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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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5 avril 2015

Le Vase où meurt cette verveine, Frédérique Martin

levaseoumeurtcetteverveine

 "Nous sommes loin l'un de l'autre, c'est vrai, mais voilà ce que je te propose. Ce soir-là, quand j'irai me coucher, à onze heures, je penserai à toi, à notre nuit d'anniversaire telle que nous l'aurions voulue. Je te donne un rendez-vous d'amour, à onze heures précises, où nous irons l'un vers l'autre par la pensée pour nous endormir dans la tendresse de nos retrouvailles.

Bon anniversaire, ma femme chérie. A tout à l'heure.

Ton Joseph."

Zika et Joseph sont contraints de se séparer un moment. Zika a besoin de soins et doit être hébergée quelques temps chez sa fille, à Paris. Mais cette dernière ne peut pas recevoir son père dans son appartement étroit, alors Joseph ira s'installer chez son fils, Gauthier, au sein de sa famille. Tout est organisé, la maison dans laquelle ils ont passé tant d'heureuses années vendue. La séparation est douloureuse. Zika et Joseph ont toujours été l'un avec l'autre, un couple fusionnel. Ils s'écrivent leur manque et leur envie de se retrouver très vite, l'inconfort évident de leur nouvelle vie qu'ils espèrent provisoire. Cependant, ce qui ne devait durer que quelques semaines s'éternise et les situations se cristallisent de part et d'autres. Gauthier quitte sa femme et le domicile conjugal brutalement, laissant Joseph avec une brue anéantie ; Isabelle se révèle de jour en jour amère et vindicatrice envers sa mère, pleine de reproches. 

Ce livre est un doux et à la fois terrifiant coup de coeur de lecture ! En effet, on se laisse bercer dans les premières pages du roman de Frédérique Martin par la douce, voluptueuse et tendre correspondance des deux amants séparés. On se dit même qu'au soir de sa vie, on aimerait vivre la même chose avec son conjoint, encore, cette proximité merveilleuse. Et puis, l'évidence prend peu à peu corps que dans les deux foyers dans lesquels le couple a pris séparément résidence, quelque chose cloche. L'amour qui les unissait aurait-il fermé les yeux aux deux parents qu'ils étaient ? Visiblement, leurs enfants sont en souffrance. Et là, le récit épistolaire bascule, nous fait entrer dans la crainte... J'ai aimé lire ce roman, j'en ai fait durer sciemment ma lecture. Je remercie Frédérique Martin pour les émotions éprouvées, pour l'inattendu qui ressort de son écriture pourtant sage d'apparence, sans fioritures, quelle réussite !

Editions Pocket - 6.50€ - Septembre 2014 !!

Vous trouverez toutes les lectures de blog sur ce titre [ici] sur le site de Frédérique Martin 

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5 février 2015

Ligne & Fils, Emmanuelle Pagano

ligne et fils

  "A mon fils, je chantais que pour comprendre le ruisseau, il faut mettre les pieds dans l'eau, comme le petit Indien des Andes. Lors de petits séjours chez mes parents destinés à nous aérer, à prendre l'air, à fuir la ville l'été, en laissant mon mari travailler, je commençais enfin à m'immerger, moi aussi. Nous nous encouragions, mon petit garçon et moi, à faire plouf. Nous prenions autant l'eau que l'air."

Ligne & Fils est la première partie d'une trilogie consacrée plus largement à l'eau et aux rivages. Dans ce premier volet, il est question de rivière et de moulinage mais aussi de toute cette région ardéchoise où coule La Beaume. La narratrice, descendante des anciens patrons d'une fabrique évoque leur passé, le dur travail des petites mains, l'amour du fil et du tissage. On l'a appelée pour qu'elle récupère son fils en pédiatrie, grand garçon ramassé saoul en coma éthylique. Elle le voit rarement, il a été confié tout petit à son père, après leur séparation, suite à cet épisode où elle l'a laissé se déshydrater, presque mourir, sans s'en apercevoir. C'est une occasion pour elle de comparer leur relation tumultueuse et pourtant franche à son plaisir de contempler la rivière et les autres souvenirs qu'elle charrie...

Ce n'est plus un secret que j'aime particulièrement l'écriture d'Emmanuelle Pagano, mais aussi les thèmes qu'elle aborde et sait explorer en tous sens, farfouiller de ses mots. Est-ce parce que j'ai passé tant de temps moi même auprès d'une rivière, ou tellement de temps à regarder l'herbe pousser un livre dans les mains auprès d'elle, qu'il m'a plu encore une fois de plonger dans les pages de ce livre-ci ? Sans doute, ou peut-être pas. Peut-être est-ce simplement parce qu'Emmanuelle Pagano y déploie cette langue qu'elle seule sait si habilement manier, et dont je rapprocherais ici le goût de mes souvenirs de son Tiroir à cheveux [clic]. En effet, pour ceux qui l'aurait lu, on y retrouve cette même impression de maternité incomplète, dure et partagée, entre une mère et son garçon, et puis le paysage alentour, à la fois familier et rude, gorgé d'histoires. J'ai été touchée par tous les épisodes consacrés à la relation mère et fils, mais pas seulement. Il est également très beau d'assister au résultat si fluide et intéressant des recherches de l'auteure sur le moulinage et le travail du fil, et de réaliser combien tout cela est habilement décrit, poétiquement tenu, la technique sublimée, le tout dans une démarche narrative qui ne perd jamais son nord ni sa voie et qui raconte au final une famille. Un coup de coeur rempli d'admiration !

Editions POL - 15€ - 5 février 2015 

4 février 2015

Moby Dick 1 & 2, Hermann Melville / Chabouté

mobydick

mobydick2 "Ce cachalot est la muraille qui me retient prisonnier... une force qui me défie, m'écrase, me torture !! Une insondable malignité ! Et c'est sur lui... que j'assouvirai ma haine !!"

Chabouté a adapté le célèbre roman de Melville (que je n'ai pas lu) et nous embarquons donc à ses côtés à bord du Pequod, avec un équipage hétéroclite, à la chasse au cachalot. Le navire est dirigé par un capitaine hanté par la folie et la vengeance. Loin de se contenter d'écouter les conseils de son second et de ramener comme on le lui demande au terme de son voyage son chargement d'huile de cachalot, le capitaine Achab souhaite retrouver ce monstre des mers, Moby Dick, qui lui a dévoré la jambe dans le passé, et sans doute aussi la raison. Pourtant, les conditions de vie ordinaire sur le bateau sont déjà très rudes pour l'équipage. Mais le capitaine n'entend que son désir, et son combat. Il ira au bout de sa quête, quoiqu'il en coûte...

Quelle magnifique BD !! J'ai retrouvé dans ces deux albums ce que j'avais aimé de Tout seul [clic] (sobriété et élégance), ce que j'ai aimé autrefois en lisant L'île au Trésor de Stevenson (l'univers), et puis l'épaisseur de l'encre, la place du noir (les petites tâches sous l'écriture en début de chapitre qui donnent à voir la plume qui gratte sur le papier, j'adore). Voilà ! Que vous dire de plus ? Laissez-vous tenter. Gros coup de coeur !!

Editions Vent d'Ouest - Livre premier janv 2014 - Livre second oct 2014 - 18.50€ l'album - Merci ma bibli !!

Jérome est le tentateur [clic] - Saxaoul a confirmé mon envie [clic]

mobydick11 mobydick12

 

28 janvier 2015

Biographie d'un inconnu, Fabrice Humbert

biographieduninconnu

 "Je n'avais rien. Pas d'adresse, pas de gens que Paul avait pu connaître, pas d'entreprises où il avait travaillé. Mais Dantès me défrayait, j'avais donc le nerf de la guerre : l'argent. Le reste tenait de l'opiniâtreté et de la chance."

Difficile de regarder en face son statut actuel de nègre alors que l'on a tant voulu être écrivain. C'est pourtant ce que Thomas d'Entragues vit, il écrit des livres pour des sportifs célèbres et laisse dormir dans un tiroir ses ambitions littéraires. Cependant, un beau jour, un riche homme d'affaires obscur, Victor Dantès, lui passe une commande surprenante. Il s'agit d'écrire la biographie de son fils, un jeune homme que son père n'a jamais connu, ou même reconnu, et qui s'est enfui depuis quelques années aux Etats-Unis dans l'espoir de devenir scénariste. Thomas se lance donc à la poursuite de Paul, part suivre ses traces de l'autre côté de l'océan, se coule dans la peau du garçon, ou plutôt se glisse tout à côté d'une vie dont il apprend rapidement les moindres détails... et notamment les amours interdites avec une jeune Laura encore mineure.

Dans ce roman, ce sont sans aucun doute les références littéraires et le style de Fabrice Humbert qui m'ont le plus marqué et plu. Et oui, car j'ai été séduite, il faut bien l'avouer, par l'épopée de cet homme, biographe d'un autre, qui se trouve en ne se cherchant pas. L'auteur a su finement jouer de la mise en abyme, alors que nous suivons un écrivain, écrivant sur un autre écrivain, qui lui même filme ses contemporains. Quant aux références littéraires, on pense naturellement assez vite au Edmond Dantès du Comte de Monte Cristo, et aussi au cours de la lecture au Humbert Humbert de Nabokov amoureux d'une Laura/Lolita bien trop jeune. Je suis certaine que j'ai laissé s'échapper quelques autres indices, mais les découvrir disséminés ici et là m'a vraiment fait sourire. On pourrait reprocher à ce titre son classicisme apparent, sa lenteur, mais comme il y a quelques années pour ma lecture de Karoo de Steve Tesich [clic], je dirais oh mon dieu comme un peu de littérature fait aussi du bien de temps en temps... Ce roman est un subtil coup de coeur dans lequel j'ai été heureuse de plonger le nez ! Je ne connaissais pas Fabrice Humbert, mais maintenant que les présentations sont faites me reste seulement à continuer de le lire.

Editions du livre de poche - 5.90€ - 14 janvier 2015

La lecture de Clarabel

4 janvier 2015

Train de nuit pour Lisbonne, Pascal Mercier

traindenuitpourlisbonne

 "J'habite en moi comme dans un train qui roule. Je n'y suis pas monté volontairement, je n'avais pas le choix et j'ignore le lieu de destination. Un jour du lointain passé je me suis réveillé dans mon compartiment et j'ai senti que je roulais. C'était excitant, je guettais la trépidation des roues, j'exposais ma tête au vent de la course et je savourais la vitesse avec laquelle les choses passaient devant moi. Je souhaitais que le train n'interrompît jamais son voyage. En aucun cas, je ne voulais qu'il s'arrêtât quelque part pour toujours.
Ce fut à Coimbra, sur le banc dur de l'amphithéâtre, que j'en ai pris conscience : je ne peux pas descendre du train."

Raimund Gregorius rencontre la femme qui va bientôt chambouler son quotidien sur un pont, sur le chemin du Lycée où il enseigne à Bern, il pleut. Elle donne l'impression qu'elle va sauter, mais jette une lettre, puis écrit très vite un numéro de téléphone sur le front du professeur, pour ne pas l'oublier. Sa voix a un doux accent étranger, portugais. La femme disparaît de la vie de cet homme d'âge mûr que seuls les échecs semblent encore émouvoir, mais cet incident va déclencher chez Gregorius des actions étonnantes. Elle va lui donner envie d'acheter ce livre, probablement auto-édité, d'un auteur portugais inconnu, Amadeu Prado. Puis, lire les premières pages du livre va lui donner l'impulsion de tout quitter et de prendre le premier train pour Lisbonne...

Cette lecture est exigeante, tant par son volume que par sa structure, assez savante, qui demande temps et concentration. J'avais du temps devant moi, je pouvais me tenir à un peu de concentration, j'ai donc profité de la fin de ses vacances pour me plonger complètement dans ce livre que l'on m'avait prêté. Et je n'ai pas regretté mon voyage à Lisbonne auprès de cet homme qui quitte tout pour s'habiller complètement des mots et de la vie d'un autre, autre qu'il va découvrir mort depuis longtemps. Gregorius va effectivement peu à peu reconstituer l'histoire du médecin et écrivain, intellectuel Amadeu Prado, enchaîner les rencontres, prendre la quête du portugais pour sienne et réfléchir ainsi sur le sens de ses actes et de sa vie, changer, apprendre une autre langue. Et j'ai été chamboulée, non pas forcément par toute la galerie de personnages, un peu fantomatiques, que Gregorius va interroger mais par toutes les questions que les extraits du livre de Amadeu Prado soulèvent. Qu'en est-il de Dieu ? De notre libre arbitre ? Du poids de notre éducation ? Du savoir ? Du regard des autres sur notre vie ? De la colère ? De la solitude ? De l'amitié ? Du pouvoir des mots et de l'écriture ? Ce roman plonge dans les mystères de l'âme, nous prend doucement et nous enveloppe, fonctionne un peu comme un recueil de leçons de vie dont la clé de compréhension serait un doute omniprésent. J'ai aimé ces questionnements qui ont ouvert plein de petites portes en moi, des portes que je ne voulais pas ouvrir et qui se sont pourtant entrouvertes en grinçant. Comment retourner à une vie normale après cette lecture ? Je ne sais pas. Un coup de coeur époustouflant !

Editions 10/18 - 10.20€ - Février 2008

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19 décembre 2014

Top 3 de 2014

2014 fut une année bizarre. J'ai eu de nombreuses belles pioches en matière de lectures mais peu de véritables coups de coeur romanesques !! L'année a commencé en fanfare avec seulement des coups de coeur BD, ce qui démontre la qualité indéniable du genre... Les romans se sont fait attendre. J'ai donc décidé de vous livrer mes coups de coeur de l'année en deux catégories distinctes... 

Top 3 BD en 2014

mauvaisgenre  unpetitdetour  cetetela

(clic sur les couvertures pour retrouver les billets)

Le très troublant Mauvais genre, les toujours jubilatoires racontars de Jorn Riel, et le subtil Cet été-là.

Top 3 "romans" en 2014

lesfleursdhiver  lecritureetlavie  unjeunehommeprometteur

(clic sur les couvertures pour retrouver les billets)

Le très beau roman Les Fleurs d'hiver, l'émouvant et terriblement sincère L'écriture et la vie, et ce Jeune homme prometteur qui aurait mérité d'être beaucoup plus lu.

etoilesnoel

20 novembre 2014

Fun Home, Alison Bechdel

funhome "Sa gentillesse était aussi incandescente que sa colère était sombre."

Dans Fun Home, nom du salon funéraire où officiait sa famille, Alison Bechdel explore son enfance particulière, et surtout ses relations avec un père à la fois aimé et détesté, finalement prisonnier de ses propres désirs, obsessions et tyrannies. Avec une minutie et un soucis troublant du détail, l'auteure raconte comment alors que jeune-fille elle informe sa mère de son homosexualité elle apprend celle de son père en retour. Quelques jours plus tard, un camion percute cet homme mystérieux qui a caché pendant vingt ans derrière le masque de l'époux parfait une autre vie. Suicide ? Accident ? Alison ne cesse d'échaffauder des hypothèses et de chercher à trouver un sens aux scènes du passé, un sens à leur parcours inversé.

Il a fallu sept ans à Alison Bechdel pour élaborer ce magistral roman graphique autobiographique que Points publie en poche. Le petit format ne gêne d'ailleurs pas la lecture, qu'on se le dise. Et oh combien il est intéressant de suivre ainsi cette jeune femme qui se questionne, ne jette pas la pierre, mais sait dire ce qui a été bien, ou beaucoup moins, ce qu'elle a retenu des liens qui l'unissaient à sa famille, met en perspective son cheminement en regard de celui de son père, leurs choix différents. Un coup de coeur complet pour cette BD de grande qualité, dans la droite ligne de Blankets de Craig Thompson [clic], et que je rapprocherais également de ma lecture de Cet été-là des Tamaki [clic].

Editions Points - 9.90 € - 20 novembre 2014

Pour Pénélope Bagieu, sa nouvelle BD préférée de tous les temps [clic]

funhome1

12 novembre 2014

Une vie à soi, Laurence Tardieu ~ Rentrée littéraire 2014

unevieasoi"Je m'appelle Laurence T., je suis écrivain, je viens d'avoir quarante ans. J'ai été au bord de l'effondrement pendant deux ans, incapable d'écrire une ligne, incapable d'accrocher le réel. Plus rien n'avait de sens, les mots n'avaient plus de sens. Les mots étaient vides. Et aujourd'hui j'écris ce livre."

Cela reste un étonnement constant l'inattendu de ce qui parfois nous réveille. Il suffit souvent juste d'un miroir tendu, d'une phrase, d'une rencontre. Pour Laurence Tardieu, rattrapée par une douloureuse panne d'écriture, ce fut cette exposition de Diane Arbus, ses photographies, un choc visuel, puis l'exploration d'un destin qui faisait tant écho au sien. Devant elle, il y a cette même enfance privilégiée qui se mure derrière des parois de verre, mais aussi le choix d'une vie différente, sincère, moins facile, moins tracée, honnête, et tous les sacrifices que cela engendre, le désordre que cela crée autour de soi, l'incompréhension et la solitude. Alors l'écrivain va se nourrir du parcours de la photographe, s'appuyer dessus, y puiser de la force, des impulsions, et peu à peu retrouver goût au jour qui se lève.

"Il n'y a qu'en écrivant que je ne triche pas. Que je reste la même que moi."

Ce titre de Laurence Tardieu est véritablement dans la continuité de ses derniers livres, du choix d'écrire La confusion des Peines [clic] par exemple, au constat que l'écriture a disparu en même temps que le brouhaha créé par ce récit (L'Ecriture et la vie [clic]). On ne rentre pas dans Une vie à soi comme dans un roman confortable. C'est l'histoire d'une quête qui nous est donnée, via des fragments de souvenirs, des scènes du quotidien, une enfance retrouvée. Personnellement, je suis très touchée par le chemin d'écriture que prend Laurence Tardieu, par ses questionnements, par son courage, sa sensibilité aussi. Certaines phrases m'ont percutée violemment, la résonnance est évidente, et ouvre de nouvelles portes, des réflexions, sur l'exigence dans laquelle on tient soi-même son existence.

"J'aurais pu continuer ainsi, en écrivant des romans : "touchants", qui ne dérangent personne. Qui inventent des histoires."

Un très personnel coup de coeur que, je l'espère, vous partagerez.

Editions Flammarion - 18€ - 20 août 2014

challengerl2014

Je participe au challenge 1% rentrée littéraire de Hérisson... qui consiste à lire au moins 6 livres de la rentrée littéraire [clic ici pour plus de détails] - et je suis en partance vers le 2% - n°10/12

Clara a été touchée-coulée [clic] - Un coup de coeur et au coeur pour Cathulu [clic] - Une plume délicate et lumineuse pour Leiloona [clic] - Bouleversant pour Mirontaine [clic] - Un coup de coeur pour Eimelle qui a la bonne idée de rajouter des photographies de Diane Arbus [clic]

14 octobre 2014

La Fabrique du monde, Sophie Van der Linden

lafabriquedumonde

"Comment vais-je supporter cela, leurs conversations excitées, leurs petits bonheurs, tout ce qu'elles ont vu, bu et mangé pendant trois jours, tout ce qui va nourrir leurs conversations et leurs pensées pendant des semaines, parce que c'est tout ce qu'elles auront réellement vécu en un an ? Comment vais-je supporter cela sans parler de moi, de ce qui m'arrive ?"

Mei travaille, vit et dort dans l'usine dans laquelle elle a été embauchée en arrivant de son village. Elle est une ouvrière chinoise, banale et anonyme, et coud toute la journée, à toute vitesse, des vêtements qui iront remplir des boutiques européennes. Son quotidien est fait d'une existence sans cesse partagée, où l'intime n'existe pas, et où il est compliqué de rester seule dans son dortoir, au moins quelques minutes, où les repas sont pris parfois debout et ont à chaque fois la même saveur de nouilles pâles. Dans cette promiscuité, seuls ses rêves lui appartiennent, et ils sont profonds, troublent son esprit, la rendent moins vigilante dans son travail. La sanction est immédiate, Mei n'aura pas son salaire du mois, et ainsi aucun argent pour se rendre dans sa famille pour les fêtes. Comment vont donc se passer ces quelques jours dans une usine presque entièrement désertée ?

Voici un petit livre qui se lit en une bouchée, mais quelle bouchée !! J'ai été happée presque tout de suite par l'écriture poétique du premier chapitre puis tenue par celle des autres, tout aussi belle, plus proche de la prose. Sophie Van der Linden sait dans ce texte frapper fort, avec une économie de moyens et une simplicité remarquable pour un premier roman. Comme quoi, il ne faut pas toujours en faire des tonnes pour toucher, juste avoir du talent. J'aimais déjà d'emblée le propos, que l'on me parle du ressenti d'une ouvrière de chine, dont je ne peux qu'imaginer les dures journées. Le texte a dépassé mes attentes, s'est enveloppé de sensualité, a pris des allures d'épopée tragique et s'est tranformé en un évident coup de coeur !!

Editions du Livre de Poche - 5.60€ - 27 août 2014 - Merci ma bibli !!

Un roman sensible et terrible pour George [clic] - Concis et touchant pour Sharon [clic] - Géraldine a été profondément touchée [clic] - Un roman qui se lit le souffle court pour Stéphie [clic] !

 

30 septembre 2014

Gautier Battistella parle de son roman

Cette vidéo, simplement pour mettre une seconde couche à mon premier coup de coeur de rentrée littéraire déjà évoqué dans [mon billet par là].

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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