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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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emotion
28 janvier 2010

Le Voyage dans le passé, Stefan Zweig

levoyagedanslepass_"Et en cette seconde où, pris par surprise, il perdit le contrôle de soi, le rempart artificiellement dressé des faux-semblants s'effondra sur son coeur et, pris de brusques palpitations, il sentit à quel point le déchirait, douloureuse, mortelle presque, la perspective de vivre sans elle. La quitter, mon Dieu, Elle : comment avait-il pu y songer, s'y résoudre, comme si, pour ainsi dire, il s'appartenait encore, comme s'il n'était pas prisonnier de sa présence, ici, de toutes les griffes et de toutes les racines de ses sentiments."

Neuf ans après s'être avoués leur amour, s'être envoyés de multiples lettres, deux amoureux se retrouvent. La vie les a séparés. Il y a eu tout d'abord le départ de Louis au Mexique, la guerre qui n'a pas permis son retour, son mariage avec une autre, la distance.

Stefan Zweig a ce talent particulier de manier avec subtilité et une technique imparable les émotions de ses personnages. La montée en puissance des sentiments du jeune homme pauvre que la perspective d'enfin réussir sa vie étourdit est infiniment bien décrite, ainsi que cette explosion qui nait en lui, la révélation de ce qu'il éprouve pour la femme de son riche patron et bienfaiteur, son amour pour Elle.
Le voyage dans le passé est une courte nouvelle, au goût doux-amer, qui a réussi à me chambouler... L'épilogue, par ailleurs, se déroule sans fard, avec distance, et c'est un grand art que l'on aurait envie de rencontrer et de saluer à chaque lecture. Du Zweig, en somme.

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 978 2 246 74821 2 - 11€ - 10/2008

Merci Véro !!

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25 janvier 2010

La Donation, Florence Noiville

ladonation"Nous sommes tous des orphelins. Notre soif de consolation est inépuisable.
J'avais dix ans lorsque j'ai perdu mes parents. Tous les deux sont en pleine forme aujourd'hui, mais je ne cesse de remuer ciel et terre pour retrouver quelque chose de la vie d'avant. Quoi, je ne saurais le dire exactement. Je cherche le sol primitif. Une trace d'avant le vacillement du monde."

Rendez-vous chez le notaire pour une donation anticipée. La narratrice est présente, accompagnée de sa soeur et de ses parents. Etrange sensation que de retrouver à plus de quarante ans le quatuor de la famille nucléaire. Des mots s'échappent qui parlent de "nue propriété", 'd'usufruit", de "jouissance" de biens. Mais pourquoi s'évertuer à mettre des mots compliqués sur une chose si simple et si terrifiante à la fois, la mort ?

Cet acte de donation remue plus d'émotions, de souvenirs, qu'il ne faudrait ou devrait...il "avait tout réveillé. Tout tournait autour. La donation ou plutôt le don. Avec toutes ses variations : l'abandon, le don, le pardon."

Alors, avant que de monter dans le train pour Paris, se fait ressentir la nécessité d'une lettre, une lettre de remerciement qui prend soudain la forme inattendue d'un retour en arrière vers le passé, la maladie psychique de la mère, les incompréhensions qu'elle a suscité, les peurs.

"Je lui en ai voulu. Je lui ai pardonné. Pardonné d'avoir eu trop de dons - dont celui, remarquable, de bousiller nos vies à tous les quatre. Pardonné nos froids, nos heurts, nos incompréhensions. A la fin de cette journée, j'ai vu cette donation comme un acte authentique de paix entre vifs, comme aurait dit le notaire. Un symbole de miséricorde. Elle et moi, pourrions désormais être en accord avec le monde. Donner notre consentement à ce que nous sommes."

Je rejoins l'avis du Parisien cité en quatrième de couverture, "grande précision d'écriture, simplicité, finesse psychologique : il y a quelque chose de parfait dans ce récit." Oui.

bouton3 Note de lecture : 4/5

ISBN 978 2 253 12588 4 - Livre de Poche - AOUT 2009

- Merci Cathulu ! - L'avis de Solenn - Le coup de coeur de Canel -

4 janvier 2010

La pêche aux mots, Joëlle Ecormier

lapecheauxmots"Il y a des pêcheurs de carpes, des pêcheurs de sardines.
Et il y a des pêcheurs de mots..."

Ce petit livre avec des mots tout simples, ceux de Joëlle Ecormier, des dessins stylisés à la manière du petit bonhomme à la craie de notre enfance (La linea), exprime avec talent et émotion les caprices et les méandres de la création littéraire et ce sous la forme d'une métaphore bien trouvée, la pêche.

"Il vient toujours
quelque chose
quand on attend.
Le pas des insectes.

La peau de l'eau qui tremble.
Le ciel à l'envers.
Le fil de l'eau.
On a été le flotteur.
On a tenu la canne.

Et puis, on a appris
le silence."

Tout est si juste, si vrai, si évident et si joliment dit dans ce tout petit livre, que je dois vous l'avouer j'ai été émue.

livre_22

ISBN 978 2 907354 95 0 - 4.50€ - AOUT2009

Un cadeau à faire et à se faire... Merci Véro !

- La fiche de présentation sur le site de l'auteure - http://joelle-ecormier.fr/ - http://motus.zanzibart.com/

20 décembre 2009

Miel et Vin, Myriam Chirousse

miel_et_vin"La vie peut être un océan noir d'amères désolations, mais il peut aussi y avoir, au milieu des vagues sombres, des terres bénies où serpentent des fleuves de miel et de vin."

Deux enfants grandissent sans se connaître. heart
L'un, né bâtard, considéré par tous comme un enfant "maudit" créant autour de lui mort et désolation, accèdera tout de même à sa filiation et à son nom en devenant Charles de l'Eperay. L'autre, une enfant trouvée dans les bois, recueillie par une famille noble des environs, deviendra une jeune fille connue sous le nom de Judith de Monterlant.
Ces deux êtres se rencontrent lors d'un mariage, s'attirent avec une violence évidente.
Pourtant, Judith en épousera un autre.
Devenus amants, ils seront pris par les tourments de l'histoire et de la révolution française.

Miel et vin, outre d'être une fresque romantique époustouflante, ainsi que vous le donne (je l'espère) à penser mon résumé, a la particularité d'être parcourue d'une langue riche et originale. Et j'ai aimé en être surprise et en être bousculée... Voici un roman dont il est bien difficile d'expliquer la magie et le pouvoir d'attraction. A-t-on jamais aussi bien décrit les profondeurs de la passion, ce mélange de perte de soi et d'insuportable évidence ? Je suis loin d'être une adepte de romans historiques, et pourtant j'ai été ici happée et tenue en haleine jusqu'au terme d'une écriture pleine de modernité et d'inventivité, et quelle galerie de personnages ! Vous trouverez effectivement dans les pages de Miel et Vin des prêtres tyranniques, des mères éplorées ou maternelles, des enfants à la peau douce, des inventeurs géniaux, des femmes un peu sorcières, un libraire fantasque aux murs de livres, des révolutionnaires passionnés et des nobles accrochés à leurs privilèges...

Myriam Chirousse a pris le parti de donner dans son roman la parole à un des enfants de Judith. C'est donc elle qui raconte l'histoire et ces évènements qu'elle n'a pu connaître, sauf de l'intérieur du corps de sa mère, sauf en supposant une vie antérieure, un regard céleste difficile à concevoir...et c'est un des éléments forts de ce roman, qui vous donne une idée du talent de l'auteure... Et c'est toute la substance, et la richesse, de l'extrait que je vous livre ci-dessous... L'histoire d'une naissance. Chapeau Madame !

"Alors quelque chose m'arrive comme une noyade, comme un engloutissement dans des sables mouvants. Toutes les images du monde qui flottaient devant moi s'estompent l'une après l'autre et je tombe dans un trou sans mémoire. J'essaie de retenir quelques éclats de ce que je peux voir - je suis sur un cheval, je suis grande et je suis brune, je fume des cigares fins dans un salon aux fauteuils capitonnés, un jeune homme déclame de la poésie, on m'appelle comtesse et je distingue un port blanc, des eaux turquoise qui lèchent les roches rouges d'une île ensoleillée, je sens l'odeur des pins et la chaleur, je vois ma vie, des éclats de ma vie, de ce que sera ma vie... peut-être... ou peut-être pas... Je ne sais plus. J'ai mal et j'ai peur. Peut-être que tout n'était qu'un mirage et que je n'ai jamais pu voir ni le présent, ni le passé, ni le futur, ni rien. L'autre monde m'aspire et rien n'y est écrit nulle part. La lumière m'ébl..."

bouton3 Note de lecture : 5/5 (Coup de coeur oblige !)

ISBN 978 2 283 02367 9 - 24.50€ - JUIN 2009

J'en profite pour réduire ma PAL d'un exemplaire (50-5) - Je participe en même temps au challenge des coups de coeur de la blogosphère compilés par Théoma - Ce titre est un coup au coeur de Clarabel et je l'ai lu un peu aussi pour cette raison (donc merci !!) - Keisha l'a lu également et s'est retrouvée dans une ambiance nostalgique, sensuelle et bucolique - 500 pages avalées le temps de dire ouf chez Biblioblog - Une lecture détente pour Kathel qui émet quelques réserves judicieuses - ... n'hésitez pas à me confier vos liens !

Le blog de Myriam Chirousse

Objectif Pal : 5/50 objectif_pal   coeur_vs3

29 novembre 2009

Manhattan, Anne Révah

manhattan"J'aurais aimé avoir des soucis, toutes ces préoccupations humaines qui rongent le quotidien, et le bercent d'une plainte savoureuse. Les soucis nous protègent, ils sont là toujours présents, solides comme les murs de la maison, on les sent, on ne s'y perd pas, on s'y retrouve, c'est comme une poésie d'enfance, on peut la reprendre dans n'importe quel sens, le par coeur la rend si fluide qu'elle n'a pas de début ni de fin."

Cela commence par une douleur dans l'avant du bras, ou plutôt une insensibilité dure, qui prend la forme du plan de Manhattan... Cela continue par la révélation, médicale, de tâches blanches dans le cerveau... Cela se termine par une fuite, de tout, du quotidien, de l'époux, des enfants.
L'héroïne d'Anne Révah se cache au creux d'un appartement loué le temps de se retrouver. Anéantie par l'annonce de la maladie qui a pris corps en elle, elle écrit une lettre, à sa mère. Elle se révèle, enfin, après toutes ces années de compromissions, d'illusions...

Voici un petit roman qui cache bien son jeu dans les premières pages, et qui nous amène tout doucement au fil des paragraphes vers l'émotion et l'horreur...et ce à l'aide d'une écriture fluide, très belle, qui m'a enchantée.
Je savais déjà que cette collection de chez Arléa recelait quelques trésors, c'est ici encore le cas. J'ai peut-être simplement été gênée par la construction du récit, par cette coupure dans le fil de la narration qu'engendre la rédaction de la lettre. Oh mais si peu... Il y a tellement de lignes que l'on a envie de noter, tellement d'émotion contenue dans le rythme des phrases, tellement de trouvailles littéraires que j'ai enviées.
Un premier écrit très prometteur !! Et une auteure à suivre...c'est certain.

"Ma vie doit changer, c'est en entendant la voix du neurologue que j'ai compris que cela ne pouvait plus durer, ma fuite est un début de changement. La première étape a été de prendre la décision. Prendre une décision, ça n'a l'air de rien, les pensées se déplacent, se décalent jusqu'au bord de soi, et surgissent dans un ordre inattendu. La décision est là, debout, dans tout son déploiement et sa force. Un sauvetage. Une fois que j'avais accepté la décision, je devais la rendre possible, lui ouvrir l'espace dont elle avait besoin."

Un grand merci à l'auteure !!

bouton3 Note de lecture : 4/5

ISBN 9782869598645 - 13€ - mai 2009

Leiloona en parle aussi aujourd'hui - L'avis de Laure, que je rejoins également...

La collection 1er mille chez Arléa

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5 novembre 2009

Une fois deux, Iris Hanika

unefoisdeux"De toute manière, c'était un tissu de mensonges, dès le début un tissu de mensonges. Simplement parce qu'il avait l'air débile, que par-dessus le marché il louchait, uniquement pour ça j'ai osé m'imaginer qu'il était celui, celui que j'aimerais comme aucun autre et lui moi de même. Mais c'était un tissu de mensonges, un mauvais rêve, cruel et mauvais de la part de ce rêve, de me laisser supposer, envisager que - il y en aurait un, un pour moi toute seule et pour personne d'autre."

Deux personnes se rencontrent, que tout semble opposer, Senta et Thomas. Tous deux ont la quarantaine, l'une tient une galerie et le second est ingénieur système. Coup de foudre dans un café. Evidence. Fusion totale.
Puis, parce que la vie n'est pas si simple, les doutes, la confusion des sentiments, l'éloignement, les quiproquos entrent dans la danse. Jusqu'à briser ce qui avait pourtant si bien commencé ?

"Le chapitre merdique sur l'amour, elle le considérait clos ; elle pensait en avoir fini une bonne fois pour toutes avec ça. On peut bien être heureuse sans homme, ou au moins sans un homme en particulier ! En outre, il y a suffisamment d'autres choses avec lesquelles s'occuper.
On peut aller au ciné, par exemple, ou lire un livre.
On pourrait finir sa maîtrise et avoir son diplôme.
On pourrait aussi aller chez le coiffeur ou apprendre le polonais.
On peut tout faire !
Telle était sa pensée, et elle ne pleura que le samedi chez Alina, mais alors à torrents, quoique sans sangloter."

Racontée brièvement cette histoire d'amour peut sembler banale, déjà vue, monotone. Mais il n'en est rien. En fait, ce livre est tout bonnement jubilatoire.
L'auteure, d'une langue alerte, jamais en repos, nous propulse dans les émois d'une relation amoureuse naissante, inattendue, et nous promène en nous ménageant des petits temps de pause, des digressions, des à-côtés flamboyants, et quelques pleurnicheries désopilantes.
Bien entendu, tout n'est pas parfait. Je lui ai trouvé parfois quelques longueurs à ce récit (explications informatiques obscures sur le métier de Thomas par exemple) et je me suis perdue dans les rues d'un Berlin moderne que je ne connais pas. Cependant, il serait dommage de dénigrer ce petit joyau d'écriture et de passer ainsi en lisière d'un roman foisonnant à la verve légère et tonitruante, espiègle, irrésistible, pleine de surprise. A vous de voir, enfin...de lire ! ;o)
Voilà un voyage bien agréable dans les méandres de l'amour !

Une fois deux a figuré sur la sélection finale du Buchpreis 2008, prestigieux prix littéraire allemand.

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 978 2 922868 95 1 - 24€ - AOUT 2009

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com ...et comme toujours, le hasard a bien fait les choses. Merci Babélio !

Cuné l'a lu aussi, et nous dit "c'est une histoire d'amour, mais jamais aucune n'a été écrite comme ça."
C'est vrai.

Le billet d'Ecaterina

31 octobre 2009

Les Vies privées de Pippa Lee, Rebecca Miller

lesviespriv_esdepippalee"Croyait-elle vraiment ce qu'elle disait, que le mariage était une question de volonté ? Oui, réalisa-t-elle avec tristesse, elle le croyait. Après tout ce que Herb et elle avaient traversé ensemble, après tout ce qu'ils avaient perdu pour être l'un avec l'autre (jusqu'à leur âme, peut-être), le mariage se retrouvait être une question de volonté. Cela lui donna envie de déchiqueter le présent insipide, de faire revenir en elle le passé intense, de le dévorer comme un ours fait une razzia dans les provisions d'un campeur. Elle avait envie de sortir en courant du restaurant, d'aller retrouver Herb pour l'embrasser à pleine bouche (elle imaginait son air surpris, abasourdi, lorsqu'elle se jetterait sur lui), d'éclater en larmes, de hurler même - de lâcher enfin prise. Au lieu de cela, elle attendit son sandwich au homard le sourire aux lèvres, en se demandant si elle n'était pas au bord d'une dépression très tranquille."

Pippa et Herb ont décidé de quitter New York et leur vie mondaine pour s'installer dans une luxueuse banlieue "pour vieux". Herb, octogénaire mais éditeur toujours en éveil, est devenu âgé dans le regard de sa femme, qui a une trentaine d'années de moins que lui. Cette installation dans une vie différente, rangée, proche de la mort, perturbe Pippa au plus haut point. Pourtant, elle s'efforce d'être ce qu'elle a toujours semblé être, une épouse et une mère parfaite. Pourquoi a-t-elle donc tant de mal à franchir cette nouvelle étape ? Pourquoi a-t-elle soudain ce sentiment trouble que son passé la rattrappe et l'aspire ? N'est-ce pas simplement pour mieux se retrouver ?

Depuis ma lecture de Lune captive dans un oeil mort, je me doutais que toute installation dans une résidence pour retraités aisés avait des conséquences inattendues. Ici, la surprise ne vient pas seulement du présent, ni des doutes et des phases de somnambulisme de Pippa, ni non plus de l'écriture de l'auteure. Non, l'inattendu vient de l'émotion qui nous submerge, à nos dépends, lorsque le passé de l'héroïne est dévoilé, lorsque Pippa déroule pour nous dans une tranquille simplicité le désordre de sa vie antérieure.

Voici un roman au charme curieux qui laisse en mémoire des traces discrètes mais fermes, comme des petits cailloux, ou des galets ronds, disposés à intervalles réguliers sur le chemin de notre pensée. Il y est question des maux de l'amérique moderne, de la place de la femme dans cette société sclérosée, mais également de libre arbitre, de quête d'identité et de rébellion. Tout pour me plaire, n'est-ce pas ? Il m'a peut-être manqué d'être transportée par l'écriture pour m'en faire un véritable coup de coeur !! Mais, allez, si peu.

"Trish me regarda et eut un geste, un haussement d'épaules qui signifiait : "C'est comme ça, qu'est-ce que tu veux." Je lui lançai un sourire encourageant, l'air étonné.
"Tu vois, nous sommes deux moutons noirs, toi et moi", dit-elle avec un sourire, avant de laisser échapper un petit gloussement rauque et gras. C'était la chose la plus gentille, la plus rassurante que personne ne m'avait jamais dite. Je sentis que j'avais une place quelque part."

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 978 2 02 097880 4 - 21.50€ - octobre 2009

Un grand merci à Cathulu pour ce prêt savoureux ! Sa lecture - Un livre qui a emmené Cuné au bout de la nuit -

A noter qu'une version filmée sort le 11 novembre au cinéma...

27 octobre 2009

Mademoiselle Chambon...au cinéma

mademoiselle_chambon

Jean est un maçon sans histoires, un homme marié, le père d'un jeune garçon, mais également un fils respectueux, prenant soin avec ferveur de son père âgé.
Dans sa vie, le quotidien se déroule sans à-coups, sans grandes émotions non plus. Un jour, alors que sa femme est alitée, il rencontre Mademoiselle Chambon, l'institutrice de son fils. Elle lui demande de l'aide pour des travaux. Il se rend chez elle et ils se croisent, dans le silence, par le regard. Ils vont se heurter assez vite à l'évidence de leurs sentiments.

Il n'est pas si facile de parler de ce film peu bavard car tout se tient dans le jeu subtil des acteurs, dans leur capacité à exprimer des émotions via le durcissement de leurs pupilles, le relâchement de leurs traits ou ces larmes qui coulent en silence soudain sur leurs joues.
J'ai aimé la simplicité des décors, réalistes ; la qualité de ce moment de cinéma, lent, doux, fragile, et terriblement émouvant.
Je gardais un souvenir très précieux du roman de Eric Holder. Ce film en est une adaptation plutôt réussie et un hommage délicat. A voir, et à revoir.

Je vous livre un extrait d'un article de l'hebdo ELLE, qui m'avait intrigué, déjà...
"Un film modeste sur des gens modestes, qui n'ont pas grand chose à dire mais beaucoup à éprouver, peut-être plus émouvant que beaucoup d'oeuvres grand genre et virtuoses, dont on nous rebat les oreilles. Pas de grands effets dans "Mademoiselle Chambon" mais une attention aux personnages et aux acteurs telle que jamais Vincent Lindon n'a été aussi bon. [...] Il n'y a ni méchant ni idiote dans "Mademoiselle Chambon", les personnages sont à égalité et leurs émotions passent par la musique. Le mélo pointe, mais il n'y a pas de larmes. Et c'est en douceur que le spectateur ne s'aperçoit pas qu'il a franchi un interdit : s'identifier sans jugement moral à l'homme qui va peut-être quitter sa femme alors qu'elle est enceinte."
Anne DIATKINE, 9/10/2009

16 octobre 2009

Mauvaise fille, Justine Lévy (Rentrée littéraire 2009)

mauvaisefille"Elle croit que je suis sa mère. Ca me fait peur, cette confiance qu'elle met en moi. C'est pas normal, je me dis. Elle le croit vraiment, que je suis sa mère. Elle ne sait pas que je suis cinglée, mauvaise, une catastrophe ambulante, un bloc de culpabilité, une punition."

Louise est la fille d'une mère justine_levy_200pas vraiment attentionnée, voire même dangereuse, négligente. Combien de fois Louise s'est-elle retrouvée, dans son enfance, sans rien à manger, sans personne pour la conduire à l'école ? Combien de fois l'enfant qu'elle était alors a-t-elle retrouvé cette femme, censée être responsable d'elle, dans des états lamentables, saoule ou victime d'abus de toutes sortes ?
Et aujourd'hui, Alice, qui était si belle autrefois, la mère de Louise donc, est malade, victime d'une récidive de cancer, sur le point de mourir, et Louise est enceinte, Louise est sur le point de devenir mère, à son tour... Comment cela est-il possible ? Comment le lui dire ? Comment ne pas se sentir une mauvaise fille, d'ainsi oser porter la vie, d'ainsi oser la poursuivre, de proposer sans vergogne une vie pour une autre ?

Il est de notoriété publique que Justine Lévy pratique l'autofiction. Mais ce n'est pas ce que je recherchais dans ce livre, le voyeurisme, autant lire la presse people. Je voulais simplement découvrir une écriture dont j'avais entendu dire du bien, voilà tout. Et puis il y avait ce titre, qui me faisait de l'oeil, auquel j'avais envie de répondre.
Alors ? J'ai aimé, beaucoup, le ton, et la cadence d'écriture de cette toute jeune auteure qui ne se met pas en valeur, ne met pas de voiles sur sa nature profonde, se met à nue. J'ai aimé les questions qu'elle se pose, ses crises d'hystérie et sa manière d'être pudique, pour des broutilles, tout à coup. J'ai aimé son désarroi de porter la vie, et sa solitude, l'évidence d'être mère qu'elle ressent simplement, juste après l'accouchement.
Bien entendu, vous retrouverez dans ce livre la figure du père de Justine, étrange personnage, qui arrive toujours à point nommé, tel un chevalier un peu fantômatique, iréel - un appui trop souvent absent pour cette jeune femme si fragile. Vous retrouverez son compagnon, en futur père attentionné, vaguement inquiet, vaguement réconfortant. Mais là n'est pas le sujet.
Mauvaise fille est avant tout l'hymne d'amour d'une fille à sa mère, une mère imparfaite et déstabilisante, mais une mère tout de même, et un questionnement sur cette faculté que nous avons - en nous - de laisser la vie continuer, perdurer, fleurir, au-delà des disparitions.

"[...] comment je vais faire ? comment je vais lui donner ce que je n'ai pas eu ? est-ce que je sais, même, comment ça aime une mère, comme ça élève, comment ça gronde, comment ça punit, comment ça fait faire des devoirs, comment ça console d'un bobo ? J'ai les livres. Juste les livres."

14863bouton3 Note de lecture : 4/5
ISBN 978 2 234 05864 4 - 16.50€ - SEPT2009

Ce roman est en lice pour le 22ème Prix Goncourt des Lycéens parmi 14 titres. - Déjà lu dans cette liste... Ce que je sais de Vera Candida, de Véronique Ovaldé. - Le blog du Prix

Grand merci aux organisateurs pour l'envoi !

 

25 septembre 2009

Ce que je sais de Vera Candida, Véronique Ovaldé (Rentrée littéraire 2009)

cequejesaisdeveracandida"[...] N'oublie jamais ta colère. Et si la colère s'effaçait en faveur d'un sentiment plus confus et plus paralysant comme la culpabilité alors il fallait la réactiver, et quel meilleur moyen que de se planter devant le miroir de la chambre, soulever son maillot et compter les traces laissées par le si grand amour mal exprimé de Violette Bustamente. Dans ces moments-là Vera Candida se collait au miroir pour sentir la fraîcheur d'hiver sur sa peau puis elle soufflait pour créer de la buée et dessiner sur la surface si lisse des formes rondes, des spirales et des volutes. Elle remontait ses cheveux et touchait la balafre blanche et soyeuse qu'elle avait sous l'oreille puis elle remettait sa chevelure en place.
Ces cicatrices là, mon sucre, sont des étendards, disait grand-mère Rose. Au fond c'est un avantage toutes ces coutures bien visibles. Quand le mal qui t'est fait est seulement à l'intérieur (mais sache, ma princesse, qu'il peut être aussi taraudant et violent que des coups de poing), alors ne pas perdre de vue ta colère et ta juste rage demande un bien plus gros effort."

Ce que je sais de Vera Candida est l'histoire d'une lignée de femmes.
En tout premier, il y a Rose, la grand-mère, ancienne prostituée, devenue experte en poissons volants, puis maîtresse de Jéronimo (inquiétant personnage oscillant entre l'iguane, le jetsetteur et le caïd) . Ensuite, il y a Violette, la fille de Rose, un peu spéciale, pas finie et bonne à rien, juste à courir les garçons et à donner naissance à une enfant, la troisième femme de ce roman, la seule à espérer enfin briser le destin qui semble planer sur leurs destinées à toutes, elle se nomme Vera Candida. En effet, cette dernière a l'impulsion juste de fuir l'île de Vatapuna, à quatorze ans, enceinte, lourde d'un secret inavouable. Elle atteint Lahomeria, livrée à elle-même puis recueillie dans un foyer alors qu'elle accouche de la quatrième fille du récit, Monica.
L'amour, comme bien souvent, sonnera le carillon de l'espoir, en la personne d'un journaliste obstiné et combattif, doux, Itxaga, amoureux fou de Vera Candida...

Encore une fois (ayant j'ai déjà lu Et mon coeur transparent et Toutes choses scintillant), me voici sous le charme de la manière bien personnelle de Véronique Ovaldé de mener un récit ! Nous sommes ici dans une amérique du sud imaginaire où le réalisme frôle sans cesse le légendaire et le féérique, et tout cela est terriblement bien fait, et maîtrisé, et passionnant.
Difficile pour moi de ne pas aimer non plus la délicatesse avec laquelle elle parle des femmes, de leurs corps, de leurs impulsions, de leurs doutes et de leurs choix, parfois maladroits, souvent tragiques. Ces personnages là me semblent toujours si familiers. Ils me donnent des envies de protection et de justice, d'abandon aux sentiments vrais.

J'ai donc aimé cette lecture, vraiment. Et pourtant, je n'arrive pas à comprendre pourquoi il m'est impossible cette troisième fois encore, d'assigner un "petit coeur" à mon billet.
Il s'agit là simplement, sans doute, d'écriture et de distance, de ce fossé qui se creuse entre nous, étrangement, au fil des pages. Rien de grave, juste un sentiment d'éloignement qui me laisse moi, admirative, mais un peu sur le côté, tenue à l'écart, distanciée.
Voilà un effet bien mystérieux... ;o) 

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

ISBN 978 2 87929 679 1 - 19€ - AOUT2009

Elles l'ont lu aussi : Amanda - Cuné - Jules - Albertine ...qui d'autre ?

Ce roman est en lice pour le 22ème Prix Goncourt des Lycéens parmi 14 titres.

Défi 1% littéraire 2009 : 6/7

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