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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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7 mars 2010

L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers ~ Nicole Versailles

L_enfant___l_endroit__l_enfant___l_envers"Ainsi Eugénie il y a le temps où j'ai cassé le grand candélabre avec ses branches familiales, ne lui trouvant aucune lumière jaune, comme on dit d'un rire jaune qu'il est jaune. Je l'ai cassé avec rage, j'ai démembré chacune de ses branches comme un enfant en colère se venge sur l'insecte qu'il a capturé et compte avec une volupté cruelle, chacune des ailes qu'il est en train d'arracher. Ah ! S'ils savaient mes ancêtres que j'ai refusé tout héritage venant de gauche comme de droite, celui du sang, et bien plus encore, celui du coeur."

Ceci est une histoire de femmes. Mais avant tout l'histoire, vraie ou reconstituée pour telle, d'une petite fille devenue grande, héritière d'une lignée. Une tentative de réappropriation de souvenirs. Un exercice de style autobiographique dans ce qu'il a de compliqué, de forcément subjectif, et de terriblement émouvant pour celle qui le rédige et pour ceux qui le lisent.

Nicole Versailles est partie d'une ancienne photographie, celle de sa grand-mère, morte bien avant sa naissance. Cette grand-mère s'appelle Eugénie et c'est à elle qu'elle s'adresse, à elle qu'elle n'a pas connue mais dont elle se sent si proche. Elle lui raconte Suzanne, puis Elle, sa petite-fille, leurs vies, leurs douleurs, leurs bonheurs, leurs dissensions... Elle tricote son ouvrage, l'enfant qu'elle était, la femme qu'elle est devenue, une maille à l'endroit, une maille à l'envers.

Voilà un écrit qui m'a réconcilié avec l'acte de lire, en douceur, et de cela je remercie particulièrement l'auteure.
L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers, entendons-nous bien, n'est pas à lire comme un roman, plus comme une trace de vie (du nom de la collection dans lequel il s'insère), et pourtant j'ai été emportée dans cette histoire comme si les protagonistes étaient des personnages de fiction.
De plus, et étonnamment, ce qui m'a paru au départ être une maladresse d'écriture, ces "je recommence" maintes fois répétés, ces arrêts dans la narration, je les ai pris très rapidement au cours de ma lecture pour ce qu'ils étaient, des hoquets d'émotion, et ils ont fini par particulièrement me toucher. Car jamais Nicole Versailles ne tombe dans le pathos facile, ni dans l'emphase émotive ou grandiloquente. Je connaissais déjà son écriture, via son blog qu'elle tient sous le pseudonyme de Coumarine, mais je dois vous avouer que j'ai été à un moment donné particulièrement surprise de la force de sa plume, de ce fil fragile qu'elle tient la main haute sans faiblir jusqu'au bout de son récit.
Bravo à elle, donc ! Ce livre est particulièrement réussi, et mérite toute votre attention.
Ensuite, je pourrais vous dire que j'y ai retrouvé des traces de ma propre histoire, à quelques détails près...et que cette connexion a été pour moi troublante, bien évidemment, mais qu'elle m'a conforté dans mes choix de vie aussi. Sommes-nous donc si nombreuses à porter ces valises trop lourdes de culpabilités et de devoirs ?
J'ai une grande admiration, donc, pour la capacité de Nicole Versailles a avoir transformé ainsi son regard rebelle en histoire d'amour, car ce récit est "pourtant une histoire d'amour"...

"Quand toutes les compagnes de classe se réjouissaient à la perspective du jour de congé tant attendu, elle n'osait dire à personne qu'elle préférait de loin les jours d'école. Car personne évidemment n'aurait compris et on l'aurait prise pour une folle...

Je ressens encore à l'intérieur de moi le dépit que j'éprouvais à la fin de la semaine ou quand on nous annonçait un congé inattendu. Cris de joie autour de moi, silence pétrifié et glacial en moi... j'allais devoir m'armer de courage pour passer l'épreuve jusqu'au lundi.

En t'écrivant cela Eugénie, je me demande bien sûr si je n'amplifie pas ces ressentis de peur, d'angoisse de me sentir complètement prisonnière, de sensations d'oppression... si en les écrivant, cela ne m'entraîne pas sur des chemins d'amplification "littéraire".

Non, c'est le contraire qui se passe : je mesure mes mots pour qu'ils ne débordent pas."

bouton3 Note de lecture : 4/5

ISBN 2 930452 09 9 -15€- AVRIL 2008

La lecture de Kloelle - Celle de Tania -

Le blog de l'auteure : http://coumarine.canalblog.com/

Ce livre est préfacé par Armel Job, l'auteur du fameux Tu ne jugeras point plébiscité par la blogosphère littéraire.

J'ai lu également, du même auteure, Tout d'un blog, écrit dans lequel Coumarine revient sur son expérience de blogueuse.

Sinon, mon exemplaire est tout disposé à voyager. Si cela vous intéresse, merci de me le signaler en me laissant vos coordonnées par le biais du lien "Contactez l'auteur" en haut à droite de cette page.

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Commentaires
A
Tania : j'ai ajouté le lien vers ta lecture, merci pour l'info, je vois que tu as été touchée aussi.
T
"Une recherche émouvante et courageuse", c'est sur ces mots que j'avais conclu ma lecture de ce livre sensible (pour info, le lien: http://textespretextes.lalibreblogs.be/archive/2009/01/29/mal-a-l-enfance.html )
A
Edmée : je n'ai donc plus qu'à te souhaiter une belle lecture !!!<br /> Nicole : je vais tenter de trouver votre mail, en effet, et de rien !!
N
Antigone, je n'ai pas trouvé le "contacter l'auteur du blog", j'aurais aimé vous dire en privé ce que j'ai aussi écrit à Coumarine. Si vous le souhaitez, je crois que vous avez accès à mon mail.<br /> <br /> Vous avez ensoleillé ma journée, merci.
E
Ah que je suis donc contente de savoir qu'il est en route vers chez moi, ce livre! Le sujet m'attire beaucoup, d'autant que moi aussi je m'envole dans de longues songeries devant les photos de mes ancêtres, et plus je vieillis plus ils me semblent proches, à portée de compréhension, complicité, familiarité... Dire "tu" à une grand-mère jamais connue, c'est un raccourci dans un temps sans avant ou après, c'est une main tendue vers ce qui fut avant nous mais existe en nous, sans bruit.
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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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