Chaos calme, Sandro Veronesi
Nous sommes au mois d'août en Italie, Pietro Paladini, la quarantaine, vient de perdre la femme qu'il allait épouser, quelques jours plus tard, Lara.
Coïncidence troublante, au moment même où elle mourrait sous les yeux de leur fille, il tentait de sauver une autre femme - une inconnue - de la noyade, à quelque distance de là.
Entre deuil et culpabilité, il s'attend à ce qu'une souffrance insupportable vienne les submerger, lui et son enfant, après ce décès inattendu, mais rien ne se passe, tout reste dans un "calme chaos" étrange.
Le jour de la rentrée, il décide alors sur un coup de tête de rester près de l'école de Claudia, dans sa voiture, jusqu'à ce qu'elle sorte de ses cours.
Il répétera ce scénario les jours suivants, travaillant derrière son volant, créant un noyau incongru de rencontres et de conversations...
Chaos calme est un roman infiniment sympathique, qui commence dès le premier chapitre sur un tempo soutenu, suivant le récit du sauvetage périlleux d'une inconnue (remarquablement conté), qui augure le meilleur pour les pages suivantes. Et en effet, voici un roman moderne au scénario original et aux personnages attachants et complets. Pietro Paladini attire dans sa voiture une foule de personnalités hétéroclites que nous suivons avec intérêt et curiosité.
De plus, quelle idée attendrissante que de positionner un père, cadre d'entreprise, au pied d'une école de quartier !! Malheureusement, le rythme du récit, entre excitations et longues plages atones, m'a parfois déçu et laissé sur le carreau. Quelques "trouvailles" m'ont également semblées bien anecdotiques et ont gâchées mon plaisir de lecture : le long mail d'un auteur ami de Lara aux prises avec un chien noir terrifiant, et cette histoire de portable, par exemple, avec porte-canettes intégré qui s'avère être un lecteur de CD/DVD (blague très connue des internautes)... Bien entendu, ce roman est un mélange d'humour et de romanesque assez réussi mais il m'a semblé que le ramage ne s'accordait pas avec le contenu, ce qui est un peu dommage...
Un extrait...
"Je reviens à la voiture et j'appelle Annalisa, au bureau. Annalisa aujourd'hui aussi, je reste devant l'école. Pause. Annule mes rendez-vous, bascule les appels sur mon portable, viens ici m'apporter les papiers à signer car il fait un temps magnifique. Pause. Je lui donne l'adresse. A tout à l'heure. Stop. Histoire de la déstabiliser un peu ; qu'elle s'approche d'Emmanuela, la secrétaire de Piquet qui occupe le bureau voisin, derrière la demi-cloisondemi-cloison, dans cette espèce de plateau ouvert du pauvre voulu par les Australiens quand ils ont acheté notre entreprise il y a des années, et que les Français, l'année dernière ont décidé de démanteler sans être encore passés à l'acte ; qu'elle aille lui dire, à voix basse, "Paladini reste aujourd'hui aussi devant l'école de sa fille" ; qu'elle arbore ses expressions incrédules : je peux le faire, nom de nom. Je suis directeur, je ne dois pas pointer. Tant qu'on ne me licenciera pas, c'est moi qui déciderai où je travaille, et si l'on me licencie, ce sera à cause de la fusion, et pas du tout parce que j'ai passé deux journées ici."
Note de lecture : 3.5/5
Un titre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices 2009
Catégorie Romans
ISBN 978 2 246 72431 5 - 21.90 € - Avril 2008
Bellesahi l'a lu et l'a trouvé ennuyeux, Kathel "pas désagréable", Cuné a aimé.
Ce roman a été porté à l'écran par Antonello Grimaldi, avec Nanni Moretti dans le rôle de Pietro. Vous trouverez la bande annonce, en italien, ci-dessous :