'impression qu'on l'observait, qu'il était sous surveillance dès qu'il mettait le nez dehors. Une nuit qu'il était couché sous la tente, il entendit chuchoter. La situation était grave. A cela un seul remède une tournée de visites."
Merci aux "blogueuses" pour cette découverte !!