A imprimer...
Je me suis rendue compte que je n'avais pas inséré quelques fichiers, présents dans mon ancien blog, dans ce blog-ci. Voici donc, un petit fascicule à imprimer - cadeau du site Un endroit - de quelques textes écrits il y a quelques temps... 047_Coll_Bandoneon_On_vous_ment_C_Antigone_1_ (cliquer sur le titre ci-contre).
Si ça vous chante !
Pour découvrir les autres bandonéons à télécharger, il s'agit de jeter un oeil par ici.
Bonne journée et bonne lecture !!
Des histoires à dormir debout
Mais que se passe-t-il dans notre maison lorsque nos paupières se ferment ?
1) Les meubles et la vaisselle se mettent à danser...si si, je vous assure.
"La maison s'endort, s'endort. Dort la pendule à coucou, dort le chat, dort le petit garçon... Puis, tout doucement, une musique envahit la maison endormie et chacun se met au rythme de l'enchantement..."
[Un album envoûtant qui a fasciné ma grande fille de 7 ans. A lire tout doucement, en chuchotant, juste avant d'éteindre la lumière. Effet sommeil garanti !!]
2) Les doudous s'animent et prennent soin de nous...mais chut, c'est un secret !!
"Chaque nuit, la chambre doit être entièrement inspectée. Tous les tiroirs. Le moindre recoin. Nous regardons même derrière les rideaux, et si nous nous sentons vraiment courageux...sous le lit."
[C'est vrai maman, m'a-t-on demandé ? Euh... Comment avouer que j'y croyais presque un peu lorsque j'étais petite. Et vous ?]
G comme...
...Nikki Gemmel et ses Noces sauvages (apparemment épuisé chez 10/18, quoi ? Est-ce possible ? Un changement de maison d'édition, sans doute...)
Alors, oui, bien sûr, j'ai hésité, il existe tellement de noms prestigieux dans cette lettre G... Il y a le théâtre de Giraudoux, de Grumberg, les beaux romans de Brigitte Giraud...oui, mais voilà, je me souviens avec tant d'émotions de cette lecture là.
L'histoire ?
Snip est une femme ardente et sauvage, vagabonde ... Elle passe, ne s'attarde pas, ne s'attache pas. Elle recherche son père, Bud, elle cherche des réponses, part en quête de vérité. Le lecteur chemine avec elle au coeur de l'Australie, sur des routes désertiques, côtoie des hommes rudes, la communauté aborigène...
Les toutes premières lignes...
"Ce récit couvre six mois de la vie de Snip Freeman, une femme qui ne fit rien pour sauver un homme de la noyade. C'était une artiste accro aux boulots de serveuse, une vagabonde. Trop de nuits de sommeil imprégnaient l'étoffe élimée de son sac de couchage. Elle n'avait pas de port d'attache, était libre comme l'air. Quand elle trouvait un endroit à son goût, elle s'y dégotait un homme, un atelier et un gagne-pain, jusqu'à ce que le doute vienne lui siffler aux oreilles, lui intimer de reprendre la route.
Un chèque est à l'origine de cette histoire. L'enveloppe qui l'apporta était bleuie par la crasse et, pour être passée entre trop de mains, fine comme du papier à cigarettes. Elle mit deux mois pour atteindre Snip. Le montant du chèque était conséquent et les instructions jointes, tapées à la machine, brutales : Traque le !"
Voici donc ma lettre G, incluse dans un abécédaire admiratif qui commence à doucement s'étoffer, grâce à vous. Encore, une fois, je vous demande de me donner à votre tour un nom d'auteur correspondant à cette lettre !? Merci, et bonne journée !!!
Les réponses en commentaires, et en images ci-dessous (dès que possible...ce soir !) :
...
Le trou
"Tu te couches dans le trou
il a ta forme
ta taille
l'odeur de ton oreiller
ton lit froid
Tu montes
et tu descends
tu es sa respiration
son rythme cardiaque
son poumon
si tu l'étouffes
tu t'étouffes
Au fond du trou
Tu peux pourir
ou germer
Il t'appartient
c'est peut-être tout
ce qui t'appartient
aménage le
ton petit trou
tu es chez toi"
(Un auteur et un blog à découvrir : Thomas Vinau http://etc-iste.blogspot.com)
ISBN 978 2849 2406770 - 12 € - JANVIER 2008 www.editionsducygne.com
Un nouveau titre en parution : Les chiens errants n'ont pas besoin de capuche
Ma soeur, mon amour, Chitra Banerjee Divakaruni
J'avais beaucoup aimé lire La maîtresse des épices, puis les nouvelles de Mariage Arrangé, et Bel Gazou lors de notre rencontre sur Nantes a eu la belle et la généreuse idée de m'offrir celui-ci. En effet, sa lecture m'en avait déjà donné l'envie... Merci bel gazou, car ce livre est un vrai coup de coeur !!
L'histoire...
"Sudha et Anju, deux cousines élevées comme des soeurs dans la maison familiale de Calcutta, sont inséparables. L'une est belle, l'autre pas ; l'une est patiente et douce tandis que l'autre n'est que révolte et scepticisme. Pourtant, devenues "jumelles de coeur" dès la naissance, elles sont unies par une affection d'une force peu commune.
Le Bidhata Purush, maître des destinées, ne s'est pas montré tendre envers elles. La mort de leurs pères les a fait naître, les marquant aux yeux de tous d'une tache indélébile. Sous le regard de leurs trois "mères", leur amitié va être confrontée aux épreuves du mariage forcé et au poids d'un lourd secret. Chacune prête sa voix à ce conte moderne et passionné où se fondent les senteurs, saveurs et mythes de l'Inde, la force de l'aimitié et les chaînes des traditions." (Quatrième de couverture)
Il ne m'est pas fréquent d'aimer à ce point les personnages d'un roman en cours qu'ils semblent me suivre dans mes tâches quotidiennes et que je prenne à ce point un plaisir évident à les retrouver une fois le livre ouvert de nouveau devant moi.
Ici, Sudha et Anju se donnent la parole, chacune à leur tour, racontent l'Inde, ses mystères, ses lois, ses parfums et la difficulté d'être de jeunes femmes dans un monde régi par des traditions fortes et contraignantes. Ce roman trouve sa force dans l'évocation des sentiments fraternels qui lient les deux jeunes filles, dans la résolution de leurs amours, mais également dans une intrigue qui concilie avec talent suspense et romantisme. La dernière page m'a laissée frustrée et séduite car il y a une suite ! Je vais donc lire très bientôt La liane du désir.
Un extrait...
"A la fin de ces soirées, les mères passent en revue les fiancés possibles. Nous n'avons pas le droit d'assister à ces discussions. Les mères ne veulent pas nous remplir la tête d'idées romantiques qui pourraient n'aboutir à rien. Une fois les garçons sélectionnés et les pourparlers entamés, on nous donnera des détails.
Ainsi quand l'heure des chansons s'achève, tante N nous dit d'une voix faussement joviale : "Maintenant, allez, mes enfants." Pishi ouvre le coffre rangé dans un coin de la pièce et en sort plusieurs enveloppes jaunes épaisses, rédigées de l'écriture en pattes de mouche de la marieuse, et les mères se rapprochent afin d'étudier une fois de plus les propositions.
"Je crois que nous devrions les voir, nous aussi, ai-je dit un jour. Il se pourrait que ceux que vous sélectionnez ne soient pas ceux qui nous plairaient."
Pishi a paru hésiter, mais tante a rétorqué : "Précisément. Vous choisiriez les moins convenables, et après nous en aurions pour des semaines de disputes.
- Fais-nous confiance, Anju, a dit maman. Nous voulons votre bonheur, encore plus que vous ne le voulez vous-mêmes."
Que pouvais-je ajouter à cela ?"
Note de lecture : 5/5 ( et je vous conseille par la même occasion les autres titres de cette auteure indienne de talent !!!)
De la bibliothèque
"Ce matin, en regardant les livres sur mes étagères, je me disais qu'ils n'ont pas conscience de mon existence. Ils ne prennent vie que parce que je les ouvre et tourne leurs pages, et pourtant ils ne savent pas que je suis leur lecteur."
(Extrait de Journal d'un lecteur, Alberto Manguel)
Reviens...Reviens-moi
Au milieu des années 30, dans une grande demeure victorienne d'Angleterre, la famille Tallis chasse l'ennui et la canicule comme elle peut. Briony, 13 ans, un peu sauvage, s'essaie avec passion à l'écriture, tandis que sa soeur aînée succombe aux charmes de Robbie, le fils d'une de leurs domestiques. Mais un soir, alors que tous partent à la recherche de deux enfants en fugue, une jeune fille subit un viol dont Briony, désorientée et seule témoin, accusera formellement Robbie, marquant pour toujours le destin du jeune homme et celui de sa soeur...
Ce film, sorti en DVD courant août, et adapté du roman Expiation de Ian McEwan est magnifique !! Il me tardait de le voir. Je ne suis pas déçue. En effet, outre l'aspect mélodramatique du thème (kleenex obligatoires), chaque plan est d'une qualité rare et chaque scène une broderie délicate, aussi belle à l'envers qu'à l'endroit. Je m'explique. Joe Wright (le réalisateur) a eu la belle idée de jouer avec le spectateur, de nous planifier des aller-retours, quelques pièges et des scènes imaginaires. A voir absolument, si ce n'est déjà fait !!
La bande-annonce en VOST...
Bensé
Non jamais au grand jamais
Regardez, est-ce que je tremble ?
Non jamais, plutôt crever
Que laisser la vie me descendre...
Un album dans la poche...
En prévision des vacances, j'avais fait une petite sélection d'albums poches, faciles à lire, colorés et pas trop chers. Comme mes enfants (3 et 7 ans) ont été enthousiasmés, je vous présente aujourd'hui celui-ci :
"Des vaches tranquilles et sans histoire vivaient dans un pré à côté de la voie ferrée. Elles aimaient regarder passer les trains. C'était leur seule distraction."
Oui, mais voilà, un beau matin les trains ne passent plus et nos vaches s'ennuient ferme. Jusqu'au jour où Gertrude, une de leur congénère, venue d'ailleurs, les rejoins dans leur prairie et leur parle d'un pré extraordinaire. Les vaches se mettent tout à coup à rêver...
[Si vous ne pouvez résister à la vue d'une vache qui se balance sur une balançoire ou glisse sur un toboggan, cet album est fait pour vous !!]
ISBN 978 2 278 06152 5 - 4.90 € - 2008
La marche du cavalier, Geneviève Brisac
"A partir d'une remarque de Vladimir Nabokov ("J'ai des préjugés contre toutes les femmes écrivains. Elles appartiennent à une autre catégorie", Ndlr) Geneviève Brisac interroge les formes que revêt l'écriture des femmes, les figures de leur style, et en décrypte le sens caché. De Karen Blixen à Virginia Woolf en passant par Jean Rhys, elle explore onze manières d'écrire - c'est-à-dire onze manières de penser et de sentir le monde." (extrait de la quatrième de couverture)
Il a été amusant pour moi de commencer ce livre, et je comprends Geneviève Brisac, sa colère: "J'écris ce livre sous le coup de la colère ou sous le coup du chagrin.". J'ai moi-même essayé, autrefois, sans doute mal conseillée, de bâtir un mémoire de maîtrise sur les écrits américains de Vladimir Nabokov. Après avoir lu tous ses livres, parcouru plusieures de ses interviews, j'ai fini par détester le personnage, malgré la qualité évidente de certains de ses romans, un auteur imbu de lui-même et macho à souhait. J'ai renoncé à mon mémoire, pour d'autres raisons, mais celle-ci ne fut pas la moindre, je n'avais plus d'attrait pour mon sujet...
Pour revenir à La marche du Cavalier, Geneviève Brisac semble s'inspirer ici du pamphlet célèbre de Virginia Woolf, Une chambre à soi (ce qui n'est guère étonnant), et nous parle de l'écriture au féminin, de ses auteurs fétiches (Jane Austen, Grace Paley, Flannery O'Connor, Rosetta Loy, Ludmila Oulistkaïa, Karen Blixen, Alice Munro, Sylvia Townsend Warner, Jean Rhys, Christa Wolf, etc), de la difficulté d'être femme et écrivain, et de ces phrases que la littérature porte depuis toujours en elle, ces phrases si masculines, des thèmes peu abordés en littérature, de l'enfant qui prend tant de place aux quotidien et si peu de place dans les pages de nos livres, etc...
Mais qu'est-ce donc que cette "marche du cavalier" ?
"L'oeuvre de Grace Paley est un commentaire constant de la phrase de Virginia Woolf : "Il faut inventer une phrase nouvelle, naturelle, et qui convienne aux manières d'être et de penser des femmes."
Une phrase assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience - comme disait Baudelaire -, qui prenne la forme naturelle de la pensée sans l'écraser ni la déformer. Un jour, il y a bien longtemps, on a renoncé aux corsets, aux jupes à paniers, aux chapeaux hauts de forme, aux cannes à pommeau doré, aux ombrelles, et aux cochets.
Marguerite Duras ou Nathalie Sarraute, par exemple, ont réfléchi à cela, et illustré cette phrase respirée autrement, cette oralité construite, cette nervosité sophistiquée, la "marche du cavalier", l'humour invisible qui donne envie de dire à leurs lectrices :"J'aurais pu écrire cela, c'est exactement les mots qui me manquaient."
Une lecture difficile à noter, hors cadre, que je recommande chaudement aux écrivains en herbe, au féminin, en parallèle avec Une chambre à soi !