Peur
J’ai dormi. Trop longtemps. Je le sais. La lumière du jour passe par l’interstice des volets. Ce n’est pas normal. Ce silence.
Pourquoi mon mari n’est-il pas venu me réveiller ? Pourquoi ma fille n’est-elle pas apparue encore pour sauter sur mon lit en criant « Maman ! C’est l’heure ! » ? Il est vrai que le dimanche, habituellement, ils me laissent dormir un peu plus, ces deux lève-tôt. Puis, ils viennent me trouver, en riant.
Ce silence.
Je me penche. Je cherche le réveil. Dix heures du matin. J’attrape un gilet, je descends. Ils ne sont nulle part. Leur manteaux et chaussures ont disparus.
Et là, soudain, au milieu du salon, brutalement, la peur me prend, toute entière. Je me dis qu’il est parti, avec elle, qu’ils ne reviendront plus. Je cherche dans la maison des signes de cette fuite. J’ai de l’eau au bord des yeux.
Ma tasse est sortie sur la table du petit déjeuner, seule. Aucune trace. Tout est en ordre, trop en ordre.
Un dessin posé sur mon ordinateur m’arrache le cœur. Je fonds en larmes.
Tout à coup, des coups frappés à la porte me font sursauter. J’ouvre, hésitante.
Ma fille se tient devant moi, un énorme bouquet de fleurs dans les bras, souriante. Mon mari, derrière elle, regarde mes yeux gonflés, étonné.
« Bonne fête maman ! »
Je suis stupide. J’avais oublié.