Le chemin
Cécile savait que ses pas la mèneraient encore ici, sur ce chemin.
Elle ne pouvait s’en empêcher. Ses promenades la conduisaient toujours là, aux endroits où elle avait été avec lui, aux lieux où sa peau avait touché la sienne, même un instant, même par mégarde.
Il l’avait pourtant malmenée, bien souvent. Elle aurait préféré être ailleurs qu’avec lui, parfois. Il lui faisait même honte, de temps en temps.
Mais elle ne savait pas qu’il lui manquerait si longtemps, si intensément, malgré tous les bonheurs accumulés sur les étagères de sa vie, depuis.
Elle ne savait pas que l’on ne s’arrache pas le cœur, impunément, sans souffrir, que l’on pense guérir, mais que c’est un leurre. Elle ne savait pas que le destin poursuit sa route, sans faillir.
Hier, en consultant le journal, elle a vu son nom, a lui, en lettres fines, dans un coin de page.
Maintenant, elle sait où il travaille, ce qu’il est devenu, quelle ville il habite. Maintenant, elle ne peut plus se dire qu’elle ne sait pas.
Elle se tient à présent sur leur chemin, les pieds dans l’herbe folle, le vent dans les cheveux, la tête dans ses souvenirs, mais le cœur perdu.