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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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12 mai 2008

Les oreilles du loup, Antonio Ungar

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Du haut de ses arbres et de ses cinq ans, un garçon farouchement libre, crinière rousse au vent et ses chaussettes jaunes bien remontées sur son pantalon rouge, guette les ombres du monde des adultes et le fantôme fou de son père. Bringuebalés dans la tourmente de la séparation de leurs parents, sa petite soeur et lui entament avec leur mère une errance entre la savane et la ville, la jungle et les plateaux de la cordillère des Andes, en quête de survie, d'une éclaircie. Les sensations et images isolées qu'il perçoit avec ses yeux de tigre, la force de la violence et du malheur, mais surtout celle de l'amour et de la beauté, composent le portrait impressionniste d'une Colombie sensuelle et meurtrie. (quatrième de couverture)

La présentation éditeur, ci-dessus, résume au mieux la teneur du roman, composé de réminiscences, celles d'un petit garçon attentif et imaginatif qui vit les évènements de son enfance comme un jeu dans lequel il serait tigre et le monde une savane.
J'ai aimé cette lecture, ce style, sans doute bien rendu par la traduction, qui m'a fait penser à de très bons auteurs américains lus autrefois, Faulkner par exemple. Les personnages sont attachants, l'amour du petit garçon pour les membres de sa famille (sa mère, sa soeur, sa si belle cousine) très touchante et la vision partielle d'un enfant particulièrement bien retranscrite.
A travers les yeux du jeune narrateur, on suit surtout le parcours d'une mère en quête de bonheur, traînant dans son sillage deux enfants en bas âge. On l'imagine avoir quitté un homme brûlé par l'alcool, avoir fui une mère froide et autoritaire, et chercher dans son errance un lieu où se poser avec ses petits, et un amour doux sur lequel simplement se reposer. Un très beau roman écrit par un auteur de grand talent !!!

Un extrait...
"Avant de sombrer exténué, avant de m'endormir sur le plateau métallique du camion, aux pieds de maman, je comprends que nous pouvons être heureux. Malgré tout ce qui est arrivé. Malgré le fantôme de papa qui rôde dans la savane. Heureux. Le noyau dur de la bande. Les survivants. Maman, brune, verticale, intouchable, qui chante à la nuit, riant mais toujours prête à tout faire pour nous, ses enfants. Ma soeur, complète, redevenue chat, comme le chat qu'elle avait été auparavant, mais à présent un chat sauvage, un chat de montagne maigre, électrique et trempé, les griffes cachées, qui regarde les étudiants sans cesser de rire. Moi, allongé par terre, riant aussi, les poumons plus grands et les mains plus ouvertes, ouvert en entier à la pluie. Comme un tigre nouveau, vivant, heureux."

[Ecrivain et journaliste, Antonio Ungar figure dans la liste "Bogotà 39" réunissant les trente-neufs meilleurs auteurs latino-américains de moins de trente-neuf ans.]

bouton3  Note de lecture : 4.5/5

Un immense merci à Marie-Anne !!

La lecture, très enthousiaste aussi, de lily.
Celle d'Alice, qui a assisté à une rencontre avec l'auteur.

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21 avril 2008

Nous sommes cruels, Camille de Peretti

nous_sommes_cruelsJulien et Camille sont faits pour s'entendre. Fascinés par la littérature du XVIIIème siècle, élèves brillants, orgueilleux, cyniques et prétentieux, ils ont tous deux la conviction de s'être trompés d'époque. Et surtout une dévorante envie de s'amuser et d'affirmer leur toute-puissance. Alors quoi de plus idéal pour combler leurs aspirations que de se prendre pour la vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil ? Quelques règles, de nombreuses "proies" à séduire, un maximum de "trophées"... Les voilà "partenaires de crime", maîtres d'un jeu cruel dont ils tirent les ficelles en redoutables manipulateurs. Marie, Stanislas, William, Emilie, Hadrien, Diane... autant de victimes de leur association diabolique.
Mais quand les deux adolescents se laissent rattraper par leurs modèles, les nouveaux enjeux les dépassent. Piqués dans leur amour-propre, ils sont incapables de mettre le terme qui s'impose à leur entreprise. Le jeu s'annonce de plus en plus périlleux ; et risque bien de les mener à ce qu'ils redoutent par-dessus tout : devenir des adultes. (quatrième de couverture chez Stock)

Camille de Peretti, avec ce roman épistolaire, réussit le tour de force de nous faire ressentir des émotions comparables à celles éprouvées lors de la lecture des Liaisons dangereuses, un sentiment déroutant de fébrilité et de tension. Que va-t-il arriver aux personnages ? Vont-ils être démasqués, se perdre, souffrir, regretter ? Les innocents vont-ils passer au travers des odieux complots fomentés à leur insu ? La trame narrative suit celle du roman "maître" et j'ai retrouvé avec plaisir quelques moments similaires qui donnent à ce récit à plusieurs voix un charme désuet, tout en restant très inscrit dans une réelle modernité, celle bien particulière des grandes écoles et des études supérieures, celle aussi plus populaire des mails et des SMS, remplacant ici avantageusement les billets doux glissés dans les mancherons d'alors...
Un roman qui se dévore, et qui vient justement de sortir en version poche !! Vous allez adorer.

Un extrait : "LETTRE 113 - Jointe à la LETTRE 111 - Camille à Julien - A Saint-Cyr
Petit malin, si vous saviez à quel point votre dernière lettre m'a énervée. Sachez que je ne saurais être jalouse de votre Prude, non pas qu'elle soit niaise ou encore "mal mise" (la jolie formule pour qualifier son inégalable ploucquerie), mais elle m'a simplement déçue. Je m'attendais à une sensualité débordante, à une candeur digne de votre enthousiasme, je l'ai trouvée pâlotte et d'un mortel ennui. Vous vouliez mon avis, admirez ma franchise. Cela étant dit, tout est de ma faute, et il n'est pas de proie actuellement en rayonnage qui soit digne de vous. Quant à vos indécentes propositions à mon égard, je pense que nous avons fait le tour de la question. Temporairement du moins. Je suis déjà lasse du poète anglais que vous m'avez désigné, et j'ai décidé de le martyriser jusqu'à ce que vous ayez la bonté de me fournir de la chair fraîche. Ci-joint le dernier trophée en date, plein d'amertume et d'espoirs infondés. C'est de cela, mon cher Julien, dont je voulais vous parler. Malgré le ton de persiflage du début de cette lettre, je souhaiterais qu'à l'avenir nous ne tombions pas dans le reproche. Nous ne nous devons rien, notre amitié s'est fondée sur une association diabolique, certes, mais écrire doit rester un plaisir avant toute chose et il serait dommage de le gâcher par des chamailleries d'orgueil. Unis, soyons-le véritablement, vous tromperez vos amis et je n'aurai de cesse de vous plaire. Vicomte, je n'aime que vous.
De Paris, ce 6 mars 19**"

bouton3  Note de lecture : 4/5

J'ai acheté ce livre, en version grand-format, lors de mon périple sur Bordeaux. Camille de Peretti me l'a gentiment dédicacé avec un grand sourire, très agréable, et je l'en remercie. Elle m'a signalé par ailleurs que certains personnages se retrouvaient dans chacun de ses romans. J'ai hâte de les retrouver de nouveau. Vous pouvez rendre visite à l'auteur sur son site.

La lecture de Florinette (qui m'a conseillé particulièrement ce titre).

Et un extrait du film Les Liaisons dangereuses, pour le plaisir, exclusivement.


Les liaisons dangereuses

7 avril 2008

Toutes choses scintillant, Véronique Ovaldé

ovaldetouteschosesscintillantNikko est née au Pôle, sur une île polluée, le jour où tous les bébés sont arrivés, bien trop tôt, dans la cabane de Kumiku, la plus chaude et la plus solide, "nés dans un grand tonnerre, perplexes d'apparaître en même temps au jour, à la glace et à l'humanité". La colère des pères fait fermer l'usine, coupable du décès des enfants contaminés. Seule, Nikko survit, au milieu d'un peuple abasourdi par l'alcoolisme, les subventions et le pouvoir des hommes "blonds"...

Mon avis...
Après Et mon coeur transparent, lu précédemment, voici un roman de Véronique Ovaldé dont le point commun avec ce dernier est de traiter également d'écologie (la femme du héros de "Et mon coeur transparent" était une fervente militante), mais d'une manière bien différente, plus largement. Ici, le récit est au coeur de la pollution, elle colle au corps et aux âmes des habitants du Pôle, au propre comme au figuré. L'usine est au centre de tout, du mystère et de la fascination, qu'elle soit fermée au départ du roman puis finalement réinvestie par les "hommes blonds", plus tard. Objet de malheur, elle pourrait tout de même être la clé du départ, pour une petite Nikko miraculée, devenue femme, départ vers un ailleurs que l'on espère meilleur.
J'ai été chamboulée par ce récit, fort et violent, voire même éprouvant, que je n'ai pu lâcher !!

Un extrait : "Elle disait - et le bruit de sa bouche était un petit bruit mouillé -, elle disait "la cabane de Kumiku nous a toutes abritées". Je regardais au dehors, la neige et son scintillement tranquille sous le soleil ; je la laissais continuer, je laissais ma mère ressasser ; elle me jetait un oeil, observant mon sourire, s'interrogeant sans doute, mais n'ignorant rien de moi, connaissant ma gentille bizarrerie, s'en accomodant finalement puisque j'étais bien la seule à écouter son histoire."

bouton3 Note de lecture : 4/5

ovaldeCe titre existe également en format poche...

29 mars 2008

Ceux qui restent

ceux_qui_restent_Affiche_1_Bertrand et Lorraine se croisent dans un couloir d'hôpital, se retrouvent à la cafétaria près du marchand de journaux, sympathisent, s'entraident. Ils sont "ceux qui restent", ceux qui ne sont pas malades. Bertrand vient tous les jours depuis cinq ans voir sa femme, atteinte d'un cancer du sein, Lorraine, elle, est nouvelle dans ce lieu dans lequel elle ne se sent pas à l'aise, trop pétillante peut-être, trop légère, son ami est hospitalisé pour un cancer du colon. Ils prennent l'habitude de s'attendre - Lorraine accompagne Bertrand en voiture jusqu'à son RER - ils prennent l'habitude d'être ensemble, entre culpabilité et attirance...

Mon avis...
D'une manière sobre et émouvante, sans en faire de trop, ce film nous parle de ceux qui restent, de ceux qui arpentent les couloirs, viennent à heure fixe, connaissent par coeur les mécanismes de ce microcosme qu'est un hôpital, de ceux qui restent en dehors, continuent de vivre, parce qu'il le faut bien. Nous ne pénétrons jamais dans les chambres, nous ne voyons pas les malades, leur présence est symbolisée par une porte numérotée, derrière laquelle on ne fait que deviner une présence. J'ai beaucoup aimé ce film, doux, triste et gai malgré tout, d'une écriture presque littéraire. A voir !

La bande-annonce :

ceux qui restent bande annonce

Une très belle critique ici et un très beau site à visiter par la même occasion !!

15 mars 2008

Ruptures, Gisèle Fournier

rupturesL'installation de Jean-Marie dans une maison abandonnée d'un hameau perdu intrigue les habitants du village : pour venir vivre là en ermite, il a forcément quelque chose à se reprocher... Faisant fi des menaces et des intimidations, Jean-Marie mettra toute son énergie au service de ce projet de rénovation. Plus qu'une maison, c'est bien sa propre vie, hantée par de lourds secrets, qu'il tente de reconstruire...(extrait de la quatrième de couverture).

heart Ce roman commence étrangement, par trois points de suspension...et je n'étais pas certaine au tout départ de tenir le fil de cette écriture, rapide et dense, remplie d'adjectifs, un peu déconcertante. Et bien si, j'ai tenu, et je me suis régalée... Je ne sais pas vous mais j'adore quand les personnages construisent leurs petits abris, à la manière d'un robinson, et il est plaisant de suivre Jean-Marie dans son installation, aux côté de son chat adoptif, Chalilas. Et puis, il y a ces passages, extrêmements forts, ceux qui expliquent l'exil : la femme qu'il a quitté, sa vie terne et surtout son ancien métier qui menait des centaines de personne à une mort certaine. Gisèle Fournier met ainsi le doigt sur un des grands danger de notre société, ce mal qui nous ronge, la modernité, le profit au détriment de la santé de milliers de personnes, et elle le fait très bien. Il y a encore d'autres mystères qui parsèment ce récit, dont je vais garder le secret ici. Alors, effectivement, les allers et retours entre présent et passé, les changements de focalisation inattendus (Jean-Marie puis Adrien le cafetier puis à nouveau Jean-Marie) peuvent dérouter le lecteur de ce roman, mais le voyage est bien intéressant !!

Le début du roman : "...sa main ne tremble pas lorsqu'il pousse la porte entrebâillée, une de ces vieilles portes faites de planches noueuses, par endroits fissurées, reliées par des traverses déjointées qui, dira-t-il plus tard, laissent voir le jour et même deviner le mouvement oscillant des branches du figuier lors des matins venteux et, plus tard encore, celui des roses trémières qu'il plantera le long du mur de pierres sèches séparant le jardin de la route, une main ferme malgré les gonds qui gémissent, le heurtoir qui claque et d'où s'échappent des particules brunes, de la rouille peut-être qui se fond dans la poussière grisâtre recouvrant le sol. Dedans, une odeur de vieux."

Et cette citation, judicieuse, en incipit...à méditer
"Ce qu'il y a de bien quand on quitte un endroit pour un autre, c'est qu'on pense que le nouveau sera mieux. Mais il n'y a pas de solution, et on le sait, on sait que ce sera la même chose. Pourtant, on a beau le savoir, savoir que tout sera fichu à peine aura-t-on mis pied à terre, on s'imagine que ce qui est nouveau sera différent. Le résultat, c'est que ce n'est ni nouveau ni différent. C'est exactement la même chose, un nouvel acte de la même pièce sur une autre scène." CARLOS LISCANO

bouton3 Note de lecture : 5/5 (parce qu'il le vaut bien !)

Les lectures de Clarabel et de Lily

Caroline qui m'a transmis ce livrevoyageur avec une carte-tapis qui fait le bonheur de ma fille !

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4 mars 2008

Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé

etmoncoeurtransparentL'histoire (quatrième de couverture) : Sait-on jamais avec qui l'on vit ? Lancelot ne cesse de se heurter à cette question depuis que sa femme, Irina, a été victime d'un accident qui l'a précipitée au fond de la rivière Omoko. Déjà ébranlé par sa mort, il va vivre un "Très Grand Choc Supplémentaire" en découvrant que des mystères entourent cette disparition. Un à un se dévoilent les secrets que sa femme a pri soin de lui cacher. Dès lors, il ne lui reste qu'à mener l'enquête et élucider cette énigme : que faisait Irina, ce jour-là, à Catano, au volant d'une voiture qui ne leur appartenait pas et dont le coffre contenait des objets pour le moins suspects...

Mon avis : Ce roman a un charme fou... Déjà, le personnage principal, notre pauvre héros, veuf en perdition shooté aux anxiolitiques, se prénomme Lancelot, ce qui est définitivement romantique et joliment décalé. Et bien, ce prénom ressemble au roman tout entier, romantique, décalé et fantaisiste. Submergé par sa peine, Lancelot trouve tout de même la force de se poser des questions sur les incohérences qui entourent le décès de celle qu'il aime par dessus tout. Il va donc partir à la recherche du passé de sa femme. Etonnamment, résoudre l'énigme d'Irina va s'avérer plus facile qu'il n'y paraît. Pourtant, cette enquête, menée un peu malgré lui, est conduite dans l'atmosphère nébuleuse des médicaments ingurgités, de revenants venus frapper à sa porte et de la disparition étonnante des objets qui l'entoure... Pour tout vous dire, je suis heureuse d'avoir lu ce livre car l'univers de Véronique Ovaldé est une véritable belle découverte !!

Extrait : "Il y a dans la rivière Omoko une voiture que ne connaît pas Lancelot.
Il fait nuit, une nuit noire et glacée qui transperce les sinus quand on la respire, mais la police a installé sur les rives des projecteurs ultrapuissants qui éclairent la rivière. Ca grouille de monde dans l'obscurité. Lancelot se dit, C'est bizarre tous ces gens pour une voiture tombée à l'eau. Il est sorti de la sienne, et il avance maintenant très lentement avec l'impression que son corps devient alternativement mou et raide, ce qui l'empêche d'avoir une démarche normale. On veut l'arrêter mais il dit, Je suis le mari de la victime, il ajoute, Je crois, pour lui-même, et il ne sait plus s'il croit être son mari ou s'il croit qu'elle est la victime. Des gyrophares clignotent autour de lui et tout se fait dans un silence étrange. Il aurait imaginé que dans ce type de situation un grand brouhaha régnerait, une intense agitation sonore, à moins que tout à coup, en marchant vers la rive, il ne soit devenu sourd."

bouton3  Note de lecture : 4/5 (parce qu'il m'a peut-être manqué quelques battements de coeur !!)

Merci à Bel Gazou qui m'a transmis ce livre, appartenant à La môme poison.
Il devrait arriver bientôt chez Bellesahi...

La lecture de Clarabel.

2 mars 2008

Paris

Une fois n'est pas coutume...je suis allée au cinéma !

paris

Des maraîchers, une boulangère, une assistante sociale, un danseur, un architecte, un SDF, un prof de fac, un mannequin, un clandestin camerounais... Dans ce film choral, les personnages se croisent et se recroisent traversant la ville de Paris en tous sens. Mais Paris est avant tout l'histoire d'un jeune homme malade du coeur (interprété par Romain Duris) qui se prépare à mourir, accompagné de l'affection de sa soeur (Juliette Binoche). Du haut de la fenêtre de son appartement, il observe les autres...

Mon avis : (Avant tout, quel plaisir que le grand écran !)
La musique du générique, vraiment belle, m'a tout de suite envoûtée. Je me suis ensuite laissée rapidement happer par ces histoires qui se percutent ou s'évitent. Puis, les quelques longueurs qui parsèment le film m'ont doucement bercées, comme s'il m'était donné tout à coup de vivre près des personnages de Klapisch, là juste à côté, et de regarder Paris à travers leurs yeux. On rit, on a les larmes au bord des yeux, on est séduit par le regard triste de Romain Duris, ancien danseur que le moindre effort épuise, on ressent le froid du petit matin près des maraîchers, on tremble d'amour...aussi. La force du cinéma est présente, loin des grands effets artificiels, dans toute cette retenue, dans les regards et les sourires timides, dans les silences. Un film sur l'amour entre des êtres imparfaits, qui nous ressemblent étrangement... Bref, un film à ne pas rater !!

Bande-annonce :


Bande annonce de Paris Klapisch
envoyé par yom_

(petit-aparté : à la sortie du film, M Antigone m'a dit que j'avais le sourire et les silences de Juliette Binoche, ça c'est un compliment, non ?)

Le Paris de Bel Gazou

27 janvier 2008

La passion selon Juette, Clara Dupont-Monod

juette heart

L'histoire : Juette est née au XIIème siècle, à Huy, une petite ville de l'actuelle Belgique. Elle est une enfant solitaire et rêveuse, que les travaux de couture n'intéresse pas, et qui se raconte des histoires de chevaliers et de belles dames en robes blanches. Son seul ami et confident est Hugues de Floreffe, un prêtre. Il l'écoute, tente de répondre à ses interrogations de jeune fille et reste sous le charme de cette vive intelligence, pure et différente. Pour faire taire cette enfant insoumise, ses riches parents la marie dès 13 ans, à un homme de leur condition. Juette vit ce mariage comme un viol quotidien de son être. Elle sera mère, puis veuve, cinq ans plus tard. Juette deviendra alors cette femme qui dit non, au mariage, aux hommes, au clergé corrompu.

Mon avis :  Je ne savais pas si cette histoire me plairait. Je ne suis pas très friande, d'ordinaire, des romans historiques et voilà que je me suis laissée happer par ce roman, à deux voix (celle de Juette puis celle de Hugues, alternativement) et par ce personnage, on ne peut plus extraordinaire, qui a de grandes ressemblances avec le personnage d'Antigone (interprétation toute personnelle). Ce roman là est moderne par son ton, très fort par l'intensité des émotions ressenties, très empreint de liberté. Dans un contexte historique compliqué, alors que l'église "des gros ventres" assoie par la violence sa suprématie face aux idées nouvelles des Cathares, cette jeune fille insoumise sait trouver une force singulière dans sa foi et imposer le respect. Une lecture à ne pas râter !

Extrait : "C'est l'histoire du chevalier à la Rose..." Je la récite en caressant les pierres. Mes histoires sont revenues. Elles sont intactes. Majesté des mots, plus grands que l'obscurité. Je n'ai pas besoin de bibliothèque. Mes histoires attendaient, simplement. Il ne faut pas être inquiet. Les choses qu'on aime finissent toujours par nous appartenir. J'espère qu'Hugues le sait."

Les lectures de Clarabel, Valérianne, Gambadou, Florinette

Une vidéo

 

24 janvier 2008

Badenheim 1939, Aharon Appelfeld

  heart

L'histoire (quatrième de couverture) : "A badenheim, l'été est un moment de transition : les ombres de la forêt battent en retraite, la lumière se répand d'une place à l'autre et les rues s'animent en prévision de la saison estivale. Mais en cette année 1939, tandis que les premiers vacanciers déposent leurs bagages à l'hôtel, que Papenheim et son orchestre arrivent pour le festival de musique, que Sally et Gertie, les prostituées locales, flânent dans l'avenue, deux inspecteurs du service sanitaire passent devant la patisserie couverte de fleurs. [...] Ainsi commence ce récit d'une sinistre métamorphose : celle d'une station thermale fréquentée par la bourgeoisie juive en antichambre de la "délocalisation" vers la Pologne."

Avis d'Antigone : Ce roman est un chef d'oeuvre !

Dès le départ, en quatrième de couverture, l'éditeur compare l'auteur à Kafka, comparaison que je ne comprenais pas au début de ma lecture, comparaison que j'ai mieux comprise alors que la transformation de la station balnéaire se met en place et que les acteurs de ce "drame" se rendent compte du piège dans lequel ils sont enfermés.

Plusieurs éléments se métamorphosent tranquillement jusqu'à donner au lecteur un sentiment de malaise attentif. Il y a notamment l'existence de ce service sanitaire, discret puis tentateur, vantant tout d'abord un voyage salvateur vers la pologne, puis obligeant chaque juif à s'inscrire sur ses registres. Et ce festival qui bat son plein, engourdissant les consciences, tandis que les estivants se gavent de patisseries et flânent au bord de la piscine, et qui se termine en pagaille désorganisée.

La ville est fermée, devient un ghetto, l'étau se resserre. L'intrigue avance doucement, sûrement, inconsciemment, inexorablement vers un wagon à bestiaux sale qui mènera certainement "où l'on sait". Et cette phrase terrible du Dr Papenheim : "Si les wagons sont aussi sales, c'est signe que nous n'irons pas loin."

Je vous recommande cette lecture, chaudement ! Doucement ennivrant, puis terriblement angoissant, ce roman là ne vous laissera certainement pas indifférent.

Extrait (début du roman) :   "Le printemps était de retour à Badenheim. On entendait carillonner les cloches de l'église du village proche de la ville. Les ombres de la forêt battaient en retraite. Le soleil dispersait les vestiges de l'obscurité et sa lumière se répandait dans la grand-rue, d'une place à l'autre. C'était un moment de transition. Les estivants se préparaient à envahir la station. Deux inspecteurs passèrent dans la ruelle pour contrôler le bon foctionnement des canalisations. La ville dont la population s'était beaucoup renouvelée au fil des ans conservait sa beauté, une beauté discrète."

La lecture de Clarabel

15 janvier 2008

Les invités de l'île, Vonne Van der Meer

Résumé : Située sur une île, au large des côtes hollandaises, une maison nommée Duinroos (Rose des vents) accueille chaque année de nouveaux occupants, du mois de Mars à la fin de septembre. Les vacanciers se succèdent et leurs histoires, individuelles, défilent : un couple tente de réparer son amour, une jeune fille et une femme plus mûre confrontent leur désir de maternité, un veuf reprend goût à la vie, une famille évite le pire et trouve le meilleur, un couple se forme en en séparant un autre, une femme convalescente renoue avec elle-même et ses souvenirs... Près d'eux, une femme de ménage, une gardienne, les surveille, les bichonne, en secret, puis referme la porte, après leur passage, et ramène les coquillages sur la plage.

Avis d'Antigone : Ce roman est très agréable à lire, et a presque un air de recueil de nouvelles car à chaque passage, à chaque location, nous suivons des personnages différents, des histoires uniques. Les seuls liens entre ces habitants provisoires sont cette maison charmante, et un peu démodée, une maison de vacances, et l'ange gardien de ces lieux, cette femme de ménage qui jette un oeil sur la maison, comme sur un bien précieux, remet les objets et le livre d'or en place, puis s'efface . J'ai aimé lire ce doux roman qui laisse un goût délicieux de sel, de sable et de vent, un goût d'été presque hors saison.

Extrait (début du roman) : "Il est grand temps que je termine. S'ils ont pris le bateau de midi, ils peuvent être ici dans une demi-heure. Ca m'est arrivé une fois : en nage, contente de mon travail, je ferme la maison, glisse la clef sous le paillasson et les découvre là, plantés à côté d'une carriole de plage où trônent bagages et enfants, au bord du sentier de coquillages. La déception sur leurs visages. Depuis, je sais que je dois demeurer invisible. S'ils me croisent ici, la maison ne sera plus autant la leur, et s'ils ne s'approprient pas la maison, ils ne vont pas passer un bon séjour. Même s'ils savent qu'ils ne la louent que pour une semaine, deux semaines, voire même un mois, ils doivent pouvoir se figurer qu'elle est à eux. Si c'était moi la locataire, cela irait tout seul. De toutes les maisons où j'ai fait le ménage, Duinroos est celle que je préfère. Torenzicht, Kiekendief, Jojanneke et d'Instuif, je m'en suis débarassée au fil des années. De belles maisons, je ne dis pas, où l'on a posé du carrelage et du lino, bien plus faciles d'entretien que Duinroos, mais ça faisait trop, il a fallu que je choisisse."

Le bel article de Papillon

J'ai noté cette lecture chez Bellesahi et en plus, chouette, il y a une suite !!

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