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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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13 novembre 2007

Le chemin

Cécile savait que ses pas la mèneraient encore ici, sur ce chemin.chemin 

Elle ne pouvait s’en empêcher. Ses promenades la conduisaient toujours là, aux endroits où elle avait été avec lui, aux lieux où sa peau avait touché la sienne, même un instant, même par mégarde.

Il l’avait pourtant malmenée, bien souvent. Elle aurait préféré être ailleurs qu’avec lui, parfois. Il lui faisait même honte, de temps en temps.

Mais elle ne savait pas qu’il lui manquerait si longtemps, si intensément, malgré tous les bonheurs accumulés sur les étagères de sa vie, depuis.

Elle ne savait pas que l’on ne s’arrache pas le cœur, impunément, sans souffrir, que l’on pense guérir, mais que c’est un leurre. Elle ne savait pas que le destin poursuit sa route, sans faillir.

Hier, en consultant le journal, elle a vu son nom, a lui, en lettres fines, dans un coin de page.

Maintenant, elle sait où il travaille, ce qu’il est devenu, quelle ville il habite. Maintenant, elle ne peut plus se dire qu’elle ne sait pas.

Elle se tient à présent sur leur chemin, les pieds dans l’herbe folle, le vent dans les cheveux, la tête dans ses souvenirs, mais le cœur perdu.

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12 novembre 2007

Les voilà !

Les voilà ! Mes petits livres. 

J’ouvre les cartons avec avidité. Le bon de livraison cache, pour le moment, les couvertures criardes. Ca y est. Je les vois. Juste en dessous. Là. Les jaquettes brillent.les_voil_

Je réclame, impatiente :

« Tu peux les rentrer en stock ? »

Je suis déjà loin lorsque j’entends résonner dans le couloir la réponse positive du déballeur officiel.

Je rentre sur la « surface de vente ». Mes talons s’enfoncent dans la moquette avec assurance. Je sais que j’ai le sourire aux lèvres. Je sais que je vais rendre un lecteur heureux, bientôt. J’ai ce pouvoir là, juste à cet instant précis.

Mon client attend toujours à la même place, impassible, les mains dans les poches. Dans cinq minutes, il aura dans ces mêmes mains, le livre attendu, un poche en version anglaise, qui sentira bon le papier neuf et l’encre des rotatives.

« Je vous fais patienter ? J’ai bien reçu votre ouvrage. Je pourrai vous le donner, dès qu’il sera enregistré. »

Il ne sait pas ce grand monsieur, au regard doux, qu’il est peut-être mon dernier client. Ce soir, tout sera fini. Se souviendra-t-il de mon visage, demain ? Reviendra-t-il ici, étonné de ne pas m’y retrouver ? Vous savez ? La petite jeune fille qui était là…qui m’avait trouvé ce titre…

Ce soir, je rassemblerai mes petites affaires, je saluerai les autres vendeurs. Réduction de personnel. Ce soir, l’encre de ma vie se sera tue, je laisserai des rayons orphelins à d’autres mains.

Ce soir, je ne serai plus libraire.

11 novembre 2007

Dis moi tout !

dis_moi

Dis moi tes mots. Tout ce que tu veux. Je les prends. Je les mettrais sur mon cœur ; ils n’auront plus peur. 

Dis moi ce qui te fait pleurer la nuit, en silence, la joue contre l’oreiller. Dis moi ce qui te fait rire aux éclats, aussi.

Je veux tout savoir de toi, de tes erreurs, de ton passé, de tes manquements.

Je veux connaître tes doutes, les tristesses qui mettent de l’ombre, parfois, sur ton visage.

Je veux sentir tes frissons courir sous ta peau.

Je veux te recueillir. Boire ton essence, infime.

Je veux te voir vivre.

Et t’aimer, surtout, le mieux possible, pour un jour, réussir à te laisser partir.

10 novembre 2007

Il vaut mieux les voir comme ça

Il y a toujours une maman pour me dire cette phrase sibylline, à la sortie de l’école, tout en tenant par la main sa progéniture, docile et muette.enfant 

En général, la femme se penche un peu, chuchote doucement, d’un air entendu, tout en enroulant de son autre main son écharpe autour du cou. Et elle sourit, à mon enfant, à moi, qui pendant ce temps court en tous sens, s’accroche au portail des maternelles, disparaît, réapparaît, me fait honte.

Au début, disciplinée, je courais aussi, après ma fille, je tentais de la raisonner, le doigt devant son nez, d’un air courroucé. « Emma, il ne faut pas ! » Alors, mon enfant partait d’un grand éclat de rire, et elle courait, encore plus loin, en criant : « Maman, tu ne m’attraperas pas ! »

Avant, je voulais la rendre docile, aussi, ma « fille sauvage », je voulais qu’elle se tienne droite et debout, à côté de moi, comme l’enfant sage que j’étais certainement, qu’elle soit patiente, douce et calme.

Mais, que veulent donc dire ces femmes avec ce « il vaut mieux » ? Envient-elles la vitalité débordante de mon enfant bondissant, son sourire à fossettes ou ses baskets roses à velcros ? Ou, veulent-elles me signifier simplement, à moi, sa mère, qu’elles savent y faire, elles, pour maintenir au sol les pieds de leurs enfants ?

9 novembre 2007

C'est quand le bonheur ?

C'est maintenant, et pour toujours...du moins...je l'espère.

L’escalier était raide, étroit et sombre. Je tenais à la main le morceau de papier sur lequel était inscrit l’adresse. J’étais en avance, comme à mon habitude, et l’appréhension me tenait la gorge. Appartement 17. Voilà, je le tenais.

Quelques coups frappés et la porte s’ouvrit  sur le visage inquiet d’une vieille femme.

- Oui ?

- Bonjour, je viens…pour l’annonce.

- Oh, oui. Entrez !

J’entrais dans un salon lourdement décoré. Un chaton gris sautillait près des rideaux. La vieille femme le chassa d’un sifflement et leva la main, irritée.

« Une mauvaise idée ce chat », maugréa-t-elle.

Elle s’assit sur un fauteuil et sembla attendre que je sois installée à mon tour pour parler enfin.

« Je vais vous dire pour quelles raisons j’ai besoin de quelqu’un. Voyez-vous, je suis en train de divorcer, à mon âge. Il faut que je dresse la liste des objets que nous possédions ensemble, mon mari et moi-même. Ils ne sont pas ici. Je vais donc vous les décrire, et vous prendrez des notes, mon petit. »

C’est alors que je remarquais les cartons disséminés dans la pièce, les babioles disposées de manière  incongrue et la délicate beauté de cette femme âgée.

Elle me tendit une feuille blanche, un crayon et leva les yeux au ciel, concentrée.

Démarra alors un des plus étrange monologue qu’il me fut donné d’entendre, ponctué par des cris stridents adressés, de temps à autre, au chaton gris, grand amateur de rideaux.

chaton

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5 novembre 2007

Coeur

Cécile savait qu'elle avait tort.c_cile 

Elle raccrocha brutalement le combiné du téléphone.

Ce soir, le numéro composé, la sonnerie avait résonné dans le vide. Personne n'avait décroché et le répondeur ne s'était pas non plus enclenché au terme des trois sonneries habituelles.

Elle n'entendrait pas cette nuit la voix adorée débiter son message laconique.

Trois semaines qu'elle tentait de le joindre, en vain, qu'elle restait confrontée à cette solitude, toujours plus lourde.

Trois semaines qu'elle se jetait avec acharnement sur ses études, pour oublier que c'était elle qui avait réclamé une pause, que c'était elle qui l'avait quitté, que c'était elle, maintenant, qui gisait là, le coeur en miettes.

Cécile avait tort. Elle devait l'oublier.

Elle décida de se faire une tisane, prit un livre de Jane Austen dans sa bibliothèque, s'enroula confortablement dans une douce couverture et, sans s'en apercevoir, mit son coeur en hiver.

4 novembre 2007

Je ne suis pas celle que vous attendiez

Je suis humaine, désobéissante, versatile.je_ne_suis_pas_celle

Oui, parfois, je vis avec passion. J'entraîne avec moi bruits et fracas. Je dérange, je crie, je fais du désordre.

Je sais, je suis fatigante, dérangeante, absolue. Et, de cela, vous me détestez. De cela...et de tant d'autres choses !

Non, je ne suis pas celle que vous attendiez.

Et bien, ce soir, je vous renvoie le compliment.

Vous, non plus, vous n'êtes pas tels que je vous espérais.

Je vous aurais aimé présents, aimants, compréhensifs, attentifs et conciliants.

J'aurais aimé sentir vos bras autour de moi, votre regard au-dessus de mon épaule.

J'aurais aimé que vous m'aimiez...un peu...de temps en temps.

3 novembre 2007

La librairie...

librairie  ...des lectures en tous genres.

Je touche du bout des doigts les douces couvertures des livres. Tout est en place. J'aime contempler ces rectangles colorés. J'aime les ordonner. J'aime savoir que chaque titre est à sa place là sur l'étagère et qu'un client curieux va peut-être en choisir un, lire la quatrième de couverture et l'emporter.

Assise sur mon tabouret haut, je pianote sur l'ordinateur installé près de moi. J'effectue les réassortiments nécessaires. J'attends que les portes s'ouvrent, que se déverse sur moi le flot des lecteurs avides et des badauds blasés.

Les lumières s'allument doucement. Trois adolescents s'avancent, intimidés. Ils cherchent un livre, pour l'école, "Les Misérables" en version abrégée. Je prends les trois premiers de la pile et leur tends.

Ils repartent, impressionnés et soulagés, tenant dans leurs mains le poids des mots de Victor Hugo. Leur passage en caisse fait apparaître sur mon écran la fiche du livre vendu : "Les Misérables", trois exemplaires, situation : en réimpression chez l'éditeur.

1 novembre 2007

Une vie (sans Maupassant)

Leslie est courageuse, un vrai petit soldat.

Chaque matin, elle se lève tôt pour aller travailler. Elle prend le train. Elle affronte le froid, le vent, la pluie, à longueur de journée, sur son morceau de trottoir. Elle distribue des prospectus.

"Venez ! Venez ! Un produit cosmétique vous sera donné gratuitement pour chaque visite!"une_vie

Les passantes curieuses montent au premier étage où sa patronne tente de les retenir dans son institut de beauté.

Elle déteste ce travail, cette femme qui l'emploie. Elle peut rester des heures, sans penser, le sourire accroché au visage.

Leslie est courageuse.

Ce matin, elle a rempli son sac à dos de vêtements, pris de l'argent dans le tiroir de la commode, écris un mot à Paul.

Ce soir, le chèque du mois en poche, elle ira prendre l'avion, celui qui s'envole vers le pays qui a cuivré sa peau.

31 octobre 2007

Le téléphone pleure...

… et ne sonne jamais pour moi. le_t_l_phone_pleure

Cela fait des mois que je partage cette chambre de neuf mètres carrés avec moi-même. Je ne me supporte plus.

Le soir, lorsque je reviens des cours, et que je ferme la porte, je suis toujours là, au rendez-vous, pour un dîner en tête-à-tête.

Je parviens à repousser de quelques minutes l'échéance de ce moment d'intimité en partant cuisiner dans la salle commune. Là, il faut attendre mon tour, qu'une plaque chauffante se libère pour enfin pouvoir y poser ma casserole d'eau. J'y jetterai ensuite une poignée de pâtes.

J'aime côtoyer les conversations joyeuses des étudiants Erasmus et humer l'odeur épicée de leurs plats exotiques. Je déteste leurs soirées crêpes ou couscous qui m'obligent à monter quatre étages pour utiliser une cuisine isolée.

Lorsque je mange finalement mon plat indigeste, assise sur mon lit, l'appétit s'est depuis longtemps envolé et je reprends le cours de la conversation engagée avec moi-même, ce matin, au petit déjeuner.

Au delà de ma porte, dans le couloir autour duquel se distribuent une dizaine de chambres, se trouve un téléphone. Les appels de l'extérieur y sont transmis jusqu'à 21h30.

Je me dis, en silence, que ce serait bien si ce soir il sonnait, pour moi.

Ce serait bien qu'ILS m'étonnent, qu'ils fassent, pour une fois, cet effort là.

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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