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Les lectures d'Antigone ...

Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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8 février 2010

Manteau de neige, Craig Thompson

blankets4"Je voulais le ciel.
Et j'ai grandi en m'efforçant d'obtenir de ce monde...
un monde éternel."

C'est l'histoire d'un premier amour qui nous est conté dans la BD dont je vous parle aujourd'hui, mais ce n'est pas que cela. Manteau de neige évoque tout d'abord l'enfance d'un petit garçon nommé Craig (l'auteur), une enfance vécue dans la crainte de Dieu, une enfance dure où les grandes personnes enferment les enfants capricieux dans des cagibis, en veulent à leur corps, une enfance ou même la nuit ne permet pas la fuite car il y a ce petit frère remuant avec qui Craig partage un lit forcément trop étroit. Une impression si forte d'être différent, anormal, seul.
Plus tard, il y a heureusement cette rencontre avec une jeune fille, Raina, sous le biais d'une "classe de neige paroissiale", l'amour qui nait et le départ vers la famille de la jeune fille, une semaine de vacances partagée entre pudeur, découverte de l'autre, des autres, différents. La vie tout simplement avec ses doutes, ses questionnements, et ses non-réponses.
La tentation de suivre enfin, après la déception, cette voie que la paresse de chercher plus loin dicte, la tentation de croire à une vocation qui n'existe pas.

manteaudeneigeDe cet album, j'ai aimé la fluidité des dessins, l'aspiration des planches qui nous entraîne à tourner les pages de plus en plus vite vers la fin. J'ai aimé également la voix singulière qui s'échappe des vignettes mais qui reste universelle. Qui n'a pas connu cet émoi des premiers amours ? La distance entre des émotions de jeune adulte et cette réalité de n'être encore que de grands enfants, devant rendre des comptes.
Et puis, il y a cette évocation, très forte et poignante, du rigorisme religieux qu'à subit enfant l'auteur né dans le Winsconsin, au sein même d'une amérique extrêmement puritaine. Etre ainsi menacé des flammes de l'enfer, évoquer le diable avec des éclairs dans les yeux, puis le ciel avec des étoiles, façonner ainsi dans la crainte de jeunes esprits...voilà qui m'a remuée plus qu'il ne faudrait.

Ce gros volume, en forme d'autobiographie, va conserver une place de choix dans ma bibliothèque et m'inciter à fouiner plus sérieusement dans cette collection de chez Casterman.

Merci Bel Gazou !!

Casterman (2004)

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7 février 2010

Un royaume de femmes, Anton Tchékhov

unroyaumedefemmes"Lorsque nos regards se rencontrèrent, nos forces nous abandonnèrent tous deux, je la serrai dans mes bras, elle appuya son visage sur ma poitrine et des larmes coulèrent de ses yeux ; couvrant de baisers son visage, ses épaules, ses mains mouillées de larmes -oh ! que nous étions malheureux ! - je lui avouai mon amour, et je compris, avec une douleur poignante au coeur, combien était vain, mesquin et trompeur tout ce qui nous avait empêchés de nous aimer. Je compris que lorsqu'on aime, il faut, si l'on veut raisonner sur son amour, partir d'un point de vue plus élevé, plus important que ceux de bonheur ou de malheur, de péché ou de vertu, dans leur acceptation courante, ou ne pas raisonner du tout."

Dans ce bref recueil, deux nouvelles se côtoient, deux nouvelles sur le thème de l'amour et de ses aléas.

Dans la première, une jeune et jolie femme, Anna, est à la tête d'une entreprise dont elle a hérité de son père. A la veille des fêtes de Noël, elle tente maladroitement de donner aux plus miséreux. Consciente de son manque de savoir, de ses faiblesses et de ses privilèges, elle rêve d'être soutenue par un homme, et pourquoi pas par ce bel ouvrier, Pimenov, qui semble ne pas être si insensible qu'il n'y paraît à ses charmes.

Dans la seconde nouvelle, un homme raconte son passé comme une anecdote, cette histoire d'amour tue, transparaissant dans le secret de gestes et de rencontres amicales, où les sentiments sont réciproques mais non vécus faute d'audace.

Encore une fois, je suis sous le charme d'une atmopshère, russe. Ah, les malentendus de l'amour ! Ces deux nouvelles sont extraites d'un recueil plus large La Dame au petit chien et autres nouvelles. Et j'adore la couverture, pas vous ?

bouton3 Note de lecture : 4/5

Et de nouveau, grand merci à ma prêteuse !!

6 février 2010

Le hérisson...en DVD

dessins_palomaL'histoire d'une rencontre inattendue : celle de Paloma Josse, petite fille de 11 ans, redoutablement intelligente et suicidaire, de Renée Michel, concierge parisienne discrète et solitaire, et de l'énigmatique Monsieur Kakuro.

A voir finalement peut-être, et simplement, pour le jeu de Josiane Balasko et les petits dessins de Paloma...
Sinon, l'histoire est extrêmement réduite aux faits et la finesse philosophique du livre (L'élégance du hérisson de Muriel Barbery pour ne pas le nommer) est à peine effleurée...
Dommage.
Seulement, qui ne voudrait pas fouiner dans cette bibliothèque secrète cachée aux regards indiscrets du voisinage, qui ?

3 février 2010

Sous l'Oeil d'Oedipe...

sousl_oeild_oedipeHier au soir, j'étais au théâtre pour assister à la représentation de Sous l'Oeil d'Oedipe, une version du mythe orchestrée par Joël Jouanneau. 2h30 en compagnie de la maison des Labdacides, et plus particulièrement du personnage d'Antigone, comment manquer cela ?!

L'intérêt de ce spectacle est de brosser l'ensemble de l'histoire sanglante de cette famille maudite, auparavant éparpillée en plusieurs écrits, et de partir de la révélation de la souillure suprême (Oedipe coupable d'inceste et de parricide) pour clore le drame par la mort d'Antigone.

J'ai apprécié ce spectacle malgré sa longueur. Je suis seulement un peu chiffonnée que l'amour qu'Antigone porte à son frère Polynice soit transformé ici en amour incestueux...mais cela donne une structure logique à l'ensemble (donc passons)...et que son combat soit dans la pièce sommairement et rapidement brossé (ici Oedipe garde la vedette, c'est ainsi).
Jacques Bonnafé (Oedipe), Hedi de Clermont-Tonerre (Tirésias) et Mélanie Couillaud (Euménide) m'ont particulièrement bluffée, j'ai été moins séduite par les autres acteurs, mais on se fait toujours une image personnelle et physique des personnages de papier, alors cela me semble aller de soi.

sousl_oield_oedipephoto

Ce spectacle est en tournée.

"Sous l'oeil d'Oedipe n'aurait pu s'écrire sans Sophocle et Euripide. N'entendant rien au grec ancien, je n'ai pu les rencontrer que par leurs traducteurs. Ce sont eux qui ont guidé les premiers pas de mon voyage intime au coeur du mythe, je tiens donc à tous les remercier. Il reste que plus de vingt-cinq siècles me séparent des deux poètes grecs. C'est très peu, certes, cela donne du moins le temps de lire." Joël Jouanneau

1 février 2010

Sonietchka, Ludmila Oulitskaïa

sonietchka"Seigneur, Seigneur, qu'ai-je donc fait pour mériter un tel bonheur..."

Sonia travaille dans une bibliothèque. La solitude et la lecture sont son quotidien mais aussi son plaisir. Un jour, un homme plus âgé qu'elle, un peintre, la demande en mariage. Ils ne partagent pas les mêmes goûts littéraires, les difficultés matérielles s'ammoncellent, mais le bonheur est là, limpide. Sonia ne lit plus.
Les tâches ménagères, puis plus tard, la naissance de leur fille Tania combleront largement sa vie. Autour de Robert, reconnu tardivement pour ses oeuvres, et de sa fille, un peu légère, graviteront peu à peu un cercle d'habitués qui n'auront pas de prise sur le calme paisible de cette femme que l'âge épaissi et que le sentiment d'un bonheur sans failles ne quitte plus...

Lire Ludmila Oulistaskaïa est comme une récrétation tranquille dans le flot de mes lectures du moment. J'aime énormément la littérature russe, ces vies brassées entre le labeur, la pauvreté, le regret d'un monde passé et qu'occupe parfois l'attrait d'une Europe occidentale lointaine et indifférente.

Ce court récit laisse un sentiment de beauté diaphane, de douceur et d'injustice floue, le sentiment aussi d'avoir croisé une belle âme au coeur simple et aux gestes généreux. Un joli moment de lecture.

"Au milieu de la désolation de la vie en évacuation, au milieu de cette misère, de cette détresse, et de la frénésie des slogans dissimulant à peine l'horreur sous-jacente au premier hiver de la guerre, on se demande où Robert Victorovitch, à bout de forces, et Sonietchka, fragile de nature, trouvèrent l'énergie de bâtir une vie nouvelle, recluse et solitaire comme une tour swanne, et qui pourtant mêlait leurs passés désunis sans y opérer la moindre coupure : la vie, de Robert Victorovitch, brisée comme le vol d'un papillon de nuit aveuglé, avec ses revirements  foudroyants et joyeux du judaïsme aux mathématiques, pour finir par ce qu'il y avait de plus important pour lui - un barbouillage inepte et fascinant, comme il définissait lui-même son métier - et la vie de Sonietchka, nourrie des inventions livresques d'autrui, mensongères et captivantes."

Née en 1943, Ludmila Oulitskaïa est une auteure phare du renouveau de la littérature russe.

bouton3 Note de lecture : 4/5

Grand merci à ma prêteuse !!

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31 janvier 2010

Ces livres dont les héros sont libraires

lelibraireBientôt, je dois présenter devant un petit groupe de lecteurs Le libraire de Régis de sa Moreira. Je sais que ce livre rencontre un accueil très partagé sur la blogosphère. Pour moi, ce fut une belle découverte, un véritable coup au  coeur, une réminiscence par le biais du poétique de moments réellement vécus en librairie, voilà pourquoi j'ai tout spécialement choisi ce livre pour cet exercice un peu intimidant.

J'ai le sentiment que les discussions vont être houleuses, ou émerveillées telles que je les espère. Nous verrons bien.

Tout cela pour vous dire qu'aujourd'hui j'ai besoin de vous. Une fois n'est pas coutume, en ce dimanche d'hiver, je sollicite vos méninges afin que vous puissiez me donner des pistes de lectures à conseiller, des titres de romans dans lesquels vous vous souviendriez avec certitude qu'au moins un des héros est libraire. Il est nécessaire que son rôle soit important, et que ce soient de préférence des livres que vous ayez aimé !! Merci à vous !

Voici les titres que je retiens déjà...

L'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon où l'histoire d'un petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - que son père emmène un jour dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville » : L'Ombre du Vent.

Dans Miel et Vin de Myriam Chirousse, un des personnages est libraire. Dans son intérieur, les livres servent de murs, de tables, de chaises et forment un cocon dans lequel Judith trouvera le réconfort et un abri.

84 Charing Cross (Hélène Hanff) relate la correspondance qui s'établira entre Helene Hanff, depuis New York, et la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes. Vingt ans plus tard, ils s'écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l'intime, presque à l'amour.

Vos pistes de lectures...merci !!

Dans Le libraire de Selinonte de Vecchioni "le narrateur raconte son éveil à la littérature, à la poésie des mots lus à haute voix par un étrange libraire. Des passages magnifiques d’œuvres aussi diverses que L’Œdipe à Colone de Sophocle, de textes de Pessoa, de Tolstoï, Dante, Proust et Borges sont  présentés et commentés par un enfant Nicolino qui les entend, caché derrière une pile de livres." (La lecture complète de Mirontaine)

Au bon roman de Laurence Cossé : "Qui, parmi les passionnés de roman, n'a rêvé un jour que s'ouvre la librairie idéale ? Non pas ce qu'on appelle une bonne librairie, où l'on trouve de bons romans, mais une librairie vouée au roman où ne sont proposés que des chefs-d'oeuvre ? En se lançant dans l'aventure, Ivan et Francesca se doutaient bien que l'affaire ne serait pas simple. Comment, sur quels critères, allaient-ils faire le choix des livres retenus ? Parviendraient-ils un jour à l'équilibre financier ? Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'était le succès." (La lecture de Sandrine)

Brookyn Folies de Paul Auster : Nathan Glass a soixante ans. Une longue carrière dans une compagnie d'assurances à Manhattan, un divorce, un cancer en rémission et une certaine solitude ne l'empêchent pas d'aborder le dernier versant de sa vie avec sérénité. Sous le charme de Brooklyn et de ses habitants, il entreprend d'écrire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu'il a croisés, rencontrés ou aimés. Un matin de printemps de l'an 2000, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood, perdu de vue depuis longtemps. C'est ensemble qu'ils vont poursuivre le rêve d'une vie meilleure à l'hôtel Existence...
et Jours de Juin de Julia Glass : "Jours de juin est construit sous la forme d'un triptyque où se succèdent trois étés dans la vie des McLeod. À la mort de sa femme, Paul entreprend un voyage en Grèce. Là-bas, il s'éprend d'une jeune artiste peintre. Son fils aîné, Fenno, a fui l'Ecosse pour New York où il tient une librairie. Fenno noue une amitié particulière avec son voisin, Mal, critique musical, flamboyant gay atteint du sida. La perte douloureuse qui s'ensuivra transformera sa vie." (Ces deux livres sont conseillés par Florinette)

Lettres à mon libraire est un ouvrage collectif édité aux éditions du Rouergue en septembre 2009. (sur une idée de Caro)

1280 âmes de Jean-Bernard Pouy : "Si Pierre de Gondol est le plus petit libraire de Paris, sa connaissance de la littérature tous azimut est considérable. C'est ainsi qu'un matin, l'un de ses clients, dérouté par la lecture d'un célèbre roman de Jim Thompson, vient lui demander où sont passés les cinq personnes oubliées dans la traduction de ce texte qui, en anglais, se nomme Pop 1280 et, en français, 1275 rimes : Pierre va alors se transformer en détective littéraire, pour retrouver dans d'autres livres, mais aussi en effectuant le voyage jusqu'aux États-Unis, la trace de ces étranges disparus. Une enquête littéraire haute en couleurs, qui revisite les grands textes tout en posant sur l'Amérique un regard débarrassé de bien des clichés" (Merci Sylire !)

L'amour est à la lettre A, de Paola Calvetti : "Rêves et sortilèges, c'est le nom qu'Emma a choisi de donner à la librairie qu'elle vient d'ouvrir à Milan. C'est le premier pas sur le chemin d'une vie qu'elle souhaite très différente. Elle ne choisit et ne vend que des livres consacrés à l'amour, vaste programme. C'est bien évidemment par l'intermédiaire d'un livre qu'elle retrouve Federico, architecte, installé à New York. Leurs retrouvailles vont donner naissance à une relation épistolaire, très belle et très intense, qui nous fait découvrir également New York à travers ses grandes bibliothèques et ses cafés littéraires..." (Merci Marie-Hélène !!)

Des héros/libraires sévissent également dans les titres suivants : Seule Venise de Claudie Gallay, La librairie Tanabe de Miyuki Miyabe, La Petite chartreuse de Pierre Péju, Laurence Block et sa série de libraire cambrioleur, Claude Izner et sa série de l'enquêteur/libraire Victor Legris, Le libraire de Kaboul de Anne Seierstad, La libraire a aimé de Sophie Poirier, Firmin de Sam Savage et Les yeux bleus de Mitassani de Jacques Poulin. (Merci Choco !)

Et enfin pour les québecquois, car ce titre ne semble pas disponible en France, Le libraire de Gérard Bessette (merci Lali !!).

30 janvier 2010

IN THE AIR...au cinéma

intheairRyan Bingham ne touche plus terre depuis bien longtemps, en fait son quotidien se résume à ceci : licenciements à la chaîne qu'il énonce sans émotion à la place d'employeurs craintifs - c'est son métier - , chambres d'hôtels, aéoroports. Son objectif personnel : ammonceler le plus de miles possibles sur la carte de fidélité d'une compagnie aérienne dont il est déjà un client privilégié.
Mais en dehors des sourires commerciaux des hôtesses de l'air, la vie de Ryan Bingham est bien pauvre, peu d'attaches, peu de rapports avec ses soeurs. Sa vie tient dans une valise, ou un "sac à dos", c'est d'ailleurs le credo qu'il enseigne dans des conférences sur le développement personnel.
La rencontre avec Alex, une femme qui lui ressemble tant et dont il tombera amoureux, et la compagnie d'une jeune collaboratrice sensible, modifieront son regard mais il n'est pas si facile de changer de vie et de poser sans risque enfin pied à terre.intheair1..

J'ai vu ce film hier au soir au ciné alors que le livre dont il est tiré, sorti ce même mois chez Lafon, attend sagement son tour dans ma PAL urgente. Ce n'est pas ce qui va me motiver pour l'ouvrir de suite, mais il est bien difficile de résister au sourire charmant et ravageur de Georges. Je n'ai donc pas résisté.
La première moitié du film est assez froide et difficile, elle suit le parcours de cet homme qui vit dans un monde aseptisé et dont le travail consiste à énoncer la phrase qui brisera bien des vies, "Madame (ou Monsieur), le poste que vous occupez est supprimé.". Puis, vient tout naturellement, comme dans toute bonne comédie qui se respecte, le basculement, l'humanisation, l'histoire d'amour qui peut tout bouleverser, la prise de conscience.
Rien de très original, donc, et pourtant...trottent depuis dans mon esprit les têtes à têtes retranscris, ces destins brisés, la communication lénifiante, la sauce verbale éhontée, qui est servie sur un plateau à des salariés effondrés. Là est le sujet du film et son grand intérêt.

29 janvier 2010

Des coeurs en poche

lesann_esDes années 50 à nos jours, Annie Ernaux parle d'elle, de son histoire personnelle, de ses parents, de ses enfants, de ses amants, et du monde, un monde vu par le petit bout de la lorgnette, mais un monde réel dans lequel nous avons vécu nous aussi. On se dit sans cesse, au fil de notre lecture "Ah oui c'est vrai", et on se surprend à sourire de nos paroles, à se souvenir des objets à présent délaissés du quotidien, à adhérer (ou pas) aux réflexions de la romancière sur les évènements de l'actualité.

Un roman magistral, peu lu dans la blogosphère, mais qui mérite largement qu'on s'y arrête. J'y ai puisé beaucoup d'émotion et d'enthousiasme !

(Ma lecture coup de coeur)

quitoucheMarie G. attend dans sa cellule l'heure de son exécution. Elle est une "faiseuse d'anges", une des dernières femmes guillotinées.
Lucie L. attend que son enfant sorte d'elle car rien ne doit toucher son corps. Elle procède à son deuxième avortement clandestin, loin d'un mari qui l'aime...sans doute, loin de l'amour de sa mère. Nous sommes en 1943.
Henri D., lui, est le guillotineur, celui qui va tuer la femme fautive, celui qui pense avoir déjà tué sa propre mère...par trop de fatigue et dépuisement. "Vous faites tellement de bruit les enfants. Tu m'épuises, Jules-Henri, tu me tues."

Chaque protagoniste du récit de Valentine Goby suivra le fil de son destin jusqu'au terme d'une histoire qui ne dure que 24 heures et qui oscille sans cesse entre la vie et la mort...
Un roman terrible et poignant qui transforme inévitablement son lecteur.

(Ma lecture coup de coeur)

28 janvier 2010

Le Voyage dans le passé, Stefan Zweig

levoyagedanslepass_"Et en cette seconde où, pris par surprise, il perdit le contrôle de soi, le rempart artificiellement dressé des faux-semblants s'effondra sur son coeur et, pris de brusques palpitations, il sentit à quel point le déchirait, douloureuse, mortelle presque, la perspective de vivre sans elle. La quitter, mon Dieu, Elle : comment avait-il pu y songer, s'y résoudre, comme si, pour ainsi dire, il s'appartenait encore, comme s'il n'était pas prisonnier de sa présence, ici, de toutes les griffes et de toutes les racines de ses sentiments."

Neuf ans après s'être avoués leur amour, s'être envoyés de multiples lettres, deux amoureux se retrouvent. La vie les a séparés. Il y a eu tout d'abord le départ de Louis au Mexique, la guerre qui n'a pas permis son retour, son mariage avec une autre, la distance.

Stefan Zweig a ce talent particulier de manier avec subtilité et une technique imparable les émotions de ses personnages. La montée en puissance des sentiments du jeune homme pauvre que la perspective d'enfin réussir sa vie étourdit est infiniment bien décrite, ainsi que cette explosion qui nait en lui, la révélation de ce qu'il éprouve pour la femme de son riche patron et bienfaiteur, son amour pour Elle.
Le voyage dans le passé est une courte nouvelle, au goût doux-amer, qui a réussi à me chambouler... L'épilogue, par ailleurs, se déroule sans fard, avec distance, et c'est un grand art que l'on aurait envie de rencontrer et de saluer à chaque lecture. Du Zweig, en somme.

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 978 2 246 74821 2 - 11€ - 10/2008

Merci Véro !!

27 janvier 2010

Hector, Magali le Huche

hectorHector, l'homme EXTRAORDINAIREMENT fort, est capable de choses époustouflantes.
Pourtant, une fois son numéro terminé, Hector est un homme discret. Il a installé sa caravane à l'écart, loin des regards, car il a un secret...

...il tricote.

Je n'avais pas eu de coup de coeur en matière d'albums pour enfants depuis très longtemps.
Il m'a fallu un emprunt de ma grande fille, ce livre trouvé dans son cartable ce matin, pour ressentir à nouveau une exaltation reconnaissable entre toutes, le plaisir de la découverte enthousiasmante.

Hector est l'homme fort du cirque extraordinaire dans lequel il travaille. Il est discrètement amoureux de Léopoldine, la danseuse, qui l'aime également en retour. Cet amour éveille cependant des jalousies dans leur entourage qui mettront au grand jour le secret inavoué d'Hector, sa passion du tricot. C'est compter sans la complicité des éléments, cette tempête extraordinaire  et inattendue qui va tout emporter sur son passage, les vêtements des saltimbanques y compris.

Un très bel album sur le respect des différences, sur la bêtise du sexisme en matière d'activités manuelles, un album rempli de pelotes de laine...

ISBN 978 2 278 05966 9 - 12.90€ - JUILLET 2008emmalit

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Les lectures d'Antigone ...
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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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