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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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20 avril 2012

La Fille de son père, Anne Berest

lafilledesonpere"A se frotter les unes contre les autres, pendant toutes ces années d'enfance, nos peaux s'étaient épaissies, créant entre nous des callosités difformes. Notre épiderme s'était durci, nous rendant râpeuses les unes aux autres, comme de mauvaises langues."

Trois jeunes femmes rousses et leur père fêtent un anniversaire, celui d'Irène, l'aînée. Catherine, la deuxième femme d'Albert, n'est jamais très à l'aise dans ce genre de circonstances et les filles de son mari ne font rien pour arranger les choses. Soudain, une colère éclate et des mots sont dits, qu'on ne peut plus ravaler. Le doute s'insinue. Et si, comme cette femme l'a crié, leur mère décédée avait aimé un autre homme ? Et si, une des trois soeurs n'était finalement pas la fille de leur père ?

J'ai beaucoup aimé ce petit roman très bien écrit et très bien construit qui s'est lu en une journée. Il ne contient pas de pirouette finale, lui, mais une fin qui se dépose avec la douceur des ailes d'un papillon.
Les relations entre les membres de cette famille sont intéressantes, faites de reproches, d'amour, d'éloignement et de fidélité. La vie n'épargne pas cette seconde fille discrète qui se trouve être aussi la narratrice du récit, la mort rode autour d'elle, mais elle sait avec légèreté écouter sa petite voix intérieure et puiser du bonheur dans le brouhaha que produit sa bruyante famille.
Une lecture charmante et un bon premier roman. Une auteure à suivre.

Editions Points - 6€ - Août 2011

Mon avis détonne un peu de celui des autres blogueuses qui l'ont lu, et qui l'ont trouvé en général convenu et pas assez consistant : Clara est restée sur sa faim - Chaplum est réservée - Liliba est un peu déçue  - Un roman lu d'une traite aussi pour Laure - Trop maigre pour Mango !

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18 avril 2012

La Vie d'une autre, Frédérique Deghelt

lavieduneautre"Rien... Cette accumulation de sourires, de vacances, d'anniversaires, d'expressions ne m'évoque rien. J'ai beau attendre à chaque page un choc, une ombre, un fil à tirer pour que vienne le reste, c'est l'album de photos d'une étrangère que je feuillette avidement."

Marie se réveille auprès de Pablo rencontré la veille lors d'une soirée, et c'est le choc. Elle se rend compte très vite qu'ils sont mariés, ont des enfants et qu'elle a étrangement fait pendant la nuit un saut dans le vide de 12 ans. Hier, nous étions encore le jeudi 12 mai 1988, aujourd'hui nous sommes le 13 mai 2000. Elle ne dit rien de son amnésie, évite les erreurs avec dextérité et part en quête d'elle-même... La réalité s'avèrera plus douloureuse que prévu, mais cet amour tout neuf - vieux pourtant de 12 ans - qu'elle découvre soudain est ce pour quoi elle a réellement envie de se battre.

Je découvre l'auteure avec ce titre et c'est une rencontre plutôt intéressante que j'ai fait là. J'ai cru au tout départ entrer dans un univers fantastique/réaliste (allons bon) particulier, mais non pas du tout, il s'agissait bien d'amnésie. Le style du roman est assez simple mais l'histoire est suffisament addictive pour le faire oublier. Le personnage principal est attachant et les situations qu'elle rencontre vraisemblables. Je dois avouer que les tribulations de Marie et Pablo m'ont tenue assez tard dans la nuit... Ce livre pose avec justesse la question de la durée dans le couple, et du regard éveillé sur l'autre que l'on perd parfois en cours de route. Marie s'attache à ce mari tout neuf qui semble lui tomber du ciel, à cette famille qu'elle apprend à aimer en urgence, et donne ainsi à son couple un élan nouveau.

Une lecture agréable qui m'a remis en selle après quelques déceptions, même si la fin m'a laissée un peu sur ma faim.

Editions babel - 8.70€ - Janvier 2012 - Merci ma bibli !!

Je rejoins l'avis de Mango sur son billet - Anne (l'insatiable lectrice) avait été déçue par le dénouement et agaçée par des détails (je suis d'accord aussi) - Pas un coup de coeur mais presque pour Saxaoul ! - Anne (des mots et des notes) a beaucoup aimé !

Ce roman a été adapté au cinéma par Sylvie Testud - sorti en salles en 2011
Je n'ai pas vu le film qui semble assez différent du livre.


LA VIE D'UNE AUTRE - BANDE ANNONCE OFFICIELLE

4 avril 2012

Un jour, David Nicholls

UNJOURLIVRE

"Les quelques lignes qui s'affichaient à l'écran constituaient la première ébauche de son tout nouveau projet : une série de romans policiers à visée commerciale, mais discrètement féministes. A onze ans déjà, Emma avait dévoré tous les Agatha Christie ; par la suite, elle avait avalé quantité de Raymond Chandler et de James M. Cain. Pourquoi ne s'essaierait-elle pas au polar elle aussi ? Forte de ses lectures, elle avait abordé l'exercice avec confiance. Mais après une matinée d'efforts infructueux, elle devait admettre que lire et écrire sont deux activités distinctes : l'écriture ne se limite pas à régurgiter ce qu'on a absorbé."

Tout commence en 1988, alors qu'Emma et Dexter viennent d'empocher leurs diplômes de fin d'étude et de fêter ça dignement avec alcool et amis à la clé. Se croisant déjà depuis quelques temps, ils se sont enfin abordés à cette occasion, puis ont passé la nuit ensemble, mais rien n'a vraiment eu lieu... Entre discussions à bâtons rompus et baisers, un lien s'est pourtant formé (amoureux ?). Dexter veut "découvrir le monde", il partira le lendemain. C'est l'univers brillant et violent de la télévision qui le récupèrera au terme de son périple. Emma est une jeune militante qui rêve de devenir écrivain, est douée pour l'enseignement et est bourrée de principes et de complexes. S'ensuivront des années à s'écrire, à s'aimer en toute amitié, et à se manquer de peu... (pour toujours ?)

Je pensais que ce best seller était une romance légère et facile, mais en fait pas du tout. J'ai même eu quelques difficultés à rentrer dans l'histoire, les premières pages du livre ont été laborieuses à lire. Et puis, je me suis prise d'affection pour les personnages de cette épopée amicale qui ne nous épargne rien de ses désillusions et de son désanchantement. C'est ce qui m'a beaucoup plu dans ce livre, l'intention réaliste, ainsi que ce brossage du temps via deux vies et personnalités assez différentes (Le récit se termine en 2007). Je ne me suis rendue compte qu'à la fin que l'auteur avait en fait décidé de nous raconter le 15 juillet de chaque année (d'où le titre).
On y boit et fume aussi en quantité, pas de fausse ambiance bien pensante donc, lisse, voilà qui fait drôlement du bien de nos jours.
J'ai hésité à mettre ce titre en coup de coeur, il l'aurait mérité, mais je conserve quelques bémols sur certaines longueurs. Je vais donc me contenter de chaudement vous le recommander.
Une bonne grosse lecture addictive, pour les adeptes du genre.

Editions 10/18 - Février 2012 - 9.60€

Saxaoul est mitigée - Je l'avais noté sur le blog d'Elfe, enthousiaste - Une histoire qui aurait gagné à être plus courte pour Aifelle

Un film a été tiré du roman, je ne l'ai pas encore vu... 


UN JOUR : BANDE-ANNONCE VF HD 'One Day'

5 mars 2012

L'étrange disparition d'Esme Lennox, Maggie O'Farrell

l'étrangedisparition"Le début se situe peut-être plus tôt, avant le bal, avant que les deux jeunes filles aient revêtu leurs nouveaux atours, avant qu'on ait allumé les bougies et parsemé du sable sur le parquet, bien avant l'année dont elles fêtent la fin. Qui sait ? Quoi qu'il en soit, les choses se terminent devant une fenêtre grillagée dont les carrées font deux ongles de pouce de côté, très exactement."

Nous sommes à Edimbourg, de nos jours, et Iris navigue entre le magasin de vêtements anciens qu'elle gère, un amant marié et un presque frère, Alex, dont elle se sent un peu trop proche. Un jour, le téléphone sonne, et elle apprend coup sur coup l'existence d'une grand tante inconnue et le fardeau qui lui est assigné de s'occuper désormais de son sort. L'asile où la vieille femme était recluse depuis soixante ans va en effet fermer ses portes...

Dans ce roman de Maggie O'Farrell, il est beaucoup question de mémoire et de démence, la grand-mère d'Iris, Kitty, est d'ailleurs atteinte de la maladie d'Alzheimer. Mais j'y ai trouvé également une critique très fine et acerbe des bons usages qui brimaient la société de l'époque pendant laquelle Esme était enfant, et de leurs déviences. Le personnage moderne et libre d'Iris est horrifiée de constater ce que pouvaient être les critères d'internement un siècle plus tôt (adultère, frivolité, fugues...) et à quel point les femmes en étaient victimes.
Voici un livre essentiellement féminin donc, poétique et cruel, dont j'ai véritablement apprécié l'acidité, même si il ne restera pas mon préféré de l'auteure. J'avais eu un plus grand coup de coeur pour Cette main qui a pris la mienne (2011) ou Quand tu es partie.
Je l'ai pour autant lu avec une grande avidité, pressée de savoir pourquoi Esme avait été internée et quel secret dissimulait depuis tout ce temps sa soeur Kitty, enfermée depuis quelques années elle dans une maladie implacable.

Editions 10/18 - 8.10€ - Novembre 2009 - Merci ma bibli !!

Parmi vos nombreuses lectures, quelques avis... Anne, l'insatiable lectrice -  Aifelle - Cathulu - Elfique -KarineClara.

29 février 2012

Nos étoiles ont filé, Anne-Marie Revol

nos_toilesontfil_"Mes absentes,
Deux mois que vous êtes mortes. Contre toute attente, la terre ne s'est pas arrêtée de tourner. La semaine dernière, je me suis fâchée avec le postier qui refusait de me monter un paquet. Hier, votre père m'a morigénée pour avoir cassé trois verres à pied : "Tu me soûles, Marie, c'est tout ce qui me reste de ma mère !" Et cet après-midi je me suis offert une paire - hors de prix - de bottes Roger Vivier. Il y a vraiment de quoi rire. Ou pleurer. Au choix."

11 Août 2008, deux petites filles décèdent dans un incendie, coincées dans leur chambre à l'étage. Les secours n'ont rien pu faire pour les sauver. Elles étaient en vacances chez leurs grand-parents, leurs parents étaient en voyage. Ce matin-là, la radio fait écho de ce malheur, la France entière apprend ce fait-divers et est effrayée et peinée. Dans les semaines qui suivent les magasins seront dévalisés de leurs détecteurs de fumée. Mais c'est à Anne-Marie Revol que ce drame est arrivé, ce sont ses deux petites-filles à elle qu'elle a perdu, elle et son mari. Aussitôt, se fait sentir en la jeune-femme le désir puissant de leur parler, de leur écrire des lettres, pour les atteindre où elles sont, pour leur donner vie chaque jour, pour ne surtout pas les perdre dans l'oubli...
Ce titre est un recueil de ces lettres, rédigées de l'avant veille de leur décès à la naissance de leur petit frère.

L'envie de lire ce livre m'est venu il y a un moment déjà, en lisant des critiques sobres et enthousiastes, et en visionnant une interview d'Anne-marie Revol (journaliste à France2). Je me souviens avoir été non pas émue mais profondément troublée par la force de l'amour assez rare qui semblait exister entre son mari et elle, et cette manière très spéciale d'être à la fois triste et heureuse de vivre après ce drame ultime. J'ai retrouvé cette impression dans son livre, et cela n'a fait que confirmer mon admiration. Mais loin de n'être qu'un témoignage, ce récit est aussi un beau texte (je ne l'aurai sans doute pas lu si je n'en avais pas été convaincue auparavant) et il remplit grandement son objet, permettre à Pénélope et Paloma de rester dans les mémoires pour longtemps. 

Je ne sais trop pourquoi en ce moment mes lectures se frottent sans cesse à la perte et au deuil... une manière de conjurer la peur sans doute. Heureusement, Nos étoiles ont filé ne tombe jamais dans le pathos ni l'impudeur. J'ai tout de même vécu cette lecture de manière éprouvante (je veillais en même temps mon fils un peu malade) alors qu'elle est terriblement optimiste.
Avec toute l'émotion ressentie en parcourant ces pages, je ne peux faire autrement que d'en faire un coup de coeur !

Editions J'ai lu - 7,60€ - Octobre 2011  heart

Lu aussi par Amanda et Théoma

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26 février 2012

Le garçon dans la lune, Kate O'Riordan

legarçondanslalune"Se demander si cela révélait trop de choses ou s'il fallait en révéler davantage et, dans ce cas, si on risquait de le regretter. Toutes ces suppositions se faisaient en silence, tandis que l'eau bouillait, qu'on posait les tasses sur les soucoupes avec un petit tintement. Julia était stupéfaite. Vingt ans à essayer d'apprendre aux gens à parler, alors que tout ce qui se disait dans les conversations se trouvait dans les silences."

Un drame est survenu dans la vie de Julia et Brian, un drame fait de culpabilité et de ressentiment violent. Leur fils, Sam, sept ans, a fait une chute mortelle. Brian est coupable de l'avoir mis en danger, de ne pas avoir su le retenir, Julia n'en peut plus de douleur. Comment continuer à s'aimer après cela, à vivre ? Déjà que leur couple ne savait plus très bien où il en était auparavant. Chacun doit s'éloigner l'un de l'autre pour apaiser ses souffrances. Julia part à la recherche de son fils auprès de son beau-père, taciturne et fier, tyrannique, Jeremiah. Brian, seul dans une maison qu'il doit se résoudre à vendre, cherche son fils en accrochant des photos partout.
Mais la terreur présente n'est que l'écho d'un évènement plus ancien qu'il faudra regarder en face pour enfin espérer renaître...

heart Voici le troisième roman que je lis de l'auteure (Pierres de Mémoire, Un autre amour). On retrouvera ici encore une fois ces thèmes qui semblent lui être chers, ceux de la famille, des secrets qui enferment et peinent, de la nature aussi, omniprésente, ici l'Irlande. Personne n'est parfait dans les romans de Kate O'Riordan, tout le monde a quelque chose à se reprocher. Violence et culpabilité sont au programme. Mais l'amour est là aussi, fort et imparfait, proche du réel.
Ah, ce roman m'a cueillie comme une débutante, les larmes ont coulé, fait assez rare pour le signaler. Il a sans doute quelques défauts ce texte, j'en suis même certaine en y repensant (allez quelques longueurs peut-être), mais je l'ai réellement beaucoup aimé. Emotion garantie.

Folio - 7.30€ - Juin 2009 - Merci ma bibli !!

Vous êtes nombreuses à avoir déjà lu ce titre, Cathulu ayant fait voyager son exemplaire à l'époque de sa sortie en grand format. Son billet et celui de Cuné se sont malheureusement perdus dans les limbes du net, mais j'ai pu retrouver d'autres lectures...
Amanda, Laure, Choco, Lily, Anne, ElfeClara

4 février 2012

L'année de la pensée magique, Joan Didion

l'année de la pensée magique"Le mariage, ce n'est pas seulement le temps : c'est aussi, paradoxalement, le déni du temps. Pendant quarante ans, je me suis vue à travers le regard de John. Je n'ai pas vieilli. Cette année, pour la première fois depuis mes vingt-neuf ans, je me suis vue à travers le regard des autres [...]"

Ce livre est le témoignage d'un deuil réel. En 2003, alors que Joan Didion s'apprête à dîner avec son mari, celui-ci s'effondre, victime d'une crise cardiaque. Ils viennent de rentrer chez eux, après avoir rendu visite à l'hôpital à leur fille Quintana, elle-même plongée dans le coma. Joan Didion revient sur cette année étrange et difficile où il a fallu en même temps soutenir sa fille malade, intégrer cette vérité que la vie puisse changer ainsi à tout instant, qu'un être puisse seulement disparaître d'une seconde à l'autre, et se poser les questions essentielles que soulèvent de tels évènements. Tout d'abord celles de l'apitoiement. Et puis comment être seule ? Cesser de penser que le compagnon de toujours puisse revenir ? Comment reprendre le chemin de l'écriture ?

J'ai été très sensible à la manière précise, à la fois détachée et émouvante, de Joan Didion de revenir sur son expérience. Ces moments où elle plonge dans ce qu'elle appelle le vortex, flashs qui surviennent lorsqu'un objet ou un lieu ouvrent la porte aux souvenirs, sont frappants. Je crois que ce roman peut être d'une grande aide pour ceux qui traversent également un tel évènement, le décès d'un proche. L'auteure s'attarde en effet avec compassion et tendresse sur ce que les endeuillés éprouvent. Sans y être confronté, nous pensons réellement et en général, comme elle auparavant, que ce sont les premiers jours qui sont pénibles, qu'être à la hauteur est la réaction appropriée face à la mort, alors que la difficulté provient de l'absence infinie qui s'ensuit et de tout ce qui nous confrontera sans cesse à l'absence et à l'absurdité.

"Nous nous attendons peut-être, si la mort est soudaine, à ressentir un choc. Nous ne nous attendons pas à être littéralement fous, à être la cliente pas difficile  qui croit que son mari va bientôt revenir et avoir besoin de ses chaussures."

Editions du Livre de Poche - 6.50€ -2009

Un très grand livre pour Mango - Merci Cathulu !

Ce texte a été transformé par l'auteur elle-même en un monologue, incarné sur les scènes new-yorkaise et londonienne par Vanessa Redgrave. Et c'est, en France, Fanny Ardant, lors de sa création au théâtre de l'Atelier en novembre 2011, qui donne une nouvelle vie à ce récit. Une mise en scène de T. Klifa. Il semble cependant que cette pièce ne se joue plus à l'heure actuelle. [Un extrait intéressant de l'émission de Taddeï]

31 janvier 2012

Nos baisers sont des adieux, Nina Bouraoui

nosbaiserssontdesadieux"Il lui avait fallu du temps avant de se sentir en sécurité auprès d'une femme. Elle venait des hommes comme l'on vient d'un pays."

Ce texte de Nina Bouraoui est un voyage dans les contrées subtiles et mouvantes du désir. Carnet de notes, journal intime, souvenirs, le temps s'emmêle et la chronologie, libre, décide du tableau qui sera donné au lecteur. A lui de deviner vers quelle destination on le dirige subtilement. Il y a Alger, Paris, l'Allemagne aussi, l'enfance et la maturité, la découverte et la confiance...
Des textes courts, parfois juste un paragraphe, où chaque impression, objet, réflexion, fait sens.

Voici une lecture que j'ai commencée avec prudence, n'ayant jamais rien lu de l'auteure auparavant. C'était une découverte, je n'étais pas certaine d'aimer... Et puis, après les premières pages, une fois compris le mécanisme, le fait qu'il fallait se laisser porter par le texte sans lutter, j'ai vraiment aimé. Nina Bouraoui livre une intimité de femme, aussi pudique qu'universelle. Et elle nous conte l'éveil au désir, ses mésaventures et ce qui fait la vie, l'amour.
L'inclination de la narratrice la porte vers les femmes mais chaque amoureux ou amoureuse saura se reconnaître dans l'évocation de ces émois là.
Une lecture où le fond est sublimé par la forme, car l'écriture est belle, surtout lorsqu'elle revient vers l'enfance.

"Je pensais au poids de mon corps sur la terre, puis aux autres corps qui marchaient en même temps que moi, à tous nos souffles, je pensais aux voix qui pouvaient se répondre, je pensais aux mains qui pouvaient se saisir et former un pont imaginaire entre les récifs et les côtes et puis je pensais à toutes les possibilités amoureuses, à toutes les histoires, [...] je pensais alors qu'il ne fallait pas avoir peur de l'inconnu parce qu'il ne fallait pas avoir peur de la vie, qu'elle était là comme un océan autour de moi, dans lequel je nageais pour rejoindre quelqu'un que je ne connaissais pas encore."

Editions J'ai Lu - 6.80€ - Janvier 2012

Une intéressante vidéo sur le site INA pour Un livre, un jour 

22 janvier 2012

La Petite fille de ses rêves, Donna LEON

lapetitefilledesesrevesLe commissaire Brunetti vient de perdre sa mère. Un ancien missionnaire, Antonin, vieil ami de son frère, lui a tenu compagnie dans ses derniers jours. Cependant, lorsque celui-ci vient trouver Brunetti à la questure pour lui demander d'enquêter sur un groupe spirituel douteux c'est vers lui que se tournent les doutes du commissaire. En parallèle, on retrouve une petite noyée dans un canal de Venise, des bijoux cachés dans ses vêtements. Des marques sur son corps montrent qu'elle est sans conteste tombée d'un toit.

J'ai eu l'occasion de regarder quelquefois, et toujours avec plaisir, les enquêtes vénitiennes du commissaire Brunetti, en version série télévisée allemande... Venise reste un décor fascinant et les personnages du téléfilm y ont souvent un humour fin et plaisant.
Dans le texte romanesque, la ville est brossée bien rapidement et les personnages aussi. Cependant, et heureusement, l'attrait de l'histoire reste fixée aux collègues proches de l'enquêteur, et au couple que forme le commissaire Brunetti et sa femme, et j'aime beaucoup leur manière de vivre l'un avec l'autre. J'ai été tenue par l'esprit du livre, par l'intrigue, mais suis restée au final un peu sur ma faim. Une lecture plutôt plaisante donc, mais parfois légère dans son contenu, à prendre comme l'occasion d'un voyage dans une des villes les plus fascinantes qui soient, au plus proche du réel.

"Nous ne sommes pas dans un de tes romans, où tout est expliqué au dernier chapitre, devant tous les protagonistes assis bien sagement dans la bibliothèque du château.
- Les livres que je lis ne sont pas comme ça ! protesta-t-elle, indignée.
- La vie non plus n'est pas comme ça", répondit Guido."

Editions Points - 7.20€ - Janvier 2012

 Pour en savoir plus sur la série

6 janvier 2012

La théorie du panda, Pascal Garnier

lathéoriedupanda"Si l'existence n'est qu'un passe-temps, alors rien ne dit qu'il y aura un demain, tout comme on peut douter d'avoir vécu un hier. C'est un jour à tuer quelqu'un sans raison."

Gabriel débarque discrètement dans une petite ville de Bretagne grise et anonyme, qui ressemble à toutes celles de l'intérieur des terres, à n'importe où. La mer est loin, insoupçonnable. Il décide d'y rester un moment et s'installe à l'hôtel où Madeleine officie derrière son comptoir, cherche un lieu où dîner et rencontre José, s'attarde un peu et finit par en croiser du monde... Il faut dire qu'il se montre charmant et serviable cet homme parfait qui cuisine comme un chef, l'ami rêvé...

J'ai découvert Pascal Garnier avec Lune captive dans un oeil mort, que j'avais trouvé à l'époque aussi caustique que raffiné, savoureux, un régal. Puis, je n'avais pas réitéré. L'occasion m'a été donnée de lire ce titre-ci, j'ai alors sauté sur l'occasion. Dans La théorie du panda, l'ambiance est différente de ma précédente lecture, nous sommes loin du paradis pour retraités, cadre de l'autre roman. Ici, tout est gris, la ville et les gens, mais au creux de leurs vies scintille une petite flamme fragile, un potentiel magique de bonheur, que l'on rêve de préserver... Ah mais il est certain que comme dans tout roman noir qui se respecte le destin et la folie humaine en décideront bien autrement...
Une lecture qui s'avère finalement un peu décevante pour moi, en regard du souvenir que je conservais de l'auteur, et m'en voici toute surprise. Dotée pourtant d'une belle écriture, l'intrigue de La Théorie du panda n'a pas su me passionner... tant pis.

Editions Points - 6.50€ - janvier 2012

D'autres avis, beaucoup plus enthousiastes...

Un instant de lecture inouïe pour Clarabel - Les personnages qui hantent ce roman sont tous singuliers, comme le style, inimitable et rare, pour Sharon Il y a dans les livres de Pascal Garnier un je-ne-sais-quoi qui plaît à chaque fois, pour Véro l'encreuse. -

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