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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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9 avril 2009

Bonace

cequ_ilfautdepatience"L'amour parfait que j'ai pour toi et que tu ne peux me rendre aujourd'hui, me laissera-t-il pantelant ou plus riche, de toi de moi et du monde, je tourne et je retourne le gant de mes pensées, quel chahut tu as mis dedans ma pauvre vie, chaque nuage passe avec une étoile sur le dos, comment aurais-tu pu savoir tout ce tout, et toi, l'amour, d'où te sera-t-il adressé et vers qui ? Je suis en souffrance de toi, c'est si peu de douleur et tellement de bien, cet accident, un ange se serait-il égaré en chemin, à qui, un jour, tu confieras le miracle de ton amour, ce qui éclate en déraison avec la force et l'effroi des tempêtes, j'ai tellement de bourasque dans mon pays, ce soir, elle a passé les seuils de ma maison, je ne protège rien, je lui offre nu mon visage et je me donne tout à sa violence pure, j'attends, je t'attends, je t'imagine dans la bonace*."

Bernard Bretonnière, Ce qu'il faut de patience, éd. le dé bleu, 1999

La fiche du livre sur le site éditeur - L'idée bleu - Un autre titre lu, avec plaisir...

*définition trouvée sur internet : "Calme, tranquillité de la mer après ou avant une tempête; Tranquillité, repos."

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17 mars 2009

Sage danse Mars

dadala glace casse une lampe fuit et la trompette jaune est
    ton poumon et carré les dents de l'étoile timbre poste
    de jésus-fleur-chemise la montre tournez pierres noires.
dans l'âme froide je suis seul et je le sais je suis seul et
    danse seigneur tu sais que je l'aime vert et mince car
    je l'aime grandes roues broyant l'or fort voilà celui
    qui gèle toujours
marche sur les bouts de mes pieds
vide tes yeux et mords l'étoile
que j'ai posée entre tes dents
siffle
prince violon siffle blanc d'oiseaux

Vingt-cinq poèmes - Tristan Tzara

23 février 2009

L'amateur de poèmes

paul_valerySi je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style.

MAIS je n'ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon insupportable fuite.

UN poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je respire une loi qui fut préparée ; je donne mon souffle et les machines de ma voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence.

JE m'abandonne à l'adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se compose, d'après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes magnifiques ou purs, dans la résonnance. Même mes étonnements sont assurés : ils sont cachés d'avance, et font partie du nombre.

MU par l'écriture fatale, et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens chaque parole dans toute sa force, pour l'avoir indéfiniment attendue. Cette mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, mais une chance extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ; et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement prévoyante,- aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement achevée.

Paul Valéry

26 janvier 2009

Déjà !

d_j_Hé quoi ?... Déjà ?... Amour léger comme tu passes !
A peine avons-nous eu le temps de les croiser
Que mutuellement nos mains se désenlacent.
Je songe à la bonté que n'a plus le baiser.

Un jour partira donc ta main apprivoisée !
Tes yeux ne seront plus les yeux dont on s'approche.
D'autres auront ton coeur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t'en faire un reproche.

Quoi ? sans moi, quelque part, ton front continuera !
Ton geste volera, ton rire aura sonné,
Le mal et les chagrins renaîtront sous tes pas ;
Je ne serai plus là pour te le pardonner.

Serait-il donc possible au jour qui nous éclaire,
A la nuit qui nous berce, à l'aube qui nous rit,
De me continuer l'aumône éphémère,
Sans que tu sois du jour, de l'aube et de la nuit ?

Sera-t-il donc possible, hélas, qu'on te ravisse,
Chaleur de mon repos qui ne me vient que d'elle !
Tandis que, loin de moi, son sang avec délice
Continuera son bruit à sa tempe fidèle.

La voilà donc finie alors la course folle ?
Et tu n'appuieras plus jamais, sur ma poitrine,
Ton front inconsolé à mon coeur qui console,
Rosine, ma Rosine, ah ! Rosine, Rosine !

Voici venir, rampant vers moi comme une mer,
Le silence, le grand silence sans pardon.
Il a gagné mon seuil, il va gagner ma chair.
D'un coeur inanimé, hélas, que fera-t-on ?

Et bien, respire ailleurs, visage évanoui !
J'accepte. A ce signal séparons, nous ensemble...
Me voici seul ; l'hiver là... c'est bien... Nuit.
Froid. Solitude... Amour léger comme tu trembles !

Extrait de Le beau voyage, Henry Bataille

17 janvier 2009

Air magique

livre_fen_treLà-haut sur le toit même souffle un air magique
Frisant continuel le flot et les forêts
Un air si rare au milieu des formes tragiques
Harmonieuses par l'intense ciel creusé ;

L'air baigne
Les poumons et le coeur et la chair ou douleur
Le chagrin l'espérance et la mélancolie,
L'air revêtu de foin et d'absente chaleur,

Effaçant jusqu'aux haines d'un amour - magique,
Des forêts comme l'orgue aux prologues du vert
Il engendre un grand être
Jouant le vrai théâtre en notre éternité.

Pierre Jean Jouve, Moires

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11 janvier 2009

Amos Oz

amos_oz"Le seul voyage dont on ne revient pas les mains vides est intérieur."

22 décembre 2008

De l'écriture... et de la disparition

_criture"[...] y a-t-il un prix à payer pour écrire, pour avoir le droit de franchir cet "au-delà", cette face obscure du miroir ? L'écriture se mérite-t-elle par des sacrifices comme une déesse païenne et impie réclamant son dû, sa part de malheur et de sang ?"
Alain POZZUOLI

"Quand nous écrivons, plus rien n'existe. En somme, nous nous supprimons du monde sans avoir besoin de nous détruire. C'est un privilège qui classe la littérature."
André BLANCHARD

(Source : édito de Joseph VEBRET, Le Magazine des livres, déc08 et janv09)

18 décembre 2008

Charles Ferdinand Ramuz

ramuzLe jour de notre noce, j'y pense tout le temps,
il fera un soleil comme on n'a jamais vu ;
il fera bon aller en char
à cause du vent frais qui vous souffle au visage,
quand la bonne jument va trottant sur la route
et qu'on claque du fouet pour qu'elle aille plus fort.

On lui donnera de l'avoine,
en veux-tu, en voilà ;
on l'étrillera bien qu'elle ait l'air d'un cheval
comme ceux de la ville ;
et trotte ! et tu auras ton voile qui s'envole,

et tu souriras au travers
parce qu'il aura l'air
de faire signe aux arbres,
comme quand on agite un mouchoir au départ.

On se regardera, on dira : "On s'en va,
on commence le grand voyage ;
heureusement qu'il n'y a pas
des océans à traverser."
Et quand nous serons arrivés,
la cloche sonnera, la porte s'ouvrira,
l'orgue se mettra à jouer ;
tu diras oui, je dirai oui ;
et nos voix trembleront un peu
et hésiteront à cause du monde
et parce qu'on n'aime à dire ces choses
que tout doucement à l'oreille.

Extrait de Le Petit Village

4 décembre 2008

Andrée Chédid

terreetpo_sieTerre et poésie (extraits)

Vivre en poésie, ce n'est pas renoncer ; c'est se garder à la lisière de l'apparent et du réel, sachant qu'on ne pourra jamais réconcilier, ni circonscrire. [...]

Si la poésie n'a pas bouleversé notre vie, c'est qu'elle ne nous est rien. Apaisante ou traumatisante, elle doit marquer de son signe ; autrement, nous n'en avons connu que l'imposture. [...]

Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde aux solitudes ; mais aussi, nul n'a plus besoin que sa terre soit visitée. [...]

La poésie - par des voies inégales et feutrées - nous mène vers la pointe du jour au pays de la première fois.  [1956]

17 novembre 2008

Le poème

phare

Détruire les mots
Presser le silence
Au carrefour chaque visage et chaque phare
Menaceront la ville

Mais tu progresses
Invincible présence du poème

La nuit dans ma pensée tu entraînes la mer
L'ombre roule en labours paisibles
Se déploient les prairies les eaux

Que le ciel se descelle
La langue se délie
Le poème bat comme un coeur et je respire dans son souffle

Sur les chutes de neige ou de fruits riches
Sur les buissons de bourgeons et d'oiseaux
Qu'il étende l'éclair d'une cinquième saison.

Jeanine Mitaud (Départs, 1953)

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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