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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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9 août 2011

En poche...

l_absence_d_oiseau_d_eauC'est un échange de correspondance entre deux écrivains, une oeuvre de fiction dans laquelle ils auraient inventé qu'ils s'aimaient. L'un a quitté l'histoire, a repris ses lettres, brutalement, ne laissant que ses vides, son absence.
La lecture de ce récit à une voix, qui se mêle malgré tout à celle de l'autre en creux, questionne profondément sur la place de l'écriture dans la vie d'une femme, mère de famille, épouse, amoureuse. 
Se loge également la faculté accrue de l'écrivain de parler des corps qui se cherchent, se trouvent et se manquent, et ce avec un naturel désarmant, sans tabou. La métaphore trouvée, utilisée, est celle de la rivière, de l'eau et du lit qui la contient, elle parcourt le récit et en façonne la trame. Et tout cela est beau, car ce texte est définitivement composé de poésie. Il nous remplit, nous émerveille et nous chamboule un peu. Il raconte la vie, la vraie, celle qui nous laisse parfois aussi sur le côté avec nos choix et nos défaites. Une vie faite de matière, de cellules humaines et de sentiments. Et rien ne nous est caché, tu. Le réel peut alors sembler cru, je l'ai trouvé moi magnifique.

"Pourquoi j'écris ? Parce qu'écrire m'est indispensable pour vivre, le bonheur comme le malheur.
En ce moment précis, depuis trois mois, j'écris parce que tu me manques, j'écris pour te séduire, pour te garder, pour que tu sois et restes amoureux de moi. Je ne veux pas que tu me quittes. Alors j'écris. Je sais que mes mots ont un pouvoir sur toi, je l'utilise, peut-être même que j'en abuse.
Je t'embrasse."

heart (L'intégralité de mon billet original ici)

Folio - 5.70€ - Juin 2011

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31 juillet 2011

Des nouvelles d'hier, Robin Black

desnouvellesd_hier"Je ne lui parle pas des illusions que j'ai entretenues un temps. Celles du début. Lorsque je pensais essayer de vous raisonner. Essayer de vous faire croire en ma vie. En ma simple existence. Je ne lui dis pas cela."

Les personnages de Robin Black sont en pleine transformation, mutation.
Juste au moment où l'on commence à nous dresser leur portrait, quelque chose arrive dans leur vie qui les déstabilise, leur donne à réfléchir sur le sens de leur existence.
C'est un père qui doit laisser sa fille aveugle accéder à l'autonomie, une femme en butte avec un voisin indifférent alors qu'un cancer la ronge, une peintre qui voit au travers de ceux qu'elle portraitise et aimerait l'ignorer, une enfant surprenante de froideur, une soeur qui tue son frère par inadvertance ou une femme qui ne peut plus aimer vraiment depuis que son mari n'est plus...

Très souvent, un coup de coeur de lecture nous est personnel, car il marque avant tout l'instant d'une rencontre. En fait, cela m'arrive tout le temps, et je ne suis pas tellement étonnée ensuite qu'il ne soit pas totalement partagé par vous. L'effet de surprise est alors passé, sans doute, ou alors c'est autre chose... La rencontre avec un livre est parfois une histoire si intime, si fulgurante, inscrite dans le moment, unique, un coup de foudre en somme. Ensuite, la lune de miel se poursuit un peu, ou bien l'effet ne dure pas...
L'écriture de Robin Black promet elle un effet à long terme. Et ne vous y trompez pas, voici un livre de grande classe. J'en ai aimé le style - dont j'ai retrouvé avec beaucoup de gratitude la texture dans ses remerciements de fin d'ouvrage - un style fait de douceur et de volonté. Mais attention, nous sommes dans un univers désanchanté, cruel. Ici, les actes sont manqués et la position la plus courante l'immobilité. Chez Robin Black, on observe sa vie, la déchéance vers laquelle elle tombe, les espoirs qu'elle suscite, et surtout ce sur quoi on ne peut avoir prise. Et à la fin, lorsque le dernier mot de la nouvelle est posé, on ne sait plus vraiment si l'enfer ce sont les autres, ou simplement les ornières dans lesquelles on a aimé un temps s'enliser.
Un recueil de nouvelles dont la grande qualité m'a énormément réconfortée...

heart Coup de coeur ! - Editions Flammarion - 20€ - Janvier 2011

Cathulu a été la tentatrice avisée de ces pages "bluffantes de vérité"- Pour cuné "Plombant,  éprouvant, triste, assez terrible, en fait, mais surtout impeccablement écrit (et traduit)."

10 mai 2011

Cette main qui a pris la mienne, Maggie O'Farrell

cette_main"Ecoutez. Dans cette histoire, les arbres s'agitent, frémissent, se redressent sous les bourrasques qui soufflent de la mer. A voir leurs branches fébriles, les mouvements impatients de leurs cimes, on a l'impression qu'ils savent que quelque chose va se produire."

Ce sont deux vies de femmes que l'on suit dans ce roman aux multiples voix et souffles d'air. Deux femmes que tout oppose.
Lexie, à la fin des années 50, quitte enfin le Devon pour Londres, elle y deviendra journaliste et la compagne du célèbre critique et marchand d'art, Innes kent.
Dans un Londres plus récent, quarante ans plus tard, Elina vient d'accoucher d'un petit garçon. Cet acte a failli lui coûter la vie. Ted, son mari, la soutient, s'inquiète pour elle, et en même temps semble s'enfoncer lui-même dans des visions angoissantes d'un passé qu'il ne reconnaît pas.

Allez, oubliez très vite la couverture inadaptée de ce roman riche et polyphonique, et le titre mielleux qu'on lui a assigné (pourtant conforme à son titre original anglais ?!)... et entrez dans une intimité de maternité toute fraîche, de féminité combative et de force narrative prenante.
Maggie O'Farrell excelle dans la description des petits détails, c'est son vrai point fort, et nous avançons ici avec elle - et avec délectation - d'objet en objet, de pas en pas, dans un récit puissant qui ne cesse de se heurter aux murs destructeurs des non-dits. J'ai aimé ce qu'elle y mettait de bouleversant, de quelquefois simplement tendre (le souffle de la respiration d'un enfant dans un cou de mère) et par instants de vraiment magique. Mais ce roman n'est pas fait que de détails, il est également fait d'histoires, de destins qui se croisent, de hasards qui n'en sont jamais vraiment. Il évoque avec brio le bouleversement que toute naissance crée dans une famille (redistribution de cartes et de rôles obligent).
Une vraie lecture coup de coeur pour cette auteure qui confirme ainsi tout le bien que j'avais déjà pensé d'elle avec Quand tu es parti !
Me voici contrainte et forcée de noter ses autres titres non lus sur une liste déjà longue comme le bras, damned !

heart Editions Belfond - Avril 2011 - 21.50€

Cathulu a été la tentatrice !!

Sinon, je souhaite un bon anniversaire aujourd'hui à ma petite soeur qui est la maman vaillante de trois garçons plein de vie !!

25 avril 2011

Les yeux au ciel, Karine Reysset

karine_reysset"Mickael Jackson venait de mourir, et ça ne lui faisait rien. Derrière la fenêtre à petits carreaux entrouverte, le cèdre bleu effleurait le toit, les fils électriques. Il faudrait l'élaguer. Il y avait tant de choses à faire, toujours, des choses ordinaires. Assise sur son lit, Lena tenait un body d'une main, une robe à pois de l'autre. Autour d'elle, des piles plus ou moins droites de vêtements, quatre exactement. Une pour Zoé, une pour Théo, une pour Vincent, et une pour elle, évidemment. Il ne fallait pas qu'elle s'oublie. Cela ne risquait pas avec les pensées qui l'assaillaient, des mauvaises pensées. S'il n'y avait eu que ça. Ces derniers mois, elle avait des bouffées, des pulsions, des crises, elle ne savait comment les nommer. Puis elle avait envie de pleurer - souvent même elle pleurait - et de sauter par la fenêtre. Pourtant, elle n'était pas malheureuse, n'avait aucune raison de l'être."

Une famille se retrouve le temps d'un week-end au bord de la mer, à l'occasion de l'anniversaire du grand-père. C'est une famille recomposée, aux multiples éclats et parcours personnels. Les adultes n'en ont pas encore tout à fait fini avec les maux de l'enfance, et les petits-enfants forment un brouhaha réclamant également une part d'attention.
Sous le regard des autres, chacun sera à même de prendre tout à coup des décisions concernant son avenir. Lena, la mère épuisée, mais aussi Achille, le frère aîné mal aimé, ou Merlin, l'éternel dilettante mettront à jour le drame qui trente ans plus tôt a marqué à jamais leur enfance...

Voici un livre acheté samedi et déjà dévoré. Il colle parfaitement avec l'ambiance du jour, le week-end Pascal étant souvent synonyme de retrouvailles familiales. La couverture me plaisait énormément, le thème était alléchant, et j'ai beaucoup aimé l'écriture simple de Karine Reysset, sa manière très douce et fine de croquer ses personnages. Pour moi, c'est un coup de coeur, car j'ai retrouvé dans ce roman le plaisir que j'ai pu avoir par exemple à regarder le film Le premier jour du reste de ta vie... La maison familiale grouille de vie, on se dispute, on boit, on se serre dans les bras, on se réconcilie, on tombe sur un enfant à chaque coin de couloir, le soleil tape, on a oublié la crème solaire, quelqu'un part sans avoir dit au revoir, on se promet de changer enfin, on cherche sans cesse dans les yeux de ses parents l'assurance d'être aimé pour ce que l'on est. Les caractères sont réalistes sans être caricaturaux, la douceur est là, le réconfort aussi, toute froideur apparaît très vite comme n'étant que de façade.

heart Coup de coeur ! - Editions de l'Olivier - 17€ - Mars 2011

Un titre noté chez Clarabel

22 avril 2011

Objectif Pal d'Avril ... L'épouse hollandaise, Eric McCormack

Peut-être faut-il d'abord aimer, sans vraiment savoir grand chose de l'autre.

l__pouse_hollandaise

"Sur le seuil se tenait un  inconnu, un homme robuste coiffé d'une casquette de toile marron qu'il ôta. [...]
"Oui ?" fit Rachel Vanderlinden. [...]
L'homme marmonna quelque chose qu'elle eut du mal à comprendre - il avait un accent, écossais peut-être.
"Pardon ?" dit-elle. [...]
Ses yeux bleux se fixèrent cette fois sur les siens et il s'exprima distinctement. "Je suis votre mari", dit-il en s'attardant sur le "Je suis". [...]
L'homme attendait, l'air embarrassé. Il semblait croire qu'il lui avait remis un message codé qu'elle était censée savoir déchiffrer et escomptait à présent une réponse. [...]
Elle l'observa un long moment. Elle dut s'éclaircir la gorge. "Entrez, lui dit-elle.
- Vous êtes sûre ?" répondit-il.
Elle réfléchit un instant. "Oui", fit-elle."
(scène hautement résumée pour rester digeste)

Alors que le narrateur de notre roman s'installe dans une nouvelle maison pour écrire tranquillement, il est pris à parti par son voisin, un vieil homme érudit qui lui promet de lui raconter l'histoire incroyable de sa mère qui a aimé deux hommes, tous deux nommés Rowland Vanderlinden. L'un était son véritable époux, féru de voyages et de découvertes, l'autre un inconnu, un imposteur disparu en pleine guerre avec ses secrets.
Thomas Vanderlinden s'avère être un formidable conteur qui, lancé jeune homme par sa mère à la recherche de son premier mari, aura ainsi l'occasion de vivre de multiples aventures et de percer les mystères qui entourent une bien surprenante mystification...

J'ai été subjuguée par ce roman, autant le dire sans ambages, écrit sous la forme je trouve du Voyage de Sindbad le Marin, de la modernité dans l'écriture en plus, voilà longtemps que je n'avais été si emballée. Beaucoup de points sont fortement intéressants : les réflexions du narrateur sur son travail d'écrivain, les récits de Thomas qui forment parfois des récits dans le récit, la personnalité féministe et pleine de caractère de Rachel, et une foule de détails qui rendent ce livre foisonnant passionnant. De plus, le dépaysement est garanti.
A la fin, on se dit que l'on se laisse souvent abuser par des impressions, des idées toutes faites sur les gens que l'on croise, et qu'en creusant un peu, la vie intime de ses voisins peut très bien s'avérer pleine de surprises.
Mon petit bémol serait sans doute cette propension de l'auteur à vouloir en fin d'ouvrage résoudre toutes les énigmes et ouvrir toutes les portes mais lorsque ce n'est pas le cas, je râle, donc soyons honnête ce n'est pas si mal de temps en temps de fermer un roman la boucle bouclée, tous les personnages et les faits bien rangés.
Une lecture de PAL qui cachait bien son jeu, en somme. Un coup de coeur !

heart Coup de coeur !! - Editions Points - 7€ - Mars 2007objectif_pal_le_retour

Papillon, emballée aussi - Noté chez Bellesahi en 2007 (ce que le temps passe vite !)

Sinon, pour déposer son billet d'Avril, c'est par ici.
La mise à jour se fait tout doucement, ne vous inquiétez pas, des enfants à préparer pour les vacances... mais que vais-je devenir sans eux ?!
 

 Objectif Pal : 9/12

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6 mars 2011

Les chaussures italiennes, Henning Mankell

les_chaussures_italiennes"Il y avait quelqu'un sur la glace.
Une silhouette noire sur fond de blancheur immense. Le soleil était bas sur l'horizon. J'ai plissé les yeux pour mieux voir. C'était une femme. On aurait dit qu'elle marchait appuyée contre un vélo. Puis j'ai compris : c'était un déambulateur. Je grelottais de froid. Quelle que fût cette femme, je ne pouvais pas rester tout nu à côté de mon trou. Je suis rentré à la maison à toute vitesse en me demandant si j'avais eu des visions.
Une fois habillé, j'ai pris mes jumelles et j'ai escaladé le rocher.
Je n'avais pas eu la berlue."

Fredrik Welin, ancien chirurgien orthopédique, s'est réfugié sur une île il y a douze ans de cela suite à un bouleversement dans sa vie professionnelle... Il y vit depuis en reclus en compagnie de son chien et de son chat, perturbé seulement par la visite régulière de Jansson, le facteur. Tous les jours, il se baigne nu dans un trou creusé dans la glace et annote son journal. Pourtant dans sa vie actuelle rien ne se passe, seule la fourmilière qui a envahi une partie de son salon progresse tranquillement... Un beau jour, son ancien amour délaissé débarque brusquement arrimé à un déambulateur, Harriet. Fredrik découvrira alors que le temps de la solitude a tout à coup pris fin...

heart Voici exactement le type de lectures dont j'avais besoin en ce moment... des envies, comme ça, que l'on me raconte des histoires, et de belles histoires par dessus le marché. Pourtant, les personnages de ces chaussures italiennes ne sont pas tous recommandables mais ils ont décidé de vivre selon leur bon vouloir, de se rencontrer, de se quereller, de se pardonner, et aussi de finir leurs jours où bon leur semble, c'est tout. Je ne pouvais qu'assigner à ce livre un coup de coeur car à défaut d'être parfait, il a eu le mérite de me faire vibrer, beaucoup.
En vrac et au milieu de paysages de la Baltique que l'on devine magnifiques, vous trouverez des femmes battantes, des tours en bateaux, un facteur hypocondriaque, une roulotte tapie au fond d'une forêt, un lac, un road movie, un créateur de chaussures uniques et une fête d'été improvisée. Du rêve, de la chaleur et de la psychologie travaillée donnent à l'ensemble tous les ingrédients d'un très bon moment de lecture.

bouton3 Editions Points - 7.50€ - Février 2011 - Emprunté en médiathèque.

Entre autres lectures...

Pour Cuné : "Un roman magnifique et vibrant, tout en retenue et pureté. Des personnages qui explosent de présence, Louise qui croit en un monde où l'on résiste ou Jansson l'hypocondriaque qui peut prédire la météo grâce à ses pouces, de l'entraide, une douceur qui est tout sauf triste, un univers douillet et précieux que l'on quitte à grand regret. Je ne connaissais pas la plume d'Henning Mankell sous cet aspect, je suis complètement sous le charme."
Pour Cathulu : "Une psychologie fouillée mais sans pathos qui réussit tout en délicatesse à nous amener parfois au bord des larmes sans pour autant être déprimante, un roman chaleureux qui nous prend par la main et qu'on ne lâche plus."
Pour Aifelle : "Henning Mankell nous laisse entrevoir une rédemption possible pour Fredrik et c'est une fin qui me convient. Il excelle à nous transporter dans les paysages suédois, l'île, la forêt, la neige, le froid. Jusqu'à présent, je n'avais lu qu'un policier de cet auteur, sans plus d'intérêt. Là, je suis enthousiasmée par ce roman introspectif."

28 décembre 2010

Objectif Pal de Décembre ... Arlington Park, Rachel Cusk

arlington_park"Tous les hommes sont des assassins, pensa Juliet. Tous. Ils assassinent des femmes. Ils prennent une femme et, petit à petit, ils l'assassinent."

Etre une femme à Arlington Park signifie beaucoup de petites choses imprécises et enfermantes, et surtout être là pour les autres, son mari, ses enfants, tenir sa maison. Chacun sait ici que l'on ne montera plus bien haut dans l'échelle sociale, qu'on ne tombera pas plus bas non plus. Dans le confort douillet et coquet d'intérieurs briqués, les femmes d'Arlington Park se détruisent peu à peu de leur présent pesant de solitude, et de leur avenir à jamais entravé. Alors, pour jeter un sort au temps qui passe, elles se coupent les cheveux, jettent leur colère sur les murs de leurs cuisines, essayent des vêtements provocants dans des galeries commerciales ou tout simplement se saoulent en rêvant de changements. Pour Amanda, Juliet, Maisie, Solly et Christine, la vie a comme un goût de déconvenue.

heart

Autant j'avais été désenchantée de ma lecture précédente de l'auteure,  Bienvenue à Egypt Farm, autant les femmes d'Arlington Park m'ont enchantées. Et quelle écriture ! Précise, nette, porteuse de réflexions diverses et de vérités si bien observées. Nous sommes dans l'univers fermé d'une banlieue résidentielle d'Angleterre, en présence d'un petit groupe de Desperate Housewives désabusées, toutes jeunes-mères de famille, toutes impregnées de ce même sentiment d'avoir à un moment donné râté ce chemin si fragile vers elles-mêmes.
Arlington Park battu par la pluie, en péripéphérie des écoles et des squares, c'est l'après conte de fées, c'est Cendrillon chanté par Téléphone, ou presque. C'est de la rage impuissante et féministe qui tente de s'exprimer et se garde au fond de soi. J'ai tout aimé malgré le peu d'espoir qui émerge des pages car on peut y trouver chacune un peu de nous et se sentir sortie d'affaire aussi, selon le miroir que l'on choisit de tendre face à soi. Chaque portrait de femme tisse une personnalité différente, humaine et contradictoire.
Voilà qui me donne très envie de continuer à lire cette auteure, car ces destins croisés sont réellement menés de main de maître. A suivre, donc...

bouton3 Coup de coeur ! - 7€ - Editions Points - Août 2008      
Objectif Pal 5/12
objectif_pal_le_retour

Sylvie l'a lu il y a peu et m'avait donné envie de sortir ce livre de ma PAL... c'est fait.

Les billets de décembre des autres blogueuses sont disponibles en lien par ici ...

Vous pouvez retrouver tous mes coups de coeur de 2010 en un seul clic ici.

26 novembre 2010

Pluie, Kirsty Gunn

PLUIE"Ni ma mère ni mon père ne sortaient plus pêcher désormais. La pluie venait frapper la tasse en émail avec un infime bruit musical ; la pluie heurtait la tasse, la pluie la remplissait. Goutte après goutte, la pluie. S'il pleuvait suffisamment longtemps la tasse se remplissait à ras bord d'une eau renouvelée. Par delà la rivière la pluie tombait, arrivant de derrière les collines, la pluie. De la pluie dans l'eau, de la pluie sur les feuilles. De la pluie dégouttant des fleurs blanches des arbres à thé, de la pluie dévalant les rigoles boueuses qui sillonnaient la berge, de la pluie sur nos corps. Nous la laissions faire, nous la laissions nous recouvrir, le ciel pouvait pleurer. Mon petit frère renversa la tête en arrière pour offrir son visage aux derniers rayons de lumière et ferma les yeux. Sous l'eau il était transparent."

heart

Pluie, c'est une histoire d'enfants, d'eau, d'été, de lac, et de parents négligents. Quand on a dit cela, on a presque tout dit sur ce roman, on oublie seulement de souligner à quel point le texte - magnifique - est fait de poésie, de matière, de sensations et de vie. Voici le genre d'ouvrage qui a tout d'une révélation inattendue, une de ces pépites que l'on garde quelques temps contre son coeur après lecture, étonnée.
Ensuite, qu'il y soit aussi question d'un petit garçon blond de cinq ans (comme le mien) et d'une grande soeur attentive (comme peut l'être ma grande fille parfois) a sans doute renforcé un certain degré personnel d'attachement, oui sans doute. Mais, en toute objectivité, Pluie, c'est beau, c'est violent (dans tout ce qui est supposé en creux, ce qui n'est qu'effleuré), et c'est écrit avec une plume délicate et forte qui m'a complètement séduite. Voilà tout.

bouton3Note de lecture : coup de coeur ! - Editions Points - 5.50€ - Nov 2005

Ce livre a été lu dans le cadre de l'Atelier Livres en Poche organisé par ma ville... Et ce roman est le choix de Brigitte Giraud, actuellement en résidence. Elle était à l'occasion une lectrice nous présentant un de ses ouvrages fétiches. La première fois qu'elle a découvert ce texte, grâce à une amie (et c'est important, nous a-t-elle dit, la manière dont les livres nous parviennent), elle l'a trouvé essentiellement lumineux, puis de plus en plus terrible à chaque nouvelle lecture. Le groupe de lecteurs rassemblé mercredi soir a été d'ailleurs plutôt enthousiaste, fasciné par la présence constante de l'eau, par la poésie de l'écriture, l'angoisse ressentie (Pluie se dénoue au fil des pages au rythme d'une tragédie) et cette perversion prégnante des adultes de l'histoire.

Il existe un film, Rain, réalisé par Christine Jeffes (2001) qui me semble assez différent du roman (Le lien vers la bande-annonce).
Du même auteur, j'ai lu Le garçon et la mer, qui m'avait bien moins plu.

31 octobre 2010

Invitation pour la petite fille qui parle au vent, Sébastien Fritsch

invitation_pour_la_petite_fille_qui_parle_au_vent"L'une et l'autre s'étonnèrent de voir la première carte de loup collée au mur. L'une et l'autre gardèrent cette impression pour elles. Et aujourd'hui encore, l'une et l'autre y repensent souvent. Mais ni l'une ni l'autre n'en dira rien. Autour de Christophe, elles font tinter leurs verres de rosé pour trinquer à leurs retrouvailles, au mariage si proche et à la vie, tout simplement. [...] Estelle est loin maintenant. Clara et Salomé doivent revenir à leurs personnages de fleuriste amoureuse et de médecin humanitaire désabusé. Elles doivent reprendre leur place dans cet étrange film de la vie. Le seul dont le scénario n'est pas connu d'avance. Le seul dans lequel les premiers rôles peuvent être dévolus aux absents."

heart Tout commence comme un thriller qui mettrait sur le devant de la scène un médecin légiste amoureux et une vendeuse de bijouterie au chignon impeccable... Mais c'est mal connaître Sébastien Fritsch, rien n'est si simple, car nous plongeons tout à coup dans le futur, dans le passé, et nous comprenons vite qu'il est bien entendu question ici de cadavres - objet de toutes les préoccupations de Thomas, le père - mais surtout d'amour, fatalement imparfait, celui qui lie entre eux les membres d'une même famille, un couple et ses trois filles.
Clara, la seconde, la plus raisonnable, va se marier. Elle est fleuriste. Salomé, la plus jeune, au Kenya depuis deux ans en profite pour revenir, lourde de tout ce qu'elle a laissé là-bas. Estelle manque, c'est l'ainée, elle manque depuis si longtemps que la blessure de son absence est un récit à lui tout seul, une présence. Elle envoie des cartes, à l'effigie du loup qui la représente, une unique phrase au dos, bouleversante, "Je cherche toujours". Tout ce qui gravite autour est histoire d'amitié, d'imaginaire, d'enfance, d'écriture et de chemin de vie.

Je connais Sébastien Fritsch depuis quelques temps déjà, principalement via son blog... Il me fait d'ailleurs de temps en temps la gentillesse de commenter mes petits textes. J'ai lu ses deux précédents romans (Le sixième crime et Derrière toute chose exquise). Il m'avait déjà surprise et conquise à l'époque par sa capacité à inventer une structure savante et subtile. Il m'a étonnée encore une fois, émue au possible par ce roman-ci, que je ne peux qu'ajouter à mes autres coups de coeur. Sans doute quelques éléments ont dû faire écho en moi, sans doute... J'ai été touchée par le regard délicat qu'il posait par exemple sur l'adolescence. J'ai aimé cette toute nouvelle touche de profondeur qu'il donne à ses personnages, des êtres de papier soudain vivants que l'on se prend à aimer. Mais surtout, plus j'avançais dans cette lecture, plus je me suis sentie fière de le connaître, plus j'ai pensé qu'il aurait été dommage qu'elle ne soit jamais publiée cette histoire. Car c'est une belle histoire, une histoire merveilleuse d'amour, de tolérance et de liberté, ne passez pas à côté.

bouton3 Note de lecture  : Coup de coeur ! - Editions fin mars début avril - 17€ - Sortie le 23 Octobre 2010

Toutes les informations pour le commander sont ici http://marsavriledition.canalblog.com/
Des avis de lecteurs  - Pour lire les trois premiers chapitres...

Dans la région, vous pouvez vous procurer des exemplaires dans cette librairie : Maison de la Presse  6, place du Champ de Foire 85600 Montaigu (Vendée)

Je me permets d'ajouter en point final une des petites variations que Sébastien Fritsch a inventé sur le thème du joli nom de sa maison d'édition...

"Il sera là fin mars, début avril au plus tard. On n'est jamais vraiment sûr, tu sais. Enfin non, tu ne sais pas. Tu ne sais plus. J'aurais bien aimé que tu saches. Et je me demande déjà, au cas où il te ressemblerait, si je devrais en pleurer ou en être heureuse."

28 octobre 2010

Milady de Winter par Agnès Maupré

miladydewinterAttention, énorme coup de coeur pour cette BD !
Je vous aurais prévenu.

heart Déjà, l'objet est magnifique. L'éditeur, Ankama, a soigné la couverture, chaque page. Rien n'est laissé au hasard. Agnès Maupré a le trait fluide, moderne (à la manière de Pénélope Bagieu peut-être), le talent sûr, sachant doser à l'aide d'un crayonnage léger en noir et blanc pauses et rebondissements. Mais, me direz-vous qui est donc cette Milady ? Car, j'en suis certaine tout cela vous dit plus ou moins tout à coup vaguement quelque chose...

Nous sommes ici dans la réadaptation d’un classique littéraire. Milady de Winter est une lecture féministe des Trois Mousquetaires. En effet, pour Alexandre Dumas, tout commence le premier lundi du mois d’avril 1625, quand d’Artagnan, alors cadet de Gascogne, fait route vers Paris pour rejoindre la compagnie des mousquetaires. A son arrivée au bourg de Meung, il se voit alors humilié par Rochefort et Milady, dont il ignore qu’ils sont les agents du Cardinal Richelieu. Agnès Maupré revient sur cette épopée en s’attachant au personnage mythique de Milady de Winter, laissant au second plan nos mousquetaires.

« L’histoire s’est constituée au fur et à mesure. La trame des Trois Mousquetaires est restée comme squelette. Il restait à inventer ce qui allait autour, la vie de Milady, en dehors de ses rapports avec les mousquetaires. Pour ça, j’ai commencé par remplir des carnets de scènes éparses, de moments que j’avais envie de raconter : les rapports entre Milady et son fils, son mariage, sa grossesse, sa rencontre avec le Cardinal . »

L’espionne de Richelieu ne méritait-elle pas effectivement plus que la vie héroïque et tragique d’un personnage secondaire de roman ? La voilà exposée, ballotée par des aventures dont elle ignore parfois les tenants et aboutissants, armée de son intelligence, de sa vénéneuse beauté et de son énergie de guerrière… Pour ma part, j’ai été scotchée comme jamais depuis longtemps par cette figure féminine et par la manière très complète qu'a trouvé Agnès Maupré de nous la présenter. Elle est de ces personnages de crayon qui me fascinent toujours, à l’instar de l’Isabeau de Bourgeon dans Les Passagers du Vent. De plus, l’écriture des bulles est belle et littéraire, sobre et juste, ce qui est assez rare pour le souligner. A réserver aux adultes.


"Belle... Française... Vous attirez les commérages... Les circonstances de la mort de Lord De Winter intriguent. D'aucuns prétendent que vous avez tué votre mari."

amaupre1   amaupr_


J’attends dorénavant avec impatience le second tome de cette série dont je vais surveiller la sortie sur le blog de cette toute jeune auteure née en 1983 (http://agnes.maupre.over-blog.com/). Elle l’annonce plus sanglant, du bonheur en perspective donc ! Mais on peut tout à fait se contenter déjà de ce premier tome, alors n'hésitez pas.

Editions Ankama - Collection araignée - 14.90€ - Sortie le 28 Octobre 2010

http://www.ankama-editions.com/fr

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