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Les lectures d'Antigone ...

Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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27 janvier 2009

Où en étais-je ? Philippe Beaussant

OUENETAISJEVoilà un roman (récit ?) qui commence tout innocemment... Un écrivain est assis à sa table de travail, devant sa fenêtre. Devant lui, au delà des carreaux vitrés, se tient la place du village. Soudain, une voiture rouge, incongrue, s'y arrête. L'écrivain, tout à sa concentration artistique, cherche un adjectif à attribuer au véhicule : "galbée" puis "belle Américaine galbée" sont des définitions qui lui viennent finalement à l'esprit... Heureux de sa trouvaille, il reste malgré tout circonspect devant cet engin rutilant, perturbateur de concentration qui gêne son regard. Il n'a qu'une envie, qu'on le laisse tranquillement écrire son livre, peuplé de personnages du XVII ème siècle , tout en continuant de s'inspirer des villageois qu'il observe, et c'est ce qu'il fait...
Mais lorsque la création finit par se mélanger au réel, l'écrivain prend peur !


Ce petit roman est un drôle d'objet, une sorte d'OVNI, un écrit produit entre deux temps, qui parle du temps justement, celui de l'écriture, du temps passé et du temps présent, et de la frontière étroite qui lie le réel à l'imaginaire.
J'en ai aimé la lenteur, le fouillis apparent, la chute. J'ai aimé suivre l'écrivain dans son quotidien d'écrivain, entre inspiration, réflexions et pauses romanesques. J'ai aimé aussi sa manière d'appréhender les figures de son village, les diverses perturbations qui viennent rompre le fil de ses pensées, son imaginaire burlesque. Malgré cela, il m'a manqué peut-être un peu de profondeur pour véritablement en apprécier la teneur sur toute sa longueur, car attention certains virages d'écriture peuvent sembler difficiles à négocier. Allez, soyons honnête, cet écrit m'a tout de même suffisamment intriguée pour désirer lire davantage Philippe Beaussant...

Un extrait...
"Les gens qui ne savent pas ce que c'est qu'écrire un livre disent "il rêve". Ils ont tort.
En musique, on appelle cela une "pause". C'est un moment extraordinaire, dont on ne mesure pas toujours la richesse. Rien ne se passe. Les instruments se sont tus. La chanteuse aussi. Et dans ce silence, dans ce vide, dans cette absence de son, résonnent les notes du dernier accord, qui sont encore présentes - non pas dans l'air, mais dans notre mémoire, durant cette seconde où les sons qui n'existent plus règnent sur ceux qui n'existent pas encore. Aucun instrument, aucune voix ne les a fait entendre, et déjà ils sont présents, aussi réels et aussi vrais que si nos oreilles avaient pu les percevoir. Leur existence est rendue indispensable, nécessaire. Comme si le souvenir du passé engendrait le futur. Comme si ce qui n'existe plus engendrait ce qui n'existe pas. Le silence, c'est l'un des plus étonnants miracles de la musique.
Je rêve, disiez-vous ?
Pardon. Où en étais-je ?
Mais justement... Si un livre, avec ses caractères, ses majuscules, ses italiques, ses paragraphes, pouvait dessiner ce qu'on pense et lui donner tout simplement une forme comme voulut faire jadis Apollinaire, il faudrait que je laisse ici tout simplement une demi-page blanche : la marque d'un vide."

bouton3 Note de lecture : 3.5/5

Merci Clarabel !

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26 janvier 2009

Déjà !

d_j_Hé quoi ?... Déjà ?... Amour léger comme tu passes !
A peine avons-nous eu le temps de les croiser
Que mutuellement nos mains se désenlacent.
Je songe à la bonté que n'a plus le baiser.

Un jour partira donc ta main apprivoisée !
Tes yeux ne seront plus les yeux dont on s'approche.
D'autres auront ton coeur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t'en faire un reproche.

Quoi ? sans moi, quelque part, ton front continuera !
Ton geste volera, ton rire aura sonné,
Le mal et les chagrins renaîtront sous tes pas ;
Je ne serai plus là pour te le pardonner.

Serait-il donc possible au jour qui nous éclaire,
A la nuit qui nous berce, à l'aube qui nous rit,
De me continuer l'aumône éphémère,
Sans que tu sois du jour, de l'aube et de la nuit ?

Sera-t-il donc possible, hélas, qu'on te ravisse,
Chaleur de mon repos qui ne me vient que d'elle !
Tandis que, loin de moi, son sang avec délice
Continuera son bruit à sa tempe fidèle.

La voilà donc finie alors la course folle ?
Et tu n'appuieras plus jamais, sur ma poitrine,
Ton front inconsolé à mon coeur qui console,
Rosine, ma Rosine, ah ! Rosine, Rosine !

Voici venir, rampant vers moi comme une mer,
Le silence, le grand silence sans pardon.
Il a gagné mon seuil, il va gagner ma chair.
D'un coeur inanimé, hélas, que fera-t-on ?

Et bien, respire ailleurs, visage évanoui !
J'accepte. A ce signal séparons, nous ensemble...
Me voici seul ; l'hiver là... c'est bien... Nuit.
Froid. Solitude... Amour léger comme tu trembles !

Extrait de Le beau voyage, Henry Bataille

25 janvier 2009

Le père de la petite, Marie Sizun

lep_redelapetite"Ton père va rentrer. Ces mots-là. Vivants désormais. Comme une menace."

France est une fillette de quatre ans qui vit seule, dans un appartement parisien, avec sa mère, Li. Au dehors, il y a l'occupation, la guerre. Nous sommes en 1944. Leur douce complicité suffit amplement à "la petite", qui n'a qu'un intérêt mesuré pour cet homme que l'on nomme dans les conversations son "petit papa" et dont la photographie souriante trône sur le buffet. Elle ne le connaît pas, elle ne l'a jamais vu. Ainsi, lorsque ce père, prisonnier de guerre libéré, revient vivre auprès d'elles, tentant d'imposer son autorité, tout est chamboulé...

Je découvre avec ce court roman, qui se déguste d'un trait, l'écriture de Marie Sizun. Et je dois dire que j'ai été séduite.
Le père de la petite est le récit qu'une petite fille devenue grande mène pas à pas. Elle raconte son histoire, ce moment de son enfance, que l'on soupçonne douloureux. L'utilisation de la troisième personne permet à la narratrice de garder les émotions au creux du roman, de les tenir à distance, et cela rend d'autant plus poignant les lignes d'écritures. Il y a du drame familial, des secrets, des conversations derrière les portes, des disputes dont l'enfant, cachée sous la table du salon, tentera de faire un puzzle bancal.
Ce petit livre met le doigt sur ces secrets de famille qui détruisent, sur la place du père, sur ce moment particulier de notre Histoire qu'est la l'occupation et la libération de Paris, et sur le monde enfantin peuplé de rêves et d'incompréhensions. Une bulle d'émotion, à l'écriture fine et sobre !paris_se_lib_re

Un extrait...
"Tout est différent à présent, la petite le voit bien. Maintenant, c'est lui qui commande. Le père. Une autre vie commence, avec de nouvelles règles du jeu.
Ainsi, il y a des choses très simples qu'il est interdit désormais de faire. Par exemple écrire sur les murs, ou dans les livres. Ou chanter. La première fois que, sans y penser, la petite a entonné un de ses chants guerriers d'autrefois, le père a surgi, criant qu'elle lui cassait la tête, lui intimant l'ordre de se taire. La mère, effrayée, est intervenue à son tour, a pris la petite à part, parlant à mi-voix des migraines du père, de sa maladie, expliquant, priant, avec un drôle de visage. La petite, maintenant, se tait. Elle est étonnée, mais elle se tait.
Elle ne comprend pas ce qui se passe. Ne saisit pas ce qu'on veut qu'elle fasse. Ce que veut son père. Elle comprend seulement qu'elle n'est pas comme il faudrait qu'elle soit. Qu'elle dérange. Qu'elle déplaît. Oui, qu'elle déplaît. Et c'est bien la chose la plus difficile à admettre pour celle que sa mère appelait "sa bien aimée"."

bouton3 Note de lecture : 4/5

Arléa - Mai 2208 - 8€

Cette lecture est un livrevoyageur en provenance de chez Liliba, un grand merci à elle !!

La lecture d'arlette, celle d'Anne, celle d'Annie
Sylire a eu la chance de rencontrer Marie Sizun, et c'est par ici

24 janvier 2009

Baby can I hold you

Tracy Chapman - Baby Can I Hold You

et je lis, je lis, je lis...

23 janvier 2009

Moment d'écoute

Comme je vous l'annonçais en blog-it, je me suis donc rendue mercredi soir à une lecture publique menée par Didier Daeninckx...
La salle était pleine. Arrivée un peu tardivement, je me suis retrouvée grâce à quelques chaises rajoutées juste en face de lui. Voilà qui était bien intimidant mais bien pratique aussi pour écouter...

Didier Daeninckx nous a lu des nouvelles inédites (qui seront publiées l'année prochaine) et un article (extrait de La Mémoire longue), appuyant de ses gestes et de sa voix les phrases auxquelles il semblait tenir le plus, les adjectifs décisifs.
Ses récits sont baignés d'une atmosphère particulière, d'alcool, de tropiques et de livres, mais également empreintes d'admiration (Jack london, Billy Wilder, Willy Ronis).

Il nous a ensuite raconté quelques anecdotes, sur la création des fameux Poulpe par exemple, ou comment naissaient ses articles, comment ils pouvaient s'intégrer ensuite dans ses livres...

Je suis ressortie de ce moment d'écoute enchantée. Didier Daeninckx est un écrivain engagé, riche de multiples influences, dont il me tarde de lire à présent les livres. Lequel me conseilleriez vous ? 

Biographie de son éditeur Verdier : Né en 1949, à Saint-Denis, Didier Daeninckx a exercé pendant une quinzaine d’années les métiers d’ouvrier imprimeur, animateur culturel et journaliste localier. En 1984, il publie Meurtres pour mémoire dans la « Série Noire » de Gallimard. Il a depuis fait paraître une trentaine de titres qui confirment une volonté d’ancrer les intrigues du roman noir dans la réalité sociale et politique.
Plusieurs de ses ouvrages ont été publiés dans des collections destinées à la jeunesse (Syros-Souris Noire, « Page Blanche » chez Gallimard, Flammarion). Il est également l’auteur de nombreuses nouvelles qui décrivent le quotidien sous un aspect tantôt tragique, tantôt ironique, et dont le lien pourrait être l’humour noir.
Il a obtenu de nombreux prix (Prix populiste, Prix Louis Guilloux, Grand prix de littérature policière, Prix Goncourt du livre de jeunesse...), et en 1994, la Société des Gens de Lettres lui a décerné le Prix Paul Féval de Littérature Populaire pour l’ensemble de son œuvre.

Son site personnel

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22 janvier 2009

Nous y sommes

logoSi vous ne connaissez pas encore ce logo, à gauche, je vous invite à rapidement cliquer dessus. Mais qu'est-ce donc que ce nouveau site ? ... Le début d'une énorme base de données autour de nos blogs de lecture.
Kesalul et Madame Charlotte ont en effet entrepris pour nous un travail titanesque dont le but est le suivant : regrouper tous nos avis sur les livres (voilà qui résoud également nos problèmes de recherches de liens).
Alors, un grand chapeau à elles deux pour ce nouveau lieu au contenu riche et à l'esthétique irréprochable !!!

21 janvier 2009

Rose (et Roméo aussi)

...un titre de Hiroko Ohmori

roseetromeo

"Le Printemps est là et l'amour est dans tous les coeurs !"
Roméo n'a besoin de personne. Enfin, c'est ce qu'il pense.
"Il croit qu'il peut se débrouiller tout seul."
Mais ce n'est pas réellement vrai.
Finalement, Roméo reçoit la visite de son amie Rose...

Voici un titre, petit format, affublé d'une couverture rose bonbon qui a beaucoup plu à ma grande fille. Elle a eu, avec lui, le sentiment de sortir pour une fois des lectures enfantines et de lire enfin un livre "de grand".
Un Roméo bougon face à une Rose délicate, voilà qui est bien drôle.
Il permet une lecture à deux niveaux, les plus jeunes goûtent l'histoire d'amour en suivant l'intrigue générale, et les plus grands rient sous cape aux notes d'humour glissées en apparté.

Ce titre est la suite de Roméo jamais content.

A lire Un billet chez Ricochet-jeunes

ISBN 978 2 35021 102 2 - 12€ - 2007

20 janvier 2009

Encore...

...un artiste découvert chez Ptitlapin, et apprécié. Merci à elle !!
Il s'appelle Evgeniy Monahov et les couleurs de ses oeuvres sont magnifiques.

collagemonahov

D'autres tableaux par ici.

19 janvier 2009

Nés en 68

nes_en_68_0

1968. Catherine, Yves et Hervé ont vingt ans, sont étudiants à Paris et s'aiment. La révolte du mois de mai bouleverse leur existence. Gagnés par l'utopie communautaire, ils partent avec quelques amis s'installer dans une ferme abandonnée du Lot. L'exigence de liberté et la recherche de l'accomplissement individuel les conduisent à faire des choix qui finissent par les séparer.
1989. Les enfants de Catherine et Yves entrent dans l'âge adulte et affrontent un monde qui a profondément changé : entre la fin du Communisme et l'explosion de l'épidémie de sida, l'héritage militant de la génération précédente doit être revisité. (Synopsis par fandecinema.com)

Quel plaisir que de pouvoir enfin vous proposer une belle découverte en matière de DVD ! Depuis quelques temps en effet, s'amoncellent dans mon escarcelle plusieurs déceptions...

Avec ce titre, je dois avouer que j'étais au départ bien dubitative, la participation de Laetitia Casta sans doute...et bien j'avais tort. Elle survole ce film avec grâce et beauté, sensualité, et "presque" avec talent, dirais-je. paysage_4

Quel peut donc être l'intérêt de visionner une saga si longue (2h50 !!) ? Pour ceux qui ont eu le plaisir de lire, et d'aimer lire, Les années de Annie Ernaux vous trouverez ici cette même lecture intime de l'histoire de France de ces dernières années, très intéressante et enrichissante. Ensuite, il est prenant de suivre l'enthousiasme d'un groupe d'étudiants, rempli d'utopies, puis leurs désillusions, les routes de chacun, la déliquescence. Et cette question lancinante, qu'avons nous donc retenu de mai 68 ?

Vraiment, je vous recommande chaudement ce film dont le plaisir de visionnage a été une réelle bonne surprise, inattendue !!

Déjà diffusé sur Arte en octobre 2008...


Nés en 68 sur ARTE
envoyé par arte

18 janvier 2009

La grosse, Françoise Lefèvre

la_grosse"L'amour qu'on vit n'est jamais celui qu'on attend"

Céline Rabouillot est devenue garde-barrière. Pour elle, dans cette petite maison de campagne qu'on lui alloue, loin de tout, tout est synonyme de liberté. Enfin, elle a trouvé un lieu où elle peut rêver à son amour perdu, oublier son enfant disparu, et se cacher. Car Céline est grosse, très grosse, si grosse que pour les autres, sa simple vue semble être une offense. Pourtant, Céline est belle, mais peu le voient, seulement ce vieil homme qu'elle entoure de ses soins, Anatolis, et puis aussi Sylvestre et Noémie, dont elle s'occupe si bien.

Ce petit livre est un poème. Que vous dire de plus ? Nous entrons avec les mots de Françoise Lefèvre dans un univers de sensations qu'on ne refermera qu'à regrets au terme des pages tournées.
Beaucoup d'images me sont venues à l'esprit pendant ma lecture, très colorées, poétiques ou romanesques. Il y eut même quelques paysages russes, froids, des rues de Paris, l'hiver, l'été, la chaleur, le bruit des oiseaux, le silence... Et puis, j'ai pensé aux personnages de Botero, à leur grâce particulière, et je me suis dit que ce roman c'était ça, ce mélange, et au milieu une femme rousse, belle, grosse, qui sublime le présent et étreint - un peu, beaucoup - le coeur.botero

Les premières lignes...
" et s'il fallait un commencement, on pourrait dire que rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde-barrière. Il paraît que c'est la vie. Un jour on se retrouve dans une de ces maisons minuscules, isolées tout au bord de la voie ferrée, avec la responsabilité de lever et d'abaisser la barrière quand passent les trains. Les gens croient qu'on est là depuis toujours. D'ailleurs, ils ne se posent pas la question en franchissant le passage à niveau que Céline vient de leur ouvrir. Personne ne vous pose de questions. Personne ne vous demande rien. Jamais. Juste ils disent : "Tu as vu la grosse ?" D'une certaine façon, on est là depuis une éternité, puisque depuis une éternité on répète des gestes simples. Inlassablement. Chaque jour. Aux mêmes heures. On est une grosse garde-barrière. Immobile. Figée dans le temps. Lente si lente. Une lenteur de vaisseau. On est là, statue de Pâques face à l'horizon. Statue de sel aux portes de Sodome. Femme pétrifiée dans la lave du Vésuve. Garde-barrière dans un musée de cire. Coulée dans la cire. Cire perdue. Rejetée. Laissée pour compte."

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

Cette lecture est un livrevoyageur en provenance de Chez Florinette !! Merci pour le prêt !

La lecture de Cathulu ...et celle d'Anne

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Les lectures d'Antigone ...
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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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