L'effet papillon (atelier d'écriture)
Qu'il m'écrive. Après, je pourrai respirer.
Mon coeur s'est mis au rythme de l'instantané, il oublie le monde autour, s'accroche au petit icône qui signifiera l'annonce d'un message. Ensuite, il décortiquera chaque mot, les répétitions, la place des virgules, pour comprendre. Le sursaut de bien-être à l'apparition du nom attendu s'estompe vite. L'effet d'équilibre qu'il génère est si bref. Le réconfort, éphémère. Aucun texto ne pourrait remplacer le plaisir ultime de serrer quelqu'un dans ses bras, le besoin du peau à peau, de l'odeur d'un parfum, de lire dans des yeux l'attente. Mais non, mon interlocuteur garde précautionneusement ses distances, me tient en surface de sa vie, à une place qui n'existe pas.
Ça y est, le message est là. Son nom s'affiche. Et je ressens de nouveau des papillons dans mon ventre, ils bruissent légèrement. Comme si le monde tournait de nouveau rond, reprenait sa marche lente. Je respire. Mais pour combien de temps encore ? Cette correspondance est comme une drogue. Elle me piège. Et pourtant, elle ne signifie rien. Elle pare simplement mon environnement de jolies couleurs pâles. Elle pourrait ressembler aux lettres que s'envoyaient autrefois Balzac et Madame Hanska, et dont j'ai dévoré étudiante la relation épistolaire longue de dix-huit années. Une relation que la réalité a rapidement balayée. Peut-être que se voir détruirai quelque chose, même si nous nous connaissons déjà ? Il faut certainement se contenter de ce lien ténu qui existe entre nous, et qui ne vit que dans le virtuel, au travers de mots qui prennent de nos nouvelles, se font la bise et se disent à bientôt. Mais garder sa place est aussi simple que douloureux, insatisfaisant, et je me lasse.
Qu'il cesse donc de m'écrire, et que nos mots deviennent des sons, et que nos joues se frôlent. Après, nous partagerons l'air que nous respirons. Après, la réalité se chargera du quotidien, d'en raviver ou d'en ternir les teintes s'il le faut. Après, nous verrons bien. Je voudrais sortir de notre chrysalide, je m'impatiente d'exister. Je glisse mon smartphone dans ma poche. Jusqu'au prochain message.
Une photo (de Kot), une inspiration, beaucoup d'imagination, et au final un texte... tout ça pour l'atelier d'écriture de Leiloona [clic]. Pas très satisfaite de mon texte cette fois-ci. Merci pour vos lectures !