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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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14 novembre 2016

L'autre qu'on adorait ~ atelier d'écriture

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Je visse mes écouteurs dans le creux de mes oreilles. J'ai aperçu ta maison. Et c'est comme fonctionner soudain en circuit fermé, hors d'atteinte, avec l'illusion d'être plus forte. J'enclenche maintenant la première plage de l'album que j'écoute en ce moment. Les bruits de ta rue disparaissent aussitôt. Tu serais surpris de savoir que depuis l'Incident, seule la musique a ce pouvoir là, de me maintenir artificiellement la tête hors de l'eau, dans une bulle tonitruante, d'accélerer mes pas. L'équilibre est fragile. De toi je ne sais plus rien depuis plusieurs semaines. Tu ne peux plus être... cet autre que j'adorais. Dont j'attends encore quelque chose pourtant. Des excuses. D'en guérir. Une libération. Le rythme de la musique couvre les battements de mon coeur qui s'accélèrent. Je respire profondément. Peut-être un peu trop. L'air est vif ce matin et brûle douloureusement mes sinus. Je passe tous les jours devant chez toi. A pied. Je longe les voitures. La tête dans mon snood en laine. Rouge comme ta façade. J'aperçois souvent ta voiture, garée là, brillante, mordant un peu le trottoir, comme une extension matérielle de toi. Mais jamais je ne te croise, toi. L'affection a ceci d'étrange qu'elle s'accroche à qui ne fait pas l'effort de l'attendre. J'avais pris nos échanges pour une conversation. Et aujourd'hui ma boîte mail ne déverse plus que des spams qui font semblant de connaître mon prénom. Je pourrais choisir un autre trajet, faire le grand tour. Impossible. Ce serait tricher. Je tire une force iréelle de cette blessure quotidienne auquelle je m'astreins. Ce parcours. J'espère sans doute aussi une rencontre, qu'au sortir de ton perron tu me tombes dans les bras. Comme au cinéma. Dans la vraie vie, les garçons fuient et les filles longent des voitures, changent de trottoir, essaient d'oublier. Nous n'étions pas faits pour nous entendre. Ou plutôt si, de trop. Et autour de toi, des jalousies se sont élevées, ont dit que tu méritais mieux. Et tu les a écoutées. Pire, tu les as laissées me blesser. J'ai beaucoup lutté, voulu te faire entendre raison, croire à notre amitié. Il m'a fallu du temps pour renoncer. Il a fallu que je chute. Depuis, le monde a pris d'étranges couleurs. On m'approche, on m'offre ailleurs ce que tu ne voulais plus me donner. Je sors, je fais la fête. La vie est devenue un kaléidoscope qui m'empêche de pleurer. Je singe parfaitement la comédie du bonheur. A force, je finirai par y croire. Mais tu serais surpris de savoir que depuis l'Incident, notre dernière dispute, j'écoute en passant devant chez toi un à un tous tes albums préférés. Ils me parlent de toi. Ils sont ce qu'il reste de nous. Pour peu qu'un jour pourquoi pas... ils te réveillent.

Un titre emprunté au dernier roman de Catherine Cusset (non lu encore). Et un texte écrit pour l'atelier d'écriture de Leiloona [clic ici] 

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Commentaires
V
Ma belle antigone je pleure...très beau texte ma belle mais qui me laisse avec un froid dans le coeur. En effet il va falloir cicatriser cette plaie...
L
Outch, juste envie de dire à cette femme de changer de rue, de musique, de vie, même, mais de l'oublier, si elle, elle veut vivre. <br /> <br /> :/<br /> <br /> Le texte est sublime, il me parle ... comme tes textes ont toujours su me parler. J'ai toujours été étonnée par cette proximité ...
L
J'aime beaucoup ton écriture, concise, incisive aussi. Et cette phrase "Je tire une force iréelle de cette blessure quotidienne auquelle je m'astreins." s'auto-flageller pour tenter d'avancer, le paradoxe de la nature humaine. <br /> <br /> Bravo !
B
Tu as un style très personnel Antigone, fait de phrases courtes, des mots hachés par le souffle de quelqu'un qui court, qui court à la poursuite de son histoire, de son urgence à la raconter....Moi j'ai souvent besoin de lire deux fois ton texte : une première fois pour le rythme et une deuxième fois pour pénétrer plus calmement dans le sens ....C'est l'effet " Antigone" et ça me plait !!!...<br /> <br /> Mais s'il te plait dis-lui d'arrêter d'arracher la croûte de sa plaie tous les matins, ça va jamais cicatriser.....
A
Tu as su ménager un joli suspens, qui donne envie de dévorer tes lignes.<br /> <br /> Une phrase qui m'a particulièrement accrochée : "L'affection a ceci d'étrange qu'elle s'accroche à qui ne fait pas l'effort de l'attendre."
Les lectures d'Antigone ...
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