La Passerelle, Lorrie Moore
Il fallait bien vivre, ne serait-ce que par politesse.
"Comme une petite fille, je croyais que le vieillissement ne me concernerait jamais. La mort, oui - ça, je le savais grâce à la poésie anglaise. Mais se rider, se voûter, boiter, blanchir, faiblir, grossir, maigrir, ralentir ? Je ne permettrais jamais que ça m'arrive, à moi."
Tassie a vingt ans. Etudiante, elle vient d'être engagée par un couple pour devenir la baby-sitter du bébé qu'ils s'apprêtent à adopter. Emma-Mary est afro-américaine et s'avère être déjà grande, elle a presque deux ans. Elle est joyeuse, affectueuse et apporte beaucoup à la jeune-fille, par ailleurs amoureuse du beau Reynaldo, rencontré en cours.
Tassie pense innocemment que la vie peut ainsi continuer de couler ses jours heureux. Mais c'est compter sans les secrets, faiblesses et mensonges, de ceux qui l'entourent, et sans sa propre négligence envers un frère cadet tant aimé...
La passerelle évoque avec beaucoup de justesse ce passage particulier et délicat, parfois chaotique, qui mène de l'enfance et l'âge adulte, ainsi que la prise de responsabilité de ses actes et les envies de s'assumer qui vont de pair. Il parle aussi de racisme, via la présence d'Emma-Mary regardée comme différente car vivant au sein d'une famille blanche. Mais ce roman n'est pas que cela, un roman initiatique ou un plaidoyer. Il est également pourvu de multiples ramifications narratives - nous partons quelques temps dans la famille rurale de Tassie - qui permettent au final de dresser le portrait d'un personnage, une toute jeune femme intelligente et sensible, que l'on aurait aimer connaître.
Un très bon moment de lecture.
Editions Points - 7.50€ - Avril 2011
Un billet très complet chez Amanda - Cathulu et moi avons noté la même citation en exergue - Aifelle est une adepte - ...