Je ne suis pas celle que je suis, Chahdortt Djavann
"Ma première grande faiblesse fut de vouloir devenir une héroïne, épique et stoïque, ma deuxième faiblesse fut d'échouer, et la troisième de recommencer, sans cesse ; mon opiniâtreté refusait l'abandon d'un tel projet. C'est ainsi que je devins une insubmersible héroïne déchue."
Nous suivons, dans cet épais roman de plus de 500 pages, qui m'a tenu quelques temps, deux femmes, toutes deux d'origine iranienne, l'une vit à Paris, l'autre est étudiante en Iran.
La première décide de consulter un psychiatre suite à une tentative de suicide auquelle elle a réchappé, lourde d'une souffrance dont elle souhaite s'alléger, encombrée de multiples moi qui l'empêchent d'être véritablement elle-même. Pour payer cet homme qui ne répond que par borborygmes indifférents à ses propos, son psychiatre, elle enchaîne les petits jobs et les colères.
La deuxième jeune-femme est intelligente et sauvage, mais elle vit dans un pays où une femme n'est qu'un être empêché. Alors, elle cherche à s'échapper, à Londres pourquoi pas via un mariage arrangé, ou au sein de son pays en se travestissant en garçon...
Je suis très partagée sur ce roman. C'est une lecture que j'ai entamé un peu dubitative et continué aux trois quarts sur le même mode. La partie psychanalytique du récit m'a seulement à moitié convaincue, soyons honnête, elle m'a semblé bourrée de stéréotypes. Même si la question de l'efficacité d'une psychanalyse effectuée en dehors d'une langue maternelle reste un questionnement utile. Cependant, cependant, les aventures de cette jeune iranienne - le deuxième personnage - confrontée sans cesse aux interdictions et ambivalences du régime de son pays m'a beaucoup intéressée, elle. Je referme donc ce livre plutôt enthousiasmée, non par sa qualité littéraire, mais par l'intérêt de l'histoire qu'il raconte, au-delà de ses excès, et par ce qu'il m'a appris du quotidien vraiment contraint et opressé de la société iranienne, dont les femmes sont encore une fois les premières victimes.
Editions Flammarion - 21€ - Août 2011
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