La Femme de l'Allemand, Marie Sizun
"Elle t'entraîne jusqu'à la maison d'une main ferme. Tu es confondue d'amour et d'effroi."
Marion grandit, après guerre, auprès de sa mère Fanny. Cette mère est bien un peu fantasque, un peu folle, lourde du secret d'un amour interdit mais Marion l'aime, absolument, entre inquiétude et bonheur. Cependant, les incidents se multiplient, les actes de folie, de démence, les séjours chez des grands parents froids et distants aussi, et Marion finit par mettre un nom sur la maladie de celle qu'elle admire et redoute à la fois, sa mère est maniaco-dépressive. Alors, comment se construire une vie normale dans cet univers oscillant ? Comment exister, trouver sa voie, sous l'ombre du souvenir d'un père allemand dont on ne dit rien ?
Il est compliqué pour moi de vous parler de ce livre...car je n'ai pas été emballée plus que cela par l'écriture de Marie Sizun dans cet opus, son écriture m'a en fait semblée très simple, trop simple, et pourtant...comment résister à ce paquet d'émotion affolante qui vous tombe sur les genoux à sa lecture ? Impossible. Il y a une voix, indéniable, quelque chose ici qui vous prend les tripes, vous tient par la main sans faiblir, sait retenir votre attention et la garder jusqu'à la fin.
On se dit également qu'elle est bien ténue la distance entre la raison et la déraison... On se dit surtout, et particulièrement après avoir déjà lu Le Père de la petite, que Marie Sizun revit sans cesse dans ses écrits le même trajet d'enfance, qu'elle tente d'exorciser sans doute, et que pour cela on la comprend si bien.
"Un père, tu as toujours su que tu en avais un. Mais un père mort. Fanny t'a dit qu'il était mort.
Mort. Un drôle de mot, dont la musique souffle du vide. Du froid. Un mot dont tu as saisi le sens avant de le connaître.
Elle t'a dit aussi qu'il était allemand, ton père, mais qu'il ne faut pas en parler, ma chérie. Jamais. A personne. C'est un secret."
Note de lecture : 4.5/5 - Livre de Poche - Aout 2009 - 6.50€