Les adolescents troglodytes, Emmanuelle Pagano
Livre de la sélection de l'"Eté des Libraires" 2007
Résumé (extrait de "Page des libraires" de juin-juillet 2007) : "Adèle est conductrice de bus scolaire dans une région perdue du côté de l'Ardèche. Contre vents et congères, elle conduit son bus et prend soin des enfants. Le temps d'une moitié d'année scolaire, elle raconte. Elle se raconte. Adèle est comme la nature de cette région retirée, tourmentée, oubliée mais forte et combative. Petit à petit, nous faisons connaissance avec "ses" enfants, du plus petit aux plus grands, leurs tracas, leurs premières amours... Petit à petit, nous apprenons à comprendre Adèle en découvrant son secret, bien caché dans son corps de femme. Adèle est revenue dans cette région dans laquelle elle est née mais où personne ne la reconnaît parce qu'elle était alors un autre, parce qu'elle était alors un petit garçon. Elle est née dans un corps d'homme, dans un corps qui n'était pas fait pour elle. Le combat d'Adèle et de sa navette scolaire contre la nature hostile, est à l'image du combat d'Adèle contre cette erreur de la nature qui l'a fait naître femme dans un corps d'homme"
Avis d'Antigone : Quel roman magnifique ! J'ai été surprise, étonnée, chamboulée par ce récit étonnant et subtil. Car malgré l'aspect un peu "téléréalité" du secret de l'héroine, ce livre n'a rien d'indécent ou de voyeur, il n'est que finesse et grandeur. Le personnage principal, Adèle, est tout de suite sympathique, forte et touchante. Nous la suivons avec plaisir dans ses déplacements quotidiens. Nous craignons, avec elle, que la neige entrave la route et que les enfants arrivent en retard à l'école. La montagne devient belle, sous les mots d'Emmanuelle Pagano, dure et inquiétante, comme ses habitants, et puis, tout à coup, douce et enveloppante, rassurante. Je vous recommande ce livre, chaudement, vous y trouverez beaucoup de force, et de respect !
Extrait : "La navette qui fait ma vie depuis dix ans, c'est un petit fourgon, portes coulissantes, quatre roues motrices, neuf places. C'est la première année que toutes les places sont prises. Huit enfants, huit ados, matin et soir.
Avec eux un trajet - parfois des écarts l'hiver, le détour des congères. Le trajet des grands n'est pas tout à fait celui des petits. Si beaucoup de grands ont des petits frères et soeurs, certains grands sont les petits derniers. Et certains petits sont les tous premiers, mais ne seront pas, sûrement pas fils uniques, ici je n'en connais pas, même dans les familles rapportées.
Quand j'étais petit, y'en avait bien une, mais ses parents l'avaient eu très en retard, c'est pour ça. Elle sentait mauvais.
Les derniers et premiers des nouvelles familles, il faut les prendre à d'autres hameaux, d'autres fermes. Mon circuit change à chaque fin de fratrie, à chaque début.
Aujourd'hui pas d'engueulade. C'est la rentrée, c'est normal."
La lecture enthousiaste de Clarabel