- M - et Vanessa
En ce moment au cinéma, dans Le Monstre de Paris.
Et j'ai aimé ça.
"Vous entrez, vous n'êtes ni le premier ni le dernier, elle est là, disponible, elle répond au téléphone mais son sourire est pour vous, et son regard aussi qui entame déjà le dialogue, et son bras qui vous invite à tirer la chaise et à vous asseoir, ce que vous faites, c'est dans la poche, le job est pour vous.
Métiers à risques. Pourquoi certains franchissent le pas et d'autres non ? Il y a la nécessité, l'urgence, mais pas seulement. Ce qui est à l'oeuvre là-bas, au coeur de la centrale, en fascinera d'autres après nous, ce mélange des genres. Comme d'avoir une tension en soi, une crainte sourde, ça n'enlève rien."
On n'imagine rien, ou si peu, des conditions de vie de ces travailleurs du nucléaire, embauchés par des agences d'intérim sous le couvert de prestataires multiples, sous-traitants de sous-traitants. A quoi tient finalement la sécurité de tous, la création d'une énergie dont nous sommes encore tellement des consommateurs gâtés... du travail d'hommes et de femmes, payés au chantier, qui logent le plus souvent dans des caravanes, pour économiser.
Le personnage que l'on suit évoque son cas et à travers lui celui des autres, tous liés à un dosimètre qui mesure journellement la dose acceptable d'irradiation. En cas de surdosage, la sentence est immédiate et la conséquence la perte des contrats qui permettaient de s'en sortir, justement, l'année suivante.
Le constat est amer et fait froid dans le dos. Le propos d'Elisabeth Filhol, très documenté, est à mettre aujourd'hui en lumière du drame qui s'est déroulé dernièrement au Japon. J'ai trouvé la construcion du récit un peu trop floue pour mon goût personnel mais je suis heureuse d'avoir ouvert ce livre qui a le mérite de pointer un projecteur réaliste vers ce que l'on préfère ignorer d'ordinaire.
Folio - 5.10€ - Octobre 2011
Ce titre a reçu le prix France Culture Télérama 2010
Les premières pages en pdf et toute la revue de presse par ici [lien]
L'avis de Cathe - Celui un peu mitigé d'Yv
Des oranges, un couteau, de l'huile de coude, de vieilles bougies d'anniversaire à recycler, et le tour est joué !!
On en profite à l'occasion pour boire un grand verre de vrai jus de fruit frais, et hop, ambiance.
Une astuce trouvée ici [lien].
... et pendant ce temps, ma PAL s'ennuie un peu. Promis, je reviens ensuite avec des lectures "sérieuses".
(Source Le blog de Retro Mama)
Je pensais qu'Halloween était dépassé mais mes enfants me réclament des déguisements, des bonbons, des bricolages, des squelettes, des vampires, du orange et du noir, du "qui fait peur" quoi... Allez, ne reste plus qu'à se creuser un peu la tête... et à rire de ce qui effraie d'ordinaire.
Bon dimanche à tous !
"[...] j'étais devenu un drogué du langage concentré."
Après avoir écrit un premier roman tout en subtilité, notre narrateur est pourtant bien fier d'avoir trouvé ce "Panier de fruits" que l'on retrouve encore aujourd'hui dans nos supermarchés. La publicité rapporte, c'est certain, et il faut bien vivre. De plus, la satisfaction peut s'avérer grande même si le succès reste toujours anonyme. "J'ai des millions de lecteurs" se vante-t-il.
Cependant, lorsque c'est l'obstination du mot qui rapporte qui prédomine, celui facile, éphémère, qui s'étend sur les trottoirs puis disparaît aussi vite qu'il est arrivé, où se loge l'orgueil de l'écrivan ?
Un jet littéraire, conçu par un Philippe Delerm ironique et réaliste. Une lecture qui amène un sourire déjà convaincu au coin des lèvres.
"Quelle unité dans tout cela ? Le sentiment d'avoir gagné pas mal d'argent chaque fois que je n'avais rien à dire, et d'en avoir presque perdu quand j'approchais d'un peu de vrai.
Du cynisme, oui, mais affadi par l'amour-propre. Après tout, je restais fier de ma fraise des bois, de l'opportunisme des mes calembours sportifs. Je n'avais pas encore écrit de quoi me mépriser tout à fait - en serais-je jamais capable ?"
Editions du Rocher - 5.18€ - 1998
(existe aussi en format Librio avec L'Envol - 2€)
Dans le sens de mon corps
Tous les arbres toutes leurs branches toutes leurs feuilles
L'herbe à la base les rochers et les maisons en masse
Au loin la mer que ton oeil baigne
Ces images d'un jour après l'autre
Les vices les vertus tellement imparfaits
La transparence des passants dans les rues de hasard
Et les passantes exhalées par tes recherches obstinées
Tes idées fixes au coeur de plomb aux lèvres vierges
Les vices les vertus tellement imparfaits
La ressemblance des regards de permission avec les yeux que tu conquis
La confusion des corps des lassitudes des ardeurs
L'imitation des mots des attitudes des idées
Les vices les vertus tellement imparfaits
L'amour c'est l'homme inachevé.
In La Vie immédiate, Paul Eluard - 1932
... de Magali Le Huche
Non-Non l'ornithorynque a un succès fou à la maison. Rien de mieux qu'un nouvel album, donc, pour enchanter petits et grands !!
Après avoir eu très faim dans un autre épisode [lien], eu envie de faire du sport et/ou plus rien à se mettre, le voici en quête de couleurs pour changer son petit chez lui, rayé habituellement de bleu et de blanc. Ses amis sont enchantés à l'idée de l'aider mais chacun a sa couleur préférée, qui n'est pas forcément celle de Non-Non. A la fin, et suite à une bataille rangée, il faut bien avouer que sa chambre ne ressemble plus à grand chose... Résigné, Non-non construit un peu plus loin un deuxième logement, qui lui ressemble lui, mais de quelle couleur est-il... vous devinez ?
Mes enfants sont des adeptes convaincus de ces petits volets que l'on soulève à chaque page, et de ce très bel objet qu'est toujours un album de Non-Non, dont j'aime moi la texture épaisse, l'esthétique et la friponnerie. "Trop bien", m'a-t-on dit à la maison... ce qui veut dire - en traduction - "On aime maman, un point c'est tout !".
Editions Tourbillon - 11.95€ - Sortie le 20 octobre 2011
Magali Le Huche était invitée dernièrement à la Soupe de l'Espace
On peut suivre a présent Les éditions Tourbillon aussi sur leur blog
"Voilà, tu finiras peut-être par me dire ça, de ta voix redevenue basse et douce parce qu'en les prononçant tu auras mesuré la violence de ces paroles-là, que tu aurais tant aimé ne jamais avoir à prononcer - puisque tu es mon père, et que je suis ta fille. Je ne te reconnais plus."
Il y a cet épisode, impossible à oublier, violent. Soudain, le père que l'on admirait, respectable, puissant, est jugé pour corruption, reconnu coupable, emprisonné. Le confort, le luxe, la douceur sont brisés. Tandis qu'aussi sa mère s'éteint de jour en jour dans leur appartement parisien, tout à coup déserté, Laurence est anéantie.
A trente-huit ans, il est alors temps de revenir sur ce moment que le silence - depuis - recouvre peu à peu, avec un livre, même si ce livre est interdit. "Tu l'écriras quand je serai mort". Il s'agit de ne plus attendre justement et d'enfin parler pour tenter de comprendre et de réparer la honte...
De roman en roman, Laurence Tardieu échafaude une oeuvre intime et sensible dont elle pose ici encore une fois une nouvelle pierre. Ce livre est un message destiné au père, forcément subjectif, maladroit, personnel... Mais l'auteure a raison cependant de le souligner dans ses phrases, au hasard des paragraphes, effectivement lorsqu'elle parle d'elle, c'est toujours un peu de nous dont elle parle.
Ne reste qu'à espérer que le message ait de son côté été reçu, entendu et accepté.
Une lecture toute en grâce et simplicité.
Editions Stock - 16€ - Août 2011
... le Mont (St-Michel), comme un fabuleux mirage !
Et une pensée pour Aifelle qui se balade dans le coin. ;)
Bon dimanche !
"Lilian lui raconta tout, les biscuits et les épices, Henry James, la purée et son impression qu'en fin de compte la nourriture n'était peut-être pas la magie qui pouvait tirer sa mère de son long sommeil littéraire, qu'en fin de compte le sommeil était peut-être la seule chose qui convînt à sa mère."
Lilian, petite fille, cherche à sauver sa mère de sa léthargie en cuisinant. Elle en est persuadée, les saveurs auront ce pouvoir magique d'éloigner cette femme pleine de chagrin du sommeil littéraire dans lequel elle s'échappe de la réalité.
Lilian, adulte, est devenue cuisinière, elle dirige son propre restaurant. Tous les lundis soir, elle transmet son savoir à un groupe d'élèves. Mais son école des saveurs est bien plus qu'un cours de cuisine, il a un pouvoir révélateur étonnant...
Attention, ne passez pas à côté de ce petit roman savoureux !! C'est un de ces livres rares qui font simplement du bien, qui prônent avec délices les vertus de l'amitié et qui nous rendent un peu meilleur rien qu'à la lecture... Moi qui ne suis pas grande cuisinière mais gourmande invétérée, j'ai aimé que l'on me décrive ainsi la conception de plats concoctés avec amour. Et les différents portraits des élèves de Lilian, petite bande hétéroclite attachante, m'ont amenés à plusieurs reprises les larmes aux yeux... Bref, j'ai été touchée.
Une lecture à s'offrir et à offrir, vraiment !
Editions du Livre de Poche - 6.50€ - Mai 2011
Une pépite pour Lucie - Clara en souligne le pouvoir magique