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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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20 décembre 2009

Miel et Vin, Myriam Chirousse

miel_et_vin"La vie peut être un océan noir d'amères désolations, mais il peut aussi y avoir, au milieu des vagues sombres, des terres bénies où serpentent des fleuves de miel et de vin."

Deux enfants grandissent sans se connaître. heart
L'un, né bâtard, considéré par tous comme un enfant "maudit" créant autour de lui mort et désolation, accèdera tout de même à sa filiation et à son nom en devenant Charles de l'Eperay. L'autre, une enfant trouvée dans les bois, recueillie par une famille noble des environs, deviendra une jeune fille connue sous le nom de Judith de Monterlant.
Ces deux êtres se rencontrent lors d'un mariage, s'attirent avec une violence évidente.
Pourtant, Judith en épousera un autre.
Devenus amants, ils seront pris par les tourments de l'histoire et de la révolution française.

Miel et vin, outre d'être une fresque romantique époustouflante, ainsi que vous le donne (je l'espère) à penser mon résumé, a la particularité d'être parcourue d'une langue riche et originale. Et j'ai aimé en être surprise et en être bousculée... Voici un roman dont il est bien difficile d'expliquer la magie et le pouvoir d'attraction. A-t-on jamais aussi bien décrit les profondeurs de la passion, ce mélange de perte de soi et d'insuportable évidence ? Je suis loin d'être une adepte de romans historiques, et pourtant j'ai été ici happée et tenue en haleine jusqu'au terme d'une écriture pleine de modernité et d'inventivité, et quelle galerie de personnages ! Vous trouverez effectivement dans les pages de Miel et Vin des prêtres tyranniques, des mères éplorées ou maternelles, des enfants à la peau douce, des inventeurs géniaux, des femmes un peu sorcières, un libraire fantasque aux murs de livres, des révolutionnaires passionnés et des nobles accrochés à leurs privilèges...

Myriam Chirousse a pris le parti de donner dans son roman la parole à un des enfants de Judith. C'est donc elle qui raconte l'histoire et ces évènements qu'elle n'a pu connaître, sauf de l'intérieur du corps de sa mère, sauf en supposant une vie antérieure, un regard céleste difficile à concevoir...et c'est un des éléments forts de ce roman, qui vous donne une idée du talent de l'auteure... Et c'est toute la substance, et la richesse, de l'extrait que je vous livre ci-dessous... L'histoire d'une naissance. Chapeau Madame !

"Alors quelque chose m'arrive comme une noyade, comme un engloutissement dans des sables mouvants. Toutes les images du monde qui flottaient devant moi s'estompent l'une après l'autre et je tombe dans un trou sans mémoire. J'essaie de retenir quelques éclats de ce que je peux voir - je suis sur un cheval, je suis grande et je suis brune, je fume des cigares fins dans un salon aux fauteuils capitonnés, un jeune homme déclame de la poésie, on m'appelle comtesse et je distingue un port blanc, des eaux turquoise qui lèchent les roches rouges d'une île ensoleillée, je sens l'odeur des pins et la chaleur, je vois ma vie, des éclats de ma vie, de ce que sera ma vie... peut-être... ou peut-être pas... Je ne sais plus. J'ai mal et j'ai peur. Peut-être que tout n'était qu'un mirage et que je n'ai jamais pu voir ni le présent, ni le passé, ni le futur, ni rien. L'autre monde m'aspire et rien n'y est écrit nulle part. La lumière m'ébl..."

bouton3 Note de lecture : 5/5 (Coup de coeur oblige !)

ISBN 978 2 283 02367 9 - 24.50€ - JUIN 2009

J'en profite pour réduire ma PAL d'un exemplaire (50-5) - Je participe en même temps au challenge des coups de coeur de la blogosphère compilés par Théoma - Ce titre est un coup au coeur de Clarabel et je l'ai lu un peu aussi pour cette raison (donc merci !!) - Keisha l'a lu également et s'est retrouvée dans une ambiance nostalgique, sensuelle et bucolique - 500 pages avalées le temps de dire ouf chez Biblioblog - Une lecture détente pour Kathel qui émet quelques réserves judicieuses - ... n'hésitez pas à me confier vos liens !

Le blog de Myriam Chirousse

Objectif Pal : 5/50 objectif_pal   coeur_vs3

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1 octobre 2009

Ecoute s'il neige, Cathie Barreau

_coutes_ilneige"Ses yeux n'étaient pas clos. Ils étaient d'un bleu très pâle, éteint comme une pierre, une aigue-marine abandonnée. Ses paupières restaient immobiles et son sourire s'attachait à sa bouche, ses pommettes, son front. Le contact de ses mains fut si sensible que le souvenir ne me quitta pas. Quand ils me souhaitèrent le bonsoir et que je me décidai à entrer dans le jardin de nos hôtes, j'étais dans un rêve dont je ne distinguai pas la cause exacte : était-ce ma solitude soudain rompue ou la rencontre avec mes voisins, avec elle si belle, au regard absent ?"

heart Voici un coup au coeur qui m'a prise par surprise. Comme quoi, fureter dans sa PAL a parfois du bon...mais ce titre n'est pas si vieux, loin sans faut.

L'histoire ? Paul emménage dans une maison, au coeur d'un hameau, à présent seul, suite à un divorce dont il se remet doucement. Il cherche le calme et la tranquillité ; il espère se retrouver face à lui-même. Mais un matin, une femme apparaît à la fenêtre, chez ses voisins, nue, le buste offert au soleil, apparemment impudique.  Cette femme s'appelle Blanche et elle ne voit pas. Par le toucher et les sensations, un dialogue se noue entre ces deux âmes, tissant au fil des rencontres une relation amoureuse peu ordinaire.

Il est assez rare de lire un roman en ayant déjà entendu et vu l'auteure. Cathie Barreau a en effet dirigé pendant de nombreuses années le lieu de littérature dans lequel je me rends souvent, dans ma ville. Dans les premières pages de ma lecture, c'est donc une voix féminine que j'ai entendu, brouillant un peu les pistes, et puis la transposition s'est faite, le souvenir de sa dédicace, de ce qu'elle m'a dit, s'être mis ici aisément dans la peau d'un homme. Et l'émotion est venue, ensuite, de manière inattendue, dans ce rapport tactile peut-être entre deux êtres, dans tout ce que j'ai ressenti de connivence avec les personnages, dans ce rapport aussi avec la nature et les autres, dans cette facilité de lecture qui pour une fois et pour ce roman est un compliment.

bouton3 Note de lecture : 5/5 (le maximum, forcément, pour cause de frissons !)

ISBN 978 2 916010 37 3 - 15€ - AVRIL 2009

Les autres titres lus ... Trois jardins (2006) - Journal secret de Natalia Gontcharova (2006) - Visites aux vivants (2007), avec une préférence nette pour les deux derniers (mes billets ont disparu avec mon ancien blog).

objectif_palUn extrait différent sur remue.net - Une très jolie critique sur le blog des habitants de St Nazaire - et un élan d'admiration chez Poézibao -

Défi Objectif Pal : 3/50

12 septembre 2009

La Mariée mise à nu, Nikki Gemmell

lamari_emise_nu"Ainsi qu'il a été dit :
L'amour et une toux
ne sauraient être cachés.
Même une petite toux.
Même un petit amour.

Anne Sexton"
(citation extraite du livre, en exergue de la troisième partie)

heart Une femme, inspirée par les écrits d'une auteure elisabéthaine, commence un journal, qui relate les premiers jours de son mariage, la trahison supposée de son conjoint, puis sa rencontre avec un homme, acteur et futur amant.
Il apparait très vite que, loin de l'image d'épouse parfaite et de jeune femme sage qu'elle donne à l'extérieur, son esprit fourmille de fantasmes et de désirs inavouables...mais jusqu'où suivre l'impulsion de ses sens ?

Je connais depuis longtemps Nikki Gemmel, ayant beaucoup aimé auparavant ses Noces sauvages et Love song (injustement épuisés chez 10/18). Je savais que cet opus là était bien différent, qu'il ne traitait ni du bush ni de l'Australie, et que l'auteure l'avait tout d'abord sorti sous anonymat (par crainte des réactions de son entourage). Je redoutais en fait d'être terriblement déçue.
Mais rien de tout cela. J'ai retrouvé avec grand plaisir le "ton" Nikki Gemmel, sa manière bien à elle de parler des hommes et de l'amour. J'ai retrouvé le plaisir de la lire.
De la même manière qu'Eliette Abécassis avait brisé les tabous de la naissance dans son heureux évènement, Nikki Gemmel brise ici les tabous du mariage et de la sexualité au féminin. Et cela est très libérateur, et bienvenu.
Merci Anne, pour ce prêt !

bouton3 Note de lecture : 5/5

Livre de Poche - 6.95€ - MAI 2008

La lecture de Lily - Celle de Stéphanie La lecture de Solenn - Dans les jardins d'Hélène - Beaucoup d'enthousiasme en général ... mais Clarabel a moins aimé - Me voici moi très très enthousiaste ;o)) en comparaison.

30 août 2009

Une année étrangère, Brigitte Giraud (Rentrée littéraire 2009)

une_ann_e__trang_re"Il faut que j'aie des antennes, que je sois double en permanence, à l'affût du moindre signe, du moindre indice.
Mais ce qui complique la donne est que la fille au pair n'est pas une fille dans une simple situation de travail. On attend d'elle un service rendu mais aussi une présence particulière, une façon d'être, la construction d'un lien, on attend d'elle qu'elle donne de son temps, de sa patience, de son énergie, comme le ferait une grande soeur éternellement bien disposée. On attend d'elle qu'elle mette en scène la touche d'exotisme qui fait la différence, celle pour quoi on l'a choisie et qui valorise la famille par sa présence "si particulière", par son style français inimitable, qu'elle même ignore évidemment."

heart Nous sommes dans les années 80, à l'ère de Cure, des cassettes audio, du Mark fort et des mobylettes. Laura a dix-sept ans, et pour fuir une ambiance familiale tendue, la jeune française décide de partir en Allemagne comme jeune-fille au pair. Elle arrive chez les Bergen, un couple et deux enfants, qui semblent vivre sans se soucier du temps qui passe, des tâches à accomplir, ou de lui signifier quel est véritablement son rôle...

Je suis (du verbe suivre) Brigitte Giraud depuis quelques temps déjà, fascinée par mes précédentes lectures (La Chambre des parents, J'apprends ou L'amour est très surestimé). Ce titre là, dont je n'attendais pas grand chose, m'a d'emblée séduite et ce dès les premières pages. Je suis donc heureuse de mon choix en cette rentrée littéraire, et de ma lecture !!

Qui s'est déjà retrouvée dans cette situation là, intégrer un foyer pour s'occuper d'enfants, dormir chez cette famille, y passer tout son temps, saura que l'auteure a su trouver les mots qu'il faut pour décrire au mieux la gêne, l'adaptation nécessaire, l'extrême acuité que cela suppose dans les premiers temps, barrage de la langue existant - ou pas, et la transformation de soi que cela implique aussi, inévitablement.

J'ai beaucoup aimé ici l'écriture, la description de journées longues comme un puits sans fond, ce petit rythme qui se met doucement en place, les rapprochements affectifs qui se nouent et se dénouent. J'ai aimé le personnage de Laura, terriblement attachante avec sa coiffure en pétard, ses découvertes littéraires tendancieuses et sa manière d'être si mûre et si fragile à la fois.

Dans une ambiance qui peut sembler morose, mais qui permet à Laura de comprendre qui elle est, ce roman poursuit une route "en quête de soi" au charme certain. Et j'ai été charmée.

"Mon empressement et mon application n'apportent rien à cette famille hors du commun. J'ai voulu être irréprochable, disponible et parfaite, toujours prête à me charger d'une corvée, à me rendre utile, malgré la sensation que j'avais de m'éloigner de moi. Je préférais nettoyer le four ou promener le chien plutôt que me confronter à ma vacuité. A vrai dire, je ne sais ce que je préfère, me rapprocher de moi avec le risque de me trouver, de supporter le vrai visage de ma solitude, ou m'inventer un double, brave soldat toujours prêt à exécuter les ordres, soumis et vigilant, un être qu'on utilise, qu'on épuise et qu'on oublie."

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 234 06346 4 - 17€ - Août 09

Clarabel l'a lu aussi - Un autre billet par ici et un blog à découvrir, au passage

Défi 1% littéraire 2009 : 3/7

26 août 2009

La Perrita, Isabelle Condou (Rentrée littéraire 2009)

laperritaheart Plon – 294 pages

La Perrita (en espagnol) signifie « petite chienne » ou « chienne bien aimée ». La Perrita dans le roman d’Isabelle Condou est une femme, une prisonnière, celle qui va donner naissance à l’enfant tant attendue, celle qui va hanter les pensées de Violetta (bourgeoise gâtée à qui rien ne doit manquer, surtout pas la possibilité d’être mère, au risque de s’arranger avec une conscience de toutes manières versatile).

Mais reprenons le fil du récit là où il commence…

Nous sommes en Argentine, en 1996, deux femmes préparent une fête. Elles attendent toutes les deux une jeune-fille, la même. Celle-ci va avoir 18 ans. Pour l’une, Violetta, la jeune-fille se nomme Malvina, elle est l’enfant qu’elle s’est appropriée, qu’elle a volée à cette femme, La Perrita , allongée sur son lit d’hôpital, le visage boursouflé de coups et d’ecchymoses. Pour la seconde, Ernestina, cette enfant est Rose, la petite-fille dont elle n’espérait plus l’existence, née de son fils disparu, enlevé, séquestré, tué, et d’une belle-fille au regard si bleu, si pénétrant, si doux, qu’elle ne verra plus jamais, elle non plus. Les deux femmes, au fil de leur préparations, se remémorent leur jeunesse, leurs attentes, leurs désillusions, leurs drames. Tout les oppose. Seule une enfant perdue dans son histoire réunit ces deux univers, symbolisant chacun une Argentine coupée en deux, blessée, malmenée par son passé.

Je suis tombée en amour avec l’écriture d’Isabelle Condou bien avant d’ouvrir ce livre-ci. Tout a commencé en 2007, avec la découverte de son roman la Solitude de l’aube (2006)  où la singularité de son style, sa voix particulière, le talent avec lequel elle semblait construire un univers, se l’approprier, le rendre  réel m’a frappé. J’ai continué mon parcours avec la lecture de Il était disparu (2004),  roman qui m’a également beaucoup plu. Chez Isabelle Condou, il est beaucoup question de disparition, d’attente, d’amour, de groupe, de fêlures et de distances, d’Histoire. La Perrita ne déroge pas à la règle, et ce n’était pas pour me déplaire. Malgré quelques difficultés, dans les première pages, à appréhender d’emblée les personnages – on passe d’une maison à une autre, d’une histoire à une autre –, je me suis glissée avec plaisir, et très rapidement, dans un univers argentin qui nous devient très vite familier, proche, sensible. Isabelle Condou a en effet, cette capacité fine de partir du corps, de la terre, des gestes quotidiens, des salissures et des faiblesses, pour nous raconter des histoires où l’amour règne, mais aussi la beauté, la grâce et l’héroïsme. Elle interroge par la même occasion nos propres faiblesses, nos incertitudes, nos manquements. Voilà donc encore un grand roman d’une auteure qu’il me semble urgent de lire, et de découvrir bien plus largement ! On aime ici Ernestina, Juan, Elena, et tous les personnages fêlés qui hantent le roman, et on voudrait avoir ce pouvoir-là de lecteur de préserver ce qui peut l’être, de les serrer –rien qu’une fois – dans nos bras. Un très beau moment de lecture.

« Rangés dans un placard, il y avait aussi les cadeaux de Noël que Juan et Elena n’avaient jamais ouverts. Et puis au fond d’un tiroir, le plus bas du buffet, se cachait le disque d’une berceuse de grand-mère qu’Ernestina s’était promis d’écouter au repas de baptême, et rien qu’à passer devant le buffet, maintenant, quelque chose à son oreille grinçait. Partout dans l’appartement elle se heurtait au souvenir d’un avenir qui n’avait pas eu lieu. Le vide tenait tant de place qu’elle pouvait le toucher, où qu’elle posât les yeux. Elle le sentait sur sa peau, dans ses oreilles et jusqu’au-dedans de la bouche, que ça ressemblait aux prémices d’un amour à naître. Ni les curés, ni les sorcières ne mentent, il y a bien une vie après la vie puisque l’absence prend corps dans la maison, comme un ventre qui gonfle et que l’on caresse, et qui donne l’envie de s’asseoir à attendre, sa propre mort, sans doute. Mais quelque chose lui interdisait de s’asseoir. Un fol espoir. Celui que peut-être l’avenir n’était pas tout à fait mort, que l’on y attendait son petit-enfant. De cet espoir, elle ne démordait pas. »

bouton3   Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 259 20765 2 - 20€ - 08/09

(Ce blog a décidé  de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des livres de la rentrée littéraire !  Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire qui regroupe l'ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l'opération. Pour en savoir plus c'est ici.)

En partenariat avec Ulike - Ma chronique sur le site

La lecture de Cathulu - Celle de Cuné -

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15 août 2009

La liane du désir, Chitra Banerjee Divakaruni

lianedud_sir"Le jour où Sudha descendit d'avion pour se jeter dans les bras d'Anju, laissant derrière elle, en Inde, les décombres de son mariage, leur vie à toutes deux fut à jamais changée. Et pas seulement la leur. Celle de Sunil aussi. Et celle de la petite Dayita. Comme des ondes sonores invisibles, les changements se propagèrent de proche en proche, pour finir par atteindre l'Inde et Ashok, qui sur son balcon attendait que le vent tourne. Et par bousculer les mères, dans leurs appartement aux murs rectilignes, bouleversant l'équilibre de la maison-née, ce qui eut pour résultat la fermentation exagérée des pickles de mangue et la production par le goyavier du jardin de fruits roses d'une grosseur inhabituelle. Les changements se multiplièrent à la façon de lianes dans les contes de fées, leurs vrilles rampant jusqu'à des personnes dont Sudha et Anju ne connaissaient même pas le nom.
Ces changements étaient-ils bons ou mauvais ?"

heart La Liane du désir est un deuxième tome, le premier tome, Ma soeur, mon amour (lu il y a quelques temps déjà, me voici en rattrapage de PAL !), avait déjà été un coup de coeur pour moi, c'est également le cas pour le second. Je craignais que cette suite ne me déçoive, comme c'est souvent le cas pour les suites...mais non, pas du tout, ce second opus, bien que différent du premier, est de grande qualité.
Je n'ai eu aucun mal à me souvenir des personnages (l'auteure nous réserve quelques résumés des épisodes précédents bien utiles) et j'ai aimé les retrouver. Anju mariée à Sunil, "installée en Amérique", enceinte, invite Sudha, sa soeur, à venir la rejoindre, après son divorce et la naissance de sa fille Dayita. Mais, car il y a un "mais" Anju perd son enfant et c'est compter sans le désir que Sunil ressent depuis toujours pour Sudha et qu'il lui a avoué en Inde, avant son départ.
Chitra Banerjee Divakaruni nous conte par le biais de ce ménage à trois forcément explosif, les limites du "rêve américain", les fêlures de l'exil, mais également les pièges du sentiment amoureux ou du désir. Comme souvent dans ses écrits, est mise en avant l'idée que, solitaire, la femme indienne peut enfin puiser en elle la force et la lucidité nécessaire à la poursuite de son bonheur, un bonheur qui ne passe pas forcément par l'amour ou le mariage mais dont la culture originelle n'est pas exclue.
Les diverses focalisations du récit apportent à cet écrit une force particulière qui m'a beaucoup touchée. Les émotions sont traduites de manière très fine. Vraiment, un très beau moment de lecture, et une sacrée leçon d'écriture, que je vous recommande.

"La femme au sol ouvre les bras à celle qui était dans le ciel. Voilà ce que nous faisons du chagrin. Les morts sont des goutelettes d'eau de mer et de cendre, qui voyagent dans l'air. Montent-elles ? Tombent-elles ? Regardez, il n'y a pas de différence. La courbe de la terre ressemble à un sourire."

bouton3  Note de lecture : 5/5

La lecture de Bel Gazou

A lire aussi : La maîtresse des épices, Mariage arrangé,...

29 juin 2009

L'année brouillard, Michelle Richmond

l_ann_ebrouillard"La seule chose dont je sois certaine, c'est que j'ai perdu Emma et que je dois la retrouver. La seule issue acceptable est la suivante : Emma, de retour à la maison, indemne. Mais tout ce qui conduit à cette issue recherchée, les étapes déterminantes par lesquelles je dois passer pour y arriver demeurent pour moi un mystère."

Abby, photographe, se promène avec Emma, six ans, sur une plage de San Francisco, Ocean Beach. Emma est la fille de l'homme qu'Abby aime et qu'elle doit épouser dans quelques semaines, Jake. Abby est heureuse parce qu'elle sent qu'ils forment déjà, à eux trois, une famille, que la petite commence à l'aimer un peu. Emma plonge ses mains dans le sable, à la recherche de coquillages tandis qu'Abby promène son regard de photographe sur la plage.
A un moment donné, elle détourne son regard de l'enfant pour observer le cadavre d'un bébé phoque. Oh à peine quelques secondes. Mais lorsque ses yeux balayent de nouveau la plage à la recherche de la silhouette familière, la fillette a disparu. Où est Emma ? Avec ténacité, et malgré les découragements de son entourage, Abby ne cessera de chercher, de creuser sa mémoire, et de tenter de réparer...

heart Me voici encore aujourd'hui sur ce blog avec un livre "coup de coeur", un livre dans lequel je me suis plongée avidement... Et pourtant, il s'agissait ici de se confronter avec cette peur ancestrale qu'est celle de la perte d'un enfant. Quand cette enfant a de plus le même prénom que la sienne, l'angoisse est décuplée et la lecture un peu masochiste. Mais j'ai bien fait, vraiment, de me faire un peu peur. J'ai pris énormément de plaisir à cotoyer Abby, à parcourir avec elle longuement Ocean Beach, à la recherche d'indices. J'ai aimé sa manière de voir le monde, ses remises en question, sa certitude absolue qu'elle allait retrouver l'enfant, la ramener à son père, vivante. Une lecture toute en émotion, à fleur de peau, qui crée des échos en soi, de toutes sortes, malgré soi. N'est-ce pas, réellement, tout ce que l'on demande à un livre ?
Ah oui - aussi - voici une lecture pendant laquelle je me suis dit, voilà comment j'aimerais écrire, exactement, et ce n'est pas si courant. Je salue donc aussi la traduction de Sophie Aslanides, qui y est sans doute pour quelque chose.

"Je veux qu'elle revienne, et le désir crée la substance à partir de rien. Je me souviens du moment où j'ai contourné le mur de béton, certaine de la trouver là. Je le voulais tellement que j'ai construit une image, et cette image était frémissante de vie : Emma accroupie, en train d'attendre derrière le mur, le seau jaune calé entre ses genoux. Quand je suis arrivée et que je n'ai pas trouvée Emma, j'ai senti la réalité me frapper comme un coup de fouet en plein visage, et, avec elle, une terreur si intense qu'elle me fit plier en deux, l'estomac retourné."

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 283 02363 1 - 25€ - AVRIL 2009

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

D'autres lectures...
Clarabel l'a trouvé bougrement scotchant - Kathel (lettres expres) a eu un coup au coeur - Cuné ne l'oubliera pas de sitôt - Cathulu a beaucoup aimé aussi, cette réflexion sur le temps et la mémoire...

20 juin 2009

Des vents contraires, Olivier Adam

des_vents_contrairesFuir la ville. Fuir cette maison où tout se meurt depuis que Sarah est partie, les murs, le jardin, ses habitants.
Prendre les enfants avec soi, déménager. Aller voir la mer. Le pays de son enfance. Retrouver son frère, l'auto-école de ses parents, se fabriquer de nouveaux repères à partir d'un nouveau lieu. Investir le présent, coûte que coûte, parce qu'il le faut bien, parce que tout est devenu si difficile depuis qu'elle n'est plus là.
Se remettre à écrire - non peut-être pas - mais vivre, le moins mal possible...profiter de chaque instant.
Et renaître. Espérer renaître…

heart Inutile de garder le suspens plus longtemps. Mon petit coeur vous a déjà mis sur la piste. Ce roman d'Olivier Adam m'a touchée, énormément. Impression de lecture assez rare chez moi, je ne voulais plus en quitter les pages. Je me sentais si bien, au milieu de cette famille, pourtant blessée par la disparition de la mère, décidée à se créer une nouvelle vie en Bretagne, à Saint-Malo, une vie plus douce, si possible…
L'image du père, un peu bourru, assez imparfait, et pourtant terriblement attachant, aux petits soins pour ses deux jeunes enfants qu'il tente de préserver du désespoir et de l'attente, est une des plus belles qu'il m'ait été donné de rencontrer en littérature.
Baigné par le vent, le sel, des personnages lumineux en quête de bonheurs simples, par une écriture limpide et sans fioritures, ce roman est un voyage vers l'essentiel.
En toile de fond, surnagent des disparitions, des exclusions, des drames, des actes manqués…des retrouvailles, parce que la vie continue, malgré les désirs de quiétude, et qu'elle est faite de cela, aussi, la vie.
Un grand moment de lecture. Merci Monsieur Adam !
Et je reste sur cette impression étrange qu'une suite serait possible, que l'histoire de cette famille a poursuivi sa route en dehors des pages du livre…juste après le mot fin.

Un extrait...
" Les jours qui suivirent me firent l'effet d'une promesse, la vie prenait des airs de vacances, les gamins dormaient tard, se levaient sans grognements ni larmes, et les heures filaient comme un long trait de lumière. On a fignolé deux trois trucs dans la maison, dévalisé quelques boutiques, mais l'essentiel on l'a passé dehors, à profiter de la mer et du sable qui s'offraient sans compter sous un soleil suspect, trop généreux pour la saison. J'ai pris ce qu'on me donnait sans broncher, ça faisait trop longtemps que la vie nous battait froid pour rechigner. J'étais juste un peu sur mes gardes, la méfiance m'était devenue une seconde peau, la parenthèse se refermerait sans prévenir. En attendant, les petits étaient calmes et sereins, de temps à autre un éclair de joie illuminait leurs visages, le paysage agissait sur eux comme un baume. On jouait au ballon pendant des heures, on se lançait des frisbees sous le ciel limpide, Manon creusait le sable sans jamais s'en lasser. Je m'installais à une table en plastique de la buvette, Denise m'apportait mon café et rentrait se réchauffer dans son salon de cuir. Elle m'avait vu grandir et se réjouissait de me revoir. Elle ne m'a rien demandé concernant Sarah. Ici tout le monde était au courant. "

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 87929 646 3 - 20€ - JANVIER 2009

Un immense merci à Véro qui a fait voyager ce livre à travers les océans juste pour moi, et qui m'avait donné très envie de lire ce roman grâce à son billet et aussi grâce à cet extrait.

D'autres lectures : Clarabel l'a trouvé déprimant - Dda sur biblioblog a aimé, l'a trouvé lumineux et d'une force incroyable - Marie en est sortie complètement sonnée et lui attribue un coeur - Cuné nous parle de ciment, de famille, d'amour et j'aime bien - L'avis d'Amanda - Les buveurs d'encre sont enthousiastes -

Ce titre a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2009

13 mai 2009

Qui touche à mon corps je le tue, Valentine Goby

QUITOUCHEAMONCORPSJELETUEMarie G. attend dans sa cellule l'heure de son exécution. Elle est une "faiseuse d'anges", une des dernières femmes guillotinées.

Lucie L. attend que son enfant sorte d'elle car rien ne doit toucher son corps. Elle procède à son deuxième avortement clandestin, loin d'un mari qui l'aime...sans doute, loin de l'amour de sa mère. Nous sommes en 1943.

Henri D., lui, est le guillotineur, celui qui va tuer la femme fautive, celui qui pense avoir déjà tué sa propre mère...par trop de fatigue et dépuisement. "Vous faites tellement de bruit les enfants. Tu m'épuises, Jules-Henri, tu me tues."

Chaque protagoniste du récit de Valentine Goby suivra le fil de son destin jusqu'au terme d'une histoire qui ne dure que 24 heures et qui oscille sans cesse entre la vie et la mort...

heart Difficile de mettre un coup de coeur sur cette lecture au thème si dur, et pourtant je le fais, avec conviction.
Je dois avouer que j'ai aimé ce livre, son écriture très belle, son thème aussi. Ce récit regorge d'histoires de mères et de désirs d'amour. En suivant les pensées de Lucie L., j'ai songé à April des
Noces rebelles (pour ceux qui l'auraient vu). Il y a chez Lucie ce même désir de vivre sa vie, de maîtriser son corps, ce que les femmes avaient si peu l'opportunité de faire à l'époque. Que de chemin parcouru, mais que de chemin à parcourir encore !
Difficile d'adhérer aux émotions d'Henri D., l'exécuteur !! Et pourtant Valentine Goby parvient à nous faire éprouver de la tendresse pour cet homme, victime d'une hérédité auquelle il n'a pas tenté d'échapper, vicitime de son rôle, et prisonnier de ses sentiments pour les victimes. On imagine très bien les traumatismes qui jalonnent son esprit et qui ont infiltré sa vie.
Difficile de ne pas vouloir en savoir plus sur Marie G., sur ses convictions, mais on la laisse avec l'amour qu'elle porte à ses enfants, et sur cette image de bord de mer avec laquelle tout finit.
Qui touche à mon corps je le tue est réellement un très beau roman.

Un extrait (monologue de Lucie) qui me touche, et que je trouve magnifiquement écrit...
"Est-ce que j'ai eu tort, qui a eu tort de ma mère ou de moi, de mon père, de mon mari, qui n'a pas vu n'a pas su qui j'étais avant que je n'en vienne à ça, risquer ma mort pour survivre, qui n'a pas eu les yeux pour voir, pour me voir, pour ne pas se mirer en moi, qui aurait pu balayer son reflet et me chercher en dessous, me trouver, est-ce que j'ai aimé qu'on me dessine, était-ce plus facile ; ai-je voulu ce rapt de moi-même, ai-je le droit d'être en colère, triste, contre qui, contre quoi ? Est-ce ma faute ? Suis-je victime, bourreau, les deux à la fois, quelle est ma part de consentement, de libre arbitre, où est "je", où est-ce qu'il commence, quand aurait-il dû naître et s'ancrer et dire non refuser repousser tout ce qui n'est pas lui ? Quand devrais-je être quelqu'un et qui pouvait m'aider, ai-je été faible ou juste pas avertie, le temps est-il rattrapable, est-ce que je peux espérer l'homme qui me tiendra au bout de son sexe, dois-je sangloter sur un fantasme, existe-t-il des réponses à mes questions, en moi, hors de moi, faut-il cesser de penser, de sentir, ou bien cette torture en vaut la peine parce qu'à la fin, peut-être, il y a une promesse de bonheur, ce que j'entrevois du bonheur, une sorte de plénitude où coexistent mon corps ma voix ma tête dans une seule enveloppe palpitante, et tout bat en même temps ? Ai-je raison de vouloir ? D'espérer ?"

Valentine Goby parle ici de son livre...

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 07 012057 4 -13.90€ - 09/08

La très belle lecture de Clarabel - Celle plus réservée de Chiffonnette - La pyrénéenne l'a trouvé froid - Je partage l'avis de Elfe, bouleversée - Les autres lectures sont chez BOB...

20 avril 2009

Le coeur cousu, Carole Martinez

le_coeur_cousuheart "Ce qui n'a jamais été écrit est féminin"

Frasquita Carasco a reçu, à l'adolescence, et de sa mère, une boîte en bois magique qui la fit couturière et des prières qui la firent un peu sorcière.
Ses dons transmettent aux tissus qu'elle touche une vie particulière. Marié à un homme sans cervelle qui la joue un beau soir pour un combat de coq, elle partira sur les routes avec à sa suite ses filles et son garçon aux cheveux rouges. Fuyant toujours plus au sud, semant derrière elle l'amour et la folie des hommes, elle s'arrêtera finalement dans un village d'Afrique du Nord. Là, son talent de couturière et les sortilèges qui entourent sa famille, trouveront en la dernière née, Soledad, une narratrice, et la main de l'apaisement...

Têtue comme je peux l'être parfois, j'ai lutté bêtement dans les premières pages contre l'envoûtement de ce roman. Je suis quelquefois comme cela, décidée à ne pas me laisser avoir par un livre qui a déjà fait l'unanimité. Mais, peine perdue, ce récit là m'a prise par les sentiments, les émotions et tout le reste. Aucun risque d'y échapper.
Alors oui, Le coeur cousu est un conte dans tout ce que ce genre peut avoir d'irréaliste et de lyrique ; mais non, rien de trop ici, que de la féminité, des corps qui aiment, désirent et souffrent, et de la vie qui avance cahin-caha, sans fioritures ni enjolivements, dans la lutte. Ce livre fait battre le coeur et ne demande au lecteur qu'à se taire, devant tant de simplicité apparente dans le style et devant tant de délicatesse dans la broderie du texte.
Et puis, et puis, j'ai trouvé un peu de l'
Antigone de Bauchau dans l'errance de cette femme, ce qui me l'a rendue encore plus particulière...

Un extrait du cahier de Soledad...
"Il me faut t'écrire pour que tu disparaisses, pour que tout puisse se fondre au désert, pour que nous dormions enfin, immobiles et sereins, sans craindre de perdre de vue ta silhouette déchirée par le vent, le soleil et les pierres du chemin.
O mère, il me faut ramener des profondeurs un monde enseveli pour y glisser ton nom, ton visage, ton parfum, pour y perdre l'aiguille et oublier ce baiser, tant espéré, que jamais tu ne m'as donné !
Il me faut te tuer pour parvenir à mourir...enfin.
Mon lumineux cahier sera la grande fenêtre par où s'échapperont un à un les monstres qui nous hantent.
Au désert !"

bouton3 Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 07 078305 2 -23€ - 02/07

broderie

Ce titre voyage en grand format grâce à Florinette, merci !! - La lecture de Sylvie - Celle de Dda chez Biblioblog - Celle de Clarabel - Ici, l'auteure reçoit avec surprise et émotion un prix pour ce roman - Pour Sylire c'est un coup de coeur - Leiloona crie au génie - Bellesahi l'a dégusté - Pour Amanda, il est juste superbe - La fiche de lecture du CNL - Pour Gambadou, c'est un coup au coeur aussi - Bel Gazou a ressenti un peu d'effroi - Et Aifelle a salué cet hommage aux femmes... (désolée pour les avis que j'oublie !)

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Les lectures d'Antigone ...
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