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Les lectures d'Antigone ...
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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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2 août 2014

Le chevalier d'Eon d'Agnès Maupré / Les lumières de la France de Joann Sfar (BD)

Ou lorsque je m'amuse à retrouver dans des albums des personnages historiques rencontrés déjà [ici dans le roman de Laetitia Kermel (Le verrou)].

lechevalierdeon

Agnès Maupré, dont j'avais énormément aimé le Milady de Winter [clic ici], s'est attaquée à l'étrange destin de Charles de Beaumont, plus connu sous le nom du «Chevalier d'Eon », espion de Louis XV, aussi à l'aise en robe qu'en habits de chevalier. Il sera envoyé en Russie puis en Angleterre. Les doutes sur son sexe feront jaser la cour, constituant l'un des plus croustillants potins du XVIIIe siècle. 

Un premier tome réussi qui permet de croiser des personnages tels que la Pompadour, Louis XV, la tzarine Elisabeth de Russie, etc... et de contempler une cour faite d'intrigues, de libertinage et de rancoeurs. J'ai aimé lire de nouveau Agnès Maupré dans cet album qui éclate de couleurs contrairement à ses premiers opus qui étaient en noir et blanc, son trait est toujours fluide et son ton fin et cruel comme une lame d'épée.

Editions Ankama - 15.90€ - Janvier 2014 - Merci ma bibli !!

http://agnes.maupre.over-blog.com/

[Un entretien et quelques planches ici]

Les lumières de la France Joann Sfar 1 bis

Forte de mon souvenir du Chat du rabbin [pas de billet], du même auteur, j'ai ouvert cette loufoquerie intelligente que sont Les Lumières de la France de Joan Sfar, en tous les cas ce premier tome. Un Comte, lecteur exalté des nouveaux philosophes des lumières, prend conscience de l'indignité de l'esclavage. Il décide d'écrire sur le sujet, nullement troublé par le paradoxe qu'il tire lui-même ses revenus de ce négoce. Il délaisse sa femme, la comtesse Éponyme, qui n'a pour compagnie véritable que sa chienne Fragonarde (clin d'oeil à Fragonard, peintre du Verrou et du libertinage).

Comme Pour le chevalier d'Eon ci-dessus, les cases de cet album sont éclatantes de couleur, parsemées de corps nus et d'ardeurs (à ne pas mettre entre toutes les mains donc). J'ai apprécié cette lecture, j'ai seulement trouvé que l'écriture des bulles était parfois illisible... je ne sais pas encore si je vais lire les autres tomes.

Editions Dargaud - 13.99€ - Août 2011 - Merci ma bibli !!

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27 juillet 2014

Le Verrou, Laetitia Kermel

leverrou

 "L'énigme est la suivante : la femme tente-t-elle de se soustraire à l'étreinte de l'homme qui, d'une main l'emprisonne, et de l'autre vient de pousser le verrou ? Ou retient-elle l'amant qui, sitôt l'acte consommé, s'apprête à tirer le verrou pour la quitter ?"

Chancelle est une tatoueuse reconnue. Orpheline, jeune-fille libérée, elle vit à Marseille, avec sa grand mère dans une vieille demeure regorgeant de reliques, l'Ousteau. Sa vie bascule lorsqu'elle accepte de rencontrer un homme, désirant se faire tatouer dans le dos la reproduction du célèvre tableau de Fragonard, Le Verrou, dont les deux femmes possèdent depuis toujours une gravure authentique. Les drames s'enchaînent, la grand-mère décède dans l'incendie de leur maison, la gravure disparaît, puis un vieux professeur est torturé à mort. Il est rapidement évident que Chancelle est poursuivie, qu'elle détient à son insu des informations brûlantes qu'une société secrète nommée Le Cabinet Blanc convoite. Elle ne sait pas qu'en tentant de comprendre les clés d'une énigme ancienne, datant du règne de Louis XV, et de sa liaison avec La comtesse du Barry, elle remonte également le fil de sa propre histoire... A Berlin, Hans s'inquiète.

Ce qui m'a amené à lire ce roman est la perspective d'en savoir un peu plus sur l'art, le tatouage et l'histoire, tout en me distrayant avec un thriller captivant. Comment ne pas être séduite par ce mélange original ? Et Le pari est gagné, j'ai appris beaucoup avec ce livre sur la tatouage, Fragonard (sa vie et son oeuvre), et l'histoire avec un grand H. De plus, malgré quelques ajustements en début de lecture (parfois certaines premières pages me résistent), je me suis peu à peu laissée embarquée dans une intrigue haletante qui ne ménage pas ses effets. Le roman est très documenté, les digressions historiques et artistiques sont passionnantes. Il est intéressant de comprendre par exemple combien le milieu libertin a eu ses entrées à la cour, ou comment la comtesse du Barry a vécu son ascension. Et puis, il faut dire que j'aime particulièrement que l'on m'explique le sens caché des tableaux. Chancelle, et son amoureux allemand Hans, deviennent par ailleurs très vite des personnages attachants. Un opus réussi donc, qu'il serait intéressant de lire, ou de re-lire, près des lieux emblématiques de Paris (Le Louvre, Versailles, etc...).

Editions Fragances - 17€ - Mai 2014

Lu également par Monsieur Antigone, conquis

 

24 juillet 2014

Objectif Pal de juillet... Un été à la mer, Giuseppe CULICCHIA

unetealamer

 "J'accepterais l'invitation à dîner d'une murène, pour ne pas passer une autre soirée seule avec toi", dit-elle.

Nous sommes en 2006. Luca, la quarantaine hypocondriaque, vient d'épouser Benedetta, jeune milanaise exubérante. Là, ils arrivent en Sicile, déterminés à passer leur lune de miel dans ce lieu qui évoque tellement de souvenirs pour Luca. Cependant, Benedetta n'a qu'une idée en tête, tomber enceinte, et Luca s'éparpille, tombant par hasard sur son amour de jeunesse, et craquant pour un autre sourire frondeur à appareil dentaire. En fond médiatique, la Coupe du Monde se déroule, occupant les premières pages de tous les journaux, et prête à fêter la victoire de l'Italie...

C'est grâce à Véro [clic ici] que ce livre est arrivé dans ma PAL. Il a attendu longtemps avant que je ne l'ouvre. Mon choix s'est arrêté sur lui en ce mois de juillet, je trouvais cette lecture appropriée, avec cette couverture estivale, et ce titre qui l'est tout autant.
C'est un roman facile et tonique, énervé dirais-je, qui a le mérite d'être distrayant et dépaysant. J'ai aimé son style, auquel je ne m'attendais pas, cette manière que l'auteur a eu d'utiliser la répétition, en reprenant sans vergogne plusieurs fois des séquences entières, décalant juste de quelques mots la matière de l'originale. Un petit côté théâtral qui ne m'a pas déplu. Par contre, je n'ai ressenti aucun attachement pour les personnages qui paraissent vides et superficiels, sans doute une volonté du romancier. Mais les dialogues souvent très grossiers et creux ont gêné ma lecture. Un opus dont je ne garderai pas un grand souvenir mais qui peut avoir facilement sa place dans un sac de plage. Et un de moins dans ma PAL, qui commence à visiblement s'éclaircir.

Editions du livre de poche - 6.60€ - juin 2011

 

objectif pal

Objectif Pal 2014 : 7/12 (#objectifpal2014)

Vous pouvez encore déposer votre lien mensuel sur le billet du mois de juillet qui se trouve [par là] !!

21 juillet 2014

Le Bruit des autres, Amy Grace Loyd

lebruitdesautres

 "La nuit dernière, elle a tapé sur le plancher de sa chambre, au-dessus de la mienne, du moins je crois. Un-deux-trois, une pause, puis encore un-deux-trois. Ai-je tout inventé, dans un demi-sommeil ? Avec un manche à balai, j'ai répondu. Oui, j'étais là. J'étais là."

Celia maîtrise tout depuis la mort de son mari, même son chagrin, qu'elle a enfermé hermétiquement avec leur livre préféré dans un sachet en plastique. La vie n'a pas de prise sur elle. Propriétaire d'un immeuble dans Brooklyn, elle tient fermement à ce que chaque locataire respecte l'intimité de ses voisins. Alors lorsque George lui propose une sous-locataire, tandis qu'il partira quelques temps en voyage en Europe, Hope, Celia est contrariée. Elle a à coeur de choisir scrupuleusement les personnes qui entrent dans ses appartements. Finalement, fascinée et attachée par les choix audacieux et douloureux de cette jeune divorcée qui bouleverse l'immeuble par ses cris et ses épanchements, Celia tangue...

Voici le troisième et sans doute le dernier titre que je lis sur le thème des immeubles [après L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes et Je ferai de toi un homme heureux]. Ici, ce qui m'a assez vite étonnée est l'exploration sans tabou du deuil et de la perte. Celia et Hope ont cela en commun, elles ont perdu toutes les deux l'homme qu'elles aimaient et elles n'imaginent pas vivre sans lui. Mais Celia a pris de l'avance et elle reconnaît chez Hope les signes évidents d'une auto-destruction annoncée. Alors, elle surveille, elle se met en danger pour quelqu'un d'autre qu'elle, et finit par s'ouvrir. C'est ce qui m'a le plus plu dans ce titre, l'éveil de Celia... et j'ai été surprise - je l'avoue - par la volupté qui se dégageait de ces pages. Pour autant, je regrette peut-être un peu la fin que Amy Grace Loyd a choisi, presque trop belle, quoique réconfortante. Je crois que les fins à la mode Asterix et Obelix (assez courantes au cinéma, le sanglier en moins) m'agacent un peu (peut-être parce que cela arrive si peu dans la vraie vie ?!)... Cela dit je vous recommande tout de même ce premier roman qui a le mérite d'accrocher son lecteur, et que Richard Russo vous conseille très chaudement en quatrième de couverture (belle référence).

Editions Stock - 20€ - Mars 2014

Les lectures, très enthousiastes, de Clara, Anne et Cathulu ! Je suis moins séduite que vous, les filles.

16 juillet 2014

Je Ferai de toi un homme heureux, Anne B. Radge

jeferaidetoiunhommeheureux

 "Le programme de variétés à la radio qui commençait à neuf heures était presque terminé. Elle devait être la seule dans l'escalier à ne pas pouvoir écouter cette émission depuis le début en toute tranquillité, sans avoir un mari dans les pattes. L'animateur Kjell Thue annonça fièrement que c'était un programme où les Beatles n'avaient pas le droit de cité [...]."

Nous sommes dans les années 60, en Norvège, dans un immeuble récent au coeur de Trondheim. Des trois étages du bâtiment, nous visiterons d'abord uniquement l'escalier à la suite de Mme Asen, qui ne peut s'empêcher de le nettoyer à grandes eaux tous les jours, puis chaque appartement un à un. Et il apparaît très vite que l'ère de l'harmonie et du progrès n'a pas franchi tous les seuils du bâtiment, et que la modernité affichée à coup d'électroménagers rutilants n'est que de façade. Les rôles sont bien définis dans les couples et les familles de l'immeuble, à peine protégés par les murs si fins de leurs logements, et il faut faire bonne figure au risque de donner prise aux médisances. Car ça cancane sec à tous les étages, à grand bruit, surtout chez la coiffeuse à domicile. Les particularités sont regardées à la loupe, analysées et jugées selon les critères du moment. Etre comme les magazines féminins le suggèrent est irrésistiblement attirant, bien sûr, bien qu'un peu décadent. Seule la locataire du troisième étage semble pouvoir se permettre d'être dans l'air du temps... il se murmure même qu'elle ferait son ménage entièrement nue.

Voici un petit roman assez vintage que j'ai surtout beaucoup aimé lire pour le flash-back vers mes jeunes années qu'il m'a permis de faire. Les années 70 de mon enfance n'étaient pas si éloignées de ces années 60 là. Vous qui avez comme moi quelques souvenirs de l'omniprésence du formicat, du orange et du marron, et de ces appareils qui sentaient très fort et très vite un peu le brûlé après utilisation, des patrons pour habits de poupée que l'on découpait dans les Modes&Travaux de l'époque aussi... comprendrez aisément ce que je veux dire. Mais, malgré son intérêt madeleine de Proust, ce petit livre est également de ceux que l'on referme avec un soupir qui dit tout bas tout ça pour ça... Car, même si Je ferai de toi un homme heureux est le reflet juste et finement brodé d'une époque, il n'est surtout qu'un peu que cela, son propos voyage effectivement sans but et sa fin est elliptique, ce qui est bien dommage... Une lecture en demi-teinte, donc.

Anne B. Radge est surtout connue pour être l'auteure de la trilogie des Neshov (à découvrir encore pour moi) !

Editions 10/18 - 8.10€ - janvier 2014

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15 juillet 2014

Jacquelyn Mitchard... en version e-book

Cet été, j'ai emporté ma liseuse en vacances... et seulement un poche en version papier (je prends des risques). Mis à part un petit soucis de rechargement (mon adaptateur s'étant avéré incompatible), vite résolu, j'ai apprécié la légèreté du support (encore une fois), et même si lire ainsi reste différent (j'ai l'impression que les textes s'imprègnent moins dans ma mémoire), l'habitude se prend, indubitablement.

J'en profite donc pour vous parler des deux titres qui ont occupé mon début d'été... sortis tout récemment aux éditions des Deux Terres en format e-book.

aussiprofondebbok

Aussi profond que l'océan... Alors que Beth se rend avec ses enfants à une rencontre d'anciens élèves, Ben son fils de trois ans disparaît dans le hall d'un hôtel bondé. Comment survivre à un tel drame ? Beth se laisse doucement couler tandis que sa famille tente de se reconstruire un présent chaotique, dans l'espoir un jour pouvoir peut-être retrouver le petit garçon.

J'avais vu le film tiré de ce roman déjà ancien (1998), avec Michelle Pfeiffer et Whoopi Goldberg dans les rôles principaux. En lisant ce récit, j'ai revu les images qui m'avaient beaucoup marquées à l'époque. La version littéraire est beaucoup plus fouillée, vous vous en douterez, et les états d'âme d'une mère en dérive qui ne voit pas combien son fils aîné se sent coupable et sombre, très bien traduits. J'ai aimé que personne ne soit parfait dans ce thriller et que rien ne soit une évidence. Un page turner, peut-être un peu daté dans le style, que j'ai pour autant grandement apprécié.

Mai 2014 - 4.99 € - [lien vers la page de l'éditeur]

tantdechosesebook

Tant de choses à vous dire... Laura et son mari sont sortis pour fêter leur quatorzième anniversaire de mariage. Ils sont allés à une représentation du Cirque du Soleil, et la soirée semble en tous points réussie. Pour autant lorsque Laura est soudain prise d'un violent mal de tête, la nuit bascule. A l'hôpital, le verdict tombe, la jeune femme n'a plus que quelques heures à vivre, quelques heures pour dire adieu à ses filles, et régler quelques détails...

Loin d'être un bouillon de pathos, ce court roman est un joli récit sur la conclusion d'une vie. Difficile de savoir ce que nous ferions si nous étions dans la situation que Laura expérimente... Le personnage de Jacquelyn Mitchard choisit d'être fidèle à elle même, prosaïque, organisée, et tendre. J'ai été touchée par ce titre, même si j'aurais aimé que l'ensemble soit moins convenu.

Mai 2014 - 4.99€ - [lien vers la page de l'éditeur]

14 juillet 2014

Au présent, Helle Helle

aupresent"Il y a tant de choses qui sonnent bien, tant de choses qu'on pourrait écrire. On peut tout écrire. Mais il faut qu'il y ait une raison. N'importe quel imbécile peut introduire dans un texte un petit homme rigolo à chapeau."

Dorte s'installe dans une petite maison au confort spartiate à quelques lieux de Copenhague. Elle est apparemment une jeune fille ordinaire, mais fait semblant de faire des études, trompe son entourage, ne laisse aucune aspérité retenir ses premières amours. Détachée, elle donne son corps sans hésiter bien longtemps, passe son temps à faire les boutiques, à épuiser petit à petit son plan d'Epargne, et pourtant sait composer des chansons, et est très attachée à sa tante qui possède le même prénom qu'elle. C'est évident, elle pourrait prendre ce prochain train, qu'elle entend siffler près de chez elle, donner sa chance à Hase, au lieu de laisser sa vie se perdre dans le fil de ses pensées...

J'avais beaucoup aimé Chienne de Vie, du même auteur, édité en 2009 au Serpent à Plumes. J'ai donc sauté sur l'occasion de lire ce nouvel opus, traduit du danois. On y retrouve la même ambiance lente et constructive que dans son précédent roman. On suit avec minutie le personnage de Dorte s'installer dans sa nouvelle maison, se souvenir des pas qui l'ont amenée jusqu'ici, des hommes tristes qu'elle a déjà laissée derrière elle dans sa courte vie. Il y a des gestes à faire, qui tiennent le quotidien, une nonchalance feinte qui cache les bouleversements de l'âme, et une jeune-fille encore juvénile et fragile que l'on rêverait de prendre par la main... Une lecture, dévorée, toute simple, qui confirme combien j'aime ce type d'écriture-là aussi.

Editions Buchet Chastel - 18€ - 13 février 2014 - Merci ma bibli !!

21 juin 2014

Les Filles de l'ouragan, Joyce Maynard

lesfillesdelouragan"Je pense que ça comptait pour Val plus qu'elle ne voulait l'admettre, de savoir ce que cette famille faisait, et ce qu'elle pensait de nous. Connie Plank nous rappelait ce genre de chat affamé et déterminé qui se plante devant votre porte avec une telle persistance - pas toujours, mais souvent - que vous acceptez finalement de le nourrir."

Elles sont soeurs d'anniversaire, comme aime à le dire Connie Plank. Dana et Ruth, nées le même jour, dans le même hôpital, et pourtant loin d'être des jumelles, si différentes. Tout oppose la famille Plank à la famille Dickerson, les premiers sont des fermiers qui élèvent de manière rigoureuse leurs cinq filles et les seconds des artistes fantasques vivants de l'air du temps. Cela rend d'autant plus incompréhensible l'obstination de Connie à conserver le contact, à consacrer une journée par an à aller trouver les Dickerson dans le lieu où ils ont choisi de vivre pour le moment, à envoyer des cartes de voeux avec constance. Mais l'obstination va payer, des liens subtils finissent par se nouer. Ruth Plank va tomber amoureuse de Ray Dickerson, Dana sa soeur, intéressée par l'horticulture, apprendre beaucoup d'Edwin Plank. Alors pourquoi, laisser les inclinaisons se faire, et les sentiments s'exprimer, semble-t-il si compliqué ?

J'ai beaucoup aimé ce roman. J'y ai retrouvé ce qui m'avait déjà plu chez Joyce Maynard, sa manière de planter un décor et de rendre ses personnages vivants et vrais. Chez elle, malgré une simplicité apparente, l'âme humaine est explorée avec minutie et dextérité, et voilà qui est intéressant et fascinant. Le lecteur suit avec passion la vie parallèle de ces deux filles, Ruth et Dana, qui n'ont rien en commun et que pourtant les entêtements des adultes vont rapprocher dans les faits. C'est une lecture qui prend son temps, explore plusieurs décennies, n'hésite pas à aller fouiner quelques pages dans les préparatifs d'une culture, d'un projet ou d'un dessin, et dans les émois amoureux des personnages aussi. On frémit, on s'intéresse, et on referme ce livre avec quelques émotions. Il aurait été un coup de coeur évident si l'intrigue m'avait un peu plus étonnée, mais je chipote sans doute un peu.

Editions 10/18 - 8.10€ - Mai 2013

Sylire en fait un coup de coeur - Un très beau billet enthousiaste de KathelTheoma en souligne l'élégance - De beaux portraits de femmes pour Val - Ce roman était une découverte pour Anne ! - ...

 

16 juin 2014

L'argent a été viré sur votre compte, Dimitris Sotakis

largentaeteviresurvotrecompte

"J'avais beau avoir accepté la situation, ce monceau chaotique d'objets qui envahissaient le salon avait une allure franchement pénible."

Notre narrateur est à la recherche d'un emploi, et de tout ce qui pourrait le sortir de la précarité dans laquelle il se trouve. De plus, sa mère est malade et les médicaments coûtent cher. Il répond donc à cette annonce parue dans le journal - une société cherche un collaborateur - et se rend à l'entretien d'embauche auquel on le convie. Mais rien ne se déroule comme prévu, le recruteur souhaite connaître avant tout la superficie de l'appartement du jeune-homme. Perturbé notre narrateur est ébahi. On lui propose sans ambiguïtés de prêter son appartement pour y entasser des meubles, et d'être pour ce faire grassement rétribué... Après une nuit de réflexion, il est évident pour lui qu'accepter est la solution la plus raisonnable. Il s'imagine déjà acheter une maison avec cet argent, rendre Rissa heureuse. Cependant, les livraisons se succèdent, les meubles s'entassent et la situation devient de plus en plus inextricable.

Attention, ce roman est une drôle de surprise, où l'absurde devient petit à petit un personnage central. Le lecteur n'a plus qu'à se laisser submerger par l'angoisse d'une situation on ne peut plus rocambolesque, qui s'intensifie au fil des pages. Je ne vous en dévoilerai pas ici tous les tenants et aboutissants (ce serait gâcher la surprise) mais j'ai été littéralement prise à la gorge, tenue, et un peu axphixiée également, par ce récit. J'ai apprécié pour autant que l'auteur ne reste pas cantonné à la froideur que le genre en général privilégie mais sache faire la part belle à la tendresse et à la conscience. On pense à Martin Page, à Régis de sa Moreira... Une grande réussite.

Editions Intervalles - 21€ - Mars 2014

Ce livre a reçu le prix Athènes de Littérature en 2010

15 juin 2014

Objectif Pal de juin... Partir, Tahar Ben Jelloun

partir "Alors ainsi vous voulez déguerpir, partir, quitter le pays, aller chez les Européens, mais ils ne vous attendent pas, ou plutôt ils vous attendent avec des chiens, des bergers allemands, des menottes, et un coup de pied dans le derrière, vous croyez que là-bas il y a du travail, du confort, de la beauté et de la grâce, mais mes pauvres amis, il y a de la tristesse, de la solitude, de la grisaille, il y a aussi de l'argent, mais pas pour ceux qui viennent sans être invités."

Nous sommes au Maroc, avant 1999 et l'accession au trône du nouveau roi. Azel est un des nombreux jeunes à souhaiter quitter le territoire, la pauvreté, le chômage malgré les longues années d'études, l'impossible avenir. Ils sont tous agglutinés dans des cafés à observer au loin les côtes d'Espagne, et à chercher par tous les moyens à y accéder. Certainement, là-bas, ils trouveront le bonheur. Azel suit ainsi Miguel, un riche homme d'affaires, qui le prend sous sa protection et en fait son amant. Kenza, sa soeur, le suivra dès qu'il sera bien installé en Espagne. Mais le bonheur ressemble de plus en plus pour Azel à un emprisonnement à perpétuité, il n'arrive plus à faire semblant d'aimer les hommes, à jouer le jeu que l'exil lui demande de jouer. Kenza saura, elle, mieux déjouer les pièges, affirmer son caractère. Mais à quoi les rêves ressemblent-ils quand la réalité les rattrape et les bouleverse ? Pendant ce temps, restée à Tanger, une petite fille de quatorze ans, Malika, ouvrière dans l'usine aux crevettes, pousse son dernier souffle. Vers quoi l'instinct de survie entraîne-t-il donc les hommes ?

Voici un roman d'une grande force, sans doute un peu daté en ce qui concerne son contexte, mais profondément d'actualité pour le reste, tant l'obligation de l'exil existe tellement encore dans le monde. J'ai beaucoup aimé, et l'écriture de Tahar Ben Jelloun, et les histoires qu'il nous raconte. Chaque chapitre suit un personnage particulier et permet au lecteur de rentrer dans son intimité. J'avais déjà lu Tahar Ben Jelloun, je savais donc que je ne serai pas déçue. Certaines scènes ont pourtant été à la limite du soutenable pour moi. Mais comme elles servent le récit et ne sont pas là gratuitement elles m'ont semblé nécessaires. Encore un livre resté bien trop longtemps dans ma PAL.

Folio - 7.40€ - Avril 2007

Objectif Pal 2014 : 6/12 (#objectifpal2014) 

objectifpalVous pouvez encore déposer votre lien mensuel sur le billet du mois de juin qui se trouve [par là] !! 

 

 

 

 

 

 

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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