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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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emotion
16 septembre 2009

Assez parlé d'amour, Hervé Le Tellier (Rentrée littéraire 2009)

assez_parl__d_amour"Que celle - ou celui - qui ne veut pas - ou plus - entendre parler d'amour repose ce livre."

Anna et Louise sont deux femmes mariées, apparemment heureuses, qui ne se connaissent pas, mais qui vont vivre, à quarante ans et en simultané, la naissance d'un nouvel amour, tout neuf. Un amour bouleversant et régénérant. Leurs destins vont se croiser sans jamais se toucher, les sentiments envers leurs amants se développer en douceur, sans drame, comme une évidence.
La première rencontre Yves, écrivain. La seconde, Thomas, psychanalyste.

Près d'elles, les maris savent mais ne disent rien ; les enfants voient et acceptent, à peine inquiets.
Anna et Louise n'ont plus qu'à sonder en elles leurs désirs profonds pour guider leurs pas vers un avenir indécis mais amoureux.


Voilà une histoire, découpée en très courts chapitres, dans laquelle j'ai eu du mal à m'immerger totalement dans sa toute première moitié. Sans doute une indisponibilité d'esprit passagère, car le charme du récit a finalement réussi à me séduire. En effet, la banalité de l'adultère dépassé, nous plongeons dans une douceur de sentiments assez délectable, une description de l'état amoureux assez précise et jubilatoire.
J
'ai refermé ce livre, complètement enthousiasmée par ma lecture !

Par ailleurs, Hervé Le Tellier, l'auteur, est membre de l'Oulipo. J'ai donc cherché naturellement dans son roman une clé à comprendre, un code. Yves, l'écrivain de l'histoire, semble en donner un indice page 189 : « Yves veut écrire un roman à six personnages. Il associera chacun d’entre eux aux numéros des dominos, le zéro valant pour un personnage secondaire, jamais le même. Le roman reproduira le déroulement d’une partie de dominos abkhazes… », et l’on se prend à penser que l’on est sans doute en train de le lire ce fameux roman, pour lequel Anna suggère qu’Yves mette « amour » dans le titre ...

Mais ne rien savoir d'un éventuel stratagème préexistant, ne rien deviner de l’attribution des rôles, ne gêne en rien cette lecture, qui restera certainement pour moi un bien joli souvenir.

« Mentalement, Louise a d’abord rempli des listes, aligné des colonnes. Elle a construit un quadrillage aussi rationnel que les blocks d’une ville américaine. Une colonne Pour quitter Romain. Une colonne Contre. « Je t’aime encore », dans la colonne Pour. Ou plutôt, elle aime encore l’avoir aimé, c’est comme l’arrière-goût sucré d’un café. « Je ne t’aime plus », dans la colonne Contre. Ou plutôt, elle ne l’aime plus comme il faudrait qu’elle l’aime pour continuer à l’aimer. »

bouton3 Note de lecture : 4,5/5

ISBN 978 2 7096 3342 0 - 17€ - AOUT 2009

« Ce blog a décidé de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des romans de la rentrée littéraire ! "
Merci à Ulike et au site

            chronique_de_la_rentree_litteraire

Hervé Le Tellier sera présent en mai 2010 au Grand R (La Roche sur Yon) pour un stage d'écriture

La lecture de Cathulu - Et celle de Cuné...toutes les deux sont enchantées !!

Défi 1% littéraire 2009 : 5/7

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25 juillet 2009

Le dîner de moules, Birgit Vanderbeke

led_nerdemoules"[...] là, nous avons raconté pas mal d'histoires, assis tous les trois autour de la table pendant qu'il n'arrivait pas ; nous nous sommes aussi demandé pourquoi nous supportions tout ça. Cette question, mon père se la posait souvent aussi quand il était d'une humeur pourrie, il disait la plupart du temps je ne peux pas supporter ça ; tout de même, c'est de la tyrannie, on préfère ne pas avoir de vraie famille que d'en avoir une comme celle-là [...]."

Le ton vous est donné. Tout, pourtant, démarre assez doucement dans cette histoire, par la préparation familière d'un plat de moules, censé être l'apothéose d'une journée réussie. Le père va rentrer tout à l'heure, fier de la promotion qu'il a obtenu. La mère, et ses deux grands enfants, un garçon et une fille, l'attendent. On sent très vite une certaine opression à suivre le fil des pensées de l'aînée, celle qui raconte les évènements. Le style est vif, rapide, bourré de virgules, assez peu pourvu de points. Le souffle de la lecture est tendu, presque difficile à tenir mais colle parfaitement à ce qui est de moins en moins sous-entendu : le père attendu, mais dont on espère finalement qu'il n'arrivera pas, fait régner sur son foyer une tyrannie implacable, au nom de cette sacro sainte idée qu'il s'est faite, une réalité qui n'existe pas, celle d'une "famille parfaite".

"Ce qui manque à l'un, l'autre en a à revendre, disait-il, et tout compte fait, ce n'était pas si grave que ça pour moi, mais pour mon frère, qui était aussi le plus jeune, c'était plutôt grave. Mais c'était peut-être pour ma mère que c'était le plus grave, parce qu'elle devait veiller à ce que nous soyons une vraie famille, et ce n'était sûrement pas facile, car l'idée que mon père se faisait d'une vraie famille était précise, mais imprévisible parce que impénétrable, et aucun d'entre nous, surtout pas ma mère, ne comprenait cette logique [...]."

Ce roman de Birgit Vanderbeke est sorti en Allemagne en 1990. Il traite avec un humour féroce, et un détachement douloureux, de ce qui se terre parfois au sein des foyers, derrière les facades lisses du paraître, de la violence. Il remet en question l'idée que l'on peut se faire nous aussi, bien souvent, d'une "vraie famille" idéale, cette idée enfermante en soi, peu constructive. Une lecture qui remue, qui questionne et qui ne nous laisse en repos qu'avec les dernières lignes ! Pfiou...

"[...] seule ma mère a quelquefois dit vous devez aussi voir le bon côté des choses, vous devez voir aussi ce que votre père a de bon, et ensuite elle a dit, il faut quand même avoir de la compréhension ; mais ce soir-là, notre compréhension nous a quittés, elle est partie et n'est jamais revenue, nous avons dit, pourquoi toujours nous, et qui a de la compréhension pour nous [...]"

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 2 234 05239 4 - OCT 2000

Un grand merci à Anne !

23 juillet 2009

The Reader - cinéma

DavidKrossKateWinslet

Impossible de passer à côté de ce film, dont j'attendais la sortie depuis un long moment déjà... J'avais lu, il il y a de cela quelques années Le liseur de Bernhard Schlink (un très bon souvenir de lecture), ce film en est l'adaptation cinématographique, plutôt réussie.
Que vous dire, mis à part que Kate Winslet y est magnifique (Oscar de la meilleure actrice mérité), et il n'y a pas d'autres mots, autant par son jeu que par sa manière d'être avec son corps, gracieuse et disgracieuse, forte et fragile. Ayant pratiquement moi-même l'âge de son personnage (un peu plus en fait), voir évoluer cette femme avec ses rides et ses lourdeurs, sa beauté, m'a étrangement rassénérée. L'acteur qui joue l'amant adolescent (David Kross) est également impressionnant et surprenant, tout en hésitations, maladresses et passions... J'ai passé un très bon moment de cinéma en leur compagnie, l'image "lêchée" est sublime, les acteurs - donc - excellents (Nicole Kidman prévue pour le rôle aurait été moins crédible, il me semble), la montée en puissance assez bien faite. Alors, allez-y, courrez-y...on y parle également du pouvoir de la lecture et de l'impact de l'écriture sur le destin d'une vie, ce qui est évidemment pour nous intéresser, non ? Un film qui laisse le spectateur chaos, pour le moins !

L'histoire ?
Alors qu'il se terre sous le porche d'un immeuble, malade, Michaël, quinze ans, est soigné par une femme et reconduit chez lui. Il n'aura de cesse, ensuite, de croiser de nouveau sa bienfaitrice et deviendra son amant. Hannah, qui vit seule dans un petit appartement meublé, reste pourtant mystérieuse, se cachant derrière un rituel immuable. Elle souhaite que le jeune-homme lui fasse la lecture à haute voix. Un jour, elle disparaît sans explications. Des années plus tard, c'est au cours d'un procès auquel il assiste en tant qu'étudiant en droit que Michaël retrouve sa maîtresse, sur le banc des accusés.

Plus d'infos sur ce film

20 juillet 2009

"Je lui ai dit :

"Je t'aime", les yeu_clabousserx dans les yeux, on rêve... Je rêve !... Mais qu'est-ce qui me prend ?
Je ne lui ferai pas porter les valises qu'il n'aura pas à porter. Je voyage léger. J'ai fait le tri. Mes demandes ne seront pas celles d'une petite fille. Non pas parce que je ne l'écoute plus, mais parce qu'après lui avoir rendu la parole à cette petite fille, après l'avoir longuement écoutée, après avoir dialogué avec elle, nous sommes tombés d'accord elle et moi pour laisser vivre à l'adulte que je suis devenue une jolie histoire d'amour sans l'ombre des blessures, des carences survenues pendant l'enfance.
Ensemble, nous avons repéré les coups reçus et établi une sorte de carte. Je l'ai consolée et j'ai poursuivi le chemin après lui avoir certifié qu'elle n'avait pas résisté pour rien, promis que ma vie de grande personne serait à la hauteur de l'ambition et du courage dont elle avait fait preuve.
C'est ainsi que, depuis un certain temps, je marche dans la vie, façon poupées russes, avec, à l'intérieur de moi, de petits personnages qui changent de taille et quelquefois de couleur, animée de l'exigence d'une petite fille formidable à qui j'ai fait une promesse."

Extrait de Vue sur mer, Annie Lemoine

19 juillet 2009

Vue sur mer ~ La vie d'avant, Annie Lemoine

vue_sur_mer"Comment sait-on qu'une histoire d'amour est morte ? Quand l'un est mort. Ou avant. Pas toujours lorsqu'on le dit. Lorsque l'un le dit. Pas toujours lorsqu'il y en a une autre. Seulement, quand il n'y a plus d'amour, d'amour fait à deux, fait de deux amours mêlés.
Je vais t'aimer longtemps. J'espère qu'il me reste un long temps de vie. J'ai une ambition d'immortalité pour cet amour tout neuf." (Vue sur mer)

Un homme, une femme, un hôtel. Une histoire qui commence sans amour puis qui se termine avec.
Un homme dont l'épouse l'attend, chez lui, avec son enfant. Une femme, peut-être incapable de vivre l'amour, ou pas. On ne sait pas, on devine que cette fois-ci, pourquoi pas...

Annie Lemoine écrit avec son ventre, ou semble en tous les cas le faire. Difficile - donc - de rester insensible au charme de son récit malgré les quelques étrangetés stylistiques qu'elle se permet (une focalisation externe, un choeur, commente les faits et gestes des protagonistes, comme si l'on était au théâtre). J'ai aimé découvrir son univers littéraire par le biais de ce court roman. Il m'a semblé y déceler l'influence de Marguerite Duras, ou en tous les cas une similitude d'ambiance et d'effet recherché...

lavied_avant

"Pamela, je me demande si je ne joue pas contre moi, si je ne roule pas vitres ouvertes, insouciant et gai, vers la souffrance. [...]
Pamela, je suis comme tout le monde. L'amour provoque les mêmes effets secondaires à tous.
L'euphorie, la légèreté et, très vite, le manque quand on n'a plus sa dose. Quand l'image a disparu. Quand les sens ne sont plus repus. Quand on ne peut plus tendre la main et serrer une cuisse, un bras ou déposer un baiser au coin des lèvres.
Pamela, je ne t'ai jamais vraiment embrassée mais je sais exactement comment nous nous embrasserions et le souvenir de ce baiser qui n'a pas encore eu lieu m'anéantit." (La vie d'avant)

Elle, elle est fidèle. Elle s'appelle Pamela. Lui, il lui envoie des messages, des coups de téléphone, des propositions, il l'attend. Il n'attend qu'elle. Elle, elle tente de mettre fin à ses jours, pourquoi ? Lui, il est là, pour elle, il sera toujours la pour elle, il le sait, il l'aime. L'autre, celui avec qui elle vit lui a demandé, comme un service - à lui - de passer du temps avec elle. Comment refuser ?

L'écriture de ce roman-ci m'a beaucoup touchée, plus que celle du précédent. Annie Lemoine se met ici dans la peau d'un homme, un homme qui aime, avec une certitude absolue, qui a toutes les patiences, et les impatiences, d'un amoureux transi. Et la manière de l'auteure de lisser le récit dans ce texte, de le faire avancer, est assez émouvante et forte. Un joli récit.

bouton3 Note de lecture : 3.5/5

Ces deux romans sont également disponibles dans une version poche, unique, la version dans laquelle je les ai lus, pour tout vous dire, mais la couverture est tellement moins belle que j'ai lui ai préféré celles-ci pour illsutrer mon propos aujourd'hui... Mon exemplaire a été dédicacé lors de cette journée là - un excellent souvenir ;o) - et nous y avions rencontré, Anne et moi, une Annie Lemoine agréable et souriante, sensible, toute à l'image de son écriture...finalement.

ISBN 978 2 290 00157 8 - 5.60€ - 2007

Ce qu'Annie Lemoine dit de La vie d'Avant

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7 juillet 2009

De l'enfance et de la violence

banc_cole"Nell était isolée. Personne n'osait marcher à ses côtés pour aller à l'école ou rentrer. Bien trop risqué. Sa trousse était régulièrement pillée. On épinglait des mots sur le dos de son cardigan d'école. On brisait si souvent son thermos qu'Agnès a fini par lui donner une bouteille de lait en plastique tous les matins. On ne perdait pas une occasion de lui enfoncer la tête dans les toilettes infectes de la cour. [...]
Les élèves étaient grisées par leur propre cruauté, à la fois révoltées et fascinées de découvrir jusqu'où elles étaient prêtes à aller. Nell était la victime parfaite : elle se plaignait rarement, endurait tout tête baissée, acceptait leurs excès comme s'ils n'étaient que son dû. Elle a appris à pleurer juste au bon moment, quand leur soif était assez étanchée pour se calmer quelques temps. Elle a appris à se fondre dans les murs de la cour pour ne pas se faire remarquer ni attirer de vexations. Elle a appris des jeux auxquels elle pouvait jouer dans sa tête tout en gardant en permanence un visage de marbre. Elle a appris à se faufiler comme un animal apeuré, à se glisser dans et hors de l'ombre, à tirer les heures interminables de la récréation en marchant à grands pas silencieux derrière la tôle ondulée rouillée de l'abri.[...]
Durant toutes ces années de brimades, Nell n'a rien dit à sa mère. Agnès avait des soupçons, bien sûr. Comment n'en aurait-elle pas eu quand sa fille rentrait tous les jours couvertes de bleus, mais sans camarade qui puisse en être l'auteur ? Nell a hésité une ou deux fois, mais n'a pas pu se résoudre à se confier à sa mère. C'était comme une peau sombre et palpitante sous son épiderme. Elle sentait qu'elle serait physiquement malade si elle tentait d'en parler. Comment aurait-elle pu dire à une mère dévastée par la perte de son enfant de lumière que tout le monde haïssait le terne petit oiseau qui lui restait ? Non, cette pensée était trop proche de son coeur, trop proche pour être formulée ou, même, pour lui tirer des larmes."

Extrait de Pierres de mémoire de Kate O'Riordan

6 juillet 2009

Pierres de mémoire, Kate O'Riordan

pierres_de_m_moire"Nell passe ses mains sur son visage. C'est ça, songe-t-elle -le commerce quotidien, les transactions quotidiennes entre les humains, les peurs non formulées, les coups involontaires que l'on porte et que l'on reçoit-, c'est ça qui est réellement épuisant. Ca qui est sans fin."

Nell, parisienne depuis de longues années, irlandaise d'origine, a une vie bien réglée. Oenologue de profession, reconnue par ses pairs, affublée d'un caniche envahissant, d'un appartement propret et d'un amant occasionnel, elle "maîtrise". Bien entendu, elle n'est pas rentrée chez elle, en Irlande, depuis plus de trente ans, bien entendu, mais rien ne semble lui manquer, même pas sa fille Ali (qui lui rend visite de temps en temps), ni ses souvenirs. Un coup de fil au milieu de la nuit fera basculer l'équilibre précaire de sa vie, la forçant à ouvrir les portes de son passé. Un voisin s'inquiète pour Ali. Un mystérieux inconnu s'est immiscé dans la famille de la jeune femme et semble la faire chanter. Nell se lancera donc au secours de son enfant malgré ses craintes, franchissant pour cela enfin la frontière irlandaise, les grilles de son enfance et les émotions qu'elle parvenait jusque là à conserver à distance. 

Il est un peu dommage de ne rentrer dans un livre qu'un peu tardivement, en fait presque à la moitié d'une intrigue, car on en garde toujours un goût de dépit en fin de lecture. Et pourtant, Pierres de mémoire est un roman fort, à côté duquel il aurait été bien dommage de passer, aussi. Je m'explique. J'ai, en fait, assez peu adhéré à la période parisienne de Nell, à ses tribulations de quarantenaire aux prises avec un chien gâté, à son égoïsme de femme célibataire tenant l'homme qui l'aime hors de son quotidien. Heureusement, une fois l'Irlande inscrite au programme, les portes du pub familial ouvertes, la famille d'Ali (au bord de la déchéance) découverte, tout est enfin devenu intéressant. Nell, en tant que personnage, prend une dimension sympathique et les sensations sont omniprésentes. Je me suis surprise finalement à glisser quelques marque-pages au fil de ma lecture afin de conserver en mémoire quelques passages, ce qui est plutôt bon signe, pour le coup.
Pierres de mémoire est donc au final un roman à découvrir, indubitablement. Il nous parle avec énergie d'amour filial, des femmes, de la culpabilité, de ces choix de vie qui jalonnent sans cesse notre destin, des drames qui en marquent les détours, de tout ce qui fait notre imperfection, en bref de tout ce qui fait notre richesse humaine...et ce n'est pas rien.

"Elle prend une pierre entre ses doigts et la retourne. Surgit alors l'écriture familière de sa mère, avec ses caractères tracés à la hâte et ses grandes boucles penchant vers la droite. Le trait de feutre presque effacé maintenant, dissous dans la chaux. Elle soulève une autre pierre, puis une troisième. Certaines sont encore lisibles, d'autres n'ont plus qu'un texte flou. Mais toutes portent une date et un lieu. Pour se souvenir, expliquait Agnes. De moment particuliers."

bouton3 Note de lecture : 4/5

ISBN 978 2 07 078999 3 - 22.50€ - AVRIL 2009

Un grand merci à Cathulu !

La lecture d'Amanda, touchée - C'est un coup de coeur pour Aifelle -

29 juin 2009

L'année brouillard, Michelle Richmond

l_ann_ebrouillard"La seule chose dont je sois certaine, c'est que j'ai perdu Emma et que je dois la retrouver. La seule issue acceptable est la suivante : Emma, de retour à la maison, indemne. Mais tout ce qui conduit à cette issue recherchée, les étapes déterminantes par lesquelles je dois passer pour y arriver demeurent pour moi un mystère."

Abby, photographe, se promène avec Emma, six ans, sur une plage de San Francisco, Ocean Beach. Emma est la fille de l'homme qu'Abby aime et qu'elle doit épouser dans quelques semaines, Jake. Abby est heureuse parce qu'elle sent qu'ils forment déjà, à eux trois, une famille, que la petite commence à l'aimer un peu. Emma plonge ses mains dans le sable, à la recherche de coquillages tandis qu'Abby promène son regard de photographe sur la plage.
A un moment donné, elle détourne son regard de l'enfant pour observer le cadavre d'un bébé phoque. Oh à peine quelques secondes. Mais lorsque ses yeux balayent de nouveau la plage à la recherche de la silhouette familière, la fillette a disparu. Où est Emma ? Avec ténacité, et malgré les découragements de son entourage, Abby ne cessera de chercher, de creuser sa mémoire, et de tenter de réparer...

heart Me voici encore aujourd'hui sur ce blog avec un livre "coup de coeur", un livre dans lequel je me suis plongée avidement... Et pourtant, il s'agissait ici de se confronter avec cette peur ancestrale qu'est celle de la perte d'un enfant. Quand cette enfant a de plus le même prénom que la sienne, l'angoisse est décuplée et la lecture un peu masochiste. Mais j'ai bien fait, vraiment, de me faire un peu peur. J'ai pris énormément de plaisir à cotoyer Abby, à parcourir avec elle longuement Ocean Beach, à la recherche d'indices. J'ai aimé sa manière de voir le monde, ses remises en question, sa certitude absolue qu'elle allait retrouver l'enfant, la ramener à son père, vivante. Une lecture toute en émotion, à fleur de peau, qui crée des échos en soi, de toutes sortes, malgré soi. N'est-ce pas, réellement, tout ce que l'on demande à un livre ?
Ah oui - aussi - voici une lecture pendant laquelle je me suis dit, voilà comment j'aimerais écrire, exactement, et ce n'est pas si courant. Je salue donc aussi la traduction de Sophie Aslanides, qui y est sans doute pour quelque chose.

"Je veux qu'elle revienne, et le désir crée la substance à partir de rien. Je me souviens du moment où j'ai contourné le mur de béton, certaine de la trouver là. Je le voulais tellement que j'ai construit une image, et cette image était frémissante de vie : Emma accroupie, en train d'attendre derrière le mur, le seau jaune calé entre ses genoux. Quand je suis arrivée et que je n'ai pas trouvée Emma, j'ai senti la réalité me frapper comme un coup de fouet en plein visage, et, avec elle, une terreur si intense qu'elle me fit plier en deux, l'estomac retourné."

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 283 02363 1 - 25€ - AVRIL 2009

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

D'autres lectures...
Clarabel l'a trouvé bougrement scotchant - Kathel (lettres expres) a eu un coup au coeur - Cuné ne l'oubliera pas de sitôt - Cathulu a beaucoup aimé aussi, cette réflexion sur le temps et la mémoire...

20 juin 2009

Des vents contraires, Olivier Adam

des_vents_contrairesFuir la ville. Fuir cette maison où tout se meurt depuis que Sarah est partie, les murs, le jardin, ses habitants.
Prendre les enfants avec soi, déménager. Aller voir la mer. Le pays de son enfance. Retrouver son frère, l'auto-école de ses parents, se fabriquer de nouveaux repères à partir d'un nouveau lieu. Investir le présent, coûte que coûte, parce qu'il le faut bien, parce que tout est devenu si difficile depuis qu'elle n'est plus là.
Se remettre à écrire - non peut-être pas - mais vivre, le moins mal possible...profiter de chaque instant.
Et renaître. Espérer renaître…

heart Inutile de garder le suspens plus longtemps. Mon petit coeur vous a déjà mis sur la piste. Ce roman d'Olivier Adam m'a touchée, énormément. Impression de lecture assez rare chez moi, je ne voulais plus en quitter les pages. Je me sentais si bien, au milieu de cette famille, pourtant blessée par la disparition de la mère, décidée à se créer une nouvelle vie en Bretagne, à Saint-Malo, une vie plus douce, si possible…
L'image du père, un peu bourru, assez imparfait, et pourtant terriblement attachant, aux petits soins pour ses deux jeunes enfants qu'il tente de préserver du désespoir et de l'attente, est une des plus belles qu'il m'ait été donné de rencontrer en littérature.
Baigné par le vent, le sel, des personnages lumineux en quête de bonheurs simples, par une écriture limpide et sans fioritures, ce roman est un voyage vers l'essentiel.
En toile de fond, surnagent des disparitions, des exclusions, des drames, des actes manqués…des retrouvailles, parce que la vie continue, malgré les désirs de quiétude, et qu'elle est faite de cela, aussi, la vie.
Un grand moment de lecture. Merci Monsieur Adam !
Et je reste sur cette impression étrange qu'une suite serait possible, que l'histoire de cette famille a poursuivi sa route en dehors des pages du livre…juste après le mot fin.

Un extrait...
" Les jours qui suivirent me firent l'effet d'une promesse, la vie prenait des airs de vacances, les gamins dormaient tard, se levaient sans grognements ni larmes, et les heures filaient comme un long trait de lumière. On a fignolé deux trois trucs dans la maison, dévalisé quelques boutiques, mais l'essentiel on l'a passé dehors, à profiter de la mer et du sable qui s'offraient sans compter sous un soleil suspect, trop généreux pour la saison. J'ai pris ce qu'on me donnait sans broncher, ça faisait trop longtemps que la vie nous battait froid pour rechigner. J'étais juste un peu sur mes gardes, la méfiance m'était devenue une seconde peau, la parenthèse se refermerait sans prévenir. En attendant, les petits étaient calmes et sereins, de temps à autre un éclair de joie illuminait leurs visages, le paysage agissait sur eux comme un baume. On jouait au ballon pendant des heures, on se lançait des frisbees sous le ciel limpide, Manon creusait le sable sans jamais s'en lasser. Je m'installais à une table en plastique de la buvette, Denise m'apportait mon café et rentrait se réchauffer dans son salon de cuir. Elle m'avait vu grandir et se réjouissait de me revoir. Elle ne m'a rien demandé concernant Sarah. Ici tout le monde était au courant. "

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 87929 646 3 - 20€ - JANVIER 2009

Un immense merci à Véro qui a fait voyager ce livre à travers les océans juste pour moi, et qui m'avait donné très envie de lire ce roman grâce à son billet et aussi grâce à cet extrait.

D'autres lectures : Clarabel l'a trouvé déprimant - Dda sur biblioblog a aimé, l'a trouvé lumineux et d'une force incroyable - Marie en est sortie complètement sonnée et lui attribue un coeur - Cuné nous parle de ciment, de famille, d'amour et j'aime bien - L'avis d'Amanda - Les buveurs d'encre sont enthousiastes -

Ce titre a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2009

9 juin 2009

L'argent, l'urgence, Louise Desbrusses

l_argent_l_urgence"On est ce qu'on fait. On le fait. Puis on le devient. Vous allez chercher ce travail. Vous acceptez ce travail (vous détestez ce travail). Quand il s'agit d'être raisonnable, jamais vous n'hésitez. (N'hésitez-vous pas ?) Non. Tenir. L'argent, l'urgence. Vous tiendrez, croyez-vous  (croire, vous aimez). Tiendrez-vous ? Vraiment : tiendrez-vous ? Tenir. Ne pas tenir. N'existe-t-il pas autre(s) chose(s). Pensez-y. (Y pensez-vous ?) Vos rêves, égoïstes, fantaisistes, irréalistes (qu'ils disent. Tous). Vos rêves. Laisserez-vous vos rêves. Agir."

Anne, qui commence à me connaître assez bien...m'a prêté ce livre, qu'elle avait elle-même beaucoup aimé, en se disant qu'il pourrait me plaire ! Et elle n'a pas eu tort. Je ne vais pas vous raconter ma vie ici (cela manque de discrétion) mais ce roman, qui déroule son écriture de la manière dont l'extrait ci-dessus est fait, a en effet fait largement écho à mon propre vécu, m'a ému. Il entre de plein pied dans la catégorie des livres "qui font avancer", "réfléchir" et "se poser les bonnes questions". Merci beaucoup Anne, encore une fois !!

L'histoire ? Elle est toute bête. Une femme, affublée d'un "homme-à-élever" (ce qui n'est pas le cas de M Antigone, je précise), propriétaire d'un atelier (lieu de tous les rêves, et de toutes les créations) se voit contrainte de chercher et d'accepter un poste (bien payé) afin de subvenir aux besoins matériels du couple (l'argent-l'urgence). Mais accepter ce travail, l'habiter un tant soit peu, exister plusieurs heures par jour dans une tour de verre (au nom de fleur), obéir à des codes qui lui étaient jusque-là étrangers, acquérir ce fichu badge qui donne le sourire à la fille de l'entrée (près du pot de fleur), c'est aussi se renier petit à petit, glisser vers quelque chose qui ressemble un peu à la mort. Alors, viennent les choix, entre résister ou continuer de glisser...

Ne vous fiez pas au pessimisme sous-jacent de mon petit résumé car il y a une sacrée dose d'espoir et de force dans ce livre, que je vous recommande à mon tour !

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 2 84682 124 0 - 16€ - 01/2006

La lecture très enthousiaste d'Anne - Laure a lâché le livre avant la fin - Un très bel article de Sylvie (passion des livres) qui a beaucoup aimé aussi...

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