21 juillet 2008

Je suis en bois, Giulia Carcasi

je_suis_en_bois"Un gouffre d'incompréhension sépare Giulia de Mia, sa fille de dix-huit ans. Chacune triche, joue un rôle, et tait l'essentiel.
La lecture du journal intime de Mia replonge sa mère dans le passé. Elle lui confie alors par lettres ce qu'elle ne lui avait jamais dit. Dans les secrets des générations passées, c'est sa propre histoire que découvre la jeune fille." (quatrième de couverture)

...ainsi est présentée l'intrigue de Je suis en bois, et l'histoire commence effectivement abruptement, par une transgression d'intimité (une mère lit le journal de sa fille pour mieux la comprendre). Pourtant, je n'ai pas senti, à la lecture du roman, les barrières des genres (lettres, journal intime). Les paragraphes s'écoulent, chaque récit se déroule en monologue faisant presque par mégarde écho à l'autre.
A la fin du récit seulement, on se rend compte que les deux voix tenaient une conversation, que Giulia parlait à Mia, et inversement, qu'elles se racontaient leur génération dans une Italie changée.

Que vous dire ? Simplement, que ce livre est beau, qu'il parle avec beaucoup de grâce et de pudeur de la relation mère-fille. Qu'il est par instants même, presque parfait sur le fil de l'émotion. Puis, par endroits, ici et là, peut-être un peu maladroit (l'auteure n'avait que vingt trois ans quand son récit a été publié). Je suis restée bluffée par la capacité de cette jeune écrivain à exprimer les émotions d'une femme vieillissante, avec autant de justesse...

Un livre qui vous donnera des frissons de tendresse, et dont le récit suit le fil d'un été. N'est-ce pas le mélange idéal pour glisser ce joli roman dans vos bagages ?

Un extrait (le tout début du livre)...
"Cette histoire commence un dimanche et ne pouvait commencer aucun autre jour.
Pour toi, le dimanche est un résidu de la semaine, pour moi c'est une tzigane qui fouille les emballages et les vieux chiffons, qui cherche des trucs encore bons dans ce qui a été jeté.
Je crois que les meilleures propositions se font le dimanche.
Je crois que la guerre finit le dimanche.
Je crois qu'Ulysse est rentré un dimanche, après la danse des vagues, il est rentré à la maison comme toi du rentres, après la danse des vagues, tous les dimanches.
Pour Pénélope le bruit du retour était le contact du bois rugueux sur les rochers du port. Et l'odeur du retour était celle du sel.
Pour une mère le bruit du retour est trois tours de clé, la clenche, la porte qui s'ouvre et se referme. Et l'odeur du retour n'est pas celle du sel, non, c'est un parfum masculin que tu t'es mis dans les cheveux, un parfum que tu changes chaque semaine."

ISBN 978-2-35087-076-2 - 19€ - Avril 2008

bouton3 Note de lecture : 4.5/5

La lecture de Cathulu et de Cuné (conquises)

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A propos des livres empruntés

Pensee_poetique_Affiches"Je me sens mal à l'aise quand j'ai chez moi des livres appartenant à quelqu'un d'autre. J'ai envie soit de les voler, soit de les renvoyer sans attendre. Un livre emprunté, c'est un peu comme un visiteur qui s'incruste. Les lire en sachant qu'ils ne sont pas à moi me donne l'impression d'une chose non terminée, qui ne procure qu'un demi-plaisir. C'est vrai aussi des livres de bibliothèque."

Extrait de Journal d'un lecteur, Alberto Manguel       

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20 juillet 2008

C comme...

lettre_c...Carver.

J'ai jeté un oeil dans ma bibliothèque (symboliquement s'entend), et je me suis rendu compte qu'y trônaient plusieurs romans de Catherine Cusset (rencontre d'un été à la suite de la découverte du Problème avec Jane), mais ce n'est pas elle - il faut bien l'avouer - qui m'est venue à l'esprit immédiatement en pensant à la lettre C, malgré le plaisir que j'ai eu à lire ses livres, mais plutôt Raymond Carver.

carver

Car cet auteur là fut dans mon parcours livresque une rencontre importante, primordiale. J'ai découvert avec lui l'existence des anti-héros en littérature.
Par exemple, Parlez-moi d'amour, qui trône donc également sur mes étagères, est un receuil de nouvelles brèves qui mêle écriture sobre et personnages un peu paumés d'une midle class américaine en quête de bonheur.

                                             

Et vous, à quel auteur pensez-vous ?
Pour rendre le jeu plus digeste, je vous demande de ne me donner cette fois-ci un seul nom, si cela est possible...?! Merci !!!!

Comme d'habitude, les réponses en image ci-dessous, et en commentaire, par ordre d'apparition :

   

    ...

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19 juillet 2008

Ma grande fille...

...a 7 ans aujourd'hui !!!!

ANNIVERSAIRE1 On dit que c'est l'âge de raison, on dit tellement de choses...
Depuis sa naissance, elle n'est qu'émerveillements, rires en cascades, mouvements.
Je me suis habituée à l'air qu'elle déplace, aux sautillements de ses petits pieds, à son air de n'être jamais en repos, jamais apaisée...toujours en attente.

Je souhaite que brille toujours cette petite flamme vive dans ses yeux, une petite flamme précieuse.

Je t'embrasse ma chérie.

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16 juillet 2008

L'anniversaire de la salade, TAWARA Machi

CRIM0080"Lorsque Tawara Machi, modeste professeur de littérature au lycée de Kanagawa, fait paraître en 1987 L'Anniversaire de la salade, elle n'a sans doute aucune idée du phénoménal succès que va connaître son recueil de poèmes. Il révolutionne pourtant le genre du tanka, la forme de poésie la plus ancienne et la plus sophistiquée de la tradition japonaise. Tawara Machi y raconte les menus évènements de sa vie de jeune femme d'une vingtaine d'années - la musique, la mer, les voyages, la cuisine, le base-ball, l'amour -, y introduit un langage familier, des bribes de conversations, des icônes du monde moderne.[...] A ce jour, L'Anniversaire de la salade s'est vendu à plus de huit millions d'exemplaires dans le monde." (extrait de quatrième de couverture)

Voilà un plaisir de lecture léger et frais, comme sa couverture !
La traduction française du recueil de Tawara Machi fait sans doute perdre musicalité et rigueur à ces tankas modernes (le traducteur explique ses difficultés en postface), mais il est très agréable malgré cela de se laisser divertir par les mots et par les fugaces fragments de vie d'une jeune fille japonaise, vive et espiègle.

Pour Tawara Machi, la rencontre avec un professeur, poète de tankas, fut dans sa vie un moment décisif :

"Cette rencontre fut le fruit d'un hasard. Mais que je continue aujourd'hui à composer des tankas n'en est pas un. Il s'agit d'un choix que j'ai fait comme moyen d'expression. J'ai eu le coup de foudre pour ces trente et une syllabes. Baguette magique de cette séquence 5-7-5-7-7 qui nous est parvenue en lignée ininterrompue depuis mille trois cents ans. Les mots, soumis à ce rythme fixe, se mettent à nager comme poissons dans l'eau, diffusent une lumière mystérieuse. C'est cet instant que j'aime."

Chaque chapitre raconte en fait une histoire, un lieu, un moment, mais il m'a semblé possible d'extraire des tankas et de leur trouver de la force dans leur unicité. Quelques extraits donc...

C'est pour le vendredi à six heures
je puisse te rencontrer que commence
mon lundi matin

D'un claquement j'ai étiré la chemise
et tandis qu'elle sèche mon coeur au soleil
devient transparent de blancheur

Attendre qui ? Pour moi attendre quoi ?
"Attendre" ce verbe d'un bond
devient intransitif

"C'est vraiment bon !" m'as-tu dit
Aussi le six juillet sera-t-il
l'anniversaire de la salade

bouton3 Note de lecture : 3.5/5

Un grand merci à Cathulu pour le prêt (vous trouverez ici sa lecture) !!!

Elle a, de plus, eu la gentillesse de lire mon "tout petit livre" et je l'en remercie, c'est par ici !!

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14 juillet 2008

B comme...

lettre_b

... Balzac (comme vous pouvez le constater, je poursuis ici mon abcdaire d'admiration...).

Du classique, et oui, alors que dans la même consonne existe Christian Bobin !! Oui, mais voilà, il y a toutes les émotions procurées par ses romans, il y a ces lettres à Mme Hanska si riches et émouvantes, il y a Le Lys dans la vallée, il y a cette maison d'auteur que j'ai visitée il y a longtemps, dans laquelle on sentait sa présence, près d'un paysage qui me semblait si inchangé...il y a enfin un sacré personnage, boulimique d'écriture et de vie.

                        

"Imaginez au delà du pont deux ou trois fermes, un colombier, des tourterelles, une trentaine de masures séparées par des jardins, par des haies de chèvrefeuilles, de jasmins et de clématites ; puis du fumier fleuri devant toutes les portes, des poules et des coqs par les chemins ? voilà le village du Pont-de-Ruan, joli village surmonté d'une vieille église pleine de caractère, une église du temps des croisades, et comme les peintres en cherchent pour leurs tableaux." (extrait du Lys dans la vallée)

Et vous, à quel auteur pensez-vous ?
Vos réponses en photos et en commentaires, en ordre d'apparition... Merci à vous !!!

      

       

   

   

   

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12 juillet 2008

PAL

"booktransatLes livres empilés à mon chevet semblent se lire eux-mêmes à haute voix pendant mon sommeil. Avant d'éteindre, j'en feuillette un, je lis deux paragraphes, je le dépose et j'en prends un autre. Au bout de quelques jours, j'ai l'impression de les connaître tous."

Extrait de Journal d'un lecteur, Alberto Manguel

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11 juillet 2008

Simplement

bicyclette

Il y avait l’été, je m’en souviens,

Et le soleil sur mes jambes nues.

Tout était éphémère et rude,

Les fleurs, les grains de verdure, nos rires.

Il y avait la solitude dans les chemins déserts,

Et la sueur dans nos dos nus.

Nous étions tendus, vigilants, fragiles.

Des enfants.

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10 juillet 2008

A comme...

En découvrant le tag d'Emjy , qui tourne autour de l'alphabet des auteurs et de nos romans préférés, m'est venue l'idée de détourner ce jeu,
et de dérouler avec vous durant l'été un Abcédaire admiratif.

Aujourd'hui, je commencerai tout simplement par la lettre

lettrea

Facile, non ?!

En effet, me viennent immédiatement à l'esprit deux noms, ce qui n'est guère surprenant, et pas très original il faut bien l'avouer... La réponse en images :

anouilh

    Et vous, à quel auteur pensez-vous ?

.

Arlette                               Seb   Bel Gazou
                                   Florinette et Bellesahi      Françoise

Aragon         Auster  A. Allais

Cathulu                          Kloelle

Albee E  Asimov

                           ...et une petite pensée pour quand même !!

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09 juillet 2008

Une chambre à soi, Virginia Woolf

UNE_CHAMBRE_A_SOI

Interrogée par des étudiantes de Cambridge sur le sujet suivant, "la femme et le roman", Virginia Woolf tente dans ce pamphlet de répondre à leur attente et laisse s'exprimer son irritation et ses convictions sur le sujet, tout en revenant sur l'histoire féminine de la littérature...

Elle explique ainsi comment les femmes ont été depuis toujours dans l'incapacité d'exprimer un quelconque génie, placées qu'elles étaient sous l'emprise financière et intellectuelle des hommes, et privées de l'essentiel, c'est à dire de quoi vivre, du temps et une "chambre à soi".

Je voulais lire des écrits de Virginia Woolf depuis cette rencontre avec Arnaud Cathrine et Geneviève Brisac durant laquelle avaient été lus des extraits de son journal, et plus particulièrement cet écrit là.
Voilà qui est fait, et je suis heureuse d'avoir partagé pendant quelques pages le fil des pensées de cette auteure.
Toute mesure gardée, sa démonstration rencontre mes propres réflexions du moment. Comment écrire au milieu du salon et des enfants (apparemment Jane Austen y réussissait très bien), sans temps pour le faire et sans une solitude parfois nécessaire pour rêver un peu ?

Un extrait...
" Mais, ce qui me semble déplorable, continuai-je, regardant de nouveau du côté des rayons, c'est qu'on ne sache rien qui concerne les femmes avant le XVIIIè siècle. Rien ne permet de savoir si je dois m'adresser ici ou là. Me voici en train de me demander pourquoi, à l'époque élisabéthaine, les femmes n'écrivaient pas de poésie et je ne suis pas seulement sûre de la façon dont elles étaient élevées. Leur apprenait-on à écrire ? Avaient-elles un salon personnel ? Combien de femmes avaient-elles des enfants avant leur vingt et unième année ? En un mot, que faisaient-elles de huit heures du matin à huit heures du soir ?"

Virginia Woolf est née à Londres le 25 janvier 1882 - Victime de dépression chronique, elle met fin à ses jours le 28 mars 1941. Elle laisse des romans, des nouvelles, des essais et un Journal qui paraît après sa mort.

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