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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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4 avril 2016

Mémoire de fille, Annie Ernaux

memoiredefille

 "Cette fille là de 1958, qui est capable à cinquante ans de distance de surgir et de provoquer une débâcle intérieure, a donc une présence cachée, irréductible en moi. Si le réel c'est ce qui agit, produit des effets, selon la définition du dictionnaire, cette fille n'est pas moi mais elle est réelle en moi. Une sorte de présence réelle."

Il a fallu tout ce temps pour qu'Annie Ernaux puisse enfin ouvrir la page de la fille de 1958, celle qui a eu son premier amant, lors de la colonie de S. dans l'Orne où elle débarque cet été là en tant que monitrice. Cette fille là, qu'elle traite à la fois d'idiote et de naïve, sort d'une éducation religieuse assez stricte, de la surveillance constante de sa mère, cette fille là a envie de croquer la vie, de faire l'amour, la fête, d'être comme les autres, comme la fille blonde qui retiendra finalement l'attention de H. Elle ne mesure pas la violence des rapports entre les adultes de cette colonie, la raillerie, puisqu'elle ne connaît rien, imagine qu'il faut être comme ça, ne sait pas être autrement, tellement la vague du désir et de la découverte l'emporte, être enfin libre, libérée et amoureuse. Mais ce moment aura un impact sur ses deux années à venir, ses choix d'avenir, son obsession alimentaire, la métamorphose de son physique, le sang qui ne vient plus. Annie Ernaux oscille entre honte et compréhension et garde un regard distancié sur cette Annie D. qui était elle sans être elle, et qu'elle a tout fait depuis pour oublier sans jamais y parvenir.

Je me suis demandée comment j'allais réussir à vous parler de ce livre... car il est un coup de coeur à la fois très intime et dérangeant. On entre en effet avec Annie Ernaux dans une mémoire non édulcorée, qui m'a personnellement semblée à la fois brutale et très réaliste. Annie Ernaux décortique ce qu'elle n'a jusque là pas réussi à décortiquer de sa vie, la découverte des relations physiques, l'acceptation d'un quasi viol par méconnaissance et naïveté, tout ce à quoi une éducation rigoriste ne l'a pas préparée et en même temps lui a donné envie de découvrir, l'envie irrésistible de la transgression, le sentiment de vivre enfin, d'exister parce qu'elle désire. Et il est intéressant de voir comment les lectures lui ont ouvert l'esprit alors, permis de faire des choix et de retrouver sa voie. Une lecture précise et juste, et qui agit presque malgré soi comme un miroir.

Editions Gallimard - 15 € - Avril 2016

Cathulu a mis ce livre sur son étagère des indispensables !  - Un roman qui fait partie des indispensables aussi pour Saxaoul - Une fascinante introspection pour Jerome !!

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12 janvier 2016

La Déesse des petites victoires, Yannick Grannec

ladeessedespetitesvictoires "Un dernier ménage pour Kurt. C'est tout ce que j'aurai fait pour lui dans ma vie. Ranger le monde pour empêcher cette maudite entropie de l'engloutir. Toutes les femmes ont-elles le même destin ? S'appareiller, par amour ou par besoin de sécurité, pour finir par tenir à bout de bras celui qui était censé être le rocher. Est-ce notre lot à toutes ? Ces frères, pères, amants, amis, sommes nous là pour les repêcher ?"

Anna est diligentée par l'Université de Princeton auprès d'une vieille femme afin de récupérer les archives de Kurt Gödel, un fameux mathématicien. Mais la tâche s'avère difficile, en effet la femme du logicien est acariâtre et accueille bien froidement la requête de la jeune documentaliste. Dès la première rencontre, elle voit venir cette petite jeune fille discrète et désorientée de loin. Mais un lien étrange se crée, au fil des rencontres, une complicité respectueuse et malhabile, qui permet à Anna de connaître tout de la vie de la vieille femme, ainsi que de celle de son mari, qui luttait périodiquement contre la folie, mais également de cette longue amitié que le mathématicien a eu avec le célèbre Albert Einstein. Nous passons d'une Vienne des années 30 à une ville de Princeton figée et frileuse, dans laquelle l'ancienne danseuse, devenue femme de scientifique s'ennuiera beaucoup et verra peu à peu ses illusions se dissoudre dans le quotidien...

Le roman de Yannick Grannec est un pavé que je n'ai pas été loin de trouver parfois indigeste. Cependant, j'ai aimé le lire et partir longuement à la découverte de ses personnages féminins, Kurt Godël étant lui un homme assez agaçant. L'intérêt principal de cette histoire est sans conteste ces portraits hauts en couleur, du passé et du présent, ainsi que tout ce que j'ai pu apprendre sur la vie américaine d'Albert Einstein après ma lecture de Le cas Eduard Einstein par Laurent Seksik [clic]. Une lecture très intéressante, donc, instructive, bien qu'un peu longue, et qui s'avère dans ses dernières pages, subtile et plutôt émouvante. 

Editions Pocket - 8.10€ - Janvier 2014 - Prix des libraires 2013

Lu en grand format - merci Sophie !

Anne a beaucoup aimé malgré son peu d'attrait personnel pour les mathématiques - Bien écrit et agréable à lire pour Keisha - Il est tombé des mains d'Aifelle

[En ce moment, la plateforme Canalblog connaît quelques ratés. Vous avez pu le constater aujourd'hui. Le blog était indisponible. Une maintenance aura lieu du 14 au soir au 15 janvier midi. Merci de votre compréhension.]

20 mars 2016

La Splendeur dans l'herbe, Patrick Lapeyre

lasplendeurdanslherbe

 "Homer, qui s'était mis torse nu, prétendit que lorsqu'ils marchaient ainsi, dans les herbes hautes, tout seuls dans la campagne, ils avaient de faux airs de Maureen O'Sullivan et de Johnny Weissmuller éclairés par le soleil d'un paradis perdu."

Homer et Sybil se rencontrent régulièrement depuis que leurs conjoints sont partis ensemble. Entre eux, il y a l'humiliation commune d'avoir été quittés, et puis ce quelque chose de doux et d'évident qui les rapproche. Mais la pudeur est là qui les empêche de céder à l'attirance qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Alors, ils se voient, de plus en plus, parfois à l'improviste, partagent une intimité faite de silences prolongés, de siestes et de lectures, d'activités de plus en plus conjugales. Entre eux, pourtant, plane toujours l'ombre du couple qui, là-bas, s'aiment sans eux...

Il est difficile de décrire l'atmosphère subtile de ce roman à l'ambiance très printanière. J'ai beaucoup aimé m'immiscer dans le duo très étrange que forme au départ Sybil et Homer, et puis avancer avec eux dans une histoire d'amour faite d'hésitations et de moments suspendus. S'intercalent dans le récit l'histoire de la mère d'Homer, Ana, ses errances, son ennui, ses maladresses de plus en plus grandes. Et j'ai trouvé ce personnage absolument touchant, apportant un éclairage particulier sur la personnalité craintive d'Homer. Lire La Splendeur dans l'herbe c'est plonger dans un univers très doux, une parenthèse ouatée, mais c'est aussi se poser la question de la place des êtres sensibles dans un monde rude et exigeant. Ici, nous assistons à la rencontre improbable de deux êtres faits indubitablement l'un pour l'autre, attentionnés et lumineux, et comme c'est rafraichissant.

Editions POL - 19.80€ - Janvier 2016 - Merci ma bibli !!

Trop d'immobilisme pour Joelle - « La splendeur dans l’herbe » est un roman à contre-courant de notre époque actuelle, saturée d’activités et de liaisons éphémères, pour Gwenaelle qui a été conquise !

11 mai 2016

Un après-midi d'automne, Mirjam Kristensen

unapresmididautomne

 "Au fait, demande-t-elle en se grattant la joue, comment s'appelle-t-il ?
Hans Olav."

Rakel et son mari sont jeunes mariés. Ils viennent d'arriver à New-York pour des vacances, et logent dans un petit hôtel. Comme les touristes qu'ils sont ils ont prévu plusieurs activités, des restaurants à tester, parcourir Central Park et visiter le Met (Metropolitan Museum of Art). Dans le Musée, Hans Olav semble particulièrement intéressé par une toile dans la salle consacrée à Georges de la Tour. Rakel en profite pour le laisser quelques instants, et se rend aux toilettes. A son retour, son mari a disparu. Rakel le cherche, puis est comme anesthésiée de constater qu'il est nulle part. Plus les jours passent sans nouvelles de lui plus la sidération augmente, se mêlant à l'attente, à l'indifférence. Rakel fait des rencontres, loge chez une amie de sa mère, ne sait plus si elle existe réellement sans Hans Olav, a l'impression de flotter dans une réalité trouble, se demande si elle doit continuer à l'attendre... Que s'est-il donc passé devant ce tableau ?

J'ai beaucoup aimé ce titre, très introspectif, qui commence pourtant comme un thriller. Je ne m'y attendais pas car je dois avouer que j'avais entendu et lu des avis assez mitigés. Mais il m'a plu à moi, beaucoup, de naviguer en eaux troubles avec Rakel, de circuler dans un New York séduisant et mystérieux avec elle, de découvrir la vie sous un autre angle... et de la cotoyer dans sa dérive. Je me suis imaginée à sa place, la terreur et l'inquiétude mêlées, plongée dans le doute, les remises en question, la honte, l'incompréhension, et cette obligation de vivre sans l'autre, sans comprendre. A priori, il arrive régulièrement que des touristes disparaissent à New York. Etonnant. Une lecture originale et un roman réussi.

Editions Phébus - 19€ - Février 2015 - Lu pour le prix Cezam - Merci ma bibli !!

Sandrine a été déçue de ne pas avoir de réponses à ses questions - Un roman très fort et très beau pour le blog tombée du ciel dont je partage l'avis (très beau billet).

3 avril 2016

La Chaise numéro 14, Fabienne Juhel

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 "Parce qu'il y avait un monde dans la chevelure de Maria Salaün. Lui, il pouvait voir ça. L'automne, les brasiers, les feux sur les talus, les paniers remplis de cèpes, les pommes mûres, les marrons dans la braise, les soleils couchants, les déchirures dans le ciel, au crépuscule, promesses de beau temps."

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Partout en France, des femmes sont brutalement tondues, principalement pour avoir eu des relations, pendant le conflit, avec l'ennemi. C'est ce qui arrive à Maria Salaün à Saint-Brieuc, devant l'auberge de son père, elle est tondue sur les ordres de son ami d'enfance, Antoine, pour avoir aimé Frantz, un officier allemand. Elle n'oppose aucune résistance à cette humiliation publique, au contraire elle se présente fièrement, drapée de la robe blanche de fiançailles de sa mère, et son apparition, sa chevelure flamboyante, sa dignité, impressionnent les badauds qui assistent à la scène. Elle se laisse tondre, assise sur sa chaise de bistrot, numérotée 14. Mais même si la honte est là, Maria a décidé qu'elle ne restera pas collée à elle, qu'elle va changer de camp, six noms sont sur sa liste. Armée de sa chaise, de son crane nu, de sa robe blanche, la jeune femme entame sa douce et ferme vengeance.

Il existe de nombreux récits sur ces scènes assez intolérables d'humiliations qui ont suivi la libération. J'avais lu sur le même thème le terrible L'échappée de Valentine Goby, par exemple. Dans ce roman de Fabienne Juhel, la perspective est assez différente et surprenante, et pourtant le sujet reste tout aussi difficile. Ce qui surprend ici est la force de caractère du personnage de Maria, sa quête, sa détermination, et les images superbes et évocatrices dont l'auteure pare son histoire. On referme ce livre étonnée d'y avoir trouvé ce que l'on n'y cherchait pas, beaucoup de force, de douceur, de l'amour qui se distribue gratuitement et de la lumière. Une très belle lecture, en lice pour le Prix Cezam.

Editions Le Rouergue - 21€ - Mars 2015 - Merci ma bibli !!!

Les oubliés de la lande avaient été un coup de coeur en 2012 ! Et j'avais papoté avec l'auteure en 2009 (ouh ça date) [clic]

D'autres lectures de La chaise numéro 14... Un enchantement pour les sens pour Alex - Encore une belle lecture forte de l'auteure pour Clara ! - "En commençant "La chaise numéro 14", je me doutais que Fabienne Juhel traiterait le sujet avec tact et intelligence. Je ne me trompais pas." chez SylireUn roman original, qui comme souvent chez Fabienne Juhel, flirte avec les codes du conte pour GwenaelleC'est une belle histoire, émouvante qui fait toucher du doigt ce qu'ont pu vivre de nombreuses femmes à cette époque pour Sandrine !

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8 décembre 2015

Les Gens dans l'enveloppe, Isabelle Monnin... avec Alex Beaupain

lesgensdanslenveloppe

"Depuis près de trois ans, je vis avec eux. Ils furent d'abord mes amis imaginaires, figures projetés, canaux de pensées dérivées, messagers clandestins. Puis des personnes un peu surprises à qui j'expliquais mon idée. Ils sont maintenant des êtres qui m'ont confié le récit de leur vie - et je n'aurai jamais assez de mercis pour exprimer ma gratitude.

Je les ai inventés, chantés, rencontrés et pourtant.
Je n'ai évidemment aucune idée de qui sont les Gens de l'enveloppe.
Je les connais comme on peut connaître quelqu'un.
Un peu, si peu, presque pas."

En 2012, Isabelle Monnin achète un paquet de photographies à un brocanteur. Elles n'ont rien d'extraordinaire ces photographies, ne sont même pas très bien prises, mais elles racontent en creux une vie qui fait écho à l'auteure. L'idée lui vient alors petit à petit, en même temps qu'elle trouve des prénoms à ses personnages, d'écrire un roman d'après ces photographies. Le livre qui en résultera prend forme, tout d'abord écrire cette histoire, d'une petite fille qui s'appelle Laurence, de ses grands parents, d'un père délaissé par sa femme. Et puis, ensuite, elle partira à la recherche de cette famille, pour savoir, pour connaître les véritables prénoms, et ce qu'elle découvre enfin dépasse ses espérances...

Ce roman est un drôle d'objet et je crois que c'est sa particularité qui en fait naturellement un joli coup de coeur pour moi aujourd'hui, ainsi que ce qu'il m'a fait tout à l'intérieur, de très doux ! En effet, j'ai adoré le petit roman d'Isabelle Monnin qui introduit son livre, mais surtout je pense son enquête, l'émotion et la sincérité véritables qui se dégagent de ses démarches, et puis le CD, voulu par Alex Beaupain, comme un cadeau inattendu, pas du tout anodin, très fort, délicat et précieux, et pourtant glissé comme par inadvertance dans la quatrième de couverture. Avec Les Gens dans l'enveloppe on part à la rencontre d'une famille, et on pense à la sienne, on a envie de regarder nos vieilles photographies, de s'interroger sur l'imagination qu'elles pourraient ouvrir et faire éclore. Avec Les Gens dans l'enveloppe, on aime les gens aussi, tous les gens, les rencontres, et ça fait du bien.

Editions JC Lattès - 22€ - Septembre 2015

Un vrai bonheur pour Saxaoul Un coup de foudre pour Moka - Le billet de George qui parle du manque et du fil tendu entre elle et les romans d'Isabelle Monnin - Sur le blog de blablablamia ces mots sur l'éphémère des choses a été reçu en plein coeur - Un livre piqueté de marque-pages chez Cathulu - Un très joli roman qui résonne aussi chez Leiloona - ... 

15 avril 2016

Moi et François Mitterrand, Hervé Le Tellier

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 "Ne doutez pas, cher Monsieur, que vos remarques recevront toute l'attention qu'elles méritent et qu'elles seront prises en considération par nos services dans les délais les plus brefs."

Le 10 septembre 1983, le narrateur de cette histoire (Hervé Le Tellier lui-même... d'après l'auteur), envoie une carte postale d'Arcachon à François Mitterrand le félicitant pour son élection, mais lui indiquant également qu'il passe d'agréables vacances, et que justement hier il a parlé de lui à table tout en dégustant des huîtres, excellentes d'ailleurs, bien qu'un peu laiteuses. Quelques mois plus tard, une réponse lui parvient, signée officiellement du Président de la République, lui précisant avoir bien reçu son courrier, et lui assurant qu'il sera examiné avec attention. Hervé Le Tellier s'empresse d'écrire de nouveau au Président, afin de lui souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année, missive qui recevra quelques mois plus tard une réponse du Président. Hervé Le Tellier est alors encouragé à continuer une correspondance qui se poursuivra, même après le décès de François Mitterrand, et avec ses successeurs.

Mouarf. Je ne veux rien vous dévoiler de plus de l'intrigue de cette histoire qui se déguste au fur et à mesure et avec délectation. Ici se joue un humour qui se base essentiellement sur le principe de répétition. Sincèrement, j'ai lu ce court livre assez hilare. Je ne m'attendais pas à trouver ce que j'y ai trouvé, j'ignorais tout de son contenu. Je savais seulement, sachant que l'auteur était membre de l'Oulipo, qu'il y aurait sans doute du jeu, et il y en a. Mais il y a aussi sous tout cela, sous cette correspondance qui ne s'arrête pas après la mort du premier président, sous le décalage évident que vous découvrirez à la lecture, une critique sous jacente des institutions... et un petit quelque chose, de glaçant et d'implacable, qui fait aussi un peu froid dans le dos. Une lecture assez jouissive.

Editions JC Lattès - 10€ - Mars 2016

Badge Lecteur professionnel Lu également de l'auteur Assez parlé d'amour [clic] 

18 mai 2016

Les Gens heureux n'ont pas d'histoire, Eloïse Lièvre

lesgensheureuxnontpasdhistoire

 "Rousse, cela voulait dire rebelle, singulière, irréductible, libre, sauvage. Antigone, rencontrée et incarnée un peu plus tard en classe de quatrième, l'était sans aucun doute. 
Même si la couleur de mes cheveux avait foncé, je l'étais, rousse, du moins à l'intérieur. Je n'ai jamais cessé de l'être."

J'ai su dès les premières pages de ce livre qu'il allait être un délicieux coup de coeur. En effet, il contient tout ce que j'aime, tout ce qui me fait vibrer en littérature, la recherche de soi, l'introspection et le regard acéré sur le monde qui nous entoure, la sensibilité. Eloïse Lièvre a choisi de nous raconter une histoire, la sienne, via quarante photographies, une pour chaque année qui passe, et quarante petits textes.  J'ai pensé au projet d'Isabelle Monnin dans Les gens dans l'enveloppe, et je n'ai pas été surprise de la retrouver en référence dans les remerciements en fin d'ouvrage. Comment vous dire...? Chaque phrase de ce livre a été un petit cadeau que j'ai reçu personnellement. De plus, la naissance d'Eloïse Lièvre est si proche de la mienne chronologiquement que nos histoires parfois se confondent, ou semblent se confondre, la mode vestimentaire, l'air du temps. Alors, j'ai eu le sentiment de suivre une histoire parallèle à la mienne, d'en comprendre le contexte. La sincérité qui se dégage de ce texte est si forte qu'elle emporte là où on ne pensait pas aller. J'ai été très touchée de suivre la vie d'Eloïse Lièvre, ses premières amitiés, ses premiers amours, mais aussi tout ce qui peut se cacher derrière ces poses, ces sourires de façade que l'on accorde parfois distraitement à l'objectif, la vie particulière, ordinaire - mais pas tant que cela - d'une enfant, qui devient une jeune fille, puis une femme. Cette jeune femme est éprise de littérature, elle laisse parfois sa plume s'envoler, divaguer, presque nous perdre, mais toujours la vie réelle revient, et la mythologie personnelle reprend pied dans le quotidien, tente d'y trouver sa place. Eloïse Lièvre est de celles qui cherchent un sens à leur vie, ce que je respecte profondément.
Les gens heureux n'ont pas d'histoire, certes, mais seulement quand il n'y a personne pour la raconter. Une lecture, bouleversante et intime, sincère, à ne pas laisser de côté.

Editions JC Lattès - 18€ - Avril 2016

Pour Sabine c'est "fort. Véritablement. Et sans éclat ni fadeur." et je partage son coup de coeur ! 

20 juillet 2016

Le Coeur du Pélican, Cécile Coulon

lecoeurdupelican"Anthime n'irait pas en enfer simplement pour allumer sa cigarette. Il irait pour en rapporter des pierres fumantes et les porter dans ses poings le reste de sa vie."

Anthime a été une star lorsque adolescent il excellait au huit cent mètres, porté par son coach Brice, son entourage, sa famille, et l'admiration muette de sa jeune voisine Joanna. Anthime était alors surnommé Le Pélican. Mais quand la chute survient, la blessure, il faut réinventer sa vie, oublier les idylles que l'on croyait pouvoir commencer avant la défaite, fuir l'inaccessible Béatrice, et se laisser emprisonner par l'affection des petites voisines. Anthime épouse Joanna sans l'aimer, passe des concours administratifs, mène une vie de famille rangée, dans un lotissement banal. Vingt ans après, alors qu'Anthime est devenu un homme bedonnant sans panache, simple habitant d'un pavillon avec terrasse, quelque chose se réveille en lui. Le Pélican n'a alors de cesse de vouloir réouvrir ses ailes...

De Cécile Coulon, j'avais déjà lu Le rire du grand blessé [clic ici] et ce avec une grande admiration pour cette dystopie réussie. Le genre est ici très différent. Le récit se glisse dans l'intérieur d'une maison, dans la vie d'un couple bancal, dans l'histoire d'un jeune homme qui n'a pas su grandir et qui se laisse guider par les désirs des femmes, son épouse, sa soeur. La course est vue comme une libération mais le sport comme un monde cruel tenu en laisse par la compétition et les flatteries. Désillusions, non-dits, obligations et rumeurs, sourires de façade, tout vole en éclats. Un mariage se brise mais le récit nous explique pourquoi, où se situait déjà la faille. J'ai beaucoup aimé l'écriture de Cécile Coulon, son regard incisif et cru, la brutalité parfois tendre de cette histoire qui se lit le souffle court et que l'on dévore littéralement. Une lecture qui n'est pas de tout repos. Du grand art !

Editions Points - 6.90€ - Juin 2016

Puissant et percutant pour Clara Il est tombé des mains d'Alex - Sans doute le plus abouti pour Gwenaelle - Brillant pour Noukette qui l'a lu pour le prix du meilleur roman des lecteurs de Points !

22 août 2016

Vie prolongée d'Arthur Rimbaud, Thierry Beinstingel ~ Rentrée littéraire 2016

vieprolongeedarthurrimbaud "L'orgueil que Nicolas éprouve est tonique, intact. Pour la première fois depuis longtemps, il est en accord avec Arthur."

Et si, en Novembre 1891, ce n'était pas la dépouille d'Arthur Rimbaud que sa soeur Isabelle avait ramenée à Charleville, mais celle d'un inconnu, un voisin de chambre de cet hôpital de Marseille où son frère est hospitalisé ? Et si il y avait eu confusion ? Si Arthur Rimbaud avait finalement survécu, amputé d'une jambe, malgré la douleur, le cancer, les délires, l'agonie ? C'est le parti pris de Thierry Beinstingel dans ce livre, prolonger la vie d'Arthur Rimbaud au-delà de cette mort prématurée à l'âge de 37 ans. Il imagine alors un homme, plus proche de celui qui a vécu en Afrique, que de celui qui fuguait loin de sa mère et a un temps eu une aventure tumultueuse avec Paul Verlaine. Thierry Beinstingel imagine un Arthur Rimbaud, rebaptisé Nicolas, avide d'oublier son passé de poète, d'entreprendre, de fonder une famille, témoin muet et parfois agacé des efforts du monde littéraire, de sa soeur, de porter ses écrits de jeunesse et son oeuvre à la postérité.

Je suis partagée sur cette lecture de rentrée dont j'attendais beaucoup. J'avais été très enthousiasmée par ma lecture de Retour aux mots sauvages et de Ils désertent, par l'inventivité et la force d'écriture de Thierry Beinstingel. L'écriture est dans ce roman-ci bien différente, elle n'est pas là pour se distinguer, pour cela il y a la poésie de Rimbaud, mais pour servir le récit. Petite déception donc. J'ai pour autant accepté assez facilement le subterfuge de l'auteur, ce faux avenir d'un jeune Rimbaud survivant, qui semble vrai, et en ai profité pour apprendre beaucoup sur ce poète que je connaissais finalement assez peu. En cela, ce livre est intéressant. Le personnage d'Isabelle, la seule à connaître le secret de la résurrection de son frère, est touchant, ainsi que les membres de cette nouvelle famille que le poète se crée, loin du tumulte de Paris, et du monde des lettres, insensible au culte qu'on commence à lui vouer. On voyage dans ce livre dans un début de XXème siècle foisonnant, changeant, qui voit se monter la Tour Eiffel, et débarquer la première guerre mondiale. Thierry Beinstingel mélange réalité et fiction avec brio, se joue de son lecteur, qui est tenté constamment de vérifier ses dires... mais c'est une lecture qui reste malgré tout pour moi teintée de déception. 

Editions Fayard - 20.90€ - 17 août 2016

Badge Lecteur professionnel Lu sur ma liseuse grâce à NetGalley
4 octobre 2016

Un roman anglais, Stéphanie Hochet

unromananglais

"On est toujours reconnaissant envers les gens qui ne s'effarouchent pas devant la part de soi qui sombre."

Nous sommes en 1917, la guerre fait rage en Europe. Des jeunes gens ne cessent de tomber dans les Flandres. Réfugiés dans le Sussex, loin des dangers de Londres, Anna et sa famille tentent de continuer à vivre normalement. Edward est horloger, et Anna souhaite reprendre ses travaux de traduction. La présence du tout jeune Jack l'empêche de se concentrer. Le couple cherche donc une garde d'enfant et Anna est spécialement séduite par la proposition écrite d'une certaine George. Anna s'enflamme à l'idée de connaître une femme portant ce prénom qui ouvre son imagination, sans se douter qu'il s'agit en réalité d'un jeune homme. George s'occupe admirablement de l'enfant, qui l'adore en retour, apaise à la fois Anna et dérange Edward... Comment ce dernier va-t-il supporter plus longtemps que sa petite famille soit ainsi transformée par la présence d'un tiers aussi séduisant ?

Ce roman à l'atmosphère très anglaise et désuète, feutrée, cache bien son jeu. En effet, peu à peu, dans ce récit, les non-dits et faux-semblants s'effritent devant la personnalité lumineuse et tranquille de George et les personnages qui gravitent autour prennent de l'épaisseur et du relief. C'est Anna qui observe et étudie les signes, les détails. Elle est peu à peu consciente que son regard change, qu'elle peut se considérer à l'aune des changements plus profonds qui bouleversent la société anglaise de l'époque, et notamment le rôle des femmes. Elle laisse ses tourments s'exprimer. Un très juste et fin petit roman qui sait aussi émouvoir, serrer le coeur et donne brutalement des envies de liberté et de sincérité. 

Editions Rivages - 17€ - mai 2015 - merci ma bibli !!!

J'ai repris cette année ma participation au comité de lecture de ma bibliothèque... Mes lectures seront toutes regroupées sous ce tag là [participe présent].

 

15 octobre 2016

Molécules, François Bégaudeau ~ Rentrée littéraire 2016

molecules

"Ça l'embête qu'ils deviennent ennemis, ce serait indigne de leur belle histoire. Elle a raison, on ne peut pas en vouloir à quelqu'un de ne pas aimer. L'amour n'est pas une créance. Elle ne lui doit rien."

Jeanne Deligny est morte, tailladée sur un des paliers de son immeuble. Il faut retrouver son agresseur, comprendre qui a pu vouloir la mort de cette femme sans histoires qui laisse derrière elle un mari pharmacien et une toute jeune fille. Elle travaillait dans un centre pour handicapés, pensait adopter Didier, malgré ce que Charles en pensait. Il a dit les fous ne sont pas tes enfants. Mais maintenant, tout a changé, depuis le meurtre de Jeanne, et la sidération, il est prêt. Sa fille Léna récupère un frère. Et l'on retrouve le meurtrier de Jeanne, un ancien amoureux transi, Gilles, qui avoue sans sourciller avoir voulu supprimer enfin la cause de tous ses malheurs...

Je lis régulièrement François Bégaudeau depuis que je l'avais écouté en rencontre il y a fort fort longtemps... et je reste souvent assez curieuse de ce qu'il écrit, même si le résultat est parfois désarçonnant, entre sentiment d'agacement et coup de coeur. J'avais par exemple adoré son Au début [clic], aimé Entre les murs, mais moins Fin de l'histoire [clic] ou La blessure, la vraie [clic]. Bref, François Bégaudeau ne me laisse pas indifférente, j'ai donc voulu lire encore en cette rentrée son nouvel opus. Et cette fois-ci, il m'a surprise encore, à s'essayer ainsi à un style qui frôle l'enquête policière et le thriller psychologique. Et en réalité, j'ai aimé ce que j'ai lu cette fois-ci, l'écriture inventive et vivante, et cette ambiance, un peu glauque (mais pas trop), une peu tendue (mais pas trop) et un peu sarcastique. Un texte à découvrir, avec beaucoup de second degré en soi.

Editions Verticales - 19.50€ - 18 août 2016

 

11 novembre 2016

Comme frère et soeur, Clémence Guinot

commefrereetsoeur

 "En juin prochain, je vais jouer Antigone ; enfin, on monte la pièce au collège, et c'est moi qui serai Antigone."

Quand le père de Cléo décide d'emménager avec la mère de Marin, ce sont en réalité deux familles qui s'installent sous le même toit, deux adultes, trois filles et deux garçons. Cléo et Marin sont les aînés de chaque fratrie. Cléo est au collège, en troisième, en route pour le brevet, et Marin est au Lycée. La cohabitation est au départ tendue, puis à la fois étrange et assez réussie. Les deux adolescents apprennent à devenir complices tandis que les plus jeunes donnent à la maison une atmosphère de candeur contagieuse. Au collège, Cléo rêve d'être celle qui jouera le personnage d'Antigone dans la pièce du même nom. Marin dessine beaucoup, en compagnie de son ami Simon. Mais comment rester seulement frère et soeur quand on apprend à mieux se connaître, à s'apprécier, et que peu à peu d'autres sentiments se nichent dans ce lien qui n'a pas vraiment de nom ?

Ma fille de quinze ans a lu ce roman pour adolescents avant moi et l'a beaucoup aimé. C'est elle qui m'a donné envie de l'ouvrir. Elle m'a dit que c'était utile de parler de ces familles recomposées, que cela arrive, et que forcément il était particulier de vivre avec des personnes étrangères et non choisies. Nous en avons profité pour discuter justement de ces intimités parfois cruellement éphémères qui ne débouchent le plus souvent sur aucun lien légal. Personnellement, j'ai surtout apprécié d'emblée retrouver dans ce roman jeunesse le personnage d'Antigone, comme un clin d'oeil agréable. En dehors de ce point, très personnel, voici un roman avant tout simple et sympathique, qui sait rester très juste, qui met en avant l'amitié, et qui a le mérite d'aborder un sujet sensible. J'ai aimé qu'il ne tombe pas dans des ornières de facilité mais qu'il reste réaliste et attachant.

Editions Magnard - 12.90€ - Septembre 2016

Le billet de Sophie [clic]

29 octobre 2016

Comme dans un film, Régis de Sa Moreira ~ Rentrée littéraire 2016

commedansunfilm

"C'est un peu comme dans un film quand on sent qu'une partie se termine, et qu'une autre est sur le point de commencer." 

Il y a ELLE et il y a LUI, et une rencontre qui les conduit pour une première fois dans un cinéma de quartier, la vie commune, les disputes, l'amour et les séparations, un anniversaire comme un rendez-vous immuable qui rythme leurs années. La vie. L'amour. Les gens autour qui passent, comprennent ou pas, assistent. Les enfants qui naissent. Tout ce qui fait une vie, dans ce qu'elle a d'imparfaite, de désordonnée, d'intéressante et de parfois aussi un peu loufoque. Mais à force de regarder des DVD ou d'aller au cinéma, on a le sentiment de rejouer sans cesse des scènes déjà vues... et le phénomène est troublant. Comment va donc se terminer cette histoire ? Par un happy end ?

Je dois vous dire d'emblée que ce titre ne plaira vraiment pas à tout le monde. Premièrement, sa forme est celle d'une pièce de théâtre, ou d'un scénario de film, pas d'un roman, et il faut parfois s'accrocher un peu pour suivre les dialogues. Mais voilà, j'ai personnellement une affection particulière pour ce jeune auteur, Regis de Sa Moreira, qui sait dans ses livres utiliser l'absurde et magnifier le réel avec son regard vif, affectueux, romantique et blessant. J'aime son regard particulier sur les couples, qui me fait parfois penser à ce qu'il se joue dans L'écume des jours de Boris Vian. J'ai donc beaucoup aimé le retrouver ici, car il m'a fait encore une fois beaucoup rire et sourire. J'aime son regard sur les absurdités de notre société, et sa connaissance du monde tel qu'il est. Et j'aime que ses personnages se sentent libres de vivre leurs émotions comme ils le souhaitent, voilà qui est très réconfortant. Parce que cette histoire d'amour entre un postier et une bibliothécaire est à la fois concevable et assez improbable. Mais elle m'a permise de passer un moment de lecture assez jouissif. Une lecture de rentrée étonnante, vive et drôle. 

Editions Au Diable Vauvert - 17€ - 18 août 2016

La lecture de blablablamia séduite aussi par la vivacité drôle de ce texte

Ma lecture de Pas de temps à perdre qui vous renverra en fin de billet vers mes autres lectures de l'auteur (Zéros tués - Le libraire - Marie et femme)

6 novembre 2016

Juliet, Naked - Nick Hornby ~ Objectif Pal de Novembre

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 "Annie avait cru qu'elle resterait coincée éternellement dans l'enseignement, et elle avait tellement détesté ce boulot que, maintenant encore, arriver à son musée avec dix ou quinze minutes de retard suffisait à la combler."

Alors que son compagnon Duncan, fan inconditionnel de Tucker Crowe, ancien chanteur des années 80, découvre la sortie d'un nouvel album de son chanteur phare, disparu des médias, Annie se rend compte qu'elle vient sans doute de passer à côté des quinze dernière années de sa vie. Elle commence à s'agaçer des opinions tranchées de cet homme, préoccupé seulement de sa passion, avec qui elle vit une vie terne dans une petite station balnéaire du Nord de l'Angleterre, et avec qui elle n'a encore pas eu d'enfants. Et puis elle aussi elle a des opinions, notamment sur ce nouvel album du chanteur, qu'elle considère comme raté, une pâle copie, une version à l'état brut du célèbre album Juliet, sorti dans les années 80. Elle émet donc un avis sur le site de Duncan, un avis différent de son compagnon qui crie lui au génie, et reçoit quelques heures plus tard un mail personnel d'un certain Tucker Crowe... 

Ce livre attendait sagement son tour sur mes étagères depuis sa sortie en 2010. Je pensais à tort qu'il renfermait une sorte de thriller. En réalité, Juliet, Naked nous propose plutôt une plongée dans la morosité de ces petites villes d'Angleterre oubliées, et dans la musique des Eighties. Le contraste est saisissant et donne tout son charme à ce roman qui permet la rencontre virtuelle entre deux êtres qui n'ont rien pour se plaire, sur le papier. J'ai beaucoup aimé ce roman de Nick Hornby, son atmosphère, les questions que se posent les personnages sur le temps qui passe, et cette manière de décider qu'il n'y a jamais de bons ou de mauvais moments pour changer de vie. Un roman moderne, attachant, bourré d'humour et de réparties qui claquent, de situations saugrenues et d'espoir !

Editions 10/18 - Epuisé en grand format mais disponible en version poche  8.40€ - Mai 2011

Un bon Nick Hornby pour Enna Ce pourrait être déprimant ou d'un optimisme forcené, c'est plein d'humanité , d'empathie et d'humour, et ça donne une folle envie d'aller sur la plage surannée de Gooleness ... pour CathuluUn bon roman british comme je les aime, bourré d'humour, d'émotion, inventif, sans vraiment d'happy end (that's life, quoi) et que je recommande chaudement ... pour Keisha -  Un livre tout simplement génial pour Clara - Aifelle a beaucoup aimé aussi !

objectif pal

Lu dans le cadre du challenge....

Pour participer vous aussi, voir les autres contributions et en connaître les règles, il suffit de cliquer ici [clic]

15 novembre 2016

Lucie ou la vocation, Maëlle Guillaud ~ Rentrée littéraire 2016

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"Elle a raté Normale Sup, elle ne doit pas échouer ici. Pas une nouvelle fois."

Lucie vit la khâgne comme une épreuve, un enfermement, quelque chose de trop grand et d'impossible à vivre pour elle. D'ailleurs, qui est fait pour vivre ça ? Alors, se rendre régulièrement avec son amie Mathilde à la basilique, est une libération, c'est accepter à chaque fois qu'une vague d'amour la submerge. Un jour, elle saute le pas, n'écoutant personne autour d'elle, et surtout pas son autre amie, Juliette. Dieu lui a envoyé un message, elle a la vocation. Elle commence donc une période de noviciat qui s'avère bien différente de ce qu'elle imaginait, dure, implacable, faite essentiellement de sacrifices et d'oubli violent de soi. Accepter les renoncements ne l'empêche pas de parfois céder au doute, surtout alors qu'elle découvre un secret qui l'amène à se demander si depuis le début elles ne serait pas la victime d'une énorme manipulation...

Lire ce roman est quelque chose d'à la fois très violent et d'assez addictif. Je l'ai dévoré. Mais il ne faut pas s'y tromper,  Lucie ou la vocation n'est pas spécialement un thriller. Il est un portrait, gobalement à charge, d'une congrégation. Nous suivons surtout Lucie, et ses premiers pas de novice. Et je dois dire que j'ai eu mal pour elle, à plusieurs reprises. Je me suis demandée si ce récit reflétait la réalité. En parrallèle, il y a l'inquiétude et les réflexions de son amie Juliette, anéantie par cette vocation qu'elle ne comprend pas et certaine qu'elle doit sauver la jeune femme par tous les moyens possibles. Un roman, terminé en pleine nuit, qui m'a laissé une étrange sensation de malaise, de colère et de tristesse. Il n'est pas spécialement un roman que je conseillerai pour ses qualités littéraires mais il pose indubitablement la question de la foi, du prosélitisme et du rôle de l'Eglise dans ses institutions. 

Editions Heloïse d'Ormesson - 17€ - 18 Août 2016

Dérangeant, interrogatif, phénoménal... pour Sabine - Flippant et captivant... pour Nathalie - Captivant et troublant... pour Joëlle

   68premieresfois

8 février 2017

Le Quatrième mur, Sorj Chalandon & Corbeyran & Horne

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Tandis qu'une pile de romans t'attendent, toi tu lis et empruntes des BD... Mais comment résister à cette adaptation du roman éponyme de Sorj Chalandon, déjà lu et adoré, et qui met en scène la pièce d'Antigone par Anouilh ? Hein, comment ?... Raisonnable est un mot que ton blog ne connaît pas, et certainement pas ton pseudo... Tu ouvres donc cet album d'un rouge flamboyant en sachant déjà que l'histoire t'est connue. Et tu ne t'attends pas forcément à rencontrer du noir et blanc, et non plus Anouilh en personne dès les premières pages, qui déclame les paroles du choeur... (Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre, qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure...) Tu dois avouer que le dessin ne te séduit pas d'emblée, non plus que ce gris lavé, et la physionomie des personnages. (Tu confondras d'ailleurs quelques visages au cours de ta lecture.) Mais l'histoire reste la même, aussi étonnante et sensible, forte que dans le roman. Tu salues d'ailleurs la dextérité de cette transposition d'un roman foisonnant en dialogues brefs et percutants. L'histoire ? Samuel veut monter l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth, en prélevant dans chaque camp un des personnages, pour un message de paix et d'espoir. Mais Samuel est malade, alité à Paris. Nous sommes en 1982. Il envoie alors son ami à sa place, ce jeune père de famille, Georges, qui va rencontrer là-bas, des difficultés à rassembler tout le monde, mais surtout la guerre et la mort... Et que les images de la fin de cet album sont ingénieuses, visuellement réussies ! Tu restes d'ailleurs un peu figée devant ces cases montrant Georges tenant Imane indéfiniment dans ses bras..Il y a 73 ans, le 4 février 1944, avait lieu la première représentation de l'Antigone de Jean Anouilh, au Théâtre de l'Atelier. «L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre.» Et c'est ce message que véhicule le roman de Sorj Chalandon, un message de candeur, de lutte têtue et de paix. Je dirais que l'album, lui, semble plutôt démontrer combien vivre pour ses idéaux est à la fois beau et périlleux... mais essentiel, tellement essentiel, et il fait de Georges une figure d'Antigone, masculine et bouleversante. 

Editions Marabulles - Octobre 2016

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En Lecture Commune avec Mo' du Bar à BD.
Lu aussi par Noukette et Jérôme !!

Ceci est ta BD de la semaine, tous les autres liens sont chez Stephie

 

11 février 2017

Quart de frère quart de soeur, Sophie Adriansen... et le Printemps du livre de Montaigu

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Tandis que les vacances scolaires pointent le bout de leur nez par chez toi... rien de mieux que de parler de cette toute nouvelle petite série (à partir de 8 ans), Quart de frère quart de soeur, dont le premier tome est sorti chez Slalom ce 2 février. Tu en as d'ailleurs vu une bonne pile chez ton libraire BD/jeunesse mercredi dernier, et tu étais ravie car l'auteur Sophie Adriansen (connue aussi pour être la Sophie du blog Sophielit) est une blogueuse amie, en plus d'être une auteure accomplie aux multiples facettes... De ton côté, tu as dévoré ce petit livre aux magnifiques et délicates illustrations de Maureen Poignonec, et qui nous raconte l'entrée en CM2 de deux enfants très différents, rivaux d'emblée. Arthur est reconnu depuis plusieurs années pour être le garçon le plus cool de l'école. Viviane vient d'arriver des Antilles, avec ses multiples couettes, ses vêtements colorés et ses idées nouvelles. Et il est peu de dire que ces deux là ne vont pas s'aimer vraiment, se chamailler beaucoup, et qu'ils vont voir d'un très mauvais oeil leurs parents respectifs, divorcés, se rapprocher... Et tu dois dire que tu as aimé l'objet livre, bien fini et joliment illustré, l'histoire, les petits personnages qui gravitent autour des deux héros de ce premier tome d'une série qui promet !
Sophie Adriansen sera présente au Printemps du livre de Montaigu qui se déroulera les 7 8 et 9 avril prochain à Montaigu (85) [voir la liste des auteurs présents en cours d'élaboration ici]. Et comme chaque année, tu penses t'y rendre, sans doute le samedi, avec sans doute aussi une petite rencontre de blogueuses en début d'après-midi à déterminer... Rhhhaaa, et comme tu aimes tous ces petits projets !!! ;)

Slalom - Février 2017

23 février 2017

Tendres silences, Angela Huth

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Refermant tout juste la toute nouvelle édition de La vie rêvée de Virginia Fly... ton choix de lecture de PAL du mois était tout trouvé en cet exemplaire du même auteur, datant de 1999, chiné chez un bouquiniste nantais, et perdu depuis dans ta bibliothèque... Mais outch, tu ne t'attendais pas à une telle histoire ! Angela Huth manie décidément avec art l'humour cynique et joue délicieusement avec nos nerfs... Mais tu t'expliques... La romancière a, dans ce roman, décidé de faire entrer son lecteur dans l'intimité d'un couple sans histoires, les Handle. Ils ont une vie douce, rythmée par des habitudes bien ancrées, un silence tendre et complice. Depuis quelques temps, un jeune voisin, Lucien, vient troubler les matinées de Grace avec ses apparitions extravagantes en fin de petit déjeuner. L'épouse tranquille est à la fois déstabilisée, inquiète, et heureuse d'être dérangée. William, son mari, n'est de toutes façons pas très attentif à ses émotions, il faut dire qu'il disparaît à chaque fois juste avant l'arrivée du jeune homme, pour étudier sa musique à l'étage. Le quatuor dans lequel il joue depuis plus de vingt ans vient par ailleurs de subir une petite révolution qui le préoccupe bien plus. Un des musiciens a été remplacé par une femme. William est subjugué par Bonnie, et tombe rapidement dans une sorte d'obsession amoureuse qui le mènera à envisager... le meurtre de sa femme adorée, Grace... Là tu dois dire qu'à plusieurs reprises au cours de ta lecture, tu as eu envie de t'exclamer... mais enfin William !!... En effet, les diverses stratégies de William pour arriver à ses fins, et séduire en parallèle la jeune Bonnie, sont pour le moins drôles, tristes et ridicules. On tremble, on rit jaune, et on se demande véritablement comment tout cela va se terminer... Mal ? Forcément. Bizarrement la musique est là (beaucoup de musique), la gentillesse, la belle lumière qui plonge dans la cuisine, le repas qui mijote aussi, et l'on se prend à espérer que les esprits échauffés vont recouvrer raison. Mince alors... quelle aventure !

Quai Voltaire - 1999

Lu en version poche par Tlivres

objectif pal

1 février 2017

Monsieur désire ?, Hubert & Augustin

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Présenté en début d'année scolaire dans ta bibliothèque, et plébiscité par ton comité BD... tu avais hâte de lire cet album ! Et tu n'as pas été déçue. Il faut dire que tu l'avais déjà largement feuilleté... et que tu savais que tu y retrouverais une atmosphère tenant à la fois de la série Downtown Abbey et des Liaisons dangereuses. D'ailleurs, Edouard, ce jeune lord axphyxié par les conventions de son époque victorienne regrette une fois tout haut de ne pas être Valmont... Mais tu t'égares, raconte plutôt... Dans la demeure victorienne du jeune lord Edouard, donc, règne un ordre strict. Chacun est à sa place. Les aristocrates profitent de la vie. Une batterie de domestiques est là, dans l'ombre et le silence, pour exécuter tout ce que Monsieur désire. Mais justement, Monsieur désire que ce soit Lisbeth, une jeune servante un peu laide, qui soit chargée chaque matin personnellement de le ramasser à la fin de ses nuits de débauche. Lisbeth s'exécute, s'occupe du jeune homme sans se plaindre, et l'écoute. Et Edouard s'attache à cette oreille inattendue qui ne semble pas être choquée par ses récits sulfureux... Et c'est là que le bât blesse... En donnant à Lisbeth une importance démesurée, en menant un jeu de séduction socialement trouble, Edouard fragilise sa maisonnée et l'avenir de Lisbeth... Ton coeur de lectrice a vibré avec cet album qui n'est pas à mettre entre toutes les mains. Tu y as retrouvé ce que tu aimes aussi dans les albums pour adultes d'Agnès Maupré, ce mélange d'audace, d'impudeur et de fragilité. Tu as trouvé les dessins assez réussis (surtout les clairs obscurs), le document en fin d'ouvrage intéressant mais pas essentiel... et tu apposes au final sur cette lecture ton premier et délicat coup de coeur de l'année !! Ouf il était temps...

Editions Glénat - Septembre 2016

Moka l'a lu aussi - et Sabine également

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Ceci est ta BD de la semaine, tous les autres liens sont chez Moka aujourd'hui !!

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15 mars 2017

Louis parmi les spectres, Fanny Britt et Isabelle Arsenault

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Tu as ramené ce très bel album d'Angoulême... et tu as attendu un peu avant de l'ouvrir, d'avoir le temps de l'apprécier à sa juste valeur. Et tu as bien fait, car Louis parmi les spectres, une BD destinée à la jeunesse (mais pas que), est un petit bijou délicat et émouvant qu'il est bon de parcourir avec douceur et empathie. Louis a 11 ans, il vit avec son père et son petit frère Truffe. Son père boit et pleure sans cesse de chagrin depuis que leur mère est partie. Sa mère vit à la ville, et elle c'est une autre histoire, elle a peur de tout, et surtout des microbes. Heureusement, il existe un soleil dans la vie de Louis. Louis aime Billie, celle qui lit au moins un livre par semaine, et il voudrait lui déclarer ses sentiments... mais comment faire ? Louis est tétanisé, et malgré les encouragements de son ami Boris, ne trouve pas le moyen d'aborder la jeune fille. En fond sonore, volent les disputes de ses parents, entre réconciliations et découragements... et Truffe, fan de soul, qui lit l'humeur du monde sur le visage de sa mère... Et Louis voudrait à la fois protéger tout le monde et avoir le loisir de vivre sa vie... Comme tes autres comparses du net (Sabine, Enna, Mo ...) tu as succombé au charme de Louis, à ses sentiments délicats, à sa maturité précoce et douce, tu as eu envie de prendre le petit Truffe innocent et naïf dans tes bras, de l'embrasser et de partager la beauté de cet album. De plus, les dessins d'Isabelle Arsenault, dont le trait semble à peine frôler les pages sont un enchantement. Le gris est dominant, mais le jaune et le bleu viennent de temps en temps constraster par leur éclat lumineux la tristesse ambiante et insuffler une bonne dose d'espoir. Et ce que c'est beau quoi... Gros coup de coeur !

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Editions La Pastèque - Octobre 2016

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Et Saxaoul parle de Jane, le renard & moi

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13 mars 2017

Le Bal mécanique, Yannick Grannec

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Tu avais beaucoup aimé La déesse des petites victoires de Yannick Grannec, un livre que l'on t'avait gentiment recommandé... et tu as donc battu de tes deux mains lorsque ce Bal mécanique a débarqué dans ta boîte aux lettres l'an dernier. Puis tu l'as prêté, et il t'est revenu, et la rentrée littéraire battait littéralement son plein à son tour, te noyant un peu d'ailleurs au passage... Ce bal a donc attendu. Parfois aussi, un livre que l'on prête est chargé du lecteur précédent, de son avis, de son geste quand il nous le retourne... Et alors il faut attendre un peu, parce que prêter un livre n'est pas un acte anodin, malgré la désinvolture affichée... Bref, tu savais qu'il y avait deux parties dans ce livre, une recherche de tableaux, et quelques longueurs... de l'ennui un peu aussi. Mais toi, il s'avère que tu ne t'es pas ennuyée une seconde pendant cette lecture. Par contre, effectivement, les deux parties étaient bien là... Au départ, tu rencontres Josh Schors, animateur de télévision à Chicago qui, avec son épouse, déconstruit et reconstruit des maisons et des familles sous l'oeil goguenard des caméras... Le père de Josh, Carl, peintre reconnu, vit à Saint Paul de Vence et est hanté par ses souvenirs de la guerre de Corée. Il comprend soudain au détour d'une information qu'il peut être concerné par cette découverte étonnante, la plus grande collection d'art spoliée du IIIème Reich est réapparue chez un certain Cornelius Gurlitt. Le portrait de son père, peint par Otto Dix en fait partie. La deuxième partie commence lorsque le lecteur est plongé dans le passé de Carl, dans le mystère de sa conception entre les murs du Bauhaus, école d'architecture novatrice fondée en Allemagne en 1901. Et comme tu as aimé y croiser Paul Klee, Kandinsky, etc... En réalité, ce qui est assez fabuleux dans ce livre, loin de son épaisseur, de sa somme de connaissances, et de l'histoire qu'il raconte... c'est de se rendre compte à un moment donné que t'es donné en préambule de chaque chapitre un tableau à voir. Et tu as cliqué sur ton smartphone pour contempler les oeuvres, tu t'es questionnée à chaque fois sur leur importance dans l'élaboration de l'écriture, tu y a parfois vu des scènes entières ou juste un détail... Quel régal, et quelle bonne idée, et quel roman intéressant !! Tu recommandes donc ce livre à tous les lecteurs curieux qui ne redoutent pas les longueurs, et les pavés !

Août 2016 - Anne Carrière

Clara l'a lu aussi

27 novembre 2016

Le dernier amour d'Attila Kiss, Julia Kerninon

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"Je ne savais rien de l'amour, mais je connaissais son absence [...]"

Nous sommes à Budapest. Attila Kiss a 51 ans et après avoir vécu une vie maritale enfermante au sein d'une famille mafieuse, avoir fait trois filles à sa maîtresse, il vit seul, loin de son ancienne vie. Il est travailleur de nuit dans une usine de poussins et passe ses journées à peindre. Rien ne le disposait donc à rencontrer Théodora, 25 ans, fille d'un célèbre ténor et riche héritière. Et pourtant, tous les deux se rencontrent, s'aiment, d'un amour au début à la fois emprunté et désordonné...

Ce court roman est d'une écriture magnifique. D'ailleurs, j'en ai sciemment ralenti la lecture pour mieux la savourer. Julia Kerninon sait effectivement décrire la rudesse et la beauté des sentiments avec brio. Ses personnages sont imparfaits, maladroits, étonnés, touchants. Ils se font un peu la guerre, sur des questions d'histoire, de vécu, de personnalités. Mais cet amour, quoique impossible, quoique socialement voué à l'échec, gagne. Lire ce petit livre est un petit moment de grâce auquel j'affuble un coup de coeur tendre. J'en garderai de belles images, des décors, et de longues phrases superbes. N'hésitez pas à le dénicher.

Editions Le Rouergue - 13.80€ - Janvier 2016 - Merci ma bibli !!

Une façon intelligente et originale de traiter le sentiment amoureux pour Jostein Une jolie confirmation après la réussite de son premier roman pour motspourmots

19 février 2017

La Vie rêvée de Virginia Fly, Angela Huth

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De Angela Huth tu avais déjà lu L'invitation à la vie conjugale... dont tu avais aimé le propos, ce regard lucide et léger sur des femmes au foyer désespérées... Alors, lorsque Babelio t'a proposé ce nouveau titre, avec cette délicieuse couverture, dans le cadre d'un Masse critique privilégié, tu n'as pas pu résister. Même si un autre roman d'Angela Huth t'attend depuis des lustres dans ta PAL... Et le livre est arrivé tout pimpant dans ta boîte aux lettres, au terme d'une journée sur Nantes particulière, où tu t'es à la fois occupée de ta santé, et a dévalisé les boutiques... Mais de quoi s'agit-il ? Virginia Fly est une jeune institutrice de 31 ans. Elle vit chez ses parents et est encore vierge. Mais comme l'indique son nom (idée élégante qui t'a fait sourire), la vierge Virginia voudrait bien sortir de cette situation, s'envoler enfin vers des plaisirs troublants. De l'amour, elle ne connaît que ce baiser violent reçu à 13 ans, et des rêves sensuels qui lui font entrevoir une volupté intense enviable. Pour perdre sa virginité, elle compte sur l'arrivée imminente à Londres de son correspondant américain Charlie, qu'elle n'a jamais vu. Mais également sur ce reportage télévisé, auquel elle participe avec détachement, et qui met en lumière sa situation particulière... Et si jamais quelqu'un était séduit par son sourire ? Parce que les occasions de rencontrer des hommes sont rares, même si il y a ce professeur, plus âgé qu'elle, qui l'emmène régulièrement écouter des concerts, ou ce séduisant jeune homme, Ulick Brand, croisé dans un bar, qui l'intrigue. Que devient la vie rêvée quand elle rencontre le prisme cruel de la réalité ? C'est ce qu'aborde Angela Huth dans ce roman d'une étonnante modernité (il a été écrit en 1972). Mais elle a surtout le talent de décrire avec un implacable humour des personnages à la fois plein d'attentes et défaillants. Tu as aimé les descriptions travaillées de ce pavillon de banlieue où Virginia vit sagement avec ses parents, leur amour bienveillant et enfermant, leurs absurdes habitudes. Tu as aimé l'écriture alerte de l'auteure. C'est un livre que tu as eu hâte de retrouver chaque soir, dont tu as tourné rapidement les pages, qui t'a fait voyager dans Londres, écouter de la musique... Tu as aimé aussi les moments où Virginia l'institutrice veillait sur sa classe studieuse et concentrée, toute occupée à dessiner des couchers de soleil ou des journées colorées... Un livre qui t'a donné envie de sortir enfin de ta PAL Tendres silences, cet autre roman d'Angela Huth, dont tu espères le même plaisir de lecture... 

Quai voltaire - Février 2017

 

25 février 2017

Harry Potter mania

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Tu vantes depuis des années les mérites de la lecture auprès de tes enfants, et souvent en pure perte... Ce n'est pas comme si ils n'avaient pas usé leurs semelles avec toi dans les rayons de tes librairies et bibliothèques préférées... Ce n'est pas comme si tu ne leur avais pas lu des albums époustouflants (voir dans les premières pages de ce blog)... Ce n'est pas comme si tu n'avais pas non plus instauré l'achat du livre du mois pour les obliger/inciter à lire un peu... Bref, tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir, et parfois presque trop... Et tout à coup, un miracle a lieu, un marque-page glissé au milieu d'un roman de John Green, puis dans un autre, des idées qui affleurent plus vite quand vient le choix du livre du mois... Mais tu n'oses rien dire, on t'a bien fait comprendre que l'acte de lire auquel s'adonnait éventuellement ton adolescente en secret était d'ordre privé... Et tout à coup le miracle se transforme en effervescence, ta grande fille (15 ans) s'enferme dans sa chambre pendant des journées entières pour dévorer la saga Harry Potter... étonnant ses parents qui, encore prudents, préfèrent acheter les tomes un par un de peur que la magie ne retombe... Le coffret des films ayant été acquis par ailleurs par ta lycéenne, tu la regardes émerveillée enchaîner chaque tome avec l'adaptation cinématographique, se poser des questions, préférer la version littéraire... Les vacances de février ont été bien remplies... mais chut il lui reste encore quelques tomes à lire... et tu n'as rien dit, hein ! ;)

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  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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