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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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1 mai 2012

L'art poétique

À Charles Moricemuguet

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

 Paul Verlaine

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22 mars 2012

cela semble plus facile

antoineemazavec du ciel bleu
l'été encore

on n'avance pas plus vite
mais on peine moins
à se porter
se supporter

avant
même en marchant
on dansait dans sa tête
maintenant on se traîne

bouger
malgré

Antoine Emaz

Extrait de Plaie - Ed Tarabuste 2009

Une petite carte, trouvée en bibliothèque... et quelques traces encore du Printemps des Poètes. Vivement l'été !

22 février 2012

"Ce qu'un autre aurait fait aussi bien que toi, ne le fais pas.

andrégideCe qu'un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas - aussi bien écrit que toi, ne l'écris pas. Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même."

André Gide

Une petite citation extraite de L'atelier noir d'Annie Ernaux. Il n'y aura pas de billet sur cette lecture d'ailleurs, je l'ai abandonnée... Mon attention défaillante du moment n'a pas suffisamment été retenue par ce journal d'écriture difficile à suivre hors contexte mais intéressant pour qui se pencherait globalement sur cette oeuvre qui explore le Moi avec talent. 

 

 

13 décembre 2011

Lumière

lumierenoelUne petite tache brille entre les paupières qui battent. La chambre est vide et les volets s'ouvrent dans la poussière. C'est le jour qui entre ou quelque souvenir qui fait pleurer tes yeux. Le paysage du mur - l'horizon de derrière - ta mémoire en désordre et le ciel plus près d'eux. Il y a des arbres et des nuages, des têtes qui dépassent et des mains blessées par la lumière. Et puis c'est un rideau qui tombe et qui enveloppe toutes ces formes dans la nuit.

Pierre Reverdy - in Plupart du temps

21 octobre 2011

A perte de vue

Dans le sens de mon corps

Tous les arbres toutes leurs branches toutes leurs feuillesAPERTEDEVUE
L'herbe à la base les rochers et les maisons en masse
Au loin la mer que ton oeil baigne
Ces images d'un jour après l'autre
Les vices les vertus tellement imparfaits
La transparence des passants dans les rues de hasard
Et les passantes exhalées par tes recherches obstinées
Tes idées fixes au coeur de plomb aux lèvres vierges
Les vices les vertus tellement imparfaits
La ressemblance des regards de permission avec les yeux que tu conquis
La confusion des corps des lassitudes des ardeurs
L'imitation des mots des attitudes des idées
Les vices les vertus tellement imparfaits

L'amour c'est l'homme inachevé.

In La Vie immédiate, Paul Eluard - 1932

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9 septembre 2011

Un extrait...

vous_parler_d_elle"J'attends papa, je garde le toit, il disait toujours que c'était la partie la plus importante d'une maison. Le menteur et moi, on cherchait une maison et toujours j'entendais mon père mentionner le toit. Le menteur opinait, comme à tout ce que disait mon père, il lui racontait beaucoup de salades, comme à moi, une fois il l'a même emmené au restaurant pour lui en faire manger. Mon père m'avait dans le coeur, il a dit que l'honnêteté était une qualité essentielle, et le menteur acquiesait, mon père lui disait qu'il devait être franc, le menteur répondait qu'il voulait qu'on parte vivre à la campagne, dans une maison aux deux bureaux séparés par une vitre. On a tous trouvé étrange le coup de la vitre. Il a dit à mon père qu'il m'avait dans la peau, qu'on était issus de la même eau, sale je dis aujourd'hui, croupie, il a dit à mon père qu'il était nécessaire à ma vie, qu'il saurait s'occuper de moi."

Extrait de Vous parler d'elle de Claire Castillon, Le livre de Poche, 2006

Une jeune femme revient sur sa vie, de manière obsessionnelle et avide, et les souvenirs d'enfance affluent. De l'exubérance des faits évoqués, il est difficile de démêler ce qui est vrai, et ce qui ressort simplement de l'imagination, de la folie. Le lecteur est en plein brouillard.
Malgré une écriture superbe, frôlant parfois le jet lumineux d'une écriture automatique inspirée, il est évident que ce titre ne restera pas ma meilleure lecture de l'auteure.

Acheté sur un coup de tête dans une toute nouvelle boutique vendant des livres d'occasions, découverte par hasard en bord de mer (Aladin "Aux milles et une occasions"/St Gilles Croix de Vie). Je n'ai pas pu résister.

14 août 2011

En cours de lecture...

inspiration1"Je me réveille d'un seul coup, aveuglée par un rayon jaune m'expulsant de mes rêves. Il fait pourtant nuit noire.
J'entends la voisine s'agiter doucement de l'autre côté de la cloison. Je fais le moins de bruit possible. Je n'allume pas. Je ne veux pas qu'elle me croit insomniaque. Je n'aimerais pas entendre quelque chose sur mon tapage nocturne interne. Je me déplace à pas de loup.
J'erre, je ne pouvais pas rêver meilleur lieu que mon appartement pour une promenade nocturne. Ce qui est étrange, avec la piqûre d'écriture, c'est la réalité des contours, la précision des perspectives, le calcul des angles, la prise de mesure, la table du temps, l'absorption des lumières, tout est vu, traité, retenu. L'oeil importe, la mémoire engrange, la machine mentale ne se repose pas. Il faudrait pourtant, parfois, faire le vide un moment. Mais le monde entier sollicite, convoque, appelle, appelle au secours."

Extrait de Les Cris de Claire Castillon, in Le Livre de Poche, Mai 2011

Claire Castillon, c'est toujours assez dérangeant, spécial, fascinant... et drôlement bien écrit.

28 juillet 2011

Juste avant l'oubli

couv_products_62811Mes extraits préférés...

L'averse crépite sur le toit
Rouler vers le ciel le plus
sombre
Et dans la voiture, chanter.

Clapotis-ronds dans l'eau
Bleue contre un ciel gris
La piscine s'ennuie.

La terre renverse le ciel
Il pleut
Des pétales de roses.


 

Mon image préférée
Ton sourire
Lorsque tu te retournes.

 

 

Après avoir lu le récit de mon expérience, Bel Gazou s'est prise au jeu de l'édition en ligne, et nous a concocté un délicieux petit livre alliant photos et textes, un objet à son image. En bonne place dorénavant sur mon étagère "poésies".

La vie à la manière d'un haïku.
De simples instants.
Des mots pour se sentir vivant.
Jusque quelques mots, le coeur battant.
 The BookEdition - 8.07€

La fiche du livre

14 juin 2011

Dans le petit wagon belge

Tandis que t'appuyant à la vitre brouilléetrain
Qui sait donner au jour la douceur d'un regard
Tu guettes, comme le chasseur guette un chevreuil,
Le passage de la frontière dans les bois,
Et que, malgré le train qui me cogne le dos,
Je fais peser toute mon âme au même point
Pour deviner si quelque chose va finir
Et si commencera quelque chose, des hommes,
Prisonniers avec nous de ce lieu fugitif,
Nous entourent d'une pensée où l'on a chaud.

Ils sont nés avant nous, dans une autre patrie.
Ils vivent. Le milieu de leur face barbue
Tient une pipe courte et fait un bruit de mots.
Tu ne vois pas leurs yeux qui se collent sur nous
Comme des mouches bleues sur des pêches sucrées.
C'est en vain que ton âme est penchée au dehors.
Ramène-la. Ne cherche pas à te défendre.
Sens l'impalpable exil nous entrer dans la peau,
Imprégner l'épaisseur de la chair, membre à membre ;
Sens le monter, comme la force du sommeil
De tes pieds à ton coeur, et de ton coeur au mien.

In Le voyage des amants, Jules Romains

9 mai 2011

En cours de lecture...

que_nous_devenons"Les femmes que nous devenons une fois que nous avons des enfants [...]

Notre corps se transforme, nous achetons des chaussures plates, nous nous coupons les cheveux. Nous commençons à trimballer dans nos sacs des biscottes grignotées, un petit tracteur, un bout de tissu mâchouillé et adoré, une poupée en plastique. Nous perdons tonus musculaire, sommeil, faculté de raisonnement, perspective. Notre coeur vit hors de notre corps. Les enfants respirent, mangent, rampent et ... regardez ! Ils marchent et se mettent à nous parler. Nous apprenons à avancer centimètre par centimètre, à nous arrêter pour examiner chaque bâton, chaque caillou, chaque boîte de conserve écrasée qui jonche le chemin. Nous nous habituons à ne plus fréquenter les endroits que nous aimions. Nous apprenons peut-être à cuisiner, à repriser, à poser des poches aux genoux des salopettes. Nous nous habituons à vivre avec un amour qui nous submerge, nous étouffe, nous aveugle, nous enchaîne. Nous vivons. Nous considérons notre corps, notre peau distendue, les fils argentés sur nos tempes, nos pieds curieusement plus larges. Nous apprenons à moins nous regarder dans la glace.[...] Nous ne supportons plus les retards des bus, les gens  qui se bagarrent dans les rues, ceux qui fument dans les restaurants, les rapports sexuels passés minuit, l'inconsistance, la paresse, le froid. En croisant des jeunes femmes, nous remarquons leur cigarette, leur maquillage, leur robe moulante, leur sac minuscule, leurs cheveux soyeux, et nous nous détournons, baissons la tête et poussons notre landau en haut de la côte."

Extrait de Cette main qui a pris la mienne de Maggie O'Farrell
Je me régale, indubitablement.

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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