Sagan 1954, Anne Berest
"Je m'installe en elle, comme je m'installe dans des appartements que l'on me prête ces jours-ci. Emprunter des chaussures à mon amie Catherine. M'asperger du parfum d'Esther dans sa salle de bains. Enfiler la pensée de Françoise Sagan comme des bas de soie - me revêtir de sa vie pour oublier la mienne."
En 1954, Françoise Sagan vient de terminer son Bonjour tristesse et s'apprête à le déposer chez des éditeurs. Jeune fille fluette de 18 ans, elle ne se doute pas qu'un succès phénoménal l'attend et que sa vie va basculer. Anne Berest revient sur cette année particulière qui a marqué fortement la vie de l'écrivain. En un jeu subtil qui frôle la biographie et l'auto-fiction, elle cherche surtout à comprendre la jeune fille d'alors, à être plus juste que fidèle aux faits. Pour cela, il faut accepter de se laisser envahir par celle qu'elle finit par appeler familièrement Françoise, de se laisser posséder, ou déposséder, et de laisser la plume décider des rencontres, du hasard et de l'écriture.
J'ai une histoire particulière avec Bonjour Tristesse, une sorte de tendresse, car ce livre me rappelle le temps que je passais adolescente devant le rayon poche de ma librairie, à lorgner les tranches, à tenter de repérer les plus fins, ceux qui pouvaient rentrer dans mon budget d'alors, car moins chers. Ainsi, j'ai lu Bonjour tristesse et Un certain sourire (ainsi j'ai lu aussi La Trilogie New Yorkaise de Paul Auster). Ensuite, j'ai changé de tactique, et acheté les plus gros, car ils duraient plus longtemps. J'ai donc découvert très jeune ce drôle de petit texte qui m'avait laissée autant perplexe que séduite, mais surtout séduite, et pas vraiment troublée. Je ne connaissais rien de l'histoire du livre, ni du scandale qu'il avait suscité, ni de la jeunesse de son auteure.
Anne Berest a le talent ici de dresser un portrait subtil de Françoise Sagan, avec une impression de facilité assez étonnante. J'ai aimé qu'elle mêle sa vie à celle de cette auteure qu'elle approche au plus près. Malgré peut-être un manque de densité de l'ensemble, j'ai aimé qu'elle y laisse un peu d'elle même, des traces de sa vie d'écriture, de sa vie personnelle, et en profite aussi pour avancer. Les pages 178 et 179, qui parlent du métier d'écrire, m'ont particulièrement touchées et donner envie de reprendre la plume, parce que les livres ont également un impact sur leurs lecteurs, et que c'est certainement pour cela que l'on lit aussi...
Editions Stock - 18€ - Avril 2014 - Merci ma bibli !!!
Disponible en version poche chez Le Livre de Poche
Une énergie contagieuse pour Clara ! - Une jolie réussite pour Nanou qui s'est régalée - Ce texte a littéralement passionné l'Irrégulière !
Lu également de l'auteure La Fille de son père