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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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ados
29 août 2016

Bianca, Loulou Robert

bianca

 "Ici, j'ai compris que ma sensibilité avait dilaté les pores de ma peau et laissé rentrer tout un tas de saletés. Je ne m'en suis pas rendue compte, mais les maux ont pénétré. Ceux de ma famille, de la terre entière. J'ai tout pris. [...] Peut-être qu'un jour je me réveillerai à la lumière du jour et qu'il aura arrêté de cracher sur mon coeur."

Bianca a tenté de se suicider, et puis elle est trop maigre, elle ne mange pas. Alors elle a intégré cette unité psychiatrique pour adolescents où elle séjourne longuement afin de guérir et de pouvoir retourner chez elle bientôt, quand elle sera prête. Dans l'enfermement de l'hôpital des liens se créent, qui bouleversent et attachent. Bianca reste calme et observe, avance petit à petit sur le chemin qui mène à elle, et tombe amoureuse. Elle tente d'oublier qu'à la maison son père est absent, sa mère alcoolique, et que parfois ses parents crient trop fort. Et pourtant ils l'aiment, avec tendresse, et il y a ce petit frère si affectueux qui lui manque beaucoup aussi depuis qu'elle ne vit plus à la maison. Plus le temps passe, plus Bianca constate avec philosophie et maturité que le chaos existe également à l'intérieur de l'hôpital, finalement partout où il y a de la vie, rien n'est sûr, rien ne protège, sauf parvenir à s'aimer soi, un peu mieux.

Ce livre, qui circule parmi les lecteurs du challenge des premiers romans, n'était pas celui que j'attendais le plus. Le passage de Loulou Robert dans l'émission de La Grande Librairie avait mis en effet en avant une jolie jeune fille, mannequin, fille d'un journaliste connu. Et je n'avais pas été séduite, il faut le dire, par sa prestation, sa moue boudeuse, et ses propos à fois timides et brusques. Et puis je crois que je n'avais pas compris alors l'intérêt de lire ce roman.  Quelle erreur ! Mon souvenir est aujourd'hui transformé par ma lecture récente de son livre. Car en effet, il est devenu pour moi au fil de sa lecture un gros coup de coeur !! Il met en scène un groupe d'adolescents, parle un langage jeune et direct, mais sait aussi distiller de grandes pages de réflexions, ne pas être unilatéral, être complexe, narrativement parlant très réussi et sensible. J'ai pensé au très bon Dieu me déteste et à toute cette collection si riche de La Belle colère. Une lecture enthousiasmante !

Editions Julliard - 19€ - Février 2016

Lu dans le cadre du challenge des premiers romans...

68premieresfois

 La liste des 23 romans du challenge du début de 2016 est disponible ici sur Babelio [clic]

 Les autres lectures sur ce titre disponibles sur la page du livre [clic]

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14 juin 2016

Le Journal d'Aurore T1, Marie Desplechin et Agnès Maupré

lejournaldaurore

 "J'espère que le psy va m'hypnotiser. Je voyagerais dans mes vies antérieures. On n'en sait pas assez sur ses vies antérieures. J'ai sans doute connu autre chose qu'une vie maussade et sans avenir dans une famille minable."

Aurore est persuadée d'être une ado moyenne, dans une vie moyenne, affublée d'un physique ingrat, transparente au milieu d'une fratrie de trois filles, dont la plus jeune est certainement précoce et l'aînée déjantée. Aurore est au collège, et n'aime pas grand chose, surtout pas embrasser les garçons, et c'est ce qui l'étonne. Elle s'imagine avoir subi un traumatisme lorsqu'elle était enfant, ce qui expliquerait tout... Aurore se pose beaucoup de questions, aime jeter un froid glacial dans les repas dominicaux et familiaux, envisage la fugue, se retrouve finalement chez ses grands parents, se fâche puis se réconcilie avec ses amies... et porte surtout sur tout et tous un regard plein de drôlerie et de sarcasme.

Je suis depuis longtemps la dessinatrice de talent qu'est Agnès Maupré. Je l'ai découverte avec Milady de Winter, et puis j'ai enchainé avec Le chevalier d'Eon. Ici, le propos est plus moderne mais le plaisir de lecture est intact. Quel bonheur de lire un tel album chez un éditeur dont j'aime beaucoup le travail et d'une dessinatrice que j'apprécie !! Je ne connaissais pas les aventures d'Aurore en version roman. Le ton de Marie Desplechin est assez délicieux et amusant. Agnès Maupré a un style alerte que l'on retrouve ici aussi, et qui correspond bien à l'effervescence de l'adolescence. J'ai aimé cette histoire, les questionnements de la jeune-fille, son regard biaisé sur les adultes qui l'entourent, l'affection qui règne dans ce titre, l'attitude des grands-parents, de la prof de mathématiques, toute cette bienveillance. Ma fille de 15 ans a dévoré cette BD dès réception, adoré le pyjama d'Aurore, n'a pas compris toutes ses colères, mais sera heureuse comme moi de la retrouver très vite dans un tome 2.

A noter les magnifiques couleurs de Grégory Elbaz. ;)

Editions Rue de Sèvres - 15 € - 8 juin 2016

aurore12_copie

12 juin 2016

Les Grandes jambes, Sophie Adriansen

lesgrandesjambes

"La courbe du pédiatre est formelle : une fille de douze ans mesure en moyenne 153 centimètres."

Marion a des difficultés pour s'habiller, elle est trop grande, et tous les pantalons qu'elle essaye sont toujours trop courts. Avec sa mère, elles écument régulièrement les boutiques en quête du pantalon miraculeux qui s'arrêterait juste au niveau des chaussures, cachant ses chaussettes. Un jour, Marion rencontre Jim, le pantalon idéal, doté d'un revers qu'elle peut défaire. Mais le répit est de courte durée, sa croissance ne semblant jamais vouloir cesser. Au collège, il est toujours dangereux de se faire remarquer et la grande taille de Marion est évidemment un problème, comme le fait de renverser son plateau à la cantine, incident dont elle rougit encore de honte. Comment, dans ces conditions, plaire à Grégory, le garçon dont elle est secrètement amoureuse ? Un voyage à Amsterdam est organisé pour la classe, afin de visiter notamment un musée dont les oeuvres ont été étudiées en cours d'Arts Plastiques. Marion rêve que Grégory fasse aussi parti du voyage, et c'est ce qui arrive... Il suffirait que Grégory aime le même tableau que Marion et qu'elle trouve également un jean à sa taille au pays des grandes personnes pour que la vie devienne un véritable enchantement.

Voici un petit roman jeunesse que j'ai dévoré et dont je fais un délicieux coup de coeur pour diverses raisons, principalement parce que je l'ai trouvé très intelligent, très bien écrit, juste, et que j'ai beaucoup pensé à ma grande fille en le lisant. En réalité, ma grande fille est elle toute minuscule, et dégoter des vêtements en taille XXS à 15 ans n'est pas non plus chose aisée, je connais très bien donc la déception du shopping. De plus, l'an dernier, en colonie, elle est allée visiter comme l'héroïne de ce roman la maison d'Anne Frank, les canaux d'Amsterdam et la ville. J'ai retrouvé dans les lignes de ce livre les émotions de ma fille, bien retranscrites. Et puis, comme Marion, ma fille est assez douée en Arts Plastiques, c'est une matière qu'elle souhaite prendre en option au Lycée l'an prochain. Vous ne serez donc pas étonnés que Les Grandes jambes se soit retrouvé dans ses mains.

lectrice                        Badge Lecteur professionnel

Editions Slalom - 10.90€ - 9 juin 2016 - Conseillé à partir de 10 ans

 Sophie écrit mais lit aussi, retrouvez là ici [clic]

11 avril 2016

Très vite ou jamais, Rita Falk

tresviteoujamais

 "Dis donc Nils, ce serait cool que tu te remues un peu les fesses !"

Jan et Nils ont 21 ans, la jeunesse pour eux, l'amitié. Et puis, un jour, alors qu'ils sortent en moto, Nils rate un virage. Après la chute vient le coma profond. Jan décide alors d'écrire des lettres à son ami, et de les lui lire lors de ses longues visites à l'hôpital. Il croit au retour de Nils parmi eux, très vite. Par ailleurs, Jan travaille au "Nid de coucous", une clinique psychiatrique où il effectue son service civil, l'occasion de belles rencontres, inattendues. Mais le retour de Nils à la vie se fait attendre, et malgré quelques progrès, ses amis, ses parents, son amoureuse, commencent à vivre ailleurs leur vie. Seul Jan veut y croire encore, ne lâcher aucun espoir !

Ce roman est le premier roman ado de la collection M de chez Magnard. Pour moi, Magnard est un éditeur de livres scolaires, j'ai donc trouvé cela plutôt sympathique qu'ils se lancent dans la littérature pour adolescents et j'ai découvert à l'occasion tout un catalogue de livres jeunesse, qui va sans doute s'étoffer [clic ici]. Ce roman, traduit de l'allemand par Florence Quillet, est apparemment un best seller en Allemagne. J'ai retrouvé dans ce livre la lenteur et l'attention aux détails que j'aime retrouver dans la littérature allemande en général, ce quelque chose d'assez indéfinissable mais de particulier, et de reconnaissable, qui mêle étrangement froideur et passion. Le quotidien a beaucoup d'importance dans Très vite ou jamais, un quotidien ponctué de visites à l'hôpital, de jours de garde au "Nid de coucous", une vie pleine de responsabilités pour un jeune homme comme Jan. Heureusement, il est entouré d'une galerie de personnages qui vont l'aider à aller de l'avant et à grandir. J'ai beaucoup aimé ce petit roman épistolaire, à ranger dans la catégorie Young adults. Ma fille de 14 ans peut sans soucis le lire, d'ailleurs je le dépose juste après mon billet sur l'étagère Ado que j'ai commencé à remplir pour elle, pour quand elle aura envie, le temps, etc....

Editions Magnard - 13.90€ - Avril 2016

16 mars 2016

La Fille seule dans le vestiaire des garçons, Hubert Ben Kemoun

lafilleseuledanslevestiairedesgarcons "Je m'étais jetée dans les bras de n'importe qui pour m'inventer une histoire d'amour."

Marion est une collégienne plutôt discrète. A la maison, tout n'est pas si rose depuis que son père est parti refaire sa vie à l'étranger, en Amérique du Sud, la laissant elle, sa mère et son petit frère comme orphelins. La collégienne voit sa mère se perdre dans la consultation de sites de rencontres. Barnabé, son petit frère, cache sa tristesse sous une exubérance, une sensibilité exacerbée et une mémoire sans failles. Alors Marion note tout sur son petit carnet noir, les chansons qu'elle compose, ses envies, ses idées sombres, ses colères et ses espoirs. Mais elle perd ce carnet lors d'une bousculade avec des garçons de sa classe, Enzo en tête, qui lui réclame un baiser qu'elle refuse. Marion est persuadée que ce dernier a retrouvé son carnet et lui réclame. Enzo avoue avoir l'objet, promet à la jeune fille de le lui rendre, et devient en face à face d'une douceur étonnante qui met soudain Marion sur un petit nuage, elle qui se pensait si malhabile en ce qui concerne les garçons, la matière dans laquelle elle excelle le moins, avec l'espagnol...

J'ai commencé ce petit roman pour adolescents dans le train samedi dernier, encore forte du souvenir de cette rencontre amusante et pleine de verve avec l'auteur. Et j'ai été surprise en commençant le livre de constater combien cet auteur là justement avait su se glisser dans la peau d'une jeune fille, pleine de rage et de désespoir. Quel tour de force ! Et quel talent. L'histoire que nous conte Hubert Ben Kemoun est moderne et prenante, parfois assez rude, celle d'une adolescente d'aujourd'hui, confrontée aux réseaux sociaux, aux pièges d'internet, à la méchanceté gratuite et bête, à la vengeance. J'ai beaucoup aimé lire ce livre, avoir pour quelques pages 14 ans, apprécié l'espoir qui est distillé en fin de roman. Un livre que je vais conseiller sans soucis à ma fille, d'ailleurs l'exemplaire lui est déjà dédicacé, ça tombe bien.

Editions Flammarion - 13€ - Mai 2013

Une lecture en famille chez Liliba - George l'a lu d'une traite - C'est Canel qui a été la tentatrice !!

En cherchant des liens je me rends compte que l'auteur est beaucoup lu sur nos blogs. Il sera présent à Montaigu lors du Printemps du Livre (23-24 avril), parions que je vais craquer sur un autre titre.

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11 février 2016

Tout plutôt qu'être moi, Ned Vizzini

toutplutotquetremoi

 "A la maison, je faisais mon possible pour surmonter les passages à vide en restant allongé sur le canapé, à boire l'eau que mes parents m'apportaient, avec la couverture électrique branchée pour me réchauffer et me permettre d'éliminer les toxines en transpirant. J'aurais tant voulu pouvoir dire aux gens "désolé, ma dépression fait des siennes aujourd'hui" pour m'excuser du fait que je n'irais pas leur rendre visite, mais je ne suis jamais parvenu à cracher le morceau. Cela aurait pourtant été hilarant."

A force de travail, Craig, 15 ans, intègre une des prépas les plus prestigieuses de New-York. Cependant, petit à petit, il n'arrive plus à manger, à dormir, et même à travailler, paniqué devant l'amoncellement de devoirs, d'examens, de mails. Il est rapidement confronté à ses limites, ses carences, son manque de facilité, et malgré des notes correctes, se persuade de sa médiocrité. Par ailleurs, il est obsédé par la petite amie de son meilleur ami, Nia, persuadé là aussi d'être transparent et de n'avoir jamais eu sa chance avec elle. Et peu à peu, l'idée de sauter du pont de Brooklyn, d'en finir, se fait jour, comme une évidence, un acte banal à accomplir. Grace au soutien de ses parents et de sa jeune soeur, grace à sa lucidité, Craig consulte, attend le déclic qui lui sortira la tête de l'eau, prend des médicaments, fait ce qu'il faut. Un soir, la pression étant trop forte, il appelle SOS Suicide qui l'encourage à se présenter à l'hôpital le plus proche. Craig se fait interner dans un service psychiatrique pour quelques jours, quelques jours qui lui sauveront la vie...

Ce récit, inspiré d'une expérience réelle de l'auteur, a été une lecture très forte pour moi. J'ai été dès les premières pages très troublée par ce personnage, sa dépression, sa lutte lucide contre ce quelque chose qui prend son corps en otage. Et il faut parfois beaucoup de courage pour faire le compte de ses peurs, de ses inquiétudes, de la spirale d'anxiété, qui acculent et paralysent. Les adolescents connaissent de plus en plus de pression au cours de leurs études, mais cette pression est également un sentiment que des adultes peuvent ressentir alors que le poste qu'ils occupent leur semble compliqué à assumer, ou que leur entourage professionnel les opresse. Pour autant, ce roman est aussi plein d'un optimisme fou et réellement porteur d'espoir. Le titre en anglais me semble d'ailleurs plus coller à son contenu, It's a kind of a funny story. Car en effet, et dès lors que Craig franchit les portes du service psychiatrique, nous rentrons avec lui dans un monde parrallèle où la course du temps, l'extérieur n'a plus prise, et la différence, l'originalité, est de mise. Craig fait alors le ménage dans sa vie, se détache de ses relations toxiques, de ce qu'il croyait être la bonne manière d'agir, de se fabriquer son avenir, pour enfin devenir ce qu'il est. Un coup de coeur troublant. Il m'arrive très rarement de devoir poser un livre toutes les deux/trois pages pour respirer un grand coup avant de poursuivre ma lecture.

Editions Anne Carrière - Collection La Belle colère - 20€ - Janvier 2016

Malheureusement, l'auteur, Ned Vizzini, s'est jeté d'un immeuble de Brooklyn en décembre 2013, à 32 ans, alors qu'il luttait depuis des années contre la dépression. Il intervenait régulièrement dans des librairies et lycées pour expliquer comment l'art et la littérature peuvent aider à surmonter les problèmes psychologiques.

La lecture de Mélo [clic ici]

10 juillet 2015

Vous parler de ça, Laurie Halse Anderson

vousparlerdeça "La première chose dont je me souviens après ça, c'est le téléphone. J'étais debout, au milieu d'une foule alcoolisée, et j'ai appelé la police, parce que j'avais besoin d'aide."

Melinda commence le Lycée sous de désagréables auspices. Ses amis d'hier la fuit comme la peste, ses professeurs sont pour la plupart étranges, et les mots petit à petit s'étranglent dans sa gorge jusqu'au mutisme dans lequel la jeune-fille se fond peu à peu. Sur son bulletin, les notes chutent. Seul le cours de dessin semble encore éveiller en elle de l'intérêt. Mais que s'est-il donc passé ? Melinda trouvera-t-elle le courage de parler enfin, et d'attirer l'attention de quelqu'un, d'un ami, d'un enseignant, de ses parents ?

J'avais commencé ce livre il y a quelques temps déjà, puis je l'avais reposé sans le terminer (ce n'était pas le moment sans doute). Entre temps, ma fille (14 ans) l'a lu. Elle sait que cette collection peut l'intéresser, qu'elle est faite éventuellement pour sa tranche d'âge, et à son âge justement (dans un an elle rentre au Lycée), on cherche à connaître, à savoir ce que vivent les autres, à vouloir se confronter à des histoires plus rudes. Bref, j'avais oublié ce livre. Puis, il y a quelques semaines, nous avons regardé un film toutes les deux (Speak avec Kristen Stewart) et elle m'a dit au cours du visionnage reconnaître un livre qu'elle avait lu. Bon, j'ai pensé à un autre titre qu'elle avait emprunté en bibliothèque. J'ai repris dernièrement Vous parler de ça... et surprise ! ;) Vous l'aurez compris, j'ai reconnu le film à mon tour. Bref, tout cela pour vous dire que de ce roman existe donc une adaptation cinématographique, plutôt fidèle. Et que surtout le parcours de cette jeune fille, qui cache un secret qui la ronge de l'intérieur, est assez intéressant. J'ai été forcément un peu polluée par les images vues précédemment, ce que je savais déjà de l'histoire, mais La belle colère est véritablement une collection bien intéressante, une intelligente collection pour Ados et grandes personnes.

Editions La Belle colère - 19€ - Octobre 2014

La lecture de Cathulu [clic]

Attention, la bande-annonce ci-dessous est très très bavarde... trop.

18 novembre 2014

Respire, Anne-Sophie Brasme

respire

"Même entourée, j'étais seule. Les autres n'existaient plus si Sarah n'était pas là. Son absence m'achevait, me torturait, m'écrasait. 
Oui, sans Sarah, je n'étais rien."

Charlène vit dans une famille sans grands reliefs. Exaltée, se sentant incomprise, elle rêve à l'adolescence de retrouver cette amitié qui l'avait liée plus jeune à une autre petite fille aux grands yeux. Mais l'arrivée au collège n'est pas très satisfaisante. Charlène traîne sa solitude, son mal-être, et un beau jour décide de se laisser entraîner au bord de l'étouffement par une crise d'asthme. Elle se retrouve alors à l'hôpital. Sarah apparaît. Et c'est cette camarade de classe, jusqu'à présent inaccessible, charismatique, qui lui promet une amitié éternelle, Charlène s'y engouffre avec émerveillement.

Il paraît hallucinant que ce roman d'une grande maîtrise soit sorti de la plume d'une jeune écrivain de 17 ans. Ancré de plein pied dans l'univers adolescent, il décrit en effet très bien le mécanisme subtil du harcèlement, et le jeu cruel qui se joue parfois entre les murs des classes, à l'insu de tous, à l'aide de moues indifférentes, de regards appuyés ou de stratégies douteuses. L'amitié est dans ce roman une aventure dangereuse, blessante, une addiction nocive. J'ai beaucoup aimé la fraîcheur du style d'Anne-Sophie Brasme, l'intention audacieuse de son roman et ses personnages. J'espère la relire de nouveau, et voir le film de Mélanie Laurent aussi, certainement. 

Editions du Livre de Poche - 5.10€ - Octobre 2002

Beaucoup de lectures chez Babelio [clic] - La fiche du livre sur le site du Livre de Poche [clic] 

31 octobre 2014

On s'est juste embrassés, Isabelle Pandazopoulos

onsestjusteembrasses"J'ai gardé un souvenir très confus de toute cette période. Comme une douleur diffuse et continue. Il me semble que tout est arrivé en même temps, dans la même journée. Il me semble aussi parfois que ça dure encore aujourd'hui. Comme si le temps n'avait pas passé. Comme si j'avais grandi avec cette peur-là qui ne me quittera jamais.
Parce que c'est arrivé. En vrai. Je ne l'ai pas rêvé.
On m'a abandonné.
J'ai failli en crever."

Aïcha, jeune collégienne de quinze ans, vit seule avec sa mère, en banlieue parisienne. Elle passe beaucoup de temps chez sa copine Sabrina, et est fascinée par le frère de celle-ci, Walid. Un jour, Walid l'embrasse, et tout le collège la traite soudain de traînée, Sabrina en tête. Aïcha ne comprend plus rien, s'isole, sèche les cours, et la dépression qui atteint soudainement sa mère lui semble juste une tuile de plus dans un quotidien de plus en plus désespéré. Koto, son amoureux depuis la maternelle, son meilleur ami, la rattrape alors au vol, avant qu'elle ne s'écrase et sombre. Vigilant, attentif, il préfère être à ses côtés lorsqu'elle recherche la famille perdue de sa mère et tente de renouer des liens...

Ce petit livre, noté depuis un moment déjà, est une bien jolie découverte en matière de lectures pour ados... J'ai aimé son ton assez juste, son rythme, le personnage d'Aïcha, perdu et frondeur, la note d'espoir de la fin. Il est recommandé pour les plus de quatorze ans, je ne sais pas effectivement si ma fille de treize ans peut adhérer à cette histoire, elle a envie de l'essayer. Il traite assez bien, je trouve, de la solitude adolescente, de la perte de repères, des secrets de famille, mais aussi de cette énergie que l'on peut trouver en soi pour s'en sortir et atteindre d'autres repères, plus bienveillants. Une belle pioche de bibliothèque !

Gallimard jeunesse - Scripto - 8.90€ - juin 2009 - merci ma bibli !!

Un livre authentique, pudique et positif pour Clarabel [clic] - Karine a eu du mal [clic] - Une très belle lecture pour ados pour Théoma [clic] - Une belle découverte pour Cathulu également [clic] - ...

22 octobre 2014

L'océan au bout du chemin, Neil Gaiman

loceanauboutduchemin

 "Où était-elle partie ? En Amérique ? Non, en Australie. Voilà. Quelque part très, très loin.
Et ce n'était pas la mer. C'était l'océan.
L'océan de Lettie Hempstock.
Je me suis souvenu de ça et, me souvenant de ça, je me suis souvenu de tout."

De retour dans les lieux de son enfance pour un enterrement, un homme se rappelle tout à coup enfin ses sept ans, son amitié avec Lettie, une jeune-fille du voisinage, et de tout ce qu'il leur était arrivé d'extraordinaire ensemble cet été-là. Mais qu'est-elle donc devenue ? Tout avait commencé avec le suicide d'un locataire de ses parents, d'un rêve duquel le garçon s'était réveillé muni d'une pièce étrange coincée au fond de sa gorge, de son idée d'en parler à la famille Hempstock si douce et accueillante, de la promenade des deux enfants à travers bois, et puis aussi d'une main lâchée... Défier ce quelque chose qui fait des histoires, donne de l'argent aux gens dans leur rêves, les rend fous, était à la portée de Lettie, même à seulement treize ans, mais emmener un si jeune-garçon avec elle, était sans doute l'erreur à ne pas commettre...

Ce roman - que je vais passer ensuite à ma fille - est un beau roman fantastique, qui a su assez subtilement et étonnamment me provoquer beaucoup d'émotions. Vous rentrez en tant que lecteur dans un univers dont il faut accepter d'emblée l'étrangeté, la violence supposée, mais également la douceur, et l'ambiance enfantine et candide. Le mélange est plutôt détonnant, déroutant et bourré de charme. Les scènes sont très visuelles et parfois impressionnantes. Je ne suis pas très familière de ce type de lectures mais j'ai vraiment apprécié le voyage, j'en redemande. Voilà, j'ai aimé avec ce titre découvrir Neil Gaiman, et vais m'empresser de le lire de nouveau, c'était bien. De plus, je trouve la couverture sublime, ce qui ne gâche rien. 

Editions du Diable Vauvert - 18€ - 22 octobre 2014

Pour blablablamia ce n'est pas son meilleur et elle se demande s'il est destiné aux ados (pour moi oui) [clic ici]

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