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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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6 mai 2014

L'Avenir, Catherine Leblanc

lavenir "Agnès est partie découvrir le monde et moi, qu'est-ce que je fais ? Rien ! Je suis les rails, le chemin qu'on a tracé pour moi. J'attends, je me décompose. Comme tous les matins, je pars au dernier moment. Je marche à toute allure. Il faut qu'il m'arrive quelque chose ! Une rencontre, une aventure. Qu'il m'arrive quelque chose aujourd'hui ! Qu'il m'arrive quelque chose avant que je ne meure sur place, que je me déssèche et que ma tête se réduise comme chez les Jivaros."

Charlène a seize ans et vit avec sa mère et sa soeur aînée, Agnès. Cette dernière décide tout à coup de partir, sur un coup de tête, malgré les supplications de sa famille, pour suivre son amoureux jusqu'en arménie, où il trouvera certainement du travail. Pour Agnès, c'est l'aventure, la vraie vie enfin, un moyen de quitter un foyer sclérosé, mais pour Charlène c'est un abandon qui la laisse seule, en face à face avec sa mère. Son quotidien devient pesant, son avenir fermé. Elle souhaite ardemment que quelque chose vienne tout bousculer, donner du sens à sa vie. Ce sera Nathan, son charme incertain, et la découverte d'un nouveau monde, plus adulte, où les sentiments et la sensualité peuvent bouleverser une âme encore adolescente...

J'ai beaucoup aimé ce petit roman de Catherine Leblanc, le ton juste avec lequel elle évoque les émois d'un premier amour, le cataclysme qu'il peut provoquer dans une toute jeune vie, le passage à l'acte, l'affection à l'autre donnée sans retenue, les flèches de douleurs du doute et de la trahison. Ce livre est une grande réussite. A confier à des lecteurs adultes, autant qu'adolescents.

Editions de la Rémanence - 15.80€ - 14 avril 2014

Catherine Leblanc est un écrivain prolixe qui écrit sous divers formats. Petit dernier adore par exemple sa collection des Comment ratatiner... en jeunesse [clic ici] et [ici aussi]. J'avais adoré Viens, on va chercher un poème [clic] et lu également Fragments de bleu [clic] et Si loin, si près [clic].

http://catherineleblanc.blogspot.fr/

http://www.editionsdelaremanence.fr/l-avenir.html

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2 mai 2014

Nous sommes jeunes et fiers, Solange Bied-Charreton

noussommesjeunesetfiers

 "Sophistication et simplicité, les deux ensemble, fondus, noués. Ils habitaient un merveilleux monde juste, euphorique et réconcilié, se tenaient sur la corde raide entre l'excès et l'équilibre, piochant ça et là ce qu'il y avait de meilleur pour le moral, pour le sommeil, pour les enfants, pour nous les femmes, pour la peau, pour les cheveux. Ils seraient toujours plus heureux, évoluaient dans une bulle surprotégée, ce monde-là de profusion, et qui se rêvait nu malgré son indigestion."

Ivan et Noémie ont tout pour être heureux, parisiens aisés, jeunes adultes, beaux et fiers, intelligents, ils mènent une existence sans heurts. Ils sont de ces êtres que la vie a épargné. Forts de leurs certitudes, remplis de principes qu'ils suivent au mieux, leur seule véritable crainte est de déroger au bon goût ou d'être pris en défaut de vulgarité. Ivan est un mannequin très sollicité qui se targue de ne choisir de représenter que des produits à l'éthique impeccable, Noémie est professeur de français en ZEP, et prend quotidiennement sa dose de bonne conscience en enseignant à des élèves de banlieue nord. Rien ne les préparait donc à l'accident d'Ivan, à son handicap ponctuel, et surtout à cette chute lente et inexorable vers un futur inconnu rempli d'incertitudes.

Quel drôle de roman ! J'ai aimé au tout départ son ton critique sur une société élevée désormais à coups de discours publicitaires, apprécié sa forme pyramidale qui amorce une descente lors de la chute d'Ivan, mais moins compris sa fin, qui n'est rien moins qu'étrange. En refermant les pages de ce livre, j'ai songé à l'impression similaire que m'avait fait L'Ecume des jours de Boris Vian lorsque je l'avais lu plus jeune, cette même chute d'un couple beau, jeune et fier. Ici, le malaise ressenti se rapproche d'un autre sentiment très fort, presque contradictoire, celui d'être passé tout près d'une certaine vérité - bien qu'exposée allégoriquement - totalement affolante à imaginer. L'écriture de Solange Bied-Charreton est cela dit remarquable, presque enivrante. En somme, une lecture déconcertante qui m'a laissée intriguée et un peu sur le carreau aussi (dois-je dire).

Editions Stock - 18€ - Janvier 2014

Un roman mordant pour Clara la tentatrice !! [clic] 

27 avril 2014

Un petit goût de noisette, Vanyda

unpetitgoutdenoisette"On reprendra tout ça... plus tard.
- Quand ?
- Quand le noisetier aura donné des fruits."

Décidément, j'aime beaucoup la petite touche de Vanyda, son ton personnel, son regard sur les êtres humains que nous sommes, tous des enfants encombrés dans des corps d'adultes. Dans cet opus, une galerie de personnages attachants se croisent, s'échappent ou se rencontrent. L'amour est à chaque coin de rue, dissimulé derrière les mots anodins d'un sms, exprimé, tu ou suggéré. Chaque nouvelle suit une tranche de vie. Il y est question du moment parfait, des occasions râtées, de ce qui est ou n'est pas, de ce qui n'est plus ou n'a jamais été, et de ce qui pourrait être. Et puis, on s'aperçoit qu'il n'y a rien de plus beau finalement que de recevoir un beau jour par la poste un colis rempli de noisettes...

Oui, décidément, Vanyda suit un chemin intéressant, moderne, frais, qu'il est bien plaisant de continuer de suivre. Après sa trilogie de L'immeuble d'en face [clic] puis de Celle que je ... [clic] (à priori reprise aujourd'hui en six volumes sous le titre Valentine), j'avais lu aussi dernièrement L'Année du dragon [clic], trois tomes dévorés le temps d'un après-midi.
Ici, le noir et blanc est réhaussé de couleurs, mais subtilement, juste ce qu'il faut pour guider le regard.... C'est bien.

http://vanyda.fr/

Editions Dargaud - 17.95€ - Janvier 2014 - Merci ma bibli !!!

Noukette a été touchée coulée [clic] Un gros coup de coeur pour Stephie [clic] Une vraie réussite pour Jérôme [clic] - Lucie a adoré [clic]

unpetitgoutdenoisette1

 

24 avril 2014

Changer de vie, Géraldine Barbe

changerdevie"To be, being, c'est comme ça que j'appelle mon manuscrit pour le moment. [...] To be, c'est l'enfance. C'est engranger. C'est ne pas choisir encore, attendre et désirer. Ce n'est pas nul, ce n'est pas vain, c'est le rêve libre avant le mouvement, choisir sa vie, entrer dans le being."

On a demandé à Géraldine Barbe d'écrire sur des changements de vie, et pour ce faire on lui propose de passer des annonces. Mais Géraldine s'y refuse. Elle trouvera autour d'elle, via un faisceau de connaissances, les personnes qu'elle cherche, ses candidats. Ils ont tous le sentiment de n'avoir rien fait d'extraordinaire et pourtant, tous, à un moment donné de leur vie ont bifurqué, pris un autre chemin, pour aller vers eux-même et une certaine transformation...
Goldie Goldbloom, écrivain australienne, qui après un mariage de convenance qui durera vingt ans divorce, rencontre une femme mais reste dans le monde orthodoxe. Lise, qui change radicalement de profession et devient professeur de yoga. Irina, qui se pensant en danger, quitte la Géorgie en catastrophe en 1995 où elle était médecin pour être après bien des combats aujourd'hui infirmière à Paris. Phillis, qui décide un beau jour d'exister comme la femme qu'elle est réellement. Et tous ces autres hommes et femmes qui ont simplement pris la route qui mène vers l'équilibre entre soi et sa vie, que ce soit en allant vers les planches, en changeant de pays ou en quittant un quotidien trop calme.

Sortant du cadre du catalogue et de la juxtaposition de portraits (ce qui m'aurait rapidement ennuyé), Géraldine Barbe sait disséminer ici et là dans son récit des anecdotes personnelles, confronter les parcours, apporter des réflexions pertinentes, souriantes. J'ai aimé l'écriture de Changer de vie, bien plus que son thème - pourtant intéressant sur de nombreux points. J'ai eu le sentiment en effet de rencontrer une véritable auteure via ce titre, et aussi un être humain vivant, sincère, qui se penche vers les autres avec empathie et patience. Une bien jolie surprise.

Editions Plein jour - 16€ - Avril 2014

Histoires de renaissances qui font chaud au coeur pour Cathulu [clic] ! 

21 avril 2014

La Vie sauve, Lydie Violet & Marie Desplechin... objectif Pal d'avril

laviesauve

 "Imaginez ce que c'est que de traîner son gros malheur partout avec soi, sans jamais trop savoir qu'en faire : l'avouer entre deux portes, pour avoir la paix, ou le taire farouchement, pour avoir la paix. Un moyen malheur fait mieux l'affaire. Il se laisse oublier. Au mieux, il sert de refuge, ou de prétexte pour aller se coucher quand on en a marre du monde. Mais le gros, celui auquel on pense chaque seconde sans même se souvenir qu'on y pense, auquel on ne s'habitue pas, celui-là est terrible."

J'ai acheté ce livre en bouquinerie il y a peu, dans une petite boutique de St Gilles Croix de Vie qui donne sur la gare, simplement parce qu'il y avait le nom de Marie Desplechin sur la couverture, le mot vie dans le titre, et qu'au-dehors il faisait beau, la mer n'était pas loin. Elles sont assez obscures parfois les raisons de partir avec un livre... Je ne m'attendais pas spécialement à ce que le texte à quatre mains rédigé par Lydie Violet et Marie Despechin raconte la terrible maladie de cette première, et sa confrontation brutale avec sa prochaine disparition.

A la fin du mois d'Août 2001, Lydie Violet fait en effet un malaise, une tumeur est diagnostiquée, on lui donne huit ans. La vie sauve raconte cette révélation, le nouveau quotidien qui en découle, les galères, le combat, les rencontres. Loin d'être un récit misérabiliste il donne une envie très forte de vivre, et d'être dans la réalité de la vie, des sentiments, loin des faux-semblants. Lydie Violet n'a plus de temps à perdre. L'écriture de Marie Desplechin transfigure sans doute de nombreux passages aussi, mais lesquels ? Le tout est plus qu'un essai, un très beau récit, sans pathos, récompensé par ailleurs à l'époque par le Prix Medicis, et dont j'ai corné de nombreuses pages.

Un autre extrait...

"La bonté

L'humanité se divise en deux camps : le camp de ceux qui me blessent et le camp de ceux qui m'assistent. Ceux-là, je les aime et je les admire. Dans toute cette histoire, j'ai perdu le sens de la nuance. Je vis parmi les misérables ou je vis parmi les héros. Entre eux, je suis le mur, on ne passe pas si facilement.
Parfois, bien sûr, je me surprends à douter. Franchement, suis-je, moi, la mesure du bien ? (J'abuse, peut-être.) Je ne doute pas longtemps. C'est que je me fous d'être injuste. Je ne demande pas que l'on m'aime à l'égal de tout autre. Je veux que l'on m'aime davantage. Je veux que l'on me témoigne une affection inconditionnelle et du soutien à l'occasion, même en toute petite quantité. Je veux que l'on fasse des efforts pour m'épargner les égratignures, les vexations, les ennuis. Je suis égoïste, mais mon égoïsme a des vertus universelles : n'importe quel geste de bonté, de n'importe quel quidam, à l'endroit de n'importe laquelle des créatures, augmente la quantité de bonté globale présente dans le monde.
Je fais partie des éprouvés. Je ne vois pas de scandale à ce que l'expérience que je traverse suscite une forme de bienveillance. On en a sans réserve, après tout, pour des gens qui occupent un barreau au soleil sur l'échelle sociale, pour ceux qui ont le pouvoir, la santé, l'argent. Pourquoi pas pour les infortunés ?
Je n'ai rien contre la compassion. Je me demande même pourquoi il faudrait s'acharner si fort contre cette vieille vertu, qui entend que l'on s'efforce de partager (autant que faire se peut) la peine de l'autre. Compatir, sentir avec, éprouver avec, souffrir avec. Où est le mal ? L'indifférence est-elle plus jolie ? Connaît-on tant de gens abîmés par la compassion de leurs prochains ? Qu'ils se présentent, qu'on s'informe. Il y a quelque chose de très libéral à déconsidérer la compassion. La compassion n'est pas une vertu à la mode. Elle ne produit rien, ni affrontement ni spectacle. Dans l'idéologie du temps, elle a quelque chose de complètement superflu. Elle est dysfonctionnelle."

L'édition poche est épuisée - sorti chez Seuil grand format en 2005

Objectif Pal 2014 : 4/12 (#objectifpal2014)

objectifpal

Les sorties de Pal d'avril contiennent d'ores et déjà plusieurs belles lectures. Vous pouvez encore déposer votre lien mensuel sur le billet du mois d'avril qui se trouve [par là] !!

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20 avril 2014

Une métamorphose iranienne, Mana Neyestani

unemetamorphoseiranienne

 "Si j'avais su ce qui m'attendait, j'aurais gravé l'image de la lune dans mon esprit... son image sans quadrillage superposé."

Pour une fois je me contente de recopier le mot de l'éditeur qui saura bien mieux que moi vous raconter la terrible histoire de Mana Neyestani....
"Le cauchemar de Mana Neyestani commence en 2006, le jour où il dessine une conversation entre un enfant et un cafard dans le supplément pour enfants d'un hebdomadaire iranien. Le problème est que le cafard dessiné par Mana utilise un mot azéri. Les azéris, un peuple d'origine turc vivant au nord de l'Iran, sont depuis longtemps opprimés par le régime central. Pour certains, le dessin de Mana est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et un excellent prétexte pour déclencher une émeute. Le régime de Téhéran a besoin d'un bouc émissaire, ce sera Mana. Lui et l'éditeur du magazine sont emmenés dans la Prison 209, une section non-officielle de la prison d'Evin, sous l'administration de la VEVAK, le Ministère des Renseignements et de la Sécurité Nationale. Alors que le deux hommes subissent des semaines d'isolement et d'interrogatoires, les azéris organisent de nombreuses manifestations anti-gouvernementales. Les autorités font tirer sur les manifestants, faisant de nombreuses victimes. Au bout de deux mois de détention, Mana obtient un droit de sortie temporaire. Il décide alors de s'enfuir avec sa femme. Après un long périple qui les fera passer par les Émirats Arabes Unis, La Turquie et la Chine, ils parviendront à atteindre la Malaisie pour s'y installer avant de rejoindre Paris en 2010."

Cette BD - aux dessins marquants - m'a laissée sans voix. La violence à laquelle nous assistons, le calvaire qu'endure Mana Neyestani, engendré par un geste aussi anodin qu'un croquis pour un magazine pour enfants est véritablement stupéfiant. Nous restons transis d'incrédulité devant les implications d'un si petit fait. J'ai lu pourtant il y a peu un document retraçant des exactions semblables en Chine [clic ici]... mais la surprise est toujours intacte, et la colère. J'ai aimé ici le regard de l'auteur, si doux et si patient, par contraste avec ses geôliers, et d'une dignité folle, mais aussi sa relation avec sa compagne et leur courage commun.
Encore une fois, une BD instructive, et militante. 

Editions Ca et La - 20€ -2012

Noté chez Theoma qui a beaucoup aimé [clic] - Jérome l'a lu aussi [clic]

17 avril 2014

Le jeu des ombres, Louise Erdrich

lejeudesombres"Les gens semblaient avoir oublié combien il est affreux d'être regardé ; puis elle commença à s'imaginer qu'en livrant ainsi son image, à force d'être regardée, sans relâche, en quelque sorte elle se tuait de dégoût."

Irene écrit depuis de nombreuses années son journal intime dans des carnets. Elle prend toujours soin d'ailleurs de cacher soigneusement celui en cours. C'est l'agenda rouge. Elle soupçonne depuis peu son mari Gil de le lire en secret. Elle en a finalement la preuve flagrante un beau jour lors d'une conversation anodine, alors qu'il reprend littéralement une de ses phrases. Irene décide donc de manipuler son mari via ses mots. Gil est peintre. Sa femme est son modèle et son sujet principal depuis des années. Le couple est visiblement en crise. Leurs trois enfants silencieux, en retrait, observent... 

Je voulais découvrir à mon tour l'écriture de Louise Erdrich, très plébiscitée sur les blogs... j'ai donc sauté sur l'occasion de lire la version poche de Le jeu des ombres qui vient tout juste de sortir.
Et je dois dire que j'ai beaucoup aimé la manière de l'auteure d'asseoir une atmosphère et des personnages. Le duo "Irene et Gil" est très fort, porté par une relation d'une puissance animale peu commune. Les scènes de peinture sont d'une violence fulgurante. Les trois enfants, eux, ressemblent par ailleurs à de petits êtres fantomatiques qui apportent à cette histoire une douceur et un angélisme lumineux. Et qu'il est bon de plonger dans un livre où les sentiments sont si exacerbés, les caractères si imparfaits, vivants ! Irene a toujours un verre à la main, Gil est insupportable, leurs origines indiennes un étendard inutile, les enfants tous trois des parricides en puissance, le tout un drôle de cocktail explosif. Pour autant, je me suis parfois ennuyée dans cette lecture, dans l'attente d'une implosion qui ne venait jamais. J'ai eu le sentiment que l'auteure galvaudait un peu sa matière, pourtant très riche, et gardait son roman en surface, dans une certaine fadeur confortable. 
Ce ne sera donc pas un coup de coeur pour moi mais véritablement une découverte intéressante de l'univers de Louise Erdrich. A suivre...

Edition du Livre de Poche - 6.10€ - Avril 2014

D'autres lectures... Une claque pour Théoma [clic] - Un vrai coup de coeur pour Cathulu [clic] - L'auteure fascine Clara [clic] - Une lecture magistrale pour Aifelle [clic]

NB : quel dommage cette utilisation multiple de la même image pour divers romans !! La couverture de ce poche (celle du grand format) reprend effectivement (ou vice-versa) celle de La Petite chartreuse lu il y a peu [clic ici]... (ça m'agace un peu et amène toujours un peu de confusion je trouve)

 

9 avril 2014

Elle marchait sur un fil, Philippe Delerm

ellemarchaitsurunfil

"Sans Le Fil, je serais tombée. Mais sans Le Fil je ne saurais même pas ce que c'est de tomber."

Marie se retrouve seule dans sa maison de vacances où avec Pierre, son ancien compagnon, ils avaient passé tant d'étés. Il l'a quittée depuis peu, et cette fraîche cinquantenaire cherche soudain un sens à sa vie. Son amie Agnès l'accueille à bras ouverts dans la galerie dont elle s'occupe. Mais Marie ne conçoit pas son quotidien sans réalisation littéraire et théâtrale. D'ailleurs, elle entretient aujourd'hui des rapports difficiles avec Etienne, son fils, qui a pris d'autres chemins. Lorsqu'elle rencontre un groupe de jeunes comédiens, installés eux dans la maison mitoyenne, son coeur s'emballe et elle prend alors conscience que tous ses rêves peuvent peut-être enfin se concrétiser...

J'attendais bien plus de ce roman que ce qu'il m'a donné, alors que suivre Marie dans ses hésitations et ses envies de réalisation artistique aurait pû être plutôt intéressant.
On comprend, par exemple, ce qu'elle attend de son travail d'attachée de presse littéraire, ses exigences dans le métier. On comprend également sa déception face à la carrière avortée de son fils Etienne, comédien talentueux devenu décorateur d'intérieur. On comprend moins sa manière de vouloir régenter son entourage, muée par ses certitudes, et en cela l'égoïsme brut qui semble l'habiter. La volonté de démonstration de l'auteur, son envie de transposer ici sans doute ses propres préoccupations m'a de plus gênée.
Gravitent autour de Marie, pourtant, des personnages attachants, comme Léa sa petite fille, Agnès qui tournoie autour de son amie avec sa tranquille et douce protection, ou bien André, son ancien voisin et ami, à la santé déclinante, avec lequel ils s'échangent des souvenirs communs de lectures proustiennes.
Cependant, l'attrait du roman ne pêche pas tant par son contenu, que j'ai trouvé bien trop léger, que par son style. L'écriture de Philippe Delerm y est juste, assurée, agréable, mais sans relief, dommage. Une lecture qui ne restera certainement pas longtemps gravée dans ma mémoire.

Editions du Seuil - 17€ - Avril 2014

Pour une fois, en supplément, l'avis de Sophie [bienveillante lectrice de ce blog et prêteuse de livres] qui a bien voulu tester ce roman avant moi et qui m'a donné ses impressions par mail...

"Je vais être assez critique et n'espère ne pas être trop "snob"...Je trouve que ce roman se lit vite, que l'on a envie de connaître la suite un peu comme un feuilleton de M6, un après-midi de désœuvrement. Un feuilleton qui contiendrait du placement de produits d'ailleurs (figolu, dunhill, Ipod)... Peut-être est-ce un détail, mais cela m'a gênée : cela date le livre et on aurait compris avec le nom générique ! Le personnage d'André m'a touchée... Son attente souriante de la mort paraît assez juste (même si les références à la Recherche et Proust sont un peu appuyées et amènent une caution intellectualiste un peu lourde). Le personnage d'une femme qui doute à 50 ans, laissée par son mari, était intéressant mais je n'ai pas du tout aimé la fin. [...] On est dans le cliché total ! Bref,  la simplicité de l'écriture et du propos repose l'esprit, certainement trop malheureusement. Sur les choix de vie (imposés, réels..), Train de nuit pour Lisbonne de Mercier est cent fois plus puissant. Il apporte un questionnement qui est "écrasé" ici."

D'autres lectures... Certes pas le roman du siècle mais agréable pour George [clic ici] - Reste une sensation un peu brumeuse à Keisha [clic ici] - Sylire a le sentiment d'être passée à côté de ce livre [clic ici] - Val aurait aimé un peu plus de consistance [clic ici]

6 avril 2014

Le chien qui louche, Etienne Davodeau

lechienquilouche

 "Le musée du Louvre, c'est le grand machin avec une espèce de pyramide au milieu ?"

Fabien travaille au Louvre, il est gardien de musée, et aime son métier. Il fréquente depuis peu Mathilde. Lors d'une première rencontre avec sa belle-famille est évoqué le talent particulier d'un ancêtre, l'aïeul Gustave. Les frères de Mathilde sont un peu exubérants et décident que la place du tableau déniché dans le grenier est forcément au musée du Louvre. "Le chien qui louche" finira-t-il, contre toutes attentes, sur les murs du célèbre lieu d'exposition ? 

Je ne m'attendais à rien de spécial en ouvrant cette BD, pourtant très lue sur la blogosphère, mais je dois dire que j'ai passé avec elle un moment assez divertissant. J'ai aimé les réparties que se lancent les personnages, notamment le couple que forme Mathilde et Fabien, l'ambiance générale, l'humour et l'espièglerie du tout. Le tableau autour duquel tourne l'intrigue est véritablement affreux et la famille de Mathilde assez grotesque pour en devenir touchante.
Une lecture qui donne envie d'aller se glisser dans un musée dès cet après-midi... Ça tombe bien, certains musées sont en entrée libre le premier dimanche du mois !

lechienquilouche1

Editions Futuropolis - 20€ - Octobre 2013 - Merci ma bibli !!

D'autres lectures... Gambadou - Keisha - Laure - Kathel - Stephie - Jérôme - Mo' - Noukette - Christie - Val - Saxaoul - etc...

3 avril 2014

Le bonheur illicite des autres, Manu Joseph

lebonheurillicitedesautres"Elle aurait pu raconter à Mr Ousep Chacko quantité de choses sur son fils. Elle aurait pu avouer qu'elle se souvenait de lui comme si c'était hier. Unni debout, torse nu, sur le balcon tel un prince de tribu, svelte et puissant, longs doigts austères tenant une tasse de café. Unni souriant. Unni portant son frère sur ses épaules ou, à l'aide d'un stylo noir, dessinant une étoile sur le front de sa jeune voisine. Elle le voit clairement dans sa mémoire, elle le voit tous les jours."

Pourquoi Unni s'est-il jeté de leur balcon ? Pourquoi ce suicide ? Ce sont les interrogations qui remplissent les pensées des parents du jeune-homme. Ousep mène l'enquête, scrute les planches de BD que dessinaient son fils, interroge ses anciens camarades, ne laisse personne en paix. Le matin il est sobre, fait son travail de journaliste, oublie que sa femme parle aux placards de leur cuisine. Mais le soir, c'est une autre histoire, il est ivre et insulte ses voisins, de conventionnels employés de banque indiens. La vérité émergera-t-elle de tout le vacarme que fait ce père éploré ?

Ce roman, d'une grande vivacité, lumineux, m'a beaucoup plu. Il y a le contexte indien déjà. Mais le récit de Manu Joseph regorge également d'une psychologie des personnages fouillée, originale, qui donne la part belle à tous les petits détails de leur vie quotidienne. Le scénario tient la route de bout en bout. J'ai aimé cotoyer cette famille indienne, bancale, endeuillée, à la marge, qui cherche leur fils dans son acte insensé, une explication à l'inexplicable.
Une belle découverte ! 

Editions Philippe Rey - 19€ - 6 mars 2014

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