La Centrale, Elisabeth Filhol
"Vous entrez, vous n'êtes ni le premier ni le dernier, elle est là, disponible, elle répond au téléphone mais son sourire est pour vous, et son regard aussi qui entame déjà le dialogue, et son bras qui vous invite à tirer la chaise et à vous asseoir, ce que vous faites, c'est dans la poche, le job est pour vous.
Métiers à risques. Pourquoi certains franchissent le pas et d'autres non ? Il y a la nécessité, l'urgence, mais pas seulement. Ce qui est à l'oeuvre là-bas, au coeur de la centrale, en fascinera d'autres après nous, ce mélange des genres. Comme d'avoir une tension en soi, une crainte sourde, ça n'enlève rien."
On n'imagine rien, ou si peu, des conditions de vie de ces travailleurs du nucléaire, embauchés par des agences d'intérim sous le couvert de prestataires multiples, sous-traitants de sous-traitants. A quoi tient finalement la sécurité de tous, la création d'une énergie dont nous sommes encore tellement des consommateurs gâtés... du travail d'hommes et de femmes, payés au chantier, qui logent le plus souvent dans des caravanes, pour économiser.
Le personnage que l'on suit évoque son cas et à travers lui celui des autres, tous liés à un dosimètre qui mesure journellement la dose acceptable d'irradiation. En cas de surdosage, la sentence est immédiate et la conséquence la perte des contrats qui permettaient de s'en sortir, justement, l'année suivante.
Le constat est amer et fait froid dans le dos. Le propos d'Elisabeth Filhol, très documenté, est à mettre aujourd'hui en lumière du drame qui s'est déroulé dernièrement au Japon. J'ai trouvé la construcion du récit un peu trop floue pour mon goût personnel mais je suis heureuse d'avoir ouvert ce livre qui a le mérite de pointer un projecteur réaliste vers ce que l'on préfère ignorer d'ordinaire.
Folio - 5.10€ - Octobre 2011
Ce titre a reçu le prix France Culture Télérama 2010
Les premières pages en pdf et toute la revue de presse par ici [lien]
L'avis de Cathe - Celui un peu mitigé d'Yv