15 novembre 2016

Lucie ou la vocation, Maëlle Guillaud ~ Rentrée littéraire 2016

lucieoulavocation

"Elle a raté Normale Sup, elle ne doit pas échouer ici. Pas une nouvelle fois."

Lucie vit la khâgne comme une épreuve, un enfermement, quelque chose de trop grand et d'impossible à vivre pour elle. D'ailleurs, qui est fait pour vivre ça ? Alors, se rendre régulièrement avec son amie Mathilde à la basilique, est une libération, c'est accepter à chaque fois qu'une vague d'amour la submerge. Un jour, elle saute le pas, n'écoutant personne autour d'elle, et surtout pas son autre amie, Juliette. Dieu lui a envoyé un message, elle a la vocation. Elle commence donc une période de noviciat qui s'avère bien différente de ce qu'elle imaginait, dure, implacable, faite essentiellement de sacrifices et d'oubli violent de soi. Accepter les renoncements ne l'empêche pas de parfois céder au doute, surtout alors qu'elle découvre un secret qui l'amène à se demander si depuis le début elles ne serait pas la victime d'une énorme manipulation...

Lire ce roman est quelque chose d'à la fois très violent et d'assez addictif. Je l'ai dévoré. Mais il ne faut pas s'y tromper,  Lucie ou la vocation n'est pas spécialement un thriller. Il est un portrait, gobalement à charge, d'une congrégation. Nous suivons surtout Lucie, et ses premiers pas de novice. Et je dois dire que j'ai eu mal pour elle, à plusieurs reprises. Je me suis demandée si ce récit reflétait la réalité. En parrallèle, il y a l'inquiétude et les réflexions de son amie Juliette, anéantie par cette vocation qu'elle ne comprend pas et certaine qu'elle doit sauver la jeune femme par tous les moyens possibles. Un roman, terminé en pleine nuit, qui m'a laissé une étrange sensation de malaise, de colère et de tristesse. Il n'est pas spécialement un roman que je conseillerai pour ses qualités littéraires mais il pose indubitablement la question de la foi, du prosélitisme et du rôle de l'Eglise dans ses institutions. 

Editions Heloïse d'Ormesson - 17€ - 18 Août 2016

Dérangeant, interrogatif, phénoménal... pour Sabine - Flippant et captivant... pour Nathalie - Captivant et troublant... pour Joëlle

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20 octobre 2016

Les mains lâchées, Anaïs Llobet ~ Rentrée littéraire 2016

lesmainslachees

 "A la rédaction, on m'a félicitée. D'avoir su être à Tacloban avant Yolanda, d'avoir su flairer le typhon qui se préparait."

Madel est présente lorsque la vague énorme, le typhon meurtrier, prénommé Yolanda, ravage cette côte des Philippines où elle se trouve en compagnie de Jan, l'homme qu'elle aime. Après la violence des flots et l'intensité du chaos, elle se rend compte que Jan a disparu, et elle réalise qu'elle a lâché la main de l'enfant qu'on lui avait confié. Autour d'elle, que des morts. Madel cherche à rejoindre les secours, et de fil en aiguille se laisse reprendre par sa fonction de journaliste, devient l'envoyée spéciale sur place, celle qui doit montrer. Toute la difficulté est de recueillir avec respect la parole des survivants, pour que cela serve, soit réellement utile, et de ne pas sombrer... 

Anaïs LLobet, journaliste à l'AFP Moscou, était correspondante pour plusieurs médias aux Philippines lorsque le typhon Haiyan a ravagé le pays. Les Mains lâchées est son premier roman. Et la force de ce roman tient essentiellement justement dans ce réalisme, à la fois cru et tendre, hors du temps, ces quelques semaines qui ont suivi l'évènement et qui laissent les habitants sidérés et anéantis. Elle n'est pas facile à raconter pourtant cette population tétanisée qui compte ses morts. Anaïs Llobet y parvient avec une grande délicatesse. Elle sait aussi nous présenter des personnages attachants, humains, héroïques ou simplement vivants. Elle donne tour à tour la parole aux anonymes croisés et à Madel, figure iréelle, une étrangère dans ce pays. Un roman édifiant et éprouvant, qui pointe du doigt la réalité du réchauffement climatique.

Editions Plon - 16€ - 18 août 2016

Un des choix de Leiloona pour la sélection de Price Minister 

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27 septembre 2016

Petit pays, Gael Faye ~ Rentrée littéraire 2016

petitpays

"J'avais beau espérer, le réel s'obstinait à entraver mes rêves."

Nous sommes au Burundi, au début des années 90, Gaby vit avec sa petite soeur Ana, et ses parents, dans un quartier préservé réservé aux expatriés. Le père de Gaby est français, sa mère est rwandaise. Les journées passent doucement, tout est paisible et doux. Gaby passe son temps libre avec une bande de copains, tous habitants de la même impasse. Mais peu à peu, le quotidien change. Les parents de Gaby se séparent, la famille rwandaise de sa mère commence à craindre pour sa vie, et le vent de démocratie qui a engendré les dernières élections au Burundi s'avère être un feu de paille.

Gaël Faye explore dans ce premier roman un monde disparu, fait de moments simples, avant que l'Histoire ramène chacun à son identité ethnique, détruise et sépare. La violence (et quelle violence !) s'insinue dans un univers d'enfant espiègle et innocent, et c'est cette intrusion qui serre le coeur du lecteur, alternativement balancé entre le sourire et les larmes. Mais la tragédie est là, et elle ne laisse pas le choix. Il faudra bien protéger sa vie, fuir en France, se rendre compte que le passé ne reviendra plus. J'ai beaucoup aimé le ton léger de ce livre, qui n'empêche jamais de comprendre ce qui se passe en arrière plan via les conversations des adultes, et la multitude de personnages qui l'habite. Je décerne une mention spéciale à la bibliothèque de Madame Economopoulos et aux instants de tendresse disséminés ici et là... Une lecture de rentrée indubitablement marquante.

Éditions Grasset - 18€ - 24 août 2016

Ce roman a reçu le Prix Fnac 2016 - Lu dans le cadre du challenge Premiers romans... et du challenge 1% rentrée littéraire...

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10 septembre 2016

We are free

[Petit clin d'oeil à qui m'a fait découvrir ce groupe - Waste] Sinon, pendant ce temps, je lis Otages intimes de Jeanne Benameur, histoire de prendre une respiration au cours de cette rentrée littéraire 2016 si effervescente. Néanmoins, la respiration sera courte, puisque je vous parlerai dès demain du challenge 1% rentrée littéraire tenu par Sophie du blog Délivrer des livres. J'en profiterai d'ailleurs pour faire un petit point sur mes lectures de rentrée. Je vous rappelle qu'il ne vous reste que très peu de temps pour choisir votre titre de notre sélection des Matchs de la rentrée littéraire (toutes les infos sont ici). Ne passez pas à côté !! Mes lectures de rentrée vont se mêler au Challenge des Premiers romans (la folle aventure des 68 initiée par l'Insatiable Charlotte)... Quelques lectures à venir sur ce blog donc. Et puis et puis... gardons en un peu pour les prochaines fois. ;) Bon week-end !!

(NB : J'oubliais... Célina du blog Des livres tous azimuts a lu le livre gagné lors de mon jeu-concours, Ni terre ni mer de Anne Von Canal, elle a beaucoup aimé, elle en parle superbement bien. Précipitez vous pour lire son billet [c'est ici].)

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07 septembre 2016

Une bouche sans personne, Gilles Marchand ~ Rentrée littéraire 2016

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"Il fait beau ce matin. J'aurais presque envie d'aller à la boulangerie pour que l'on me confirme l'information." 

Ils sont quelques habitués de ce café à se retrouver tous les soirs depuis des années pour bavarder, de tout et de rien, des Beatles. L'un des leurs a toujours une écharpe, été comme hiver. Tout doucement, ses compagnons lui posent des questions, veulent savoir qui il est réellement en dehors de ce café, ce qu'il cache. L'homme à l'écharpe est comptable, un solitaire qui préfère dissimuler sa cicatrice, et ses souvenirs douloureux derrière une vie simple et mutique. Mais peu à peu il décide de commencer à se raconter, là devant ces gens bienveillants, devant la belle Lisa. Et peu à peu aussi, alors qu'il évoque son grand-père, des tas d'histoires rocambolesques, son enfance, le cercle des spectateurs s'aggrandit. Tous les soirs, l'homme à l'écharpe se dévoile... 

Quel drôle de petit roman que cette bouche sans personne ! Voici en effet un récit qui commence l'air de rien et qui nous emmène petit à petit vers l'extravagance et la vie dans ce qu'elle a de plus sensible et d'intéressante. J'ai beaucoup aimé que Gilles Marchand y manie aussi bien l'absurde que la poésie ou l'émotion, car cela donne à son roman la dimension d'un ovni et d'un petit bijou littéraire assez délicat. J'ai pensé à En attendant Bojanglesà Boris Vian. En effet, petit à petit, au fil du texte, plus le narrateur s'ouvre vers l'extérieur, vers les autres, moins il peut accéder à son appartement, moins son travail devient rassurant et confortable. L'accumulation entoure le personnage principal. Mais loin d'être un frein à son bonheur, il apparaît très vite qu'au contraire cela peut sauver une vie, des vies, la sienne. Une lecture qui laisse une empreinte, donne à réfléchir et vous tire à la toute fin un sourire mêlé de larmes. Une bonne surprise de cette rentrée !

Editions Aux Forges de Vulcain - 17€ - 25 août 2016

Un diamant brut empreint de douce folie pour Noukette - Ce titre a été retenu pour la sélection de rentrée du challenge des premiers romans...

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29 août 2016

Bianca, Loulou Robert

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 "Ici, j'ai compris que ma sensibilité avait dilaté les pores de ma peau et laissé rentrer tout un tas de saletés. Je ne m'en suis pas rendue compte, mais les maux ont pénétré. Ceux de ma famille, de la terre entière. J'ai tout pris. [...] Peut-être qu'un jour je me réveillerai à la lumière du jour et qu'il aura arrêté de cracher sur mon coeur."

Bianca a tenté de se suicider, et puis elle est trop maigre, elle ne mange pas. Alors elle a intégré cette unité psychiatrique pour adolescents où elle séjourne longuement afin de guérir et de pouvoir retourner chez elle bientôt, quand elle sera prête. Dans l'enfermement de l'hôpital des liens se créent, qui bouleversent et attachent. Bianca reste calme et observe, avance petit à petit sur le chemin qui mène à elle, et tombe amoureuse. Elle tente d'oublier qu'à la maison son père est absent, sa mère alcoolique, et que parfois ses parents crient trop fort. Et pourtant ils l'aiment, avec tendresse, et il y a ce petit frère si affectueux qui lui manque beaucoup aussi depuis qu'elle ne vit plus à la maison. Plus le temps passe, plus Bianca constate avec philosophie et maturité que le chaos existe également à l'intérieur de l'hôpital, finalement partout où il y a de la vie, rien n'est sûr, rien ne protège, sauf parvenir à s'aimer soi, un peu mieux.

Ce livre, qui circule parmi les lecteurs du challenge des premiers romans, n'était pas celui que j'attendais le plus. Le passage de Loulou Robert dans l'émission de La Grande Librairie avait mis en effet en avant une jolie jeune fille, mannequin, fille d'un journaliste connu. Et je n'avais pas été séduite, il faut le dire, par sa prestation, sa moue boudeuse, et ses propos à fois timides et brusques. Et puis je crois que je n'avais pas compris alors l'intérêt de lire ce roman.  Quelle erreur ! Mon souvenir est aujourd'hui transformé par ma lecture récente de son livre. Car en effet, il est devenu pour moi au fil de sa lecture un gros coup de coeur !! Il met en scène un groupe d'adolescents, parle un langage jeune et direct, mais sait aussi distiller de grandes pages de réflexions, ne pas être unilatéral, être complexe, narrativement parlant très réussi et sensible. J'ai pensé au très bon Dieu me déteste et à toute cette collection si riche de La Belle colère. Une lecture enthousiasmante !

Editions Julliard - 19€ - Février 2016

Lu dans le cadre du challenge des premiers romans...

68premieresfois

 La liste des 23 romans du challenge du début de 2016 est disponible ici sur Babelio [clic]

 Les autres lectures sur ce titre disponibles sur la page du livre [clic]

Posté par Antigone1 à 06:08 - - Permalien [#]
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07 août 2016

Ce qui nous sépare, Anne Collongues

cequinoussepare

 "A quoi pensent-ils ? Le regard de Marie glisse sur les visages silencieux du wagon, sur celui très émacié de la femme au fond, plus proche d'elle, celui du garçon au sac de voyage, tourné vers la fenêtre, puis sur l'homme assis sur la même rangée qu'elle."

Ils sont quelques passagers, égrenés dans ce compartiment d'un RER qui les emporte vers une lointaine banlieue des quartiers nord de Paris. Ils ne se parlent pas, mais s'observent du coin de l'oeil et se plongent dans leurs pensées. Il y a Marie, Laure, Cigarette, toutes les trois à un stade différent de féminité, la première toute jeune vient de quitter son bébé qu'elle a confié à une baby-sitter, Laure part rendre visite à son amoureux depuis quelques mois dans le coma, Cigarette va peut-être enfin oser dire non à ses parents et se donner une chance de vivre sa vie. Il y a aussi Liad qui arrive d'Israël, Franck qui n'a pas passé la nuit chez lui, Chérif qui redoute la réaction de son frère et Alain qui a hâte de serrer sa fille dans ses bras. Tous sont liés par un voyage qui signifie beaucoup...

La vie des personnages inventés par Anne Collongues se dévoile peu à peu au fil des gares et des mouvements du train qui les bercent et les emmènent. L'espace d'un wagon invite généralement à la rêverie, et il n'est pas étonnant que ce soit le cas des passagers de ce train. Ils ont tous quelque chose à quitter et quelque chose à atteindre et c'est ce qui les lie. La convention du silence est bien là, par contre, qui les sépare. Dans les trains, on ne se parle effectivement pas, ou très peu, comme dans les salles d'attente d'ailleurs ou dans ces autres lieux où les corps sont proches mais les esprits si éloignés. On peut se demander alors en lisant ce roman si se parler n'aurait pas pu tout changer, si voyager ensemble n'aurait pas du provoquer les rencontres. Le lecteur espère, découvre peu à peu la raison du voyage et tourne les pages, avide de savoir à quelle gare chacun descendra. Ce livre est un recueil de vies faussement banales, un bouquet de fleurs des champs, un trésor de délicatesse. Un premier roman, choral, très maîtrisé.

Editions Actes Sud - 18.50€ - Mars 2016

Un titre lu dans le cadre du challenge Premiers romans...

68premieresfois Belle maîtrise pour Nicole qui s'est régalée - Un premier roman virtuose pour Charlotte - Henri-Charles s'en souviendra - Emouvant pour Joelle - Martine est touchée - Anita n'a pas été vraiment séduite - Eimelle est un peu restée en dehors du wagon - Ecriture déjà maîtrisée et métaphorique à souhait pour Arthémiss - Un beau roman choral pour Albertine - Un bon moment de lecture pour Violaine - C'est beau, c'est bien écrit mais Nathalie a parfois eu du mal à rester dedans - Justesse et bienveillance pour Virginie - Un beau chemin partagé pour Plume Nacrée - Belle lecture pour Olivier !

03 août 2016

Moro-sphinx, Julie Estève

MORO SPHINX

 "Ne pas s'attacher aux choses qui finissent, ne pas se faire berner par les sentiments qui naissent puisqu'ils s'en vont droit sur la mort. La mort qui au bout attend, impatiente de rendre froids les coeurs, les espoirs, les sangs. Il faudrait qu'elle soit godiche, nigaude ou n'avoir rien vécu, être vierge et blanche et n'avoir pas souffert pour plonger la tête là-dedans. Elle sait, l'amour joue à la roulette russe, un flingue, une cartouche et bang !"

Lola est une jeune femme tourmentée. Trentenaire, célibataire, elle est pleine du souvenir de l'homme qu'elle a jadis aimé, pleine de sa mère morte alors qu'elle était si jeune, pleine de son père l'ivrogne que pourtant elle ne voit presque plus. Parfois, elle ressent le besoin de coucher avec des hommes, de s'avilir, pour se remplir encore plus, et s'apaiser. Elle se maquille alors comme une prostituée, pour jouer un rôle, et livre son corps à qui veut, un homme laid de préférence. Et puis, comme un geste de défi, de collectionneuse, de serial killeuse, elle leur coupe un bout d'ongle en souvenir et s'enfuit. Mais un jour l'amour semble frapper à sa porte, en la personne de Dove, un homme beau, bien habillé, un peu bobo, aisé. Comment alors résister aux sentiments ?

Ce qui surprend d'emblée dans ce roman est l'atmosphère particulièrement tendue et violente qui y règne, rude. Lola ne s'épargne pas et Julie Estève n'épargne pas non plus son lecteur, ce que son portrait en couverture, plutôt sage, n'annonçait pas vraiment. Suivre une Pretty-Woman trash dans ses déambulations parisiennes est en effet à la fois émouvant et éprouvant. Et l'écriture est là, forte, qui élève au-dessus du malaise, cherche à comprendre, et donne à la quête de Lola presque des airs de noblesse. Cette lecture ne peut pas laisser indifférent, elle attire, bouscule, retient et laisse sur le carreau. A découvrir, assurément ! Ouch !

Editions Stock - 18€ - Avril 2016

Un titre lu dans le cadre du challenge Premiers romans...

68premieresfois

Viscéral pour Virginie - Une écriture, une atmosphère, une découverte... pour Nicole - Un livre qui prend aux tripes pour Joelle - Un roman cru ou la souffrance est palpable pour Anita - Un premier roman décoiffant pour Eimelle - Hors des sentiers battus pour Nathalie - Une autre Nathalie termine ce livre essouflée - "Je me suis sentie "happée" par ce livre, par cette quête désespérée d'un apaisement toujours illusoire" chez Albertine - Laure est restée indifférente - La lecture chahutée de Domi - "Putain de roman !" pour Sabine (M'enfin Sabine !) - Une lecture en demi-teinte pour Véro

 

27 juillet 2016

L'heure bleue, Elsa Vasseur

lheurebleue

 "Zoé fut saisie d'un vertige."

Juste après l'obtention de son baccalauréat, et alors que son été s'annonce vide de projets, Zoé se voit proposer par une amie du Lycée de jouer à la baby-sitter pour son neveu Ben tout en profitant d'un séjour en Grèce en sa compagnie. La jeune-fille a perdu autrefois son petit frère Nino, et est marquée par ce décès qui provoque chez elle régulièrement des troubles alimentaires, elle accepte cependant la proposition de Lise, plus par provocation envers son père qui a remplacé sa mère par une hôtesse d'accueil prénommée Karine que par véritable envie. La famille de Lise, installée pour l'été sur une île grecque privée, Dolos, s'avère à la fois intimidante et étrange. Adam, le père de Ben, peintre, trouble beaucoup la jeune-fille qui ne sait quoi penser par ailleurs de la défection de la mère de l'enfant confié à ses soins, ni des faux-semblants et mensonges de cette famille d'un autre milieu qu'elle...

Je n'aurais certainement pas lu ce premier roman d'une toute jeune fille s'il n'avait voyagé parmi le groupe du challenge des #68premièrefois. C'est une bluette d'été qui se lit très rapidement, il m'a fallu une demi-journée pour l'achever. J'ai aimé y croiser des souvenirs personnels, d'anciens étés à faire moi-même du baby-sitting chez des gens fortunés. La position délicate, entre intimité et rapports professionnels, est ici assez bien décrite même si Zoé ne reste pas un personnage transparent très longtemps, ce qui est généralement plutôt l'apanage des jeunes-filles au pair, denrée interchangeable et éphémère. Les évènements et tensions présentes dans la famille Stein donnent en effet très vite au récit une autre tournure, entre drame et mélodrame. J'ai cependant regretté que ce récit ne se départisse jamais vraiment de ses caractéristiques de roman romantique, son scénario me rappelant étrangement celui de Jane Eyre. J'ai eu par la même le sentiment de revenir à mes lectures adolescentes. Pour autant, les qualités de raconteuse d'Elsa Vasseur sont indéniables et L'heure bleue est rempli de jolis moments suspendus, de peinture, d'été et de couleurs. Un livre à glisser sans hésiter dans son sac de plage pour les amateurs de lectures sentimentales !

Editions Robert Laffont - 18.50€ - Mai 2016

68premieresfois Distrayant mais manquant d'intensité pour Joëlle - Agréable et estival pour Martine, qui est quand même un peu déçue - Un roman léger, pour l'été, au bord de la piscine ou dans une chaise longue au jardin pour Laure des Jardins d'Héléne ! 

... et c'est exactement là que je l'ai lu, sur une chaise longue, dans mon jardin.

18 juillet 2016

Une famille normale, Garance Meillon

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 "Dans la voiture, je fis taire Chopin, qui lui non plus ne comprenait plus rien."

La famille de Cassiopée est (d'apparence) une famille banale. Damien et elle forment en effet un couple uni, ont chacun un métier, des passions, un entourage amical. Ensemble, ils ont eu deux enfants, une fille et un garçon, maintenant adolescents, et ils habitent tous les quatre un bel appartement dont la jeune femme est assez fière. La routine a bien un peu pris le dessus sur le sentimentalisme des débuts, ce qui arrive à de nombreux mariages. Mais l'emploi du temps est devenu une donnée maîtrisée, peut-être même un peu trop. D'ailleurs, Cassiopée organise tout dans cette maison, les activités des enfants, le régime sans sel de la famille, et ferme les yeux sur les loisirs extravagants de son mari, notamment sur cette casquette affreuse qu'il tient à porter tous les dimanches. Les rares moments d'abandon sont par ailleurs soigneusement réglementés, l'amour c'est le mardi, et les comics n'ont leur place que dans les toilettes. Et puis un jour, la mère de Cassiopée décède, et tout ce bel édifice édifié avec soin pour ne laisser entrer aucun sentiment, ni aucun imprévu, craquelle. Les larmes peinent pourtant à venir. Les deux femmes étaient si différentes. Cet évènement, et des lettres que Cassiopée découvre, vont pourtant faire voler en éclats les faux-semblants de cette famille normale. Il faut croire qu'elle n'attendait que cela...

J'ai beaucoup aimé ce livre, les secrets révélés, la découverte par Cassiopée des lettres de sa mère, la vague qui prend racine là, dans ce moment de lecture et fait bouger les lignes. Le couple que la jeune femme forme avec Damien est étonnant et assez exceptionnel. L'amour insubmersible de cet homme qui attend, est à l'écoute, et sait profiter de ce que sa femme est à même de donner, est très touchant. Le lecteur entre aussi dans l'intimité des deux adolescents, Lucie et Benjamin, et les regarde aimer, faire des erreurs, se blesser puis se relever. Ce livre est passionnant à lire, d'une simplicité remplie d'émotion, très beau, surprenant, et bien écrit. Un bien intéressant moment de lecture.

Edtitions Fayard - 17€ - Janvier 2016

Un livre lu dans le cadre du challenge Premier roman...

68premieresfois Une lecture forte, à la fois glaçante et tendre, bouleversante pour Martine - Un roman ironique vraiment intéressant à découvrir pour Pativore - Emouvant pour Virginie - Emotions et sentiments pour Nathalie - L'instinct de survie des personnages a plu à Tlivres - Emouvant pour Joelle - Anita a été moins enthousiasmée par la fin que par le début - Une belle leçon de vie pour Plume Nacrée - Une performance honorable pour Anita - Lydie a adoré - De l'ennui dans les jardins d'Hélène - Une lecture intéressante et une écriture prometteuse pour domiclire, malgré quelques bémols - "L’écriture de Garance Meillon est singulière,  sobre, drôle, un poil grinçante…Tout ce que j’aime", chez Framboise - Saxaoul n'a pas été convaincue par le dénouement...