Tendres silences, Angela Huth
Refermant tout juste la toute nouvelle édition de La vie rêvée de Virginia Fly... ton choix de lecture de PAL du mois était tout trouvé en cet exemplaire du même auteur, datant de 1999, chiné chez un bouquiniste nantais, et perdu depuis dans ta bibliothèque... Mais outch, tu ne t'attendais pas à une telle histoire ! Angela Huth manie décidément avec art l'humour cynique et joue délicieusement avec nos nerfs... Mais tu t'expliques... La romancière a, dans ce roman, décidé de faire entrer son lecteur dans l'intimité d'un couple sans histoires, les Handle. Ils ont une vie douce, rythmée par des habitudes bien ancrées, un silence tendre et complice. Depuis quelques temps, un jeune voisin, Lucien, vient troubler les matinées de Grace avec ses apparitions extravagantes en fin de petit déjeuner. L'épouse tranquille est à la fois déstabilisée, inquiète, et heureuse d'être dérangée. William, son mari, n'est de toutes façons pas très attentif à ses émotions, il faut dire qu'il disparaît à chaque fois juste avant l'arrivée du jeune homme, pour étudier sa musique à l'étage. Le quatuor dans lequel il joue depuis plus de vingt ans vient par ailleurs de subir une petite révolution qui le préoccupe bien plus. Un des musiciens a été remplacé par une femme. William est subjugué par Bonnie, et tombe rapidement dans une sorte d'obsession amoureuse qui le mènera à envisager... le meurtre de sa femme adorée, Grace... Là tu dois dire qu'à plusieurs reprises au cours de ta lecture, tu as eu envie de t'exclamer... mais enfin William !!... En effet, les diverses stratégies de William pour arriver à ses fins, et séduire en parallèle la jeune Bonnie, sont pour le moins drôles, tristes et ridicules. On tremble, on rit jaune, et on se demande véritablement comment tout cela va se terminer... Mal ? Forcément. Bizarrement la musique est là (beaucoup de musique), la gentillesse, la belle lumière qui plonge dans la cuisine, le repas qui mijote aussi, et l'on se prend à espérer que les esprits échauffés vont recouvrer raison. Mince alors... quelle aventure !
Quai Voltaire - 1999