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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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29 janvier 2008

Les clés

  Assise sur un banc public, son sac à main serré sur ses genoux, elle attendait, le regard dans le vide. Il faisait froid. Et l’automne faisait voler les couleurs chaudes de l’hiver à venir, par grandes rafales poussiéreuses, autour d’elle. Elle ne bougeait pas. Une feuille, au rouge chatoyant, un peu plus  mutine que les autres, en profita pour se déposer délicatement sur son manteau brun, juste à l’emplacement du cœur. Elle frissonna.

De l’autre côté de la rue, là-bas, il y avait cette porte en verre qu’elle n’osait franchir. Elle avait rendez-vous, et elle était en retard. Tout à l’heure, juste à la descente du bus, ses jambes s’étaient dérobées sous elle, elles ne la portaient plus. Alors, elle s’était assise sur ce banc, pour se reposer, et pour réfléchir un peu, tenter de reculer cet instant où le carillon de l’entrée de l’agence immobilière scellerait son destin, pour toujours.

Lui revenaient des images d’elle et de lui dévalant les marches de Montmartre, son rire en cascade, leurs doigts enlacés… Lui revenaient des images de bonheur et de déceptions mélangées…

Il ne savait rien de tout cela, ne connaissait pas cet endroit, ni son départ, ni cette petite maison qu’elle s’apprêtait à louer. Il ne savait rien d’elle. C’est pour cela qu’elle le quittait, pour retrouver la liberté de sa solitude, pour éviter de continuer de la partager, avec lui.

Dans un mouvement brusque, elle se décida enfin et se leva. La porte vitrée fit un bruit de carillon lorsqu’elle la poussa, familier, elle était déjà venue. « Bonjour, je suis madame M., je viens chercher mes clés et faire l’état des lieux. Je suis désolée, je suis un peu en retard. »

Le jeune homme qui l’accueilli était celui qui lui avait fait visiter l’endroit il y a quelques jours. A la vue de sa cliente, son visage s’éclaira d’un large sourire, un brin commercial. Elle se demanda si il l’avait aperçu sur son banc tout à l’heure, si il la prenait pour une vieille folle. Son regard ne trahissait rien, ses mains cherchaient fébrilement son dossier. Enfin, avec le même sourire accroché au visage, et un air de victoire adolescent, il lui donna solennellement les clés de la maison.


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26 janvier 2008

Testament

Voici un texte émis suite à la consigne 62 du site Paroles Plurielles.

Il fallait s'inspirer de la photo ci-dessous et de l'incipit suivant : "Mes bien chers frères..."

les_hommes__delvaux_

"Mes bien chers frères, vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai réuni, justement aujourd’hui, ici, tous les cinq. Vous vous en doutez certainement, l’heure est grave car rien ne pourrait me résoudre à vous éloigner de vos familles, de vos affaires si prenantes, de vos maisons, s’il n’y avait urgence et malheur, à venir.

Je suis votre aînée, et je vous ai vu naître et grandir, chacun. J’ai espéré, longtemps, qu’une sœur arrive parmi vous, vienne me tenir compagnie dans ma chambre, serre ses petits bras contre les miens. J’ai rêvé, longtemps, de douceur.

Et puis voilà qu’après avoir été fille unique et sœur, je suis devenue plus tard, bien malgré moi, votre mère.

Je ne regrette rien, lorsque je vous vois si bien installés dans la vie, si paisibles.

Je ne regrette pas ma jeunesse à veiller sur vos adolescences turbulentes. Je ne regrette pas ces soirées, vos fronts penchés, studieux. Je regrette, parfois, le silence après chacun de vos départs et cette maison à présent vide de rires et de cris, austère.

Je ne vous demanderai pas pourquoi vos enfants n’ont jamais franchi le seuil de cette porte. Je ne vous demanderai pas si ma solitude vous fait honte après vous avoir servi. Là n’est pas la question, ni l’urgence. Je n’ai plus de temps pour gémir.

Vous me voyez bien fatiguée, je le suis. Vous trouverez dans le tiroir de ce meuble – derrière toi, Arthur ! - une lettre qui explique tout, ce que l’on écrit d’ordinaire, dans ce type de situations.

Je sais que vous saurez faire ! Vous voilà si sérieux à présent.

Mes bien chers frères, soyez rassurés, il n’existe pas de secrets inavoués dans ce grand corps de femme qui vous fait face, ni dans cette maison. Je laisserai tout en ordre.

J’emporterai avec moi mes désirs, mes lectures et mes pensées…tout ce qui fait une femme, tout ce que vous ignorez."

24 janvier 2008

Regrets

Je t’aime…

…et voilà que tu m’oublies, peu à peu.

Ton regard m’évite.

Tes gestes n’étreignent plus ma présence.

Je suis absent à tes envies.

Je t’aime…

…et voilà que la vie, justement,

Banale, inconvenante, solitaire,

Avec sa suffisance et ses airs ordinaires,

Reprend ses droits.

Je t’aime…

…et cela n’a plus d’importance,

Pas plus que ce baiser sur ta joue,

Pas plus que tout ce que je pourrais faire,

Pour te plaire.

Je t’aime…

…et cette confidence

Bien enfouie, au fond de tes poches,

Ligotée,

Y restera bien au chaud,

Pour l’hiver,

A défaut de goûter ma lumière.

22 janvier 2008

Matin d'hiver

h

Une touche de mélancolie. Un zeste de pudeur. Et un peu de folie, pour ne rien oublier.

Ton bras au dessus de ma tête, endormi. Ton bras au dessus de mes rêves. Ton bras, lourd et orphelin de ton corps, perdu, assoupi.

Je m’enroule dans mes draps. Le froid de l’hiver vient me chercher et m’enveloppe, je suis dans un autre monde, glacé, magnifique et transparent.

Des enfants irréels glissent sur le lac gelé, imaginaire, de mes pensées. J’entends tinter, au loin, les clochettes des calèches qui filent dans le parc.

La journée sera belle.

Me reviennent en mémoire ces réveils enfantins, ces tâches de lumière sur le mur, qui n’en finissaient pas de se rejoindre et de jaunir. Ma sœur dans son lit. La masse de ses cheveux bruns étalée sur l’oreiller.

Me reviennent en mémoire des matins de paresse, de douceur et d’oubli…enchevêtrés.

Une touche de mélancolie.

Un zeste de peur.

Et de temps en temps, parmi, quelques regrets aussi.

21 janvier 2008

Liberté, j'écris ton nom...

...dans les marges de mes lectures, dans le corps de mes textes,

dans la douceur de mes pas, dans le silence de mes sourires,

toujours.

Et parfois aussi, dans le vide de nos conversations.

BOL084DP

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20 janvier 2008

Pensées iconoclastes

Absorber le silence.

Décider de ne pas sauter dans ce train,

qui file, à toute allure,

vers un idéal commun, un ailleurs auquel

je ne suis plus sûre de croire.

Fuir.

Préférer les chemins doux, et tortueux de l’enfance,

Au fracas des machines.

Faire tinter dans les rayons de ma bicyclette, les cailloux des souvenirs.

Ne garder que les meilleurs,

Trier les moins bons.

Et puis.

S’asperger d’affection.

En acheter des tubes entiers, à la superette du coin.

Se dire que rien ne vaut un torse,

serré contre soi.

Alors.

Tenir ses enfants dans ses bras, le plus souvent possible,

à la moindre occasion,

l’air de rien, en profiter.

Et se nourrir de leurs fossettes,

de la blancheur de leurs dents, des sonorités aigues de leurs voix.

Aimer.

Essayer d’être femme, enfin,

comme on enfile un costume, un peu trop petit.

Et tailler secrètement dans les plis,

de fines et larges ouvertures,

invisibles à l’œil nu.

Ainsi accoutrée,

S’exposer en plein vent.

Et se sentir vivante.

18 janvier 2008

Adolescence

(Conversation imaginaire...)

adolescente

Sois sage. Assied toi.

Tu t’agites. Tu t’affoles.

Tu fais du désordre.

Tu fais n’importe quoi.

Regarde autour de toi.

Allez, prends ce temps-là.

Non, ce n’est pas du temps perdu !

Rien ne l’est jamais.

Crois moi.

C’est une histoire de confiance.

De confiance, et d’abandon.

Alors ?

Où en es-tu ?

De toi, de ta vie, tout ça.

Bien sûr, que cela m’intéresse.

Qu’est-ce que tu crois ?

Je t’écoute.

Je vois bien que tu n’es pas à l’aise.

Que tu te dandines, d’une fesse sur l’autre,

Sur ce canapé.

Que tu voudrais être ailleurs.

Tu ne sais pas quoi faire de tes bras,

De tes jambes,

De tes pieds.

Je vois bien que tu n’oses lever les yeux sur moi.

Je vois bien que depuis quelques temps,

Tu m’évites.

Tes cils brillent.

Allez, prends mes doigts.

Oui, comme ça.

Serre les.

Fort.

Tu sais, j’ai été jeune,

Avant toi.

Je sais les larmes, la désespérance de ton âge,

La déception.

Oui, je sais que tu ne me crois pas,

Je connais ta révolte.

Tu me regardes à présent.

Tu hésites.

Allez, sois un tourbillon,

Si tu le souhaites,

Si cela te rend heureuse.

Car tu l’es, n’est-ce pas ?

Sois toi.

Sache seulement

Que je serai toujours là.

Qu’à chaque instant de ta vie,

Tu pourras venir,

Et serrer mes doigts,

Comme tu le fais à présent,

Si fort.

16 janvier 2008

Une histoire (pirouette)

cali_rezo

C’est l’histoire d’une fille,

Qui se prenait pour une ampoule,

A incandescence,

Ou une princesse,

Et qui n’était qu’une fille,

Toute simple,

Même pas une lumière.

.

C’est l’histoire d’une fille,

Qui passait sa vie

A tenter de se fondre dans le décor.

Elle était devenue,

Avec le temps,

Experte dans l’art du camouflage,

Façon caméléon.

.

C’est l’histoire d’une fille,

Devenue mère,

Par conviction et par amour,

Un soir de juillet,

Mais elle portait au bout de ses bras,

Constamment,

Des valises d’incertitudes.

.

C’est l’histoire d’une fille…

C’est peut-être la vôtre,

Celle qui gît au fond de votre cœur.

C’est sans doute un peu la mienne, aussi,

Une histoire toute bête,

De féminité et d’attentes,

De désir d’absolu.

.

C’est l’histoire d’une fille,

C’est une histoire perdue.

.

Je ne vous la raconterai pas.

14 janvier 2008

Errance

errance

Là où je vais

Là où je suis

Que des pas

Dans le désert

La sueur

De la terre

En poussière

La solitude

Là où j’avance

Aucun bruit

Poussée hors de votre jardin

A tout jamais

Condamnée

Pour des gestes faits

Des amours partagées

Des presque riens

  où je marche

Qui d’autre me suivra

Qui le voudra

Et le doute

Toujours

D’avoir le droit de crier

La rage

Là où je m’allonge

Du sable

Dur

Amer

Mon corps blessé

Anéanti

Se relever

Après ça

Loin de votre jardin

Exister

Orpheline

De votre bénédiction

Avoir la chance

Un jour

De devenir

Moi

Ailleurs

12 janvier 2008

Départ

Voici un texte écrit sous l'impulsion de la consigne 61 du site Paroles Plurielles.

Il fallait s'inspirer de la photo ci-dessous et de l'incipit suivant  : "J'ai bien fait le tour de la question".

photo_D_D

J’ai bien fait le tour de la question, mais rapidement, très rapidement. J’ai tourné trois fois les mots dans ma bouche avant que de les dire ; ils sont sortis tout seuls, sans efforts.

« Non, c’est moi qui pars ».

Il n’a pas fait un geste. Il est resté prostré dans son fauteuil, encore étourdi sans doute, par l’ampleur de sa propre déclaration matinale : « Je ne t’aime plus, Rosa, je veux partir. Nous perdons notre temps ensemble. »

J’ai réfléchi ensuite, longuement, toute la journée, au bureau, tout en classant des papiers, en répondant au téléphone, sur l’énormité de ce que j’avais dit, sur tout ce que cela impliquait. Il me devait bien ce temps de réflexion, cette porte fermée, ou plutôt claquée, silencieuse, qui avait ponctué ma phrase et clos la conversation.

Il me devait bien la peur.

J’ai pris tout mon temps pour rentrer, le retrouver dans cet appartement immense où chacun avait fait son nid petit à petit, inconsciemment, l’un à côté de l’autre, sans se toucher. J’ai pris tout mon temps pour lui redire, « C’est moi qui pars. ».

Je ne me doutais pas que ce serait si simple, que je tenais à si peu de choses.

Je ne me doutais pas qu’un jour, aujourd’hui, il me suffirait de pousser des battants de volets en bois, pour respirer et sentir sous mes paumes les battements de cœur de l’été. Je ne me doutais pas que ma vie avait encore tellement de possibles, inexploités.

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