Hôtel des adieux, Brad Kessler
"Ana voulait sentir l'eau sur son visage. Elle se dirigea vers l'endroit où les rochers, plus lisses, retenaient des flaques d'eau de mer, d'un vert de liquide de refroidissement. Des membres de la police montée étaient postés tous les dix mètres pour empêcher les gens de rejoindre le bord des rochers. Un ruban jaune avait été tendu le long de la mer elle-même. Tout l'Atlantique, songea Ana, était devenu le lieu d'un crime."
Alors que la fin de l'été s'annonce sur l'île de Trachis Island, un avion sombre près de ses côtes. Kevin et Douglas, gérants d'un hôtel, sont aux premières loges. Ils participent aux secours et accueillent les familles des victimes en lieu et place des touristes partis quelques jours plus tôt. L'évènement bouleverse profondément la vie de l'île. Et les proches des disparus trouvent dans cet havre de paix bien plus qu'un lieu de mémoire, le courage d'un nouveau départ. Ana, spécialiste de la migration des oiseaux, attend que l'on retrouve le corps de Russell son mari, tandis que les autres restent tétanisés de cette perte si absurde et brutale qu'est celle d'une fille, d'une nièce, d'un père et d'une mère, d'un amour de toujours.
Hôtel des adieux nous conte l'histoire d'un crash aérien, mais pas seulement. Il met également en scène notre capacité à survivre à la perte, au deuil, à la mémoire. La métaphore filée tout au long du récit est celle de la migration des oiseaux, via le personnage d'Ana -personnage auquel on s'attache essentiellement - et cela donne au texte une poésie subtile, tout en remettant l'être humain à sa place, un être vivant parmi d'autres.
Une lecture, à la fois profonde et légère, qui m'a pourtant laissée comme un goût de pas assez.
Editions 10/18 - 8.10€ - Juillet 2011