Gilgamesh, la quête de l'immortalité ~ traductions de Stephen Mitchell et Aurélien Clause
"Gilgamesh est prodigieux ! Je le considère comme l'une des meilleures choses pouvant arriver à quelqu'un.
Je m'y suis immergé et, à travers ces fragments colossaux, j'ai connu des formes et des mesures qui appartiennent aux plus suprêmes travaux que le Verbe ait jamais produits."
Rainer Maria Rilke
Ce n'est qu'en 1850 que les premiers fragments, de ce qui s'avèrera très vite la première grande oeuvre littéraire de l'humanité, ont été découverts parmi les ruines de Ninive. Les tablettes d'argile cuite sur lesquelles elle a été inscrite en caractères cunéiformes demeurèrent enfouies sous les décombres de cités du Proche-Orient antique pendant deux mille ans. Rainer Maria Rilke fut un des premiers à en reconnaître la véritable valeur littéraire. Le texte n'avait pu être déchiffré et traduit qu'après plusieurs décennies.
Gilgamesh est l'histoire du roi d'Uruk, tyrannique et indomptable, et de sa rencontre avec son double envoyé par les dieux pour le contrer, Enkidu. Tout d'abord rivaux, il s'éprennent très vite d'amitié. Lancés tous deux à la poursuite d'un dangereux monstre, Humbaba, ils découvrent les plaisirs de la fraternité et les abîmes de la mortalité...
Ce récit mythique dont la nouvelle traduction de Stephen Mitchell a eu à coeur de restituer le souffle épique est véritablement prenant et moderne, accessible, et sensuel. La mythologie étant mon petit pêché mignon, j'ai goûté les péripéties d'une histoire qui rappelle sans peine les voyages d'Ulysse ou même quelques scènes de la Bible. Je ne me souvenais pas avoir déjà parcouru ce texte, j'en connaissais seulement vaguement le sujet. Pendant ma lecture, j'ai beaucoup pensé à ce travail créatif et courageux qu'est la traduction, dont la préface explique d'ailleurs très bien les choix, parfois très audacieux.
Une lecture riche.
Synchronique éditions (merci !) - 19€ - Sept 2013
"[...] Endiku, tu es beau,
Tu es beau comme un dieu. Pourquoi vagabonder
A travers le désert ? Pourquoi donc vivre en bête ?
Laisse-moi te guider jusqu'aux grands murs d'Uruk,
Jusqu'au temple d'Ishtar, jusqu'au roi Gilgamesh
Qui opresse son peuple avec son arrogance
Et foule aux pieds les siens comme un buffle enragé."
Il comprend tous ces mots et acquiese en silence,
Car au fond de son coeur un désir vient de naître,
Un désir qu'il n'avait jamais connu avant -
Trouver un véritable ami."