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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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17 août 2016

New York esquisses nocturnes, Molly Prentiss ~ Rentrée littéraire 2016

esquisses nocturnes

"Un jour, ces toiles deviendraient quelque chose. De ça, ils étaient certains."

Trois personnages très différents, et pourtant liés par leur goût pour l'art, arpentent le New York des années 80. Raul Engales, jeune peintre venu d'Argentine, qui vit dans un squat et tente de mener la vie d'artiste dont il rêvait enfant (Sa soeur, Franca, restée en Argentine, hante parfois ses pensées). James Bennet, critique et collectionneur d'art, atteint d'une forme étrange de synesthénie qui lui permet d'écrire des papiers rocambolesques et précis dont le New York Times raffole (Sa femme, Marge, enceinte de quelques semaines, est le pivot du couple, celle qui paye les factures quand son mari investit tout dans des tableaux). Et puis il y a Lucy, une jeune fille enthousiaste et rêveuse, fraichement débarquée de sa campagne, qui croit en tous les signes que le destin lui envoie, et est persuadée qu'elle doit vivre avec des artistes. Elle tombe amoureuse de Raul, à ses risques et périls... 

Ce premier roman de Molly Prentiss est à l'image de sa couverture, coloré et plein de vitalité. La peinture est le véritable personnage principal de ce récit que j'ai apprécié pour son écriture assez originale et sa trame narrative qui m'a tour à tour enchantée et surprise. J'ai aimé plonger ainsi dans un New York que je ne connaissais pas vraiment, celui des débuts de Jean-Michel Basquiat, que l'on croise d'ailleurs dans ce livre. D'un côté, on assiste à la vie des squats, à l'effervescence d'une création en marge. D'un autre côté, navigue autour de ces artistes en devenir tout un monde de galéristes, de collectionneurs, d'investisseurs et de critiques, tout un monde d'argent. La qualité d'un artiste se révéle alors lors d'enchères organisées chez Sotheby's. Mais le lecteur est très vite embarqué ailleurs, dans la vie intime de chacun, souffrant avec chaque protagoniste de ses défaites, espérant avec lui que tout s'arrange, que les cartes au final ne se soient pas trompées, et que l'affection reste. Un roman éblouissant, et un Coup de coeur hautement intéressant de cette rentrée !

Editions Calman Levy - 21.50€ - 17 août 2016

Badge Lecteur professionnel Lu sur ma liseuse grâce à NetGalley        

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29 juin 2016

Ni terre ni mer, Anne Von Canal

niterrenimer"Maintenant, tout ne dépendait plus que de lui, de son jeu, de son art, de sa volonté."

A Stockholm le jeune Laurits rêve de devenir pianiste. Il lui suffit pour cela de réussir le concours d'entrée au Conservatoire. Mais il redoute le refus de son père, très autoritaire, qui espère que son fils suivra ses traces en embrassant une carrière médicale. Contre toute attente, son père accepte l'idée du concours d'entrée, à la condition que son fils s'inscrive à l'université en cas d'échec. Laurits est ravi, mais il échoue effectivement à son audition. Devenu gynécologue, marié à Silja, il mène une vie de famille tranquille, bien loin de la musique et des claviers auquels il ne touche plus. Devenu père à son tour, il lui semble même que la vie s'est apaisée. Ses parents sont devenus plus doux, semblent heureux de s'occuper de Liis. Cependant, lors d'un repas familial, un secret est révélé qui va chambouler la vie du jeune homme... et le propulser quelques années plus tard, en deux/trois terribles ricochets, sur un paquebot de croisière en costume de pianiste pour touristes blasés.

Ce livre est aussi beau que sa couverture. Il commence comme un journal de bord, celui d'un pianiste de croisière, puis nous emmène dans l'enfance d'un petit garçon riche mais solitaire à Stockholm. Ce roman parle de musique, bien sûr, mais également de la mer qui prend des vies, et permet aussi de fuir, d'oublier, de se recréer. Avec Ni terre ni mer, nous voyageons entre Stockholm et l'Estonie, puis sur l'eau, sur cette ville flottante qui permet de se sentir ni sur terre ni en mer, loin de tout, dans un temps suspendu. Il y a l'écriture de Anne Von Canal, la traduction de l'allemand d'Isabelle Liber, une ambiance douce et cruelle. Ce premier roman est un très gros coup de coeur ! Je suis heureuse de pouvoir vous l'offrir prochainement... Je vous donne rendez-vous le 1er juillet sur ce blog pour plus de détails.

Editions Slaktine - 18 € - Mars 2016

Je suis tombée sous le charme du logo, et de l'intention de cette toute nouvelle branche éditoriale du groupe Slaktine, créée en mars 2016... "Slatkine & Cie explore tous les champs éditoriaux mais choisit de ne publier qu’une dizaine de titres par an, pour le plaisir qu’ils donnent, le temps qu’ils dérobent et la douceur qu’ils prodiguent. La douceur est la traduction du mot russe Slatkine. C’est notre raison d’éditer." [clic ici]

SLAKTINE

12 juin 2016

Les Grandes jambes, Sophie Adriansen

lesgrandesjambes

"La courbe du pédiatre est formelle : une fille de douze ans mesure en moyenne 153 centimètres."

Marion a des difficultés pour s'habiller, elle est trop grande, et tous les pantalons qu'elle essaye sont toujours trop courts. Avec sa mère, elles écument régulièrement les boutiques en quête du pantalon miraculeux qui s'arrêterait juste au niveau des chaussures, cachant ses chaussettes. Un jour, Marion rencontre Jim, le pantalon idéal, doté d'un revers qu'elle peut défaire. Mais le répit est de courte durée, sa croissance ne semblant jamais vouloir cesser. Au collège, il est toujours dangereux de se faire remarquer et la grande taille de Marion est évidemment un problème, comme le fait de renverser son plateau à la cantine, incident dont elle rougit encore de honte. Comment, dans ces conditions, plaire à Grégory, le garçon dont elle est secrètement amoureuse ? Un voyage à Amsterdam est organisé pour la classe, afin de visiter notamment un musée dont les oeuvres ont été étudiées en cours d'Arts Plastiques. Marion rêve que Grégory fasse aussi parti du voyage, et c'est ce qui arrive... Il suffirait que Grégory aime le même tableau que Marion et qu'elle trouve également un jean à sa taille au pays des grandes personnes pour que la vie devienne un véritable enchantement.

Voici un petit roman jeunesse que j'ai dévoré et dont je fais un délicieux coup de coeur pour diverses raisons, principalement parce que je l'ai trouvé très intelligent, très bien écrit, juste, et que j'ai beaucoup pensé à ma grande fille en le lisant. En réalité, ma grande fille est elle toute minuscule, et dégoter des vêtements en taille XXS à 15 ans n'est pas non plus chose aisée, je connais très bien donc la déception du shopping. De plus, l'an dernier, en colonie, elle est allée visiter comme l'héroïne de ce roman la maison d'Anne Frank, les canaux d'Amsterdam et la ville. J'ai retrouvé dans les lignes de ce livre les émotions de ma fille, bien retranscrites. Et puis, comme Marion, ma fille est assez douée en Arts Plastiques, c'est une matière qu'elle souhaite prendre en option au Lycée l'an prochain. Vous ne serez donc pas étonnés que Les Grandes jambes se soit retrouvé dans ses mains.

lectrice                        Badge Lecteur professionnel

Editions Slalom - 10.90€ - 9 juin 2016 - Conseillé à partir de 10 ans

 Sophie écrit mais lit aussi, retrouvez là ici [clic]

18 mai 2016

Les Gens heureux n'ont pas d'histoire, Eloïse Lièvre

lesgensheureuxnontpasdhistoire

 "Rousse, cela voulait dire rebelle, singulière, irréductible, libre, sauvage. Antigone, rencontrée et incarnée un peu plus tard en classe de quatrième, l'était sans aucun doute. 
Même si la couleur de mes cheveux avait foncé, je l'étais, rousse, du moins à l'intérieur. Je n'ai jamais cessé de l'être."

J'ai su dès les premières pages de ce livre qu'il allait être un délicieux coup de coeur. En effet, il contient tout ce que j'aime, tout ce qui me fait vibrer en littérature, la recherche de soi, l'introspection et le regard acéré sur le monde qui nous entoure, la sensibilité. Eloïse Lièvre a choisi de nous raconter une histoire, la sienne, via quarante photographies, une pour chaque année qui passe, et quarante petits textes.  J'ai pensé au projet d'Isabelle Monnin dans Les gens dans l'enveloppe, et je n'ai pas été surprise de la retrouver en référence dans les remerciements en fin d'ouvrage. Comment vous dire...? Chaque phrase de ce livre a été un petit cadeau que j'ai reçu personnellement. De plus, la naissance d'Eloïse Lièvre est si proche de la mienne chronologiquement que nos histoires parfois se confondent, ou semblent se confondre, la mode vestimentaire, l'air du temps. Alors, j'ai eu le sentiment de suivre une histoire parallèle à la mienne, d'en comprendre le contexte. La sincérité qui se dégage de ce texte est si forte qu'elle emporte là où on ne pensait pas aller. J'ai été très touchée de suivre la vie d'Eloïse Lièvre, ses premières amitiés, ses premiers amours, mais aussi tout ce qui peut se cacher derrière ces poses, ces sourires de façade que l'on accorde parfois distraitement à l'objectif, la vie particulière, ordinaire - mais pas tant que cela - d'une enfant, qui devient une jeune fille, puis une femme. Cette jeune femme est éprise de littérature, elle laisse parfois sa plume s'envoler, divaguer, presque nous perdre, mais toujours la vie réelle revient, et la mythologie personnelle reprend pied dans le quotidien, tente d'y trouver sa place. Eloïse Lièvre est de celles qui cherchent un sens à leur vie, ce que je respecte profondément.
Les gens heureux n'ont pas d'histoire, certes, mais seulement quand il n'y a personne pour la raconter. Une lecture, bouleversante et intime, sincère, à ne pas laisser de côté.

Editions JC Lattès - 18€ - Avril 2016

Pour Sabine c'est "fort. Véritablement. Et sans éclat ni fadeur." et je partage son coup de coeur ! 

25 avril 2016

California Dreamin', Pénélope Bagieu

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"Je suis intriguée. Il y a un truc très déstabilisant chez cette gosse. Elle a cette espèce d'immense corps encombrant dont elle ne sait pas quoi faire. Et puis il n'y a plus de corps. Il y a juste cette présence. Et puis cette voix.  Cette voix !"

Dès son plus jeune âge, Ellen veut devenir une star. Elle a une voix incroyable, vite repérée par son professeur de chant. Mais son physique l'empêche d'être courtisée par les maisons de disque. Pour autant, la jeune femme est ambitieuse, tenace, a un caractère fantasque et attachant malgré sa boulimie et ses amours à sens unique. A 19 ans, elle devient Cass Elliot, rencontre Denny, le chanteur des Journeymen, et à force de persuasion, et de talent, va se faire une place dans le groupe The Mamas and the Papas qui lui doit beaucoup, notamment cette idée de doubler les voix sur California Dreamin'...

Gros coup de coeur pour cet album ! Décidément, en ce moment, je fais de belles pioches en matière de BD. J'avais du voir un avis mitigé sur celle-ci quelque part pour ne pas m'être précipitée pour la lire encore. Erreur heureusement enfin réparée. En effet, Pénélope Bagieu y délaisse avec bonheur le style girly qui a fait autrefois son charme et sa réputation (Joséphine, Ma vie est tout à fait fascinante,...) pour un style plus proche du roman graphique dans lequel elle exprime un talent indéniable. L'ensemble peut sembler brouillon au premier regard, le trait épais, les bulles presque un peu sales, mais tout sert le récit, et tout n'est que le fait d'une fausse désinvolture. California Dreamin' fouille avec une grande classe la vie de Cass Elliot, explique les tenants et aboutissants de la composition du groupe, les rivalités internes... donne la parole à tout le monde et à chacun, bref j'ai adoré, et voilà qui m'a donné très envie d'écouter de nouveau cette chanson ! 

Editions Gallimard - 24€ - Septembre 2015 - Merci ma bibli !!

Un vrai coup de coeur pour Sabine du Petit carré jaune ! - Un agréable moment avec cette BD pour Saxaoul - Un coup de coeur pour Enna (avec plein d'images) ! - Comme moi, Noukette est plus que ravie de ce changement de style - Beaucoup apprécié par Canel également - Je crois que c'est le billet de Sandrine qui m'a donné envie de l'essayer !  

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17 avril 2016

Un océan d'amour, Lupano et Panaccione

unoceandamour "Garanti sans dauphins, sans textes ni onomatopées. Peut contenir des traces de pictogrammes."

Attention pépite et gros coup de coeur pour cet album dont j'avais déjà vu un peu partout la couverture particulière, reprenant à s'y méprendre les caractéristiques d'un couvercle de boîte de sardines, sans me douter de ce qu'elle cachait à l'intérieur. Un océan d'amour est un album sans paroles qui donne donc tout son poids aux expressions et à l'enchainement des images. Très souvent, soyons honnête, je n'accroche pas du tout au procédé, à de rares exceptions près. Ici, le talent est là, l'histoire un peu folle aussi, l'aventure très amusante. J'ai parcouru ces pages un grand sourire aux lèvres, ayant hâte de savoir où tout cela allait au final nous embarquer. Un album très drôle donc, mais aussi magnifique, et rempli d'amour.

L'histoire ? Tout commence dans la grisaille d'une matinée bretonne. Monsieur se prépare à une journée de pêche. Madame lui prépare des crêpes, comme d'habitude, et lui confie une boîte de sardines pour son déjeuner. Mais Monsieur ne rentrera pas de sa journée de pêche, son petit rafiot a rencontré plus gros que lui. Madame, inquiète, part à sa recherche, remue littéralement ciel et terre pour le retrouver. Et les voici tous les deux partis dans de folles, et parallèles, aventures, jusqu'à ce que...

Editions Delcourt/Mirages - 24.95€ - Octobre 2014

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L'album délicieusement raconté ici par le petit carré jaune (avec plein d'images) - "L’équilibre est parfait et le résultat profondément humain. Magnifique !" chez Noukette - "Attendrissez-vous et souriez !" chez Canel - Un coup de coeur chez Lylou bouquine - Un bonheur pour Sandrine ! - Eimelle a été totalement conquise !

9 avril 2016

Le Grand méchant Renard, Benjamin Renner

legrandmechantremard

"Mais j'ai du faire une fausse manipulation ! Ils me prennent pour leur mère !"

Longtemps que je n'avais autant ri avec une BD qui a eu à raison Le Prix Fauve jeunesse 2016 à Angoulème. Benjamin Renner a en effet dans ce Grand Méchant Renard le talent de surfer sur les codes bien connus de notre enfance, sur ces histoires de loups et de renards, de poules et de lapins, pour en faire une gentille farce alerte et guillerette. Parce que vous l'aurez compris en jetant un oeil rapide à la couverture que rien ne se passe comme prévu dans cette histoire... Le Renard a bien essayé pourtant, lassé de ne faire peur à personne dans la ferme d'à côté, de s'associer au terrible Loup, son ami, afin de pouvoir enfin croquer quelques poules. Quelle bonne idée de chiper des oeufs, de les couver, d'élever quelques semaines les poussins ! Oui, mais les trois petites poules prennent dès la naissance Renard pour leur mère, l'affection s'en mêle, et bref tout part un peu en cacahuète !

Un gros coup de coeur pour ce titre qui à la fois fait fondre de tendresse, et rire. Il est sans conteste à partager allègrement en famille, succès garanti.

Editions Shampooing - 16.95€ - Janvier 2015 - Merci ma bibli !!

Saxaoul a adoré - Un coup de coeur pour Enna - A mourir de rire pour Sophie - Noukette est tombée dingue de ce grand couillon de Renard - C'est LA bonne surprise de 2015 pour Leiloona - Un album génial pour Jerome, ni plus ni moins - Une BD anti-morosité à lire en famille pour Sylire - Stephie avait envie de rire toutes les trois vignettes - Grosse déception pour Sandrine (ah bon ?) - "C'est drôle, c'est intelligent ! Un régal ! Lisez-le !" chez Hélène... bref cet album a été beaucoup lu sur la blogosphère dans un enthousiasme quasi général !! (je n'ai pas trouvé ton billet Keisha ?!)

J'ai lu cet album dans le cadre du Prix Cezam BD 2016 (vous avez peut-être remarqué que je lisais également la sélection de romans grâce à ma bibliothèque). C'est ma troisième lecture. Dans la sélection, j'ai déjà lu Zaï Zaï Zaï de Fabacaro dont j'ai aimé l'absurdité absolue, un peu folle, mais cette lecture m'a finalement un peu laissée de marbre. J'ai lu également Petit de Gatignol et Hubert, une histoire d'ogres, aux dessins époustouflants, mais à l'univers trop gore et grotesque pour vraiment m'accrocher... suite aux prochains épisodes.

prixcezam

4 avril 2016

Mémoire de fille, Annie Ernaux

memoiredefille

 "Cette fille là de 1958, qui est capable à cinquante ans de distance de surgir et de provoquer une débâcle intérieure, a donc une présence cachée, irréductible en moi. Si le réel c'est ce qui agit, produit des effets, selon la définition du dictionnaire, cette fille n'est pas moi mais elle est réelle en moi. Une sorte de présence réelle."

Il a fallu tout ce temps pour qu'Annie Ernaux puisse enfin ouvrir la page de la fille de 1958, celle qui a eu son premier amant, lors de la colonie de S. dans l'Orne où elle débarque cet été là en tant que monitrice. Cette fille là, qu'elle traite à la fois d'idiote et de naïve, sort d'une éducation religieuse assez stricte, de la surveillance constante de sa mère, cette fille là a envie de croquer la vie, de faire l'amour, la fête, d'être comme les autres, comme la fille blonde qui retiendra finalement l'attention de H. Elle ne mesure pas la violence des rapports entre les adultes de cette colonie, la raillerie, puisqu'elle ne connaît rien, imagine qu'il faut être comme ça, ne sait pas être autrement, tellement la vague du désir et de la découverte l'emporte, être enfin libre, libérée et amoureuse. Mais ce moment aura un impact sur ses deux années à venir, ses choix d'avenir, son obsession alimentaire, la métamorphose de son physique, le sang qui ne vient plus. Annie Ernaux oscille entre honte et compréhension et garde un regard distancié sur cette Annie D. qui était elle sans être elle, et qu'elle a tout fait depuis pour oublier sans jamais y parvenir.

Je me suis demandée comment j'allais réussir à vous parler de ce livre... car il est un coup de coeur à la fois très intime et dérangeant. On entre en effet avec Annie Ernaux dans une mémoire non édulcorée, qui m'a personnellement semblée à la fois brutale et très réaliste. Annie Ernaux décortique ce qu'elle n'a jusque là pas réussi à décortiquer de sa vie, la découverte des relations physiques, l'acceptation d'un quasi viol par méconnaissance et naïveté, tout ce à quoi une éducation rigoriste ne l'a pas préparée et en même temps lui a donné envie de découvrir, l'envie irrésistible de la transgression, le sentiment de vivre enfin, d'exister parce qu'elle désire. Et il est intéressant de voir comment les lectures lui ont ouvert l'esprit alors, permis de faire des choix et de retrouver sa voie. Une lecture précise et juste, et qui agit presque malgré soi comme un miroir.

Editions Gallimard - 15 € - Avril 2016

Cathulu a mis ce livre sur son étagère des indispensables !  - Un roman qui fait partie des indispensables aussi pour Saxaoul - Une fascinante introspection pour Jerome !!

28 février 2016

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine De Vigan

riennesopposealanuit

 "Incapable de m'affranchir tout à fait du réel, je produis une fiction involontaire, je cherche l'angle qui me permettra de m'approcher encore, plus près, toujours plus près, je cherche un espace qui ne serait ni la vérité ni la fable, mais les deux à la fois.
Je perçois chaque jour qui passe combien il m'est difficile d'écrire ma mère, de la cerner par les mots, combien sa voix me manque."

Delphine De Vigan tente de retrouver sa mère, via des entretiens qu'elle provoque avec les soeurs et connaissances de Lucile, via les documents qu'elle récolte, via le récit qu'elle entreprend dans son livre. Sa mère était une jolie petite fille, dont l'image a été utilisée autrefois pour des photos publicitaires, un des membres d'une fratrie nombreuse, bruyante et joyeuse. Et puis, les drames se sont enchaînés dans la famille Poirier, avec la mort des frères, ne réduisant pas l'effervescence et le tapage, mais posant sur le tout, sur tous, une couche de tristesse indélébile.

Comment expliquer la vague de suicides dans cette famille ? Comment expliquer la perte de repères, la chute, la maladie mentale que l'on soigne à coups de médicaments ? Comment faire le portrait le plus juste d'une femme fragile qui fut sa mère ? Delphine De Vigan réussit brillamment à explorer la vie de Lucile tout en parlant de ses doutes, de ce que cette écriture remue en elle et dans sa famille. J'ai été bouleversée par ce récit. Je ne m'y attendais pas. Et j'ai aimé également voir le livre en train de s'écrire, les hésitations, les ajouts et les renoncements de l'écrivain, les choix littéraires qui lui permettront de rester fidèle à son projet. Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce livre foisonnant et fort qui brosse également quelques époques, différentes par leurs moeurs et leurs exigences. Rien ne s'oppose à la nuit croit avec puissance au pouvoir de la résilience, mais il est avant tout un hommage vibrant, et une très belle déclaration d'amour, sincère, prudente et bienveillante. Un coup de coeur évident et extrêment émouvant.

Lu sur ma liseuse mais disponible en format poche aux Editions du Livre de Poche - 7.60€ - janvier 2013

Prix Renaudot des lycéens 2011 - Prix roman France Télévisions 2011 - Grand prix des lectrices de Elle 2012

Lu également Les Heures souterraines

Ce livre a été très présent sur la blogosphère mais c'est Saxaoul qui a été la dernière tentatrice en relisant ce titre en version audio. [clic ici]

29 janvier 2016

Quatre soeurs, tome 3 Bettina ~ par Cati Baur d'après Malika Ferdjoukh

bettina

"Mais Charlie elle aime Basile ?
- Oui, mais elle est amoureuse de Tancrède.
- Je croyais que c'était la même chose.
- La différence est grosse comme ton estomac."

Je me régale à explorer de tome en tome l'univers des Quatre soeurs de Malika Ferdjoukhvia ces albums adaptés de ses romans jeunesse (Enid tome 1 - Hortense tome 2). A peine ce tome 3 est-il arrivé à la maison que je l'ai littéralement dévoré. Dans cet opus, le projecteur est plus spécialement tourné vers Bettina, Bettina amoureuse cruelle d'un Merlin envolé, et qui se languit pendant ses vacances d'été de ce garçon qu'elle avait au départ méprisé dans le tome 2. Cependant, et curieusement, c'est une toute autre idylle qui va préoccuper la fratrie. En effet, Charlie, l'aînée, qui semble vouloir se défaire de son rôle de grande soeur sage et responsable, s'est entichée du tout nouveau locataire que les soeurs se sont résignées à chercher (les caisses sont vides), et Basile (l'amoureux parfait, le pilier) est délaissé. Et puis, les petits cousins sont là, et l'on retrouve partout des poireaux (c'est étrange)... mais que se passe-t-il donc à la Vill' Hervé ?

Depuis le départ, je suis conquise par l'adaptation de Cati Baur, et là encore mon petit coeur tout mou a palpité avec les émois des héroïnes, et la peine d'Hortense qui écrit en vain à son amie Muguette. J'attends donc avec impatience la tome 4, Geneviève... Parfois, la vie est belle comme une BD qui arrive dans votre Boîte aux lettres un matin de janvier. Merci les éditions Rue de Sèvres !! Coup de coeur, pour cet opus, et pour la série toute entière !

Editions Rue de Sèvres - 15€ - Janvier 2016

Sensationnel pour Clarabel qui est sur la même longueur d'onde que moi !  - Un moment de lecture parfait pour George !

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