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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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8 février 2016

T'attendre (atelier d'écriture)

paris-la-belle

 Je me suis enroulée dans mon écharpe. Mon nez au dessus de la laine est froid, et brille un peu. Je t'attends. Je sais que tu vas arriver, tu n'es jamais en retard. C'est ce que j'aime d'ailleurs chez toi, c'est bête, cette ponctualité, le fait que jamais tu ne me laisses tomber dans l'angoisse de l'attente, tu ne voudrais pas. Je suis arrivée en avance, je me suis assise sur un bout de trottoir, la pierre est dure et gelée sous mes fesses, je sens sa dureté à travers mon jean. Je devrais me lever, marcher un peu, mais je reste assise. La vue que j'ai d'ici est belle, comme un tableau. Bouger ferait se transformer l'image, ce serait dommage. Plus bas, la Seine est aussi transie que moi, immobile. Au loin, la Tour Eiffel, la Grande Dame, semble attendre la nuit, un rendez-vous, ou que la journée passe. Elle se dresse sur le bleu du ciel, sombre et droite. J'aime quand le ciel se transforme ainsi, prend son air de entre chiens et loups. C'est l'heure des possibles, de l'inattendu. Et même si rien ne se passe, il y a comme un frisson dans l'air qui espère. T'attendre, c'est savoir déjà tes bras autour de moi, la chaleur de tes lèvres sur mon nez, puis sur ma bouche, l'étreinte. T'attendre, c'est être déjà avec toi. Ensuite, nous irons tous les deux marcher dans les rues, et si je glisse sur les pavés, tu me tiendras la main, comme tu le fais souvent. Tu me demanderas peut-être si j'ai oublié mes gants, si je préfère que nous allions moins vite. Ton pas s'accorde toujours au mien. Les secondes s'égrennent, tu ne vas pas tarder. Et je chiffonne entre mes doigts un coeur de papier qui s'est envolé jusqu'à ma chaussure, un reste de mariage sans doute. Le rose vif du confetti se détache violemment sur le bleu alentour, la nuit qui tombe doucement.
J'espère trouver les mots tout à l'heure, ceux qui disent je t'aime, je souhaite, et ceux qui disent pardonne moi

Crédit photo Leiloona - texte de fiction pour son atelier d'écriture Une photo quelques mots [ici]

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Commentaires
N
j'aime beaucoup te lire Antigone. Ta plume est fluide, tes histoires font toujours écho en moi et sur ce texte la chute est plus qu'inattendue. Une suite ! Une suite !! ;) merci pour ce beau moment de lecture
L
Moi je trouve que c'est une belle fin ce "pardonne moi" on sent qu'il y a encore tout un possible... Très beau texte Antigone :0)
S
On se laisse porter par les mots, par cette jolie histoire et puis patatra ! Contrairement à Claude ce "pardonne-moi" me fait peur. Sans doute parce que je ne veux pas être déçue par ce personnage auquel je me suis attachée en quelques phrases.
A
Merci Claude... et je ne saurais dire comment ce commentaire me touche de manière inattendue. ;)
C
Très bien décrit. Le "pardonne-moi" ne me fait pas peur. La personne qui attend a une telle sensibilité que celui qui va arriver ne pourra que succomber. Sinon il ne la mérite pas...
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