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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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15 juin 2016

Le Monde entier, François Bugeon

lemondeentier

"La fille mangeait un quignon de pain, finalement."

Lorsque Chevalier rentre ce jour-là de l'usine en Mobylette, il découvre une voiture accidentée au bord de la route. Il fait noir, trois personnes sont à l'intérieur. N'écoutant que son courage, il les sort une à une, deux femmes et un homme, avant que la voiture ne flambe. Dans l'aventure, il se fait très mal à l'épaule et au crâne, mais le célibataire endurci du village a la satisfaction du devoir accompli. Il est seulement un peu chagriné quand on lui raconte qu'il n'y avait qu'une femme sur les lieux de l'accident, et que sa Mobylette, sa veste et ses papiers ont disparu. Chevalier a bonne réputation dans le village, on le sait amoureux secrètement de l'infirmière Claudie, des rituels se sont instaurés entre lui et quelques amis, le voisinage. La découverte d'une jeune fille, noire et mutique, à l'endroit où a été retrouvée finalement sa Mobylette deux jours plus tard, son installation provisoire dans sa maison, vont pour autant fondamentalement changer sa vie... et attirer la curiosité du village.

Voici un petit roman sans grands effets que j'ai beaucoup aimé. J'ai hésité à l'ajouter à ma liste des coups de coeur mais il s'en est fallu de peu, sans doute un peu trop de langueur ressentie avant le bouquet final. Cependant, Le monde entier est un très bon roman, délicatement écrit, qui aime ses personnages, une véritable bonne surprise de ce printemps. J'ai apprécié sa galerie de personnages, le fait que chacun sache avouer ses failles autour d'une bottes de haricots à équeuter, dans le silence d'une chambre d'hôpital, ou l'habitacle d'une voiture la nuit, que personne ne soit parfait dans cette histoire, mais un peu lâche, un peu fautif, un peu à côté. En fin d'ouvrage, le coeur est bouleversé, et l'esprit comprend qu'il faut sans cesse se méfier des apparences. Où avions nous donc la tête ? Un livre dont je conseille vivement la lecture, à tous les amoureux des taiseux, des âmes solitaires et des secondes chances.

Editions Le Rouergue - 17.80€ - Mars 2016

Un roman lu dans le cadre du challenge des premiers romans...

68premieresfois

Un roman plein de finesse et de tendresse pour Adèle - Lumineux pour Merlieux Lenchanteur - Un coup de coeur pour Enell Liraconteuse - Un régal pour Geneviève ! - Un livre bon qui fait du bien pour Christiane - Un très bon roman qui pourrait devenir le chouchou des 68 premières fois pour Nathalie !! [son billet ici]

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14 juin 2016

Le Journal d'Aurore T1, Marie Desplechin et Agnès Maupré

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 "J'espère que le psy va m'hypnotiser. Je voyagerais dans mes vies antérieures. On n'en sait pas assez sur ses vies antérieures. J'ai sans doute connu autre chose qu'une vie maussade et sans avenir dans une famille minable."

Aurore est persuadée d'être une ado moyenne, dans une vie moyenne, affublée d'un physique ingrat, transparente au milieu d'une fratrie de trois filles, dont la plus jeune est certainement précoce et l'aînée déjantée. Aurore est au collège, et n'aime pas grand chose, surtout pas embrasser les garçons, et c'est ce qui l'étonne. Elle s'imagine avoir subi un traumatisme lorsqu'elle était enfant, ce qui expliquerait tout... Aurore se pose beaucoup de questions, aime jeter un froid glacial dans les repas dominicaux et familiaux, envisage la fugue, se retrouve finalement chez ses grands parents, se fâche puis se réconcilie avec ses amies... et porte surtout sur tout et tous un regard plein de drôlerie et de sarcasme.

Je suis depuis longtemps la dessinatrice de talent qu'est Agnès Maupré. Je l'ai découverte avec Milady de Winter, et puis j'ai enchainé avec Le chevalier d'Eon. Ici, le propos est plus moderne mais le plaisir de lecture est intact. Quel bonheur de lire un tel album chez un éditeur dont j'aime beaucoup le travail et d'une dessinatrice que j'apprécie !! Je ne connaissais pas les aventures d'Aurore en version roman. Le ton de Marie Desplechin est assez délicieux et amusant. Agnès Maupré a un style alerte que l'on retrouve ici aussi, et qui correspond bien à l'effervescence de l'adolescence. J'ai aimé cette histoire, les questionnements de la jeune-fille, son regard biaisé sur les adultes qui l'entourent, l'affection qui règne dans ce titre, l'attitude des grands-parents, de la prof de mathématiques, toute cette bienveillance. Ma fille de 15 ans a dévoré cette BD dès réception, adoré le pyjama d'Aurore, n'a pas compris toutes ses colères, mais sera heureuse comme moi de la retrouver très vite dans un tome 2.

A noter les magnifiques couleurs de Grégory Elbaz. ;)

Editions Rue de Sèvres - 15 € - 8 juin 2016

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8 juin 2016

Gaspard ne répond plus, Anne-Marie Révol

gaspard

 "Jadis, les miens se retrouvaient le soir pour une veillée autour du chef, de l'ancêtre ou du sorcier."

Gaspard participait au jeu de téléréalité Un jour j'irai à Shangaï avec toi et voici qu'il tombe malencontreusement du camion qui les transportait, lui et sa comparse Cindy. Personne ne se rend compte de rien, le camion continue sa route, tout le monde dort à l'arrière du véhicule. Grièvement blessé, Gaspard est récupéré au bord de la route par des individus, puis amené dans un village à l'écart de toute civilisation. En France, la nouvelle se répand vite de la disparition du jeune homme, la chaîne Sparkle TV est en émoi. Il faut retrouver Gaspard, surtout que sa mère, Eulalie, les menace d'un énorme scandale. Dans son village retiré, Gaspard se familiarise lui avec une étrange femme, My Hien, venue en son temps de France avec son fiancé Hubert, aujourd'hui disparu. La lecture du journal de ce dernier sera pour Gaspard source de réconfort et le nid d'une somme d'étonnantes révélations.

J'ai passé un moment très agréable en compagnie de ce livre léger par le ton mais dense par son contenu. Gaspard ne répond plus est un véritable roman choral qui nous fait voyager, entre la France et le Vietnam, mais également dans le temps. Car en effet, chaque personnage (d'une galerie haute en couleurs) est amené à raconter son histoire, à comprendre, à réfléchir sur les liens qui le lie aux autres et à sa destinée. En toile de fond, les maîtres de la téléréalité s'époumonent en vain, essayant de contrôler et de rentabiliser l'humain. J'ai pensé assez souvent lors de ma lecture à un calme et serein Rendez-vous en terre inconnue qui serait en concurrence avec un Pekin Express exalté. Voici une lecture amusante et distrayante, un bon gros pavé de plage, un roman feel good, que je conseille d'emporter avec soi dans sa valise cet été.

Editions JC Lattès - 21.50€ - 11 mai 2016

Anne-Marie Revol signe ici son premier roman. Elle avait reçu le prix Elle pour son témoignage paru en 2010 Nos étoiles ont filé [Ma lecture ici]

1 juin 2016

Branques, Alexandra Fritz

branques

 "Car la norme est obligatoire pour vivre en société"

Ce roman nous plonge dans l'univers particulier d'un service en hôpital psychiatrique, via les voix de Jeanne, Isis, Tête d'Ail et Frisco, des résidents... Jeanne tient un journal, elle est la voix principale de ce récit, elle essaye d'analyser ce qu'elle voit, de porter un regard objectif sur elle et sur les autres, de savoir pourquoi et comment tout cela est arrivé, sa présence dans ces lieux. Elle est prise au piège, chambre 203, jamais deux sans trois. Les autres tentent de gérer leurs émotions, le mieux qu'ils le peuvent, acceptent ou non les rencontres, les échanges. C'est ce qui est confortable soudain, plus de normalité, plus de conventions, plus de jugements... l'impolitesse est possible.

Branques est un premier roman assez étonnant qui se picore sans précipitation. D'ailleurs, j'ai mis du temps à le lire... Il recèle de très beaux moments d'écriture, de fabuleux moments que l'on aurait envie de noter et de garder pour soi pour plus tard. Le journal de Jeanne est un délice. En effet, se pose très vite la question avec elle de qui est fou ? Malgré cela, ce n'est pas un écrit très facile à appréhender. Il y a du flou dans Branques, du désordonné, qui peut aussi désarçonner. Nous passons d'un personnage à un autre, d'un instant émotionnel à un autre, sans trop comprendre, ou savoir, quel fil narratif suivre réellement. J'ai apprécié l'écriture mais je me suis un peu perdue dans ce petit livre écarlate. A demi conquise et persuadée, donc.

Editions Grasset - 17€ - Mars 2016

Lu dans le cadre du challenge Premiers romans... 

68premieresfois

 Un véritable plaidoyer à vivre follement pour Sabine enthousiaste - Une écriture et une construction littéraires intéressantes pour Cécile - "Parfois le lecteur se sent perdu, égaré dans la logorrhée d'un patient et au moment où il va lâcher prise, une phrase d'une beauté et d'une sensibilité à pleurer le rattrape par le colbac." pour Albertine - "Mais ces trois là, entraînant dans leurs déraison, sont follement lucides"... Anita - Une lecture peu commune et un bon premier roman pour Nathalie - "Choc frontal pour ce premier roman court, intense, serré, parfois trop..." pour Catherine - Nadine s'est ennuyée - Virginie n'a pas du tout accroché - Décousu mais très fort pour Joelle - Geneviève n'est pas prête d'oublier Branques - Un livre pas fait pour Anne ! 

28 mai 2016

Albédo, Sébastien Fritsch

albedo

 Une fois n'est pas coutume, je vous parle de la sortie d'un livre avant sa sortie. Il faut dire que Sébastien Fritsch est devenu depuis notre rencontre à Bordeaux en 2008 (fichtre ça date !) un ami sur la blogosphère, un ami écrivain, qui a créé sa propre maison d'édition pour publier et distribuer ses livres... Je suis très admirative de sa démarche, de sa pugnacité et de son talent pour raconter des histoires. 

Dans Albédo, son nouvel opus qui sort le 11 juin, il excelle encore à distiller une ambiance tendue et pleine de suspens. Ici, il est question surtout d'amitié. Mock a disparu, après avoir laissé Nil tout seul à Ti-Gwern dans cette grande maison qui a abritée autrefois leur jeunesse, et des fêtes inoubliables. Lorsqu'ils étaient encore des jeunes gens insouciants, Nil était alors amoureux de Maud, la soeur de Mock. Mais la présence du groupe à Ti-Gwern était tout juste tolérée par le propriétaire des lieux, Richard, qui un matin les a tous chassés. Depuis, Nil a épousé Belem, a eu des enfants, a divorcé, et chacun a fait sa vie de son côté. Ils étaient venus tous les deux, Mock et lui, après des années sans se voir, épandre les cendres de Richard sur la plage. Nil rentre chez lui, désappointé et un peu agacé par le départ inexplicable de son ami pendant la nuit. Mais quand Maud vient chercher Nil pour retrouver son frère, inquiète d'une absence qui se prolonge étrangement, Nil laisse tout tomber pour rechercher Mock à ses côtés.

Albédo se révèle au fil des pages un véritable page turner, qui n'oublie pas de semer ici et là de belles plages de tendresse. Merci Sébastien !

Editions Fin mars début avril - 18€ - 11 juin 2016 (précommande possible)

Toutes les infos sur le blog de l'auteur ici [clic] Mes autres lectures de Sébastien Fritsch sur ce blog !

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24 mai 2016

Bellevue, Claire Berest

bellevue

"C'est donc cela, la trentaine. Une fêlure sans éclair, un empoisonnement discret, un meurtre sans préméditation."

C'est le jour de son anniversaire, Alma a trente ans, et elle a rendez-vous avec un auteur à succès au café de Flore. Elle ne sait pas vraiment pourquoi tout est trouble comme cela en elle aujourd'hui, elle a fait il y a quelques jours une crise de panique à la maison et ce matin cela l'a contrariée que Paul ne descence pas la poubelle, encore une fois. Avant de sortir, elle détruit précautionneusement l'ordinateur de l'homme avec lequel elle partage sa vie, qui lui semble tout à coup un parfait inconnu, puis se rend à son rendez-vous. Sensualité, sexualité, alcool, auto-mutilation, Alma rentre dans un tunnel dont elle se réveillera quarante huit heures plus tard dans une chambre du service psychiatrique de Bellevue. 

D'emblée, je dois dire que j'aime beaucoup l'écriture de Claire Berest, je ne l'avais encore jamais lue. J'avais été très séduite par sa prestation d'une grande intelligence lors d'une émission de La Grande Librairie il y a peu de temps, ce qui m'avait donné envie de découvrir son livre sans tarder. Pour autant, et même si je reconnais à ce récit, plein de sidération et de folie, halluciné, de grandes qualités, j'ai été un peu déçue... Je crois que je n'ai pas cru à la sincérité du personnage, à son mal être de trentenaire, et puis le parisianisme, la chambre au Lutétia, le café de Flore, la crudité de certaines scènes, m'ont tenue éloignée plus qu'autre chose de la poésie du texte. J'espère cependant lire Claire Berest de nouveau bientôt parce que malgré tout j'ai tourné les pages de ce livre avec une avidité mêlée de malaise qui m'indique assez que seul le thème de ce roman m'a réellement déplu.

Editions Stock - 17.50€ - Janvier 2016

Badge Lecteur professionnel "Bizarre, dérangeant, cruel, addictif" pour Une comète !

19 mai 2016

L'enjoliveur, Robert Goolrick

lenjoliveur

 "C'est alors que la voiture avait bougé."

L'enjoliveur est un tout petit livre, minuscule même, dirais-je... dont on n'a guère envie de dévoiler l'intrigue de peur de trop en dire. Personnellement, il m'a suffit de savoir que l'auteur en était Robert Goolrick, celui qui avait écrit La chute des princes, que j'avais beaucoup aimé lors de la rentrée littéraire 2014, pour avoir envie de l'ouvrir sitôt reçu. Robert Goolrick est également l'auteur de Arrive un vagabond, que je n'ai pas lu, mais qui est un roman connu pour avoir eu Le Grand Prix des lectrices de ELLE en 2013.

A l'intérieur, vous trouverez des enjoliveurs, des garçons (très jeunes) qui font des expériences dangereuses, une Buick 1943, une maison coupée en deux, une grand-mère qui fume, la présence de Tom Barrett et les deux yeux de Betty Boop. Et ah j'oubliais... de bien jolis dessins de Jean-François Martin.

L'enjoliveur est une grosse nouvelle dont on a fait un livre. Mon petit doigt m'a dit que Robert Goolrick l'aurait écrit spécialement pour ses lecteurs français. Même si j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle, et que l'objet livre est très soigné, il ne m'aurait pas déplu de lire un roman plus long. Je lirai de nouveau l'auteur avec enthousiasme. En attendant, il me reste à découvrir son Arrive un vagabond.

Editions Anne Carrière - 12€ - 19 mai 2016

 

11 mai 2016

Un après-midi d'automne, Mirjam Kristensen

unapresmididautomne

 "Au fait, demande-t-elle en se grattant la joue, comment s'appelle-t-il ?
Hans Olav."

Rakel et son mari sont jeunes mariés. Ils viennent d'arriver à New-York pour des vacances, et logent dans un petit hôtel. Comme les touristes qu'ils sont ils ont prévu plusieurs activités, des restaurants à tester, parcourir Central Park et visiter le Met (Metropolitan Museum of Art). Dans le Musée, Hans Olav semble particulièrement intéressé par une toile dans la salle consacrée à Georges de la Tour. Rakel en profite pour le laisser quelques instants, et se rend aux toilettes. A son retour, son mari a disparu. Rakel le cherche, puis est comme anesthésiée de constater qu'il est nulle part. Plus les jours passent sans nouvelles de lui plus la sidération augmente, se mêlant à l'attente, à l'indifférence. Rakel fait des rencontres, loge chez une amie de sa mère, ne sait plus si elle existe réellement sans Hans Olav, a l'impression de flotter dans une réalité trouble, se demande si elle doit continuer à l'attendre... Que s'est-il donc passé devant ce tableau ?

J'ai beaucoup aimé ce titre, très introspectif, qui commence pourtant comme un thriller. Je ne m'y attendais pas car je dois avouer que j'avais entendu et lu des avis assez mitigés. Mais il m'a plu à moi, beaucoup, de naviguer en eaux troubles avec Rakel, de circuler dans un New York séduisant et mystérieux avec elle, de découvrir la vie sous un autre angle... et de la cotoyer dans sa dérive. Je me suis imaginée à sa place, la terreur et l'inquiétude mêlées, plongée dans le doute, les remises en question, la honte, l'incompréhension, et cette obligation de vivre sans l'autre, sans comprendre. A priori, il arrive régulièrement que des touristes disparaissent à New York. Etonnant. Une lecture originale et un roman réussi.

Editions Phébus - 19€ - Février 2015 - Lu pour le prix Cezam - Merci ma bibli !!

Sandrine a été déçue de ne pas avoir de réponses à ses questions - Un roman très fort et très beau pour le blog tombée du ciel dont je partage l'avis (très beau billet).

9 mai 2016

Embarqué et L'essai

Deux BD lues dernièrement...

embarque1           lessai

 

Embarqué de Christian Cailleaux - Futuropolis - 24€ - Mai 2015 - Christian Cailleaux, fasciné comme tout à chacun par la mer, et ce depuis toujours, se questionne sur ce qu'elle évoque pour lui, et questionne également les jeunes engagés du centre d'instruction naval de Brest. Il recueille leurs histoires et leurs motivations pour rentrer à l'école des Mousses, mais aussi en mer à bord de la frégate Floréal et même sous la mer dans un sous-marin à propulsion nucléaire. Mais c'est un questionnement plus large sur la place de la mer en France, sur son histoire, qui nous est contée en parallèle. Un album que j'ai trouvé absolument passionnant, pas lassant du tout, passant astucieusement d'un style graphique à l'autre, magnifique, instructif et abouti. 

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L'essai de Nicolas Debon - Dargaud - 16.45€ - Mai 2015 - Nicolas Debon retrace dans cet album l'histoire à la fois imaginée et réelle d'une communauté anarchiste qui s'était installée dans les Ardennes en 1903. Il s'est aidé des documents de l'époque, et surtout des photographies. La communauté de L'Essai incarnait l'espoir d'un modèle de société utopique et égalitaire. Cet album est passionnant, car il décrit un épisode largement inconnu, dont il ne reste presque aucune trace, et fascinant car sa qualité graphique est à la fois précise et trouble. En effet, le personnage à l'origine du petit village, celui qui en a creusé les premières fondations, Henry Jean-Charles Fortuné, reste tout du long entouré d'un mystère que Nicolas Debon sait judicieusement entretenir. 
J'ai lu ce titre dans le cadre du Prix Cezam. 

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7 mai 2016

Ahlam, Marc Trevidic

marctrevidic

"Farhat, avec sa chemise à fleurs, droit comme un i sur le pont de son bateau. Farhat toujours là, inchangé, dans un monde qui s'écroule."

Paul débarque un beau jour sur l'archipel de Kerkennah en Tunisie. Il est venu y chercher une paix perdue à Paris. Et le lieu qu'il découvre est un paradis. Cette découverte est un véritable soulagement. Le peintre, très célèbre, a d'ailleurs envie de s'établir quelques temps dans ce lieu qui l'inspire. De plus, il s'est pris d'affection pour un pêcheur, Farhat, et sa famille. A la mort de Nora, l'épouse, très belle femme que Paul aimait en secret, le jeune homme s'occupe de l'éducation des enfants du couple, Issam et Ahlam, doués tous les deux, l'un pour la peinture et l'autre pour la musique. Un rêve émerge, alors que les enfants grandissent, l'idée d'un spectacle qui pourrait leur amener la célébrité et l'aisance financière, la liberté que Nora souhaitait pour les siens. Mais rien ne se passe comme prévu. L'islamisme gagne du terrain en Tunisie. Issam se laisse séduire par le discours radicaliste de Nourdine. Ben Ali est chassé du pouvoir. Ahlam, devenue une belle jeune fille, regarde avec colère et désespoir son frère devenir un fanatique. Elle s'engage avec beaucoup de ferveur pour la démocratie dans la révolution du jasmin. L'affrontement entre l'univers d'Assim et d'Alham sera brutal.

Ahlam commence comme un joli conte, presque un peu candide. Et puis tout à coup tout change, et l'on retrouve ce que le juge Marc Trevidic connaît bien et a déjà beaucoup observé, le terrorisme et ses mécanismes souterrains. Autant j'ai été séduite en début de lecture par l'histoire imaginée par l'auteur, affective et artistique, autant cette deuxième partie, qui coïncide avec la radicalisation d'Issam m'a profondément intéressée, ainsi que tout le contexte de la révolution du jasmin, largement évoquée. Ce premier roman a peut-être quelques défauts, il n'est pas parfait, il pêche parfois par quelques longueurs explicatives et quelques candeurs sentimentales, mais c'est un roman fort, généreux, original, qui donne et promet beaucoup. J'ai aimé la place de l'art dans ce récit, et que la violence n'y soit pas édulcorée mais abordée de manière réaliste. Une lecture très utile, pour savoir et comprendre.

Editions JC Lattès - 19€ - Janvier 2016

Lu dans le cadre du challenge des 68 premières fois... qui met en avant des premiers romans sortis en ce début d'année 2016

68premieresfois

Les autres lectures de la fine équipe... Nicole à moitié convaincue - Instructif et nécessaire pour Joelle - Un coup de coeur pour Céline ! - Instructif et poétique pour Dominique - Agréable à lire pour Anita - Une belle histoire pour Gloria (pas de blog) - Violaine a été surprise - Saisissant pour Nathalie - Plutôt réussi pour Bénédicte !

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