Celle de ma vie - Celle de mes rêves...
"Tomas est écrivain. Il attend désespérément la sortie de son premier livre. Pour l'heure, il transpire sur un scénario de bande dessinée pour un ami. Elsa, sa femme, est peintre. Pour "réussir", elle estime devoir fréquenter la faune artistique locale et son lot de critiques, galeristes et petits marquis de cocktails d'expos, milieu qu'exècre Tomas. Il trouve refuge dans le fantasme d'une femme idéale et inspiratrice, forcément splendide... Elle lui apparaît en rêves depuis qu'il s'est offert une curieuse petite plante verte rabougrie." (quatrième de couverture)
Depuis quelques temps, j'essaie de renouer avec le genre bande dessinée, délaissé par moi depuis longtemps déjà, par je ne sais quel hasard, et je me rends compte avec plaisir que l'offre a bien évolué. J'aime beaucoup les petits opus oniriques tels que celui-ci qui fleurissent dans les bacs actuellement, ils ont un petit quelque chose de poétique et de charmant qui me plaît énormément.
Ici, à l'aide d'un graphisme en noir et rouge, très évocateur, on nous parle de création, de la difficulté d'être en couple, de l'art moderne...
Il y a beaucoup d'humour, d'air et de mouvements dans cet album, qui a reçu le prix de la meilleure bande dessinée portugaise en 2001 au Festival d'Amadora.
ISBN 978 2 35212 004 9 - 16.50€ - FEV 2008
Ecrire...
"J'ai toujours eu un peu de mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j'en fais presque ce que j'en veux, tandis que lorsque j'essaie de les assembler dans l'air, ils se dérobent."
Phrase extraite de Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel, qui est curieusement pour moi un abandon de lecture...je n'ai pas réussi à dépasser les 50 premières pages, à m'intéresser à l'histoire, je n'ai pas insisté, étrange, dommage.
Epinglée et taguée...
...par Saxaoul et Bellesahi !
Et voilà que je me prête au jeu...
La règle à suivre est la suivante : écrire 8 souhaits - écrire à quoi font penser dix mots donnés plus bas - dire un petit mot sur sa(ses) tagueuse(s) - taguer 8 autres personnes et les prévenir.
En 1er souhait : avoir envie que tout s'allège...
En 2ème : que les personnes que j'aime, que je cotoie au quotidien soient heureuses, en bonne santé, épanouies, etc...
En 3ème : que j'arrive, un jour peut-être, à écrire quelque chose qui en vaille vraiment la peine, qui se tienne...avoir ce talent-là, même une seule fois.
En 4ème : pouvoir rire, toujours, dans les bras de mes enfants...même quand petit dernier fera trois têtes de plus que moi et que ma grande fille sera une femme.
En 5ème : souhaiter vivre encore des dizaines de vies différentes, mais calmement sans souffrances...que la vie ne se fige pas un jour dans un lieu choisi et moi avec.
En 6ème : conserver cette forme physique que je tiens en ce moment, qui me permet de faire ce que je veux (ou presque), tenir la fatigue par la bride, la maîtriser, le plus longtemps possible.
En 7ème : dix mille choses qui ne peuvent se raconter ici...m'être le plus fidèle possible oui, sans doute, et une chambre à soi (à moi), à l'occasion...
En 8ème : avoir encore très longtemps au moins 8 souhaits à souhaiter...ne pas être en manque d'avenir et de projets.
Et les fameux dix mots, annotés...
Blog : fenêtre / Prix : cher / Croix : religieuse / Scrap : compliqué ;o) / Création : passion / Bonheur : vie / Enfant : câlins / Passion : amour
J'ai été taguée par Bellesahi dont la maison aux volets bleus avait d'abord attiré mon regard, puis la diversité de ses billets, heureuse aujourd'hui de la voir si active, si enthousiaste et débordée.
J'ai été taguée également par Saxaoul, chez qui je suis allée faire un tour la première fois suite à un envoi de livre voyageur, que je n'ai plus lâchée depuis, et dont je suis heureuse d'avoir suivi les premiers pas de maman dernièrement, épatée que je suis aussi de sa capacité à lire autant en de telles circonstances !
Je tague à mon tour 8 personnes : Arlette, Goelen, Liliba, Lucy, Rennette, Karine, Elfe, Anna Blume...si vous passez par là et que le coeur vous en dit !
Aujourd'hui...
...un petit tour en Pays de Redon, et un détour "riche" en rencontres dans le joli village de La Gacilly, des photographies un peu partout sur les murs, Yann Arthus-Bertrand (Home), Giorgia Fiorio (juste en dessous à droite, magnifique !), les éléphants de Michael Nichols, et bien d'autres surprises...
...et pour se régaler les yeux, leur site - www.festivalphoto-lagacilly.com
Des vents contraires, Olivier Adam
Fuir la ville. Fuir cette maison où tout se meurt depuis que Sarah est partie, les murs, le jardin, ses habitants.
Prendre les enfants avec soi, déménager. Aller voir la mer. Le pays de son enfance. Retrouver son frère, l'auto-école de ses parents, se fabriquer de nouveaux repères à partir d'un nouveau lieu. Investir le présent, coûte que coûte, parce qu'il le faut bien, parce que tout est devenu si difficile depuis qu'elle n'est plus là.
Se remettre à écrire - non peut-être pas - mais vivre, le moins mal possible...profiter de chaque instant.
Et renaître. Espérer renaître… Inutile de garder le suspens plus longtemps. Mon petit coeur vous a déjà mis sur la piste. Ce roman d'Olivier Adam m'a touchée, énormément. Impression de lecture assez rare chez moi, je ne voulais plus en quitter les pages. Je me sentais si bien, au milieu de cette famille, pourtant blessée par la disparition de la mère, décidée à se créer une nouvelle vie en Bretagne, à Saint-Malo, une vie plus douce, si possible…
L'image du père, un peu bourru, assez imparfait, et pourtant terriblement attachant, aux petits soins pour ses deux jeunes enfants qu'il tente de préserver du désespoir et de l'attente, est une des plus belles qu'il m'ait été donné de rencontrer en littérature.
Baigné par le vent, le sel, des personnages lumineux en quête de bonheurs simples, par une écriture limpide et sans fioritures, ce roman est un voyage vers l'essentiel.
En toile de fond, surnagent des disparitions, des exclusions, des drames, des actes manqués…des retrouvailles, parce que la vie continue, malgré les désirs de quiétude, et qu'elle est faite de cela, aussi, la vie.
Un grand moment de lecture. Merci Monsieur Adam !
Et je reste sur cette impression étrange qu'une suite serait possible, que l'histoire de cette famille a poursuivi sa route en dehors des pages du livre…juste après le mot fin.
Un extrait...
" Les jours qui suivirent me firent l'effet d'une promesse, la vie prenait des airs de vacances, les gamins dormaient tard, se levaient sans grognements ni larmes, et les heures filaient comme un long trait de lumière. On a fignolé deux trois trucs dans la maison, dévalisé quelques boutiques, mais l'essentiel on l'a passé dehors, à profiter de la mer et du sable qui s'offraient sans compter sous un soleil suspect, trop généreux pour la saison. J'ai pris ce qu'on me donnait sans broncher, ça faisait trop longtemps que la vie nous battait froid pour rechigner. J'étais juste un peu sur mes gardes, la méfiance m'était devenue une seconde peau, la parenthèse se refermerait sans prévenir. En attendant, les petits étaient calmes et sereins, de temps à autre un éclair de joie illuminait leurs visages, le paysage agissait sur eux comme un baume. On jouait au ballon pendant des heures, on se lançait des frisbees sous le ciel limpide, Manon creusait le sable sans jamais s'en lasser. Je m'installais à une table en plastique de la buvette, Denise m'apportait mon café et rentrait se réchauffer dans son salon de cuir. Elle m'avait vu grandir et se réjouissait de me revoir. Elle ne m'a rien demandé concernant Sarah. Ici tout le monde était au courant. "
ISBN 978 2 87929 646 3 - 20€ - JANVIER 2009
Un immense merci à Véro qui a fait voyager ce livre à travers les océans juste pour moi, et qui m'avait donné très envie de lire ce roman grâce à son billet et aussi grâce à cet extrait.
D'autres lectures : Clarabel l'a trouvé déprimant - Dda sur biblioblog a aimé, l'a trouvé lumineux et d'une force incroyable - Marie en est sortie complètement sonnée et lui attribue un coeur - Cuné nous parle de ciment, de famille, d'amour et j'aime bien - L'avis d'Amanda - Les buveurs d'encre sont enthousiastes -
Ce titre a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2009
De la chanson et puis c'est tout...
Il faut du temps au temps...tout juste !
Le site du groupe : http://chezmakali.com/
En dessous, c'est pour les oreilles, exclusivement...parce que l'image est bien médiocre, dommage, mais j'aime cette chanson, la première de l'album.
Une autre vidéo, pour vous donner un aperçu de la diversité de l'ensemble, et là, c'est pour les yeux, aussi...attention, ça donne un peu le tournis ! Sympathique, non ?
Le vice de la lecture
"Se forcer à lire - "lire par volonté", en quelque sorte - n'est pas plus lire que l'érudition n'est la culture. Lire vraiment est un réflexe ; le lecteur-né lit aussi inconsciemment qu'il respire ; et pour pousser l'analogie plus avant, lire n'est pas plus une vertu que respirer. Plus on confère à l'acte du mérite, plus il en devient stérile. Qu'est-ce que lire, en dernière instance, si ce n'est un échange de pensée entre écrivain et lecteur ? Si le livre entre dans l'esprit du lecteur tel qu'il a quitté celui de l'écrivain - sans aucune des additions et modifications inévitablement produites par l'irruption de nouveaux corps de pensées-, alors il a été lu en vain. Dans ce cas-là, il va sans dire que le lecteur n'est pas toujours à blâmer. Il y a des livres qui restent de marbre - incapables de transformer ou d'être transformés-, mais ceux-là ne comptent pas en littérature. La valeur des livres est proportionnelle à ce que l'on pourrait appeler leur plasticité - leur capacité à représenter toutes choses pour tous, à être diversement modelés par l'impact de nouvelles formes de pensées. Là où, pour une raison ou une autre, cette adaptabilité réciproque manque, il ne peut y avoir de réelle relation entre le livre et le lecteur. En cela, on pourrait dire qu'il n'y a pas de critère de valeur abstrait en littérature : les plus grands livres jamais écrits valent pour chaque lecteur uniquement par ce qu'il peut en retirer." (extrait)
Quatrième de couverture : "Dans ce texte paru en 1903 dans une revue littéraire américaine, la romancière Edith Wharton (1862-1937) dénonce l’obligation sociale de la lecture, nuisible à la littérature et fatale à l’écrivain."
ISBN 978 2 916136 17 2 - 5€ - mars 2009
NB ce soir : attention , ne vous y méprenez pas, (hors de l'extrait que je vous donne au dessus) ce livre peut aussi irriter, déranger les blogueuses littéraires que nous sommes...voir mon avis dans mes réponses à vos commentaires juste en dessous ! - Vous trouverez ici l'avis de Levraoueg que je rejoins complètement... (merci Aifelle !) et dont l'article s'intitule "Edith Warthon n'aimerait pas les blogs de lecture".
Un coup de coeur !
Léopold s'ennuie parce que son maître, dessinateur de BD, ne sort jamais. Lui qui aurait aimé faire tellement de choses...
En attendant, Léopold passe ses journées sur le canapé et chaque journée ressemble à la précédente.
Sauf le jeudi, le jeudi, le maître de Léopold va manger chez sa mère. En chemin, il passe au centre commercial lui choisir un magnet pour mettre sur son frigo. Elle fait la collection.
Léopold en profite pour flâner un peu.
Mais, ce jeudi là, rien ne se déroule comme d'habitude. En revenant au stand des magnets, il s'aperçoit que son maître a disparu. Léopold n'a plus qu'à attendre que son maître revienne le chercher. Oui, mais...s'il ne revient pas ?
Après avoir eu bien peur, vous vous en doutez, tout rentre dans l'ordre dans l'existence du chien Léopold... Les vies trépidantes dont il rêvait sur son divan se sont avérées moins attirantes que prévu, alors qu'il se demandait si un autre client allait l'adopter...
"Qui sait comment j'aurais pu finir...chien policier ou pire, chien de motard !"
[Un album à l'humour sarcastique et aux dessins joyeux qui m'a bien fait sourire... Je ne suis pas très "chiens" d'ordinaire, mais j'ai aimé la personnalité de celui-ci, doté de contradictions humaines assez sympathiques.]
ISBN 978 2 84865 215 3 - 14.90€ - 2008
www.editions-sarbacane.com - Clarabel en avait parlé ici
Un dieu un animal, Jérôme Ferrari
De retour par ici avec ce titre, qui vient d'obtenir le prix Landerneau,...
Il a été encensé par la blogosphère, et j'avais, moi aussi, très envie de bien l'aimer, toute contente que j'étais de l'avoir trouvé en bibliothèque.
Malheureusement, et c'est étrange, je suis restée complètement hermétique à ce roman.
Le personnage masculin, un jeune homme devenu mercenaire, à présent sorte de mort-vivant qui part en quête d'un amour passé pour tenter de continuer à vivre, m'a laissé complètement froide. Seule Magali, la jeune-fille phantasmée, a su m'intéresser un tant soit peu à ses tribulations, petites hontes et arrangements quotidiens.
Je met tout cela sur le compte de la saturation que je ressens un peu en ce moment et me dit que cette lecture maussade n'est qu'une rencontre qui n'a pas eu lieu...voilà tout.
Un petit passage m'a touché, malgré tout, celui où Magali reçoit la "bénédicition" de son père...
"Dès qu'elle a décroché son poste et qu'elle a été installée dans son appartement, son père est venu la voir. Ils ont mangé au restaurant et il lui a laissé le plaisir de payer le repas. Elle lui a fait découvrir le peu qu'elle connaissait du centre-ville et il l'a longuement interrogée sur son travail et ses perspectives de salaire. Ils sont rentrés prendre un thé chez elle et il lui a dit qu'elle avait du goût. Avant de partir, il l'a serré dans ses bras et il lui a dit, ma petite fille, je suis si fier, je suis si fier de ce que tu as fait de ta vie. Elle sentait qu'il avait les larmes aux yeux et elle a failli pleurer de joie contre lui. Plus tard, elle a pensé qu'il avait dû préparer cette phrase dès le matin et que, même s'il avait trouvé sa fille en train de faire le trottoir, il aurait eu du mal à s'empêcher de la prononcer. Mais ce n'était pas grave, au contraire, ce n'était pas seulement de la sensiblerie, c'était aussi une preuve d'amour. Il était prêt à être fier d'elle, même si sa vie ne ressemblait pas à ce qu'il avait peut-être rêvé pour elle."
ISBN 978 2 7427 8108 9 - 12€ - janv 2009
Denise Jallais ~ Les couleurs de la mer (extraits)
"L'hiver est comme une orange ouverte
Et je suis assise au fond de l'hiver
A manger des pépins
Toi, tu lis le journal
Et son ombre sur le mur
Est comme une feuille de Yucca
Dans un jardin"
"Assise sur la dune
Je regarde les feux du carrefour
Rouges pour arrêter ton coeur
Jaunes pour t'ensoleiller
Verts pour te permettre
Et les voitures roulent sous la pluie
Comme dans une brume jaillissante
Vers l'odeur mêlée de la plage et des chênes verts
Je regarde les feux du carrefour
Sages comme des phares de mer
Et ton ombre changeante
Qui grandit lentement
Du fond de la route"
"Mon corps dans tes yeux
Allume de petits poignards verts
Tu aimes mes cheveux et mes jambes
Mon coeur et ma bouche
Mais moi je n'aime plus t'aimer"
(Seghers, 1956)