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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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30 septembre 2013

Etre celle

etrecelle

Je veux être celle qui boit le ciel 
Celle que l'aube berce jusqu'à l'extase
Un filet de pluie sur le magnolia 
Un fil à tes doigts
Je veux être celle qui n'a de cesse 
Celle qui lape le sel jusqu'à l'ivresse
La fièvre de vie posée sur tes lèvres
Un souffle à ma voix
Être celle qui laisse
La sève couler dans les arbres
Être celle debout dans l'averse
A la gifle du vent
Être celle que la rose ne blesse
Je veux être celle qui n'a plus peur
Être de celles qui ont laissé le sel rouiller les armures
Être en selle armée de joie
Être sans roi les rênes à mes doigts
Être celle qui laisse
La sève couler dans les arbres
Être celle debout dans l'averse
A la gifle du vent 
Être celle que la rose ne blesse

Être celle qui boit le ciel…

(VP/MK)


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7 septembre 2013

Francis Ricard

 

francisricard


Il y a un autre monde
l’envers est possible
l’ailleurs
de chair
d’ici
ce réel terrestre
la vie qui vit
quand l’énigme se déshabille
claire formule
impérieuse évidence
quand l’orage éclate et qu’on est apaisé
tout ruisselant dans le seigle des larmes
quand la guerre se mue en riant armistice
quand la lumière filtre au travers des cailloux
quand on a pied très loin l’horizon dans la main
quand le corps de l’autre calfate nos renoncements
et qu’il n’y a plus à écoper
quand on voudrait mourir dans cette extase là
quand les signes attestent qu’on se rapproche
que la quête s’achève et que s’ouvre la porte
la roue du temps est un tournesol ivre
la lame tranchante du noir couteau
ouvre l’œil
et il voit 
la vie élucidée
l’avidité du vivre
la grande santé
l’enchantement
le totem charnel du Grand-Tout
la légende est vraie
tu es là
tu es venue


Un poème inédit (2007) pioché sur le site du Printemps des Poètes [ici]

3 septembre 2013

En cours de lecture...

cherchezlafemme"Nina mesurait ce qui sépare une occupation d'un accomplissement. Elle n'allait pas toute sa vie parfaire son intérieur ! La peinture du couloir était écaillée. Le grenier était un dépotoir. Elle ne s'en moquait pas, mais elle n'avait pas la force de s'atteler à ces travaux. Un jour oui elle s'y mettrait. Un jour. Comme elle l'avait fait depuis son mariage, elle attendait. Elle attendait le conte de fées que devait être sa vie, et cette passive expectative la séparait d'elle-même, du présent (qui n'était rien à côté de l'avenir), du monde qui se fabriquait sans elle, des autres qui ne devinaient pas sa mélancolie. Nina Korol n'était pas là : elle était seule à l'arrêt de bus d'une ligne qui n'existait pas. Elle regardait par la fenêtre le jardin détrempé. La vieille balançoire accrochée au portique rouillé pendouillait entre les gouttes. Il restait surtout à attendre les petits-enfants qui la remettraitent en activité. Nina Korol avait trente-six ans et son rôle de mère était fini. Alors elle se mit à boire sérieusement."

Extrait de Cherchez la femme d'Alice Ferney... et - même si l'extrait n'est pas gai gai je vous l'accorde - je trouve que ce livre est du grand art !! Pourtant sorti en mars !! Je suis plongée dedans, complètement engloutie... une lectrice bienheureuse d'avoir trouvé un trésor.

 

16 août 2013

Colette Nys-Mazure

nectarine

Elle conte, raconte. Le galet, l'iris jaune, le profil perdu. Elle exhume une parcelle d'infini, un effroi aux oubliettes. Elle pare la mort, dénonce l'intrigue, hâte l'aurore. Elle transmute le saladier de faïence fleurie et le vagissement hagard du nouveau-né. Elle dit et le bouquet flambe, le visage avoue, l'âme s'enhardit. A la parole, elle confie le surcroît de vie qui la presse et l'étoufferait. Elle détient le secret des merveilles latentes. Les ravive d'un verbe débridé.

Diseuse - Extrait de Feux dans la nuit, La Renaissance du Livre, 2003 [pioché ici]

12 juillet 2013

Albane Gellé

femmeballons

"les ficelles emmêllées avec des noeuds
dans la tête ça ne la gêne pas l'écriture
c'est pas qu'elle démêle elle démêle rien
elle dit rien elle se laisse faire je me
débrouille avec elle il y a pourtant de l'air
autour mais chaque fois que je me mets
à écrire c'est comme si j'en avais manqué
pendant des siècles je respire j'écris
comme si je me remettais à marcher
après un accident une maladie ça peut
arrriver plusieurs fois par jour un accident
une maladie c'est pas rien mais c'est pas
exceptionnel je n'écris rien d'exceptionnel
les choses viennent et des mots se collent
dessus dedans je m'en occupe je les
accompagne un bout le désordre ne devient
pas de l'ordre je ne range pas vraiment dans
la langue j'essaie de trouver juste assez de
lumière pour y voir clair quand ça arrive
personne n'est là pour m'entendre de toute
façon je ne dis rien"

extrait de L'air libre,Dé Bleu, p.28 [pioché ici]

http://albanegelle.canalblog.com/

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29 juin 2013

Magali Thuillier

fauteuilbleu

têtue tu es tu tends sans jamais t'entêter attendre
après la pluie et puis laisser le nouveau naître
sans savoir quoi des possibles quoi des peut-être
pourquoi je pourquoi ainsi pour demain à
nouveau être

 

Extrait de Des rêves au fond des fleurs, Le Farfadet bleu, l'idée bleue, 2006 [pioché ici]

21 juin 2013

Valérie Rouzeau

 

bottes


Si j'avais les jours à compter je marquerais soir après
soir mes petites croix de récompense
Je tiendrais des mois des saisons mon calendrier de
forçat mon agenda de pénélope
Ca me ferait ni chaud ni froid juillet janvier en
solitaire je traverserais les années
Si grand d'amour était en vue ou à revenir quel beau jour
je l'appellerais mon cher Ulysse et puis je choisirais
la danse plutôt que la tapisserie
Je bouserais les mauvais génies en faisant jazzer mon
seul coeur
Je mettrais le chagrin en boîte avec un jeu de mots facile
Je trangerais l'éternité pour en découdre avec les nuits
tchatchatchatcherais jusqu'au matin dans une autre
histoire aussi vrai si j'avais de quoi de l'espoir

Extrait de Va où, Le Temps qu’il fait, 2002 [pioché ici]

14 avril 2013

En cours de lecture

Nu et pâle, les bras sous la tête

cerf

 

Elle m'a rêvé un soir et je suis sorti.
J'ai longé les arbres et les bancs allongés,
J'ai suivi les rails et les pistes des bois,
J'ai couru dans le noir, je n'ai rien trouvé.
Elle m'a rêvé le jour suivant. Une heure,
J'ai parlé dans une langue inconnue.
J'ai chanté des rois sans planète, délaissés.
J'ai ouvert ma porte aux êtres de brume.
Et je n'ai rien entendu.
Elle m'a rêvé toute une semaine et j'ai tué
Un cerf. J'ai arraché son cœur fumant,
Je l'ai mangé. J'ai peins ma poitrine de
Ses sirupeuses traînées. Je me suis endormi.
Et je ne l'ai pas senti dans ma chair.
Elle m'a rêvé une minute, à l'orée d'une heure.
J'ai claqué dans mes mains, j'ai perdu la tête.
J'ai puisé dans mes souvenirs, j'ai cherché
Mon nom. J'ai oublié mes vieilles terreurs.
Et je ne me suis pas souvenu d'elle.
Elle m'a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.
Je suis devenu un nuage emmargé, j'ai plu des larmes
D'eau douce, d'aquarelle. Des larmes sans pareilles.
J'ai vu son visage.
Doucement, j'ai épelé ton nom.

In Efflorescences de Ismaël Billy - Editions du Menhir - Février 2013

Je vous parlerai de ce recueil de poésies dans son ensemble plus longuement bientôt, mais je suis d'ores et déjà très heureuse de ma lecture. Je ne suis pas à même de juger de la qualité de la forme d'une oeuvre poétique, j'aime de toutes manières qu'elle soit libre. Cependant, je peux vous dire à ce stade de ma découverte que lire Ismaël Billy est extrêment rassurant, il rassure sur la vivacité de la poésie d'aujourd'hui, héritière du passé mais indubitablement moderne.

Je vous rappelle que le dimanche est jour de poésie chez Littér'auteurs, n'hésitez pas à aller lire chez Martine le poème coup de poing d'Albane Gellé qu'elle a décidé de mettre à l'honneur sur son blog [clic].

22 mars 2013

Emily Dickinson

puzzlecoeurJ'avais un bonheur quotidien
Que je regardais presque avec indifférence,
Soudain je l'aperçus qui s'en allait,
Il grandissait à mesure que je le poursuivais,
Voilà qu'autour d'un rocher
Il disparut de ma vue,
Plus vaste que mon extrême regard ;
J'appris alors toute sa douceur.

In Poèmes choisis, Editions Aubier, version bilingue, 1956


Un ouvrage pioché sur http://www.ebooksgratuits.com, un site à utiliser avec parcimonie et respect pour le travail des concepteurs, et sur lequel vous pourrez vous procurer en version numérique de nombreux auteurs tombés dans le domaine public. J'ai trouvé ce lien grâce à l'ouvrage inclus à l'achat dans ma liseuse.
Ainsi, j'ai enfin pu découvrir la poésie d'Emily Dickinson, une véritable rencontre. 

18 février 2013

Anna de Noailles

 

Ai-je imprudemment souhaité
annadenoaillesGuérir de toi? Quelle ignorance
M’irritait contre ma souffrance!
— Ah! Que rien ne me soit ôté

De la détresse qui me cache
Le passé, le lendemain!
Sois La seule chose que je sache
Et qui blesse ! Rien ne déçoit
Dans la sombre et féconde ivresse
D’un désir encore ascendant.
— Lèvres rêveuses sur les dents,
Regard qui se meut ou se pose,
Gardez votre pouvoir ardent,
Vous qui, dans une chambre close,
Par le souvenir obsédant,
M’inondez d’une odeur de roses!

 in Poème de l'amour

Et plein d'autres merveilleux poèmes d'Anna de Noailles (1876-1933) à découvrir [par ici]

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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