Scintillation, John Burnside
"Par moments, le monde entier désigne une chose qu'on ne voit pas, une essence, un principe caché. On ne la voit pas, mais on la sent, bien qu'on ne sache pas du tout comment la formuler à l'aide de mots. Et par moments, c'est simplement que tout est beau, sauf que ce qu'on entend par beau est différent de ce que les gens veulent généralement dire quand ils emploient ce mot. Ca ne veut pas dire sentimental ni cucul la praline. C'est beau et c'est aussi terrible."
A Intraville, on ne fait pas grand cas de ces adolescents qui disparaissent depuis des années, à intervalles aléatoires. On est un peu triste - un temps - et puis on les oublie. Il faut dire que Morrison, le policier, fait tout ce qu'il faut pour étouffer l'affaire et s'évertuer à considérer ces disparitions comme des fugues.
De toutes façons, il ne fait pas bon vivre à Intraville. L'usine qui y a été construite autrefois a empoisonné le secteur, et la gestion du nettoyage a été mise entre les mains d'un personnage très corrompu. Depuis, les habitants héritent d'obscures maladies qui rongent leur vie. Leonard vit seul avec son père très affaibli, il a quatorze ans. Il aime lire, se montre très curieux, s'intéresse à ceux qui comme lui cultivent leurs passions, et entretient une relation suivie avec une jeune fille un peu délurée, Elspeth. S'acquoquiner avec Jimmy et son gang sera sans doute sa plus grande erreur...
Dans ce livre, terriblement bien écrit, la noirceur et la fange scintillent d'une étrange beauté, mêlant le mythe de Peter Pan et des Enfants perdus à des images déjà vues dans certains Manga japonais, ceux où la nature cherche à prendre le pas sur la ferraille... vous voyez ? J'ai beaucoup aimé lire ce roman particulier mais je ne pourrais pas lire continuellement que ce type de récit où la mort plane sans cesse et l'espoir est inexistant. Je crois même que certains passages ont investi mes rêves me créant quelques cauchemars. Cependant, mon exemplaire est beaucoup corné, à l'endroit de tous ces passages qui m'ont semblé si parfaits, d'écriture et de réflexion. Et puis, comment ne pas aimer le personnage de Leonard, ce lecteur en herbe qui a déjà lu Dostoïevski et Moby Dick, et qui laisse s'étendre sur cette histoire une douce résignation ?
Une lecture à la fois sombre et belle, terrifiante et scintillante.
Editions Points - 7.20€ - Août 2012
Ce roman est dans la sélection 2013 du Prix de Meilleur Roman des lecteurs de Points
Et je suis membre du Jury !! ;) [clic ici pour en savoir plus et lire le premier chapitre]
Epoustouflant pour Clara - Somptueux pour Keisha - Un roman secouant pour Aifelle ! - Un coup de coeur pour La Pyrénéenne.
L'attentat, Dauvillier et Chapron
"Du jour au lendemain, mes rêves se sont effondrés."
Alors qu'Amine, médecin de Tel Aviv, fait face dans l'hôpital dans lequel il exerce aux conséquences d'un attentat particulièrement meurtrier, une femme est amenée dans un état indescriptible aux urgences. C'est Sihem, son épouse, comme lui d'origine palestinienne, apparemment bien intégrée en Israel. On l'accuse pourtant d'être la Kamikaze à l'origine de l'explosion.
Amine devra faire face à une réalité qu'il était loin de soupçonner et frôlera le danger dans une quête désespérée pour comprendre pourquoi celle qu'il aimait a été poussée à commettre l'incompréhensible...
Je n'ai pas lu le roman éponyme de Yasmina Khadra, je ne saurai donc dire si cette BD en est une fidèle adaptation. Mais j'ai ressenti un intérêt particulier dernièrement pour tout ce qui se passe là-bas, l'envie d'en savoir plus. Le format BD m'a semblé, d'après mes dernières expériences en la matière, un bon moyen d'aborder la question. C'est un format qui ose montrer et ne sombre pas dans la complaisance. Et cet album là est pour moi très réussi, tant par le rythme que par la qualité des dessins, très beaux. Il permet encore une fois de "voir" des images de ce pays mutilé et tiraillé. L'histoire est prenante et forte, sujette à divers questionnements et réflexions.
Un album à ouvrir, vraiment.
Editions Glénat - 25.50€ - Septembre 2012 - Merci ma bibli !!
Sur le même sujet, en format BD... Les Amandes vertes - Chroniques de Jérusalem
La Patiente, Jean-Philippe Mégnin
"Nous nous sommes rencontrés par hasard.
Je n'ai pas compris tout de suite.
Je n'ai pas compris tout de suite la nature de l'attirance que j'ai éprouvée pour ce garçon."
Le narrateur voit un jour entrer dans son cabinet une femme énigmatique, Camille D. Il est gynécologue et elle pense être enceinte, rien que de très banal. Seulement, son attitude trouble beaucoup notre docteur car la jeune femme lui parle abruptement de son homosexualité et semble étrangement bien connaître son compagnon, David. Contre son mutisme en ce qui concerne le père de l'enfant, le médecin n'aura de cesse de se heurter et de vouloir mettre en lumière la vérité, quitte à risquer le drame...
Ayant plutôt aimé ma lecture de La Voie Marion et ayant vu l'auteur en interview chez La Grande Librairie, je voulais découvrir ce titre que je me suis offert en librairie (en pensant à Bauchette) !
J'aime beaucoup et encore ici l'écriture de Jean-Philippe Mégnin, et sa manière d'amener ses personnages à la rencontre. Mais le noeud de l'intrigue m'a semblé dans cet opus un peu moins fort que dans son précédent roman et le suspens moins réussi. Dommage.
Je ne regrette pourtant pas cette lecture en demi-teinte que j'ai paradoxalement dévorée.
Editions Le Dilettante - 15€ - Sept 2012
Sandrine a été emballée - Une autre bonne critique sur Libfly
Un Noël en famille, Jennifer Johnston
"Tu sais, c'est la première fois que je le dis à quelqu'un, mais c'est un rêve qui me trotte dans la tête depuis longtemps. J'imagine ma voix vibrante emplissant une salle de théâtre." Elle ouvrit grand les bras comme si elle voulait embrasser la pièce. "J'apprendrai. Je jouerai tous les grands rôles et je les aimerai tous, même Lady Macbeth, je les aimerai vraiment tous. Maman, je suis tellement impatiente. C'est ce qu'on appelle un rêve, non ? Nous devrions nourrir des rêves, plutôt que de décider d'être normaux, non ?
- Oui, chérie, bien sûr. Je pense que nous allons ouvrir une bouteille de vin et boire aux rêves de chacun d'entre nous."
Henry vient d'être victime d'un accident de voiture. Il s'éveille à l'hôpital et sa mémoire flanche un peu. Il ne se souvient plus vraiment si il est encore marié à Stéphanie ou avec cette nouvelle épouse qui tenait le volant et qui est décédée dans l'accident. Va-t-il reconnaitre autre chose chez sa fille Ciara que sa superbe chevelure rousse ? Et enfin de qui était-il réellement amoureux juste avant le drame ? Jeremy, le bel homme qui veille sur lui, semble en avoir une idée bien précise... Tandis que Tash, sa mère, sombre dans une douce et folle vieillesse, Henry récupère, retrouve souvenirs, sensations et espoirs. Pour une fois, tout le monde sera là pour Noël, même Georges le jeune frère canadien.
Je vous espère une période de Noël bien moins compliquée que celle de cette famille qui s'agite beaucoup autour d'un Henry défaillant, d'une vieille femme perdue et d'êtres en quête d'une normalité inutile.
Je n'ai pas été spécialement séduite par l'écriture de ce petit roman, assez fragile, mais plus par l'esprit qui s'en dégage.
Il est demandé à chaque personnage d'être sincère avec lui-même et les autres, avec ses sentiments. Les faux-semblants sont des chausses trappes qui ne servent à rien, qu'à perdre un temps précieux. Et à Noël, tout le monde est réunit, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Une lecture de saison.
Merci Clara ! - Editions 10/18 -8.10€ - Décembre 2010
L'amour est une île, Claudie Gallay
"- Tu te souviens d'autrefois ? Quand le silence de la neige tombait sur la terre, nous allions nous asseoir devant le foyer du château et nous parlions de choses qui n'arriveraient jamais.
Il murmure ça à son oreille.
C'est une phrase de Fernando Pessoa, un texte qu'il avait mis en scène l'année où ils se sont rencontrés.
Des odeurs de mousse. La Jogar reste silencieuse un instant. Ses doigts glissent sur le matelas.
Il y a des grattements d'insectes dans la terre autour d'eux.
- J'aimerais recommencer notre histoire... mais je sais que recommencer est impossible.
Il pose un baiser dans ses cheveux.
- Le possible est ennuyeux, avec l'impossible on a des chances.
Il dit cela."
Tandis que le festival d'Avignon connaît une vague de grève sans précédent, Marie débarque dans la ville. Elle a été attirée là par le nom de son frère. On joue sa pièce, Nuit rouge, dans un théâtre. Paul Selliès est mort avant que son talent soit reconnu alors la jeune-fille est armée de questions, de colère et de doutes... Pourquoi le patron du théâtre a-t-il attendu si longtemps pour manifester son admiration ?
Par ailleurs, Mathilde, la star, est elle revenue chez elle pour jouer Sur la route de Madison, et sa présence perturbe beaucoup Odon, son ancien amant.
Les protagonistes de cette histoire seront tous impliqués dans un mélodrame tendu que la chaleur de cet été là et les revendications des intermittents exaspèrent.
Complètement à contre-pied de la saison, je me suis un peu perdue dans les premières pages de ce roman de Claudie Gallay dont je ne parvenais tout d'abord pas à situer les personnages. Puis, petit à petit, la fascination a pris le pas sur la confusion. L'émotion s'est glissée près de Marie et de sa quête un peu vaine. J'ai aimé les photographies qu'elle prenait, la personnalité touchante de sa logeuse Isabelle, et la grandiloquence de ses gestes et mots.
Au final, j'ai aimé ce livre, qui aurait mérité de s'appeler Anamorphose. Il m'a beaucoup touché et troublé.
Une lecture en forme d'ode au Théâtre, celui avec un grand T.
Editions J'ai lu - 6.90€ - Septembre 2012
L'avis de Clara qui ressemble assez au mien - Canel a également dû passer une étape pour apprécier enfin ce livre - Un roman bouleversant pour Choco - Un coup de coeur pour Gambadou !!
A défaut d'Amérique, Carole Zalberg
"C'est très récent. Après toutes ces années de violent corps à corps avec ma lignée, d'un rejet si ardent que c'était une passion, j'ai réalisé il y a peu que je pouvais enfin faire un pas de côté ; regarder - comme du bord de la route une procession, avec cette même curiosité vaguement solennelle - le chemin de ces femmes auxquelles j'avais tremblé de ressembler."
Deux familles, très différentes l'une de l'autre, ont filé le fil de leur vie de chaque côté de l'Atlantique et c'est par le regard et le témoignage de Suzan et de Fleur, leur descendantes, qu'elles vont revivre de nouveau sous nos yeux leur histoire.
Stanley l'américain est tombé amoureux d'Adèle à Paris lors de la libération. Adèle n'était pas libre, mariée et amoureuse de son Louis. Alors Stanley a épousé la mère de Suzan de retour au pays et a fait fortune, ignorant tout des renoncements secrets de son épouse et des blessures intimes de sa fille.
Adèle accoure lorsque dans ses vieux jours elle reçoit l'appel de Suzan qui lui demande de venir rendre visite à son père, veuf depuis peu. L'Amérique, enfin, depuis qu'elle en rêvait ! Mais rien ne fonctionne, et l'amertume prend finalement le pas sur les souvenirs factices. En France, Adèle a marqué d'une empreinte forte ses enfants et ses petits enfants, distribuant son amour de manière désordonnée, créant ainsi une lignée en morceaux dont Fleur se sent tout à coup la dépositaire...
J'ai aimé dans ce livre beaucoup de petites choses précieuses qui ont contribué à étirer ma lecture, le ton désinvolte de l'écriture tout d'abord, mais aussi la manière de l'auteure de nous retourner comme une crêpe au fil des pages, et puis le lien douloureux et compliqué qui unit les femmes de ce roman. Carole Zalberg m'a surprise, émue, étonnée, happée par une histoire qui met en scène l'exil juif de l'entre deux guerre et la difficulté d'être, tout simplement.
Ce petit livre remet en cause les a-priori de départ, parle d'engagement, fonctionne mine de rien, et est véritablement une lecture à tenter !
Editions Actes Sud - 18.50€ - Février 2012 - Merci ma bibli !!
Les rues attenantes, Alexandre Feraga
Il connaît cette ville par coeur. Comme un poème décortiqué vers par vers, pied par pied. Mâché, avalé et digéré. Il peut réciter les rues et les quartiers sans trébucher. Il sait que la rue de l’Arche Sèche rime avec 1 euro l’heure de stationnement. Il sait que le 34 rue de Richebourg rime avec entrée — plat - café pour 10 euros le midi uniquement. Il sait que le Musée des Beaux-Arts rime avec dix toiles de Kandinsky. Il sait que la Place Viarme rime avec les chineurs du dimanche matin. Il sait la métaphore de Julien Gracq sur cette ville « Ni tout à fait terrienne ni tout à fait maritime : ni chair ni poisson — juste ce qu’il faut pour en faire une sirène. » Il sait tout cela par coeur.
Ce livre est un recueil de nouvelles, uniquement disponible en version numérique, à télécharger ici. Je n'ai pas pu résister à son titre, pour moi évocateur d'une ville qui m'a autrefois prise tendrement dans ses bras, Nantes. Et j'ai retrouvé dans ces pages tout l'amour que j'avais pour elle, soudain partagé par un auteur né à peine quelques années après moi. Les premiers mots sont un peu hésitants, maladroits, mais j'ai attéri, au bout de quelques nouvelles au goût pourtant charmant de nostalgie, sur de véritables belles phrases qui m'ont soudain fait aimer l'ensemble.
Il faudrait pouvoir naviguer dans Nantes sa liseuse à la main, suivre les rues que l'auteur nous énumére, lever la tête repérer les détails... Il la connait bien sa ville - je peux vous le dire - il l'aime avec ses défauts. Il n'apprécie guère pourtant le jardin zen de l'Ile de Versailles mais on ne lui en voudra pas tellement on adhère à cette déclaration d'amour citadine.
Une lecture dont j'ai aimé suivre les pas, merci Alexandre Feraga !
Editions Le Texte vivant - 7.99€ - Juillet 2012
Les Amandes vertes, Anaële et Delphine Hermans
Après avoir lu Partages de Gwenaelle Aubry, ou bien dernièrement Les Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, j'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur la réalité de cette région déchirée. J'ai donc pioché avec intérêt cette BD sur les rayons de ma bibliothèque, lors de mon dernier passage... Je l'avais croisée déjà sur quelques blogs.
Dans cet album, nous est raconté l'histoire d'une correspondance entre deux soeurs, une qui vit à Liège, en Belgique, et l'autre qui part vivre et travailler en Palestine pour 10 mois. Delphine aime dessiner, Anaële écrire. Le regard que pose ce livre sur la Palestine est personnel et intime. Anaële se promène, rencontre des personnages sombres aux récits graves, tombe amoureuse, ravale de plus en plus une petite boule restée coincée dans sa gorge... rêve de Belgique.
Bien que peu séduite par la naïveté du trait, j'ai aimé parcourir les cases de cette BD qui m'a permis d'avoir une autre perspective, plus douce, sur un conflit si complexe. La relation entre les deux soeurs est attachante, le rythme excellent, et c'est avec cette touche plus légère (quoique) que je termine pour l'instant mon cycle palestino/israëlien.
Editions Warum - 18€ - Janvier 2011 - Merci ma bibli !!
Gwenaelle Aubry, Partages
"J'avais besoin de penser à toute force que ça ne me concernait pas, que ça se passait dans un autre espace, un autre temps. [...] Et voilà que cela aussi me devenait présent, du présent insoutenable de répétition. Mon père avait raison : c'était la guerre."
Sarah, jeune juive new yorkaise, est venue vivre en Israël avec sa mère. Elle ne peut matériellement rencontrer Leila, réfugiée dans un camp de cisjordanie. En 2002, c'est la seconde Intifada. Tout sépare ces deux jeunes filles qui s'ignorent et tout les assemble, comme une image renversée. Au centre, au creux du fossé qui les éloigne, il y a l'histoire, la religion et tant de malheur en héritage.
Sarah voudrait vivre sa vie de jeune fille amoureuse tandis que le Jérusalem dans lequel elle prend plaisir à marcher explose sans prévenir. Leila aimerait aimer les siens en toute liberté, libérée de la peur, mais le destin a choisi de lui donner la vie dans un pays mutilé.
Voici un roman qui m'a laissée bien pantoise et m'a éloignée pour quelques temps des blogs. J'ai eu un mal fou au tout début à m'insérer dans son atmosphère particulière, sa voix alternée qui sautait de pages en pages d'un camp dans l'autre. J'ai même confondu parfois les deux narratrices, ne suivant plus ainsi l'intrigue finement ciselée. Puis, vers la soixantième page, j'ai trouvé une belle écriture et j'en ai aimé la puissance évocatrice, universelle. J'ai eu le sentiment de comprendre soudain tout par le biais des mots. Alors, vers la fin, lorsque j'ai moins apprécié ce que j'ai lu, le chemin que prenait l'histoire, sa fatalité archétypale, j'ai pensé... dommage.
Ah là là que dire au final ? Que c'est une lecture très belle malgré mes bémols. Quelques images me resteront d'ailleurs longtemps en mémoire, je le pressens. Je ne ne regrette pas d'être entrée dans ce Partages, pas du tout, j'en suis sortie toute tourneboulée, partagée. Mais bon.
C'est malheureusement un livre en pleine actualité.
Editions Mercure de France - 17.50€ - 30 août 2012
Se retenir aux brindilles, Sébastien Fritsch
"Finalement, si l'on s'en tient aux apparences, ce n'est pas si compliqué de tout envoyer balader - tout, sauf mes enfants. Mais si l'on creuse davantage, il est évident que ma fuite n'est qu'une illusion."
Ariane revient sur les lieux de son enfance pour y trouver refuge, chargée de ses deux jeunes enfants. Avant de partir, de fuir la peur, elle n'a jeté que quelques affaires dans sa voiture. Tout a changé dans le village dans lequel elle débarque après tant d'années. Sans trop y croire, elle sonne chez une vieille femme qui l'accueillait toujours généreusement lorsqu'elle était petite, Marthe. Celle-ci la garde près d'elle pour quelques jours malgré une mémoire qui s'envole et Ariane reprend espoir, tout en s'interrogeant sur son avenir. Mais le danger rôde encore...
Sébastien Fritsch a l'art de surprendre, et le fait encore une fois avec ce roman qui m'a profondément émue. Se retenir aux brindilles nous conte une histoire, au plus près du réel, celle d'une femme victime de violence conjugale en fuite. Alors confrontée à ses souvenirs d'enfance, elle recrée en mémoire le trio qu'elle formait alors avec Tristan et Mathias, deux petits voisins. La peur était la compagne de leurs jeux d'enfant, elle suivait de près l'imagination gothique de Tristan. Elle permettait à Ariane de s'extraire aussi d'une atmosphère familialle opressante. Mais rien ne surpasse la crainte qu'elle ressent aujourd'hui.
J'ai beaucoup aimé ce roman, la faculté de l'auteur de ne jamais tomber dans la facilité narrative, que l'on retrouve trop souvent par ailleurs. Sébastien Fritsch sait créer des atmosphères riches et ne se contente pas de survoler les faits. Ariane a des réactions normales, multiples et parfois dérisoires. Elle cherche avant tout à nourrir ses enfants, à trouver un toit pour eux, et les souvenirs se bousculent souvent peu à propos dans son esprit. J'ai ralenti ma lecture à divers moments, de crainte de devoir quitter ce personnage auquel je m'attachais de plus en plus, et ces enfants que je souhaitais à l'abri.
Une lecture profonde et remuante qui sait également nous tenir en haleine comme un thriller.
Editions Fin mars début avril - 18€ - 6 novembre 2012
Pour en savoir plus sur l''auteur http://sebastienfritsch.canalblog.com/ ou comment se procurer ce livre http://marsavriledition.canalblog.com/