Pas gagné
Il faudrait écrire sur la peur
Et c'est ton toi de dix ans pédalant frénétiquement sur ton vélo rouge rouillé que tu vois
Il faudrait écrire sur cette fatigue qui prend régulièrement le contrôle de ton corps
Sur cette étrangère
Et c'est serrer des torses vaillants dans tes bras que tu souhaites, l'amitié
Il faudrait écrire, tout simplement
Mais ne s'adresser à personne, laisser tes mots résonner dans une pièce vide
Ecrire pour écrire
Et ce sont des mots valises vides que tu traînes derrière toi
Il faudrait avoir du courage
Pour une fois ne pas faire de désordre
Etre pragmatique, efficace, concentrée, s'attaquer aux problèmes à résoudre
Mais tu n'en peux plus de la transparence, de l'invisibilité
Alors tu chahutes, tu luttes et tu te blesses
Ta vie, parfois, c'est pas gagné
© Les écrits d'Antigone - 2014
T'apprivoiser
Créer des liens. Cette chose trop oubliée. Si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Ce sera le jeu. Bien sûr je te ferai mal. Bien sûr tu me feras mal. Bien sûr nous aurons mal. Mais ça, c’est la condition de l’existence. Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. De loin, je reconnaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres.
Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Mais toi tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Il brillera comme un soleil.
Il faudra cependant être très patient. Tout d'abord, tu t'assoiras un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près, puis tout à côté.
Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence. Alors, sans doute, je pleurerai.
Mais peu importe le chagrin. J'y gagne.
A cause du bruit de tes pas qui m'appelleront bientôt, comme une musique.
A cause de la vie, moins monotone.
A cause de la couleur du blé.
© Les écrits d'Antigone - 2014
Très librement et largement inspiré par Le petit prince de St Exupéry
Mais attention ici les phrases sont mélangées, infidèles. Une petite envie de poser ces mots là, ces mots qui me touchent depuis longtemps, et de me les approprier. Ne vous offusquez pas du sacrilège. ;)
Vous pouvez retrouver le véritable texte, l'original [juste ici]
Et en ce moment, il y a également à lire chez kathel [ce billet là] pour continuer à cultiver son jardin, et à suivre son petit bonhomme de chemin de blog... en toute sérénité. Et puis, je trouve que tout cela est cohérent avec mon petit texte du jour, rédigé il y a quelques temps pourtant.
Hey
Ce doit être quelque chose
Sentir ses muscles se raffermir
Là, attraper une main, la tenir, et soulever dans ses bras un autre corps
Ce doit être quelque chose que courir
Le souffle de l'air contre ses joues, son cou, son torse
S'enfoncer avec force dans l'immobilité d'un chemin
Fendre le froid
Ce doit être quelque chose la violence du sport, de la danse
La douleur qui partira avec le temps, l'habitude, l'effort
Et la sueur qui coule dans son dos, récompense du bien être
Ce doit être quelque chose
Être capable
Et puis si je pouvais
T'enlacer, te plaquer contre un mur, et t'embrasser
© Les écrits d'Antigone - 2014
Sous l'influence évidente du post précédent [clic ici] ;)
Et une image trouvée sur le net [par ici]
Maître plongeur
Quand on coule
Que l'eau ferme sa dernière boucle au dessus des cheveux
Et que l'on sait que l'on coule
Que c'est inexorable
Il est alors rassurant de savoir
Que quelqu'un quelque part
Est solide
Même debout au bord d'une autre piscine
Qu'il attend
La reprise d'air
© Les écrits d'Antigone - 2014
Quelques mots pour mettre des mots sur les maux tandis que la reprise d'air s'opère tout doucement... Des bises et des mercis à celles et ceux qui attendent patiemment au bord de la piscine. ;)
Vacance
Il fallait peut-être cela pour comprendre
La toute petite chose que je suis
L'état de dépendance totale
Le corps mis à nu, vide
A l'écoute de son souffle
Du moindre mouvement de ses fonctions vitales
A la merci d'un seul tremblement
D'une pichenette
Il fallait peut-être cela pour enfin lâcher prise
Avoir l'occasion unique de frôler de tout près le désespoir
Sentir son haleine acide
Et comme de tout un beau jour
S'en remettre
© Les écrits d'Antigone - 2014