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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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26 octobre 2015

Retour à Little Wing, Nickolas Butler

retouralittlewing

 "Quand je n'avais nulle part d'autre où aller, je revenais ici. Quand je n'avais rien, je revenais ici. Je revenais ici et je créais quelque chose à partir de rien. Je pouvais vivre pour trois fois rien ; il n'y avait rien où dépenser de l'argent, personne à impressionner. [...] J'étais revenu ici et j'y avais trouvé ma voix, comme un truc qui serait tombé de ma poche, comme un souvenir depuis longtemps oublié. Et chaque fois que je revenais, j'étais entouré de gens qui m'aimaient, qui tenaient à moi, qui me protégaient sous une espèce de cloche de tendresse. C'est ici que j'entends tout [...]."

Ils sont un petit groupe d'amis qui se connaissent depuis l'enfance dans cette petite bourgade du Winconsin. La trentaine bien sonnée voit les mariages se multiplier. Certains sont partis de Little Wing puis revenus. Kip a racheté la fabrique, fort d'un projet qui redonnera de la vie à la petite ville, du moins il l'espère. Lee, devenu un chanteur à succès et le fiancé d'une actrice connue, n'imaginait pas se marier ailleurs que dans le pays qui l'a vu naître. Mais l'amitié n'empêche pas les secrets, les disputes et les rivalités, les jalousies. Ronny, victime d'un accident, ancien alcoolique, ne sera pas officiellement invité au mariage de Kip. Le groupe aura du mal à oublier cette trahison, ainsi que la foule de paparazzi se ruant sur Lee. Ce dernier d'ailleurs n'est pas en reste, il a toujours été amoureux de Beth et cache depuis des années à son meilleur ami Hank qu'ils ont eu une courte liaison il y a dix ans. Heureusement, l'alcool, la fête et l'attraction puissante de Little Wing peuvent réparer bien des défaillances. Et puis, peut-on réellement quitter Little Wing ?

Voici un titre au charme évident qui vous bercera doucement au son de l'amitié et de la country. J'ai beaucoup aimé son atmosphère et les caractères à la fois forts et tendres de ses personnages. Ecrit en forme de roman choral, chacun prenant la parole à son tour, il sait nous raconter une certaine Amérique, aux deux visages, à la fois celle de la campagne profonde, avec ses traditions rassurantes, et celle foisonnante et moderne des grandes villes. Un délicieux moment de lecture.

Editions Points - 7.95€ - Août 2015

Un coup de coeur pour MicMelo - Un très bon roman sur l'amitié pour Clara - Une découverte comme elle les aime pour Kathel - De l'attachement et de l'émotion chez Un autre endroit - Un roman attachant pour Sylire qui ne s'est pas sentie captivée pour autant par les affres de ces trentenaires - Un roman choral qui ne laissera pas un souvenir impérissable à Jérome - Tiphanie l'a beaucoup apprécié ! - Une merveille pour Ptitlapin qui l'a lu également en poche !

 

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15 octobre 2015

Le Cas Eduard Einstein, Laurent Seksik

lecaseduardeinstein

 "Est-ce que l'on a toujours ce que l'on mérite ? Personnellement, je n'ai rien fait de mal qui puisse me justifier. Je ne suis pas comme toi. Toi, tu as un destin. Personne n'empruntera ta voie. Tandis que moi, j'ai l'impression qu'ils sont plusieurs."

D'Albert Einstein, on connaît bien souvent cette formule E=mc2 et puis cette photo, la langue sortie, impertinente. L'histoire intime du savant, et de sa famille, est assez méconnue du grand public. Dans Le cas Eduard Einstein, on apprend donc qu'il avait deux fils d'un premier mariage, et que le cadet a été diagnostiqué schizophrène. A l'époque, Albert Einstein vit déjà avec sa deuxième épouse Elsa, plus conforme aux souhaits de sa famille, il est resté à Berlin, tandis que Mileva est revenue en Suisse. Montée du nazisme oblige, Albert Einstein finit par quitter le vieux continent pour l'Amérique, non sans dire un dernier adieu à son ex-épouse, et à son fils, Eduard (la photographie en couverture du poche), ils ne se reverront plus.

Laurent Seksik instaure dans ce livre un dialogue sourd entre un fils prisonnier de sa maladie mentale, une mère, délaissée par l'amour de sa vie mais fière, et un père qu'une découverte fabuleuse a propulsé au firmament mais qui est rongé par la culpabilité et le découragement. Comment communiquer ? Comment parler de ce qui embarrasse au plus haut point ? Alors, l'Histoire s'en mêle, elle ruine le savant nobélisé, elle sépare les êtres, permet la fuite au loin, arrange les choses à sa manière. Laurent Seksik sait dans ce livre raconter les émotions et le passage du temps, l'infinie solitude, l'accablement et l'impuissance. Et j'ai aimé sa manière fine et subtile de nous en apprendre beaucoup tout en accordant tellement d'importance à la psychologie humaine. Un très beau livre, qui m'a rappelé une autre lecture, L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir de Rosa Montero [clic ici], mais aussi son Les derniers jours de Stefan Zweig dont je n'ai lu que la version BD [clic ici].

Editions J'ai Lu - 7.60€ - Janvier 2015

La lecture de Sébastien qui pose sur ce livre son brillant regard d'écrivain [clic]

20 septembre 2015

Pas pleurer, Lydie Salvayre

paspleurer

 "Montse a le sentiment de découvrir à quinze ans la vie qu'on lui avait cachée. Et elle s'y jette. Et elle s'y ébroue. Et c'est une joie pure. Ce qui l'amène à déclarer, soixante-quinze ans plus tard, avec une emphase toute ibérique, que si la guerre des armes a été perdue par les siens, l'autre (guerre) reste à jamais invaincue, escuchame !"

Nous sommes en 1936, en Espagne, c'est l'été. Montse a quinze ans. Sa mère vient de la présenter à Don Jaime Burgos qui souhaite engager une nouvelle bonne. Le notable trouve que la jeune fille a l'air bien modeste, mais ce compliment blesse Montse dans son orgueil, la rend folle. Heureusement, la révolution vient à son secours, elle n'aura pas besoin de faire la bonne. Elle quitte quelques jours plus tard la maison familiale avec son frère José, emportée par le vent communiste qui flotte dans ses paroles et dans celles des jeunes gens qui l'entourent. Ailleurs en Espagne, le catholique Georges Bernanos tremble devant les exactions de son propre camp. Des deux côtés, les esprits s'exaltent, s'enferment et tuent. Montse, elle, découvre l'amour physique avec un français de passage, poète et inconnu, et puis elle se découvre enceinte... 

Lydie Salvayre a déposé dans ce livre la mémoire de sa mère, le souvenir de cet été intense qui changea sa vie. Et j'ai aimé que s'entrecroisent le présent, le langage tronqué de la vieille femme, celui imaginé de Georges Bernanos, et puis l'Histoire. L'écriture de Lydie Salvayre est originale, et cela aussi est véritablement un plus. Je ne m'explique donc pas pourquoi je me suis quelque peu ennuyée dans ce livre, pourtant intéressant par bien des points. Peut-être que le récit de Montse aurait suffit à mon bonheur ? D'ailleurs, la manière de l'auteure de reprendre doucement les erreurs de français de sa mère est véritablement touchante et croustillante. Mais ai-je réellement apprécié cette caution littéraire et érudite, parfois malvenue, qu'est ici le personnage de Bernanos ? Comme si le reste ne suffisait pas. Avais-je réellement envie de comprendre les franquistes ? Pour autant, Lydie Salvayre a eu raison de balayer ainsi tous les points de vue au sein de cette guerre d'Espagne complexe. Il est à noter que la conclusion du livre qui relate l'exode, la retirada, de toutes ces familles fuyant les violences m'a bien sûr replongée encore une fois dans l'actualité. 

Editions Points - 7.30€ - Août 2015

lautrerentree

Impression d'ensemble très positive pour Aifelle - Alex a été gênée par la différence entre les deux voix du livre - Gambadou a ressenti le même retrait que moi

Il y a presque dix ans, Points lançait la rentrée littéraire parallèle, celle des poches ! Ils nous permettent de revenir cette année sur la Rentrée Littéraire précédente et sur les livres qui ont marqué l'année 2014 en sortant 7 titres le 20 août. [Toutes les infos ici] 

1 septembre 2015

Dans les yeux des autres, Geneviève Brisac

danslesyeuxdesautres

 "Ecrire lui était déjà interdit avant. Lui avait toujours été interdit. Elle s'était bardée d'une obligation d'interdiction, alourdie d'un devoir de transgression, paralysée par la nécessité de l'empêchement. Mais elle ne s'en était pas rendue compte. C'est ainsi que souvent s'expliquent les courages : le courage des taupes. Elle voulait croire que l'on peut dire sans dire, écrire sans blesser. Les taupes ne savent pas ce qu'elles font."

Anna est écrivain. Elle et sa soeur Molly, à présent médecin, étaient très proches dans les années 70, attirées par le même idéal communiste, amoureuses, pleine d'idées et d'envies de solidarité. Elles ont d'ailleurs à l'époque suivi Boris et Marek, leurs amants, au Mexique, pour poursuivre le combat. Que Marek se soit fait arrêter, que les relations amoureuses aient pris entre eux tous un tour inattendu, que la mère des deux soeurs se soit mêlée à tout ça avec son exubérance sauvage, c'en était sans doute de trop pour Anna qui a décidé de tout déballer dans un livre à son retour en France. Le livre a eu du succès mais lui a fermé des portes, celle de la maison de sa soeur en particulier, mais également celle de sa mère, puis enfin du milieu littéraire parisien, aussi prompt à aimer qu'à détester ce qu'il a pu apprécier quelques années plus tôt. A-t-on le droit de tout écrire ? A-t-on le droit d'écrire sur sa famille ?

Voici un roman que j'avais abandonné au bout de quelques pages à la dernière rentrée et à qui j'ai donné une seconde chance en petit format, et bien m'en a pris. En effet, cette seconde lecture a été agréable, très fluide, sans envie d'abandon. J'ai aimé me laisser bercer par l'histoire de ces deux soeurs que tout oppose et rapproche, leurs velléités politiques, leurs renoncements, le constat de leurs vies bancales. Et puis, il y a le portrait chatoyant et contrasté de leur mère, finalement un être toxique, qui manipule et qui brise par mégarde, par trop de carisme, de présence et d'inconscience. Dans les yeux des autres est un roman au charme doux amer qui n'oublie pas de brosser le portrait d'une époque où le communisme embrasait le coeur des jeunes gens, et qui pose un regard assez ironique sur le désir d'engagement. Un roman intéressant.

Editions Points - 7.30€ - 20 août 2015

lautrerentree

Cathulu parle aussi de mélancolie, du regard sur les petites choses du quotidien, ainsi que de l'écriture ample de Geneviève Brisac... et elle a raison.

Il y a presque dix ans, Points lançait la rentrée littéraire parallèle, celle des poches ! Ils nous permettent de revenir cette année sur la Rentrée Littéraire précédente et sur les livres qui ont marqué l'année 2014 en sortant 7 titres le 20 août. [Toutes les infos ici]

 

 

 

26 août 2015

Apprendre à finir, Laurent Mauvignier

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 "Mais c'était drôle, quand même, la persistance de ça.
Comme si j'avais oublié quelque chose et qu'à le ressentir comme ça, même vaguement, même très légèrement, ça pouvait dire que ça n'avait jamais disparu, que c'était juste caché, un peu enfoui mais pas disparu, non, pas totalement - on ne sait pas ce que ça a de force, tout ce qui fait mal. Et on croit avoir vaincu tout ça parce que juste on n'entend plus le vacarme que ça faisait avant."

C'est comme un seconde chance cet accident, l'opportunité pour elle de rattraper, de donner tout à l'homme qu'elle aime, des fleurs, sa présence, une multitude d'attentions. Il finira bien par s'apercevoir qu'elle s'occupe bien de lui, par ne plus pouvoir se passer d'elle, elle sera patiente. Il a voulu la quitter, elle et ses deux enfants, à cause de cette femme qu'il a rencontré, et puis de l'étouffement. Elle, elle croit à la magie du quotidien, des gestes sans cesse répétés, elle croit à la douceur du cocon qu'elle reforme autour de lui, sur lui, pour qu'il aille mieux. A la maison pour sa convalescence, il se laisse dorloter. Au début, à l'hôpital, il détournait des yeux pleins de colère. Maintenant, il accepte, il progresse pas à pas, sort faire un tour puis revient chez lui, mais pour combien de temps encore ?

Apprendre à finir est la longue plainte amoureuse et douloureuse d'une femme qui lutte comme elle peut pour préserver ce auquel elle tient par dessus tout, sa famille. Elle a décidé de ne pas se laisser faire et de saisir l'opportunité du destin, cet accident, la dépendance de son mari, pour tenter de réparer et de recommencer une relation qui était sur le point de se terminer. Avec une écriture magnifique, toujours sur le qui vive, Laurent Mauvignier décortique l'humiliation, la peine et l'obstination, le courage de cette femme. C'est un récit que l'on ne lit pas avec facilité tant la langue heurte à chaque paragraphe contre quelque chose, une pâleur, un lit défait, une chaise mal rangée. Mais c'est un roman très beau. Quoique éprouvant. Quoique désespéré.

Editions Minuit Poche - 6.50€ - Décembre 2003 - Merci Sophie !! ;)

Bouleversant de justesse et superbe pour Clara LA lectrice de Laurent Mauvignier ! - Le site de l'auteur [clic]

J'ai lu aussi Autour du monde (un coup de coeur !)

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23 août 2015

Le Rire du grand blessé, Cécile Coulon

leriredugrandblesse

 "En secret, les marmots rêvaient de prendre la galopante. Partir signifiait couper le seul lien qui les rattachait à la terre ferme : ils ne savaient ni lire, ni écrire. Rien ne pouvait les sortir du fond de leur cave humide où s'entassaient des bocaux de nourriture pour les périodes de vaches maigres. Ils en étaient conscients.
Rien n'y faisait.
Rien, sauf l'uniforme des Agents du Service National."

1075 est, dès son intronisation, meilleur que les autres, plus dur, plus inflexible. Il est un des Agents du Service National, recruté pour son analphabétisme, pour être l'élite du pays, et maîtriser les foules, quand la lecture est devenue la drogue des plus faibles. Le Grand en a effectivement fait son pouvoir. Utilisant la méthode de Lucie Nox, il a jeté les vieux livres, banni la littérature, demandé aux auteurs de produire des ouvrages classés par émotion, mis en place de grandes messes où des Lecteurs sont ovationnés comme des dieux. Une manière de contrôler le peuple. Cependant, 1075 se fait mordre par un molosse. Dans l'hôpital dans lequel il séjourne quelques temps, il entend la voix d'une institutrice... qui annone l'alphabet. Pour 1075, c'est un bouleversement total.

"Tout ça à cause d'un chien stupide, et d'une femme que je ne connais pas."

Cécile Coulon connaît elle parfaitement les codes de la dystopie *. Et j'ai sans doute été gênée au départ de reconnaître quelques ressorts déjà observés dans The Giver, Hunger Games ou Divergente par exemple, comme une impression de facilité et de déjà vu. [Je vous avais caché que j'avais vu (et apprécié) ces films dernièrement.] Cependant, il faut avouer que la contribution de Cécile Coulon au genre est plutôt intéressante, et qu'elle devient très vite captivante, qu'elle a cette particularité de faire de la chose écrite un danger, une menace, l'acte de rébellion ultime dans cette société sous contrôle étant d'apprendre à lire en secret. J'ai aimé, outre le personnage principal, celui de Lucie Nox, sa fausse naïveté, connaître ses premières motivations. L'écriture de Cécile Coulon est froide, presque distante, mais elle donne au texte toute sa dimension de fable, et de mise en garde, contre l'uniformisation, pour la littérature. Un titre que l'on a envie de relire tout de suite une seconde fois dès la dernière page refermée, comme si lors d'une deuxième lecture, l'effet de surprise passé, chaque détail pouvait enfin véritablement exploser.

Editions Points - 5.90€ - 20 août 2015

* La dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. L'auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d’une idéologie (ou d’une pratique) présente à notre époque (source wikipedia).

lautrerentree

Si Blablablamia avait été prof elle l'aurait fait étudier à ses élèves Percutant pour MicMelo - En toute subjectivité Valérie aime !

Il y a presque dix ans, Points lançait la rentrée littéraire parallèle, celle des poches ! Ils nous permettent de revenir cette année sur la Rentrée Littéraire précédente et sur les livres qui ont marqué l'année 2014 en sortant 7 titres le 20 août. [Toutes les infos ici]

 

6 juillet 2015

Juste avant le bonheur, Agnès Ledig

justeavantlebonheur"On s'en sort parce qu'on n'a pas le choix. La vie suit son cours et nous ne sommes que quelques petits bouts de bois qui flottent au gré des courants. Nous avons tous été pris dans les remous des rapides, chavirés, percutés, noyés par moments, mais nous flottons toujours. Et puis, parfois, dans certains petits coins de rivière, protégées par une grosse pierre, tourbillonnent ensemble les brindilles qui ont subi les rapides et qui se retrouvent pour souffler. Formant un petit conglomérat de survivants malgré les courants puissants."

Julie est caissière dans un supermarché. Elle vit seule avec son fils Ludovic et la vie n'est pas toujours facile, surtout lorsqu'elle subit le harcèlement de son chef ou qu'elle compte les sous qui lui restent pour finir le mois. Un beau jour, un client un peu différent, cinquantenaire, devenu depuis peu célibataire, passe à sa caisse, voit une larme furtive glisser sur sa joue et lui glisse deux mots sympathiques. Il l'invitera quelques jours plus tard à déjeuner puis à le rejoindre avec son propre fils Jérome, un jeune médecin rempli de chagrin, dans sa maison de Bretagne pour des vacances. Trois semaines qui permettront au petit Lulu et à sa mère de découvrir la mer, mais aussi à chacun des protagonistes de s'apprivoiser, de se prendre dans leurs bras, de manger des tartines de Nutella et de pleurer tout leur saoul.

Juste avant le bonheur est de ces livres dont je me méfie souvent, parfois trop perclus de bons sentiments. Cependant ici, la méfiance s'envole rapidement car la mayonnaise imaginée par Agnès Ledig fonctionne, les personnages étant eux mêmes remplis de doutes, pas convaincus par les Princes Charmants ou les Contes de fées. Pour Julie, la réalité et le quotidien ont trop de prise pour qu'elle puisse se laisser aller si facilement à croire en sa chance d'avoir rencontré Paul et sa générosité bienveillante. Personne ne veut se laisser faire, ni Julie, ni Jérome, et s'abandonner si vite au bonheur... un bonheur qui peut effectivement basculer en une fraction de seconde. J'ai lu ce titre en une bouchée, avec beaucoup d'émotion. C'est un roman qui fait du bien, tellement il foisonne de petites leçons de vie, et d'actes charmants, de gens que l'on aimerait croiser dans la vraie vie, mais également d'émotions et de sentiments sincères.

Editions Pocket - 6.80€ - 2014 - Merci ma bibli !!

Quelques autres lectures, qui se sont questionnées sur cette histoire de bons sentiments...

Aifelle est partagée - Une histoire qui sonne vrai pour Clara - Un tsunami d'émotions pour Leiloona - Sourire, espoir et larmes pour Sandrine - Saxaoul a pensé à Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda - Sourire et larmes pour Stephie aussi - Chez Un autre endroit un coeur de femme a été touché !!

12 avril 2015

Chroniques de la débrouille, Titiou Lecoq

chroniquesdeladebrouille

 "Je suis de semi-bonne humeur. D'une bonne humeur mitigée qui ne demande qu'à basculer vers l'outre-noir."

Avant tout, pour comprendre le sujet de ce livre, il s'agit de savoir que Titiou Lecoq tient un blog (toujours alimenté) depuis des années (http://www.girlsandgeeks.com/), connu pour sa verve, sa non langue de bois, et sa fraîcheur insolente. Je la suivais très régulièrement à une époque, quand je fonctionnais encore avec un agrégateur de flux, et que mon temps semblait s'étirer lentement comme un chew-gum mâché toute la journée. La lire était revitalisant, parfois une expérience un peu incongrue et décalée, mais toujours un plaisir. En 2011, Les Morues sont sorties en librairie [clic ici] et Titiou Lecoq est devenue auteure. Puis, quelques temps plus tard, elle est devenue maman. 

Les Chroniques de la débrouille (sorti aux éditions Fayard sous le titre Sans télé, on ressent davantage le froid) sont la retranscription retravaillée des chroniques de son blog jusqu'à sa première maternité. J'ai reconnu certains passages que j'avais lu en direct. On y reconnaît cette jeune-fille de son temps, arrimée à internet toute la journée, bardée de diplômes inutiles et coincée dans un petit boulot qui la nourrit à peine, pleine de désirs, d'envies de devenir ce qu'elle souhaite devenir, et puis aussi maladroite, avec ses histoires d'amour un peu ratées, ses amis présents. Mais malgré ses hésitations et ses listes, sa volonté de devenir écrivaine, elle ne s'en sort pas si mal la jeune Titiou, puisque de pigiste, elle devient presque journaliste et finit par être invitée sur les plateaux de télé.

J'ai pris ce petit poche comme une parenthèse de bonne humeur. Je ne me souviens pas avoir autant ri avec un livre depuis longtemps. Car les aventures de Titiou Lecoq sont désopilantes, son regard sur son quotidien souvent juste et désarmant. Le langage est gouailleur et sans filtre, direct, mais j'ai aimé cette lecture, elle m'a fait du bien. Elle donne en filigrane beaucoup d'espoir, celui assez ténu qu'on peut avancer dans la vie, même avec ses fragilités en bandoulière, du moment qu'au fond de soi vit une certaine volonté. 

Editions du Livre de Poche - 6.90€ - Avril 2015

28 janvier 2015

Biographie d'un inconnu, Fabrice Humbert

biographieduninconnu

 "Je n'avais rien. Pas d'adresse, pas de gens que Paul avait pu connaître, pas d'entreprises où il avait travaillé. Mais Dantès me défrayait, j'avais donc le nerf de la guerre : l'argent. Le reste tenait de l'opiniâtreté et de la chance."

Difficile de regarder en face son statut actuel de nègre alors que l'on a tant voulu être écrivain. C'est pourtant ce que Thomas d'Entragues vit, il écrit des livres pour des sportifs célèbres et laisse dormir dans un tiroir ses ambitions littéraires. Cependant, un beau jour, un riche homme d'affaires obscur, Victor Dantès, lui passe une commande surprenante. Il s'agit d'écrire la biographie de son fils, un jeune homme que son père n'a jamais connu, ou même reconnu, et qui s'est enfui depuis quelques années aux Etats-Unis dans l'espoir de devenir scénariste. Thomas se lance donc à la poursuite de Paul, part suivre ses traces de l'autre côté de l'océan, se coule dans la peau du garçon, ou plutôt se glisse tout à côté d'une vie dont il apprend rapidement les moindres détails... et notamment les amours interdites avec une jeune Laura encore mineure.

Dans ce roman, ce sont sans aucun doute les références littéraires et le style de Fabrice Humbert qui m'ont le plus marqué et plu. Et oui, car j'ai été séduite, il faut bien l'avouer, par l'épopée de cet homme, biographe d'un autre, qui se trouve en ne se cherchant pas. L'auteur a su finement jouer de la mise en abyme, alors que nous suivons un écrivain, écrivant sur un autre écrivain, qui lui même filme ses contemporains. Quant aux références littéraires, on pense naturellement assez vite au Edmond Dantès du Comte de Monte Cristo, et aussi au cours de la lecture au Humbert Humbert de Nabokov amoureux d'une Laura/Lolita bien trop jeune. Je suis certaine que j'ai laissé s'échapper quelques autres indices, mais les découvrir disséminés ici et là m'a vraiment fait sourire. On pourrait reprocher à ce titre son classicisme apparent, sa lenteur, mais comme il y a quelques années pour ma lecture de Karoo de Steve Tesich [clic], je dirais oh mon dieu comme un peu de littérature fait aussi du bien de temps en temps... Ce roman est un subtil coup de coeur dans lequel j'ai été heureuse de plonger le nez ! Je ne connaissais pas Fabrice Humbert, mais maintenant que les présentations sont faites me reste seulement à continuer de le lire.

Editions du livre de poche - 5.90€ - 14 janvier 2015

La lecture de Clarabel

18 novembre 2014

Respire, Anne-Sophie Brasme

respire

"Même entourée, j'étais seule. Les autres n'existaient plus si Sarah n'était pas là. Son absence m'achevait, me torturait, m'écrasait. 
Oui, sans Sarah, je n'étais rien."

Charlène vit dans une famille sans grands reliefs. Exaltée, se sentant incomprise, elle rêve à l'adolescence de retrouver cette amitié qui l'avait liée plus jeune à une autre petite fille aux grands yeux. Mais l'arrivée au collège n'est pas très satisfaisante. Charlène traîne sa solitude, son mal-être, et un beau jour décide de se laisser entraîner au bord de l'étouffement par une crise d'asthme. Elle se retrouve alors à l'hôpital. Sarah apparaît. Et c'est cette camarade de classe, jusqu'à présent inaccessible, charismatique, qui lui promet une amitié éternelle, Charlène s'y engouffre avec émerveillement.

Il paraît hallucinant que ce roman d'une grande maîtrise soit sorti de la plume d'une jeune écrivain de 17 ans. Ancré de plein pied dans l'univers adolescent, il décrit en effet très bien le mécanisme subtil du harcèlement, et le jeu cruel qui se joue parfois entre les murs des classes, à l'insu de tous, à l'aide de moues indifférentes, de regards appuyés ou de stratégies douteuses. L'amitié est dans ce roman une aventure dangereuse, blessante, une addiction nocive. J'ai beaucoup aimé la fraîcheur du style d'Anne-Sophie Brasme, l'intention audacieuse de son roman et ses personnages. J'espère la relire de nouveau, et voir le film de Mélanie Laurent aussi, certainement. 

Editions du Livre de Poche - 5.10€ - Octobre 2002

Beaucoup de lectures chez Babelio [clic] - La fiche du livre sur le site du Livre de Poche [clic] 

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