Beau parleur, Jesse Kellerman
"Le charisme est une chose mystérieuse et puissante. J'en possède en quantité limitée et le peu que j'ai ne fonctionne que sous certaines conditions très particulières. Une certaine frange de femmes intelligentes et fortes têtes me trouvent attirant. [...] Eric avait une arme bien plus efficace qui coulait dans ses veines, une arme à laquelle n'ont pas accès les simples mortels dans mon genre."
Joseph Geist est dans une impasse. Sa petite amie vient de le mettre à la porte, sa thèse de philosophie n'avance plus depuis des lustres (d'ailleurs sa directrice de thèse le déteste et vient de le virer du département) et il ne peut attendre aucun soutien de sa famille. Alors, il décide de répondre à une annonce, "Interlocuteur souhaité pour heures de conversation. Pas sérieux s'abstenir.", et tombe sur une vieille dame assez mystérieuse et fort intéressante qui lui ouvre peu à peu les portes de sa maison. Tout pourrait aller au mieux enfin, dans le meilleur des mondes possibles, si Alma n'avait une maladie très douloureuse qui la clouait au lit des jours entiers, et un neveu irascible et intéressé, Eric...
Dans ce thriller psychologique de Jesse Kellerman, l'ambiance est au tout début assez feutrée. Nous suivons notre anti-héros Joseph Geist dans les méandres d'une fin de vie universitaire à Harvard, difficilement gérable matériellement. La rencontre avec Alma semblant être heureusement la solution à tous les problèmes du personnage principal, le lecteur respire soudain avec aise et s'ennuie presque un peu. Puis, tout bascule dans l'horreur lorsque entre en scène Eric, le neveu, qui suggère à Joseph d'abréger les soufrances de sa grand tante.
Bien qu'ayant aimé chaque partie individuellement, j'ai trouvé un trop grand écart entre les deux rythmes narratifs de ce roman à la forme pyramidale assez visible, qui m'a laissé au final un sentiment plutôt désagréable. Je lis peu de romans noirs, alors mon impression a sans doute été provoquée intentionnellement par l'auteur qui déconstruit finalement avec brio dans sa deuxième partie tout ce qu'il a construit au tout départ, mais lire ainsi aussi ouvertement le canevas d'un récit n'est pas toujours marque de plaisir de lecture pour moi.
Il conviendra donc de retenir pour les adeptes du genre que Beau parleur est un thriller où des personnages à la David Lodge sont confrontés à la folie et que dans ces cas-là toute horreur, et/ou perte de contrôle, devient possible.
Un grand merci aux Editions des 2 terres !! - 21€ - 3 octobre 2012
Challenge 1% rentrée littéraire 2012 : 5/7
(clic sur le logo pour plus de détails)