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Les lectures d'Antigone ...
Ardoise magique

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Ben oui, à mon tour, j'ai craqué !

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2 mai 2016

Le reste de leur vie, Jean-Paul Didierlaurent

lerestedeleurvie

"Mettez-nous encore quatre Dragibus, six Schtroumpfs, deux Cocobat, un Acidofilo cola et... deux Oeufs au plat. Non, attendez, non, mettez un seul Oeuf et ajoutez plutôt un Dentier Dracula."

Manelle est aide à domicile. Elle reste à peine une heure chaque jour chez les personnes âgées chez qui elle travaille, et entretient avec eux des relations plus ou moins amicales. Avec Samuel, c'est différent, lui elle l'embrasse, malgré les interdictions du règlement, et reste une fois par mois déjeuner avec lui. Au dessert, il y a toujours une forêt noire, elle ne sait pas vraiment pourquoi, c'est comme ça. Elle ne connaît pas encore Ambroise, thanatopracteur de son état, qui vit chez sa grand-mère et a du mal, à cause de son métier, à trouver l'amour. Il est également fâché avec son père, le grand ponte, spécialiste du cancer, prix Nobel, mais ça c'est une autre histoire. En attendant, un voyage vers la suisse va rassembler tout ce petit monde, un voyage à l'objectif pas très gai, mais aux conséquences assez inattendues...

Jean-Paul Didierlaurent nous conte là une bien jolie histoire. Et j'ai aimé retrouver dans ce nouveau roman les rares petites piques de fantaisie et d'ironie qui m'avaient séduites dans Le liseur de 6h27. Pour autant, je dois être honnête, malgré les qualités évidentes de ce roman, la déception est un peu au rendez-vous. Il m'a semblé en effet que ce récit là était un peu convenu, moins ambitieux que le précédent, moins original dans les détails, trop plein de bons sentiments. L'auteur a cependant un certain talent pour croquer la vie de son aide à domicile, et les détails justement y sont assez justes et précis. Il en est de même pour le métier qu'exerce avec passion Ambroise, très documenté. Je ne sais pas, je crois que j'ai du mal, sans doute parfois, avec les trop jolies histoires. J'aurais aimé que ce livre soit un peu plus corrosif, ... oui voilà qui m'aurait plu davantage.

Editions Au Diable Vauvert - 17.50€ - Mai 2016

J'ai beaucoup pensé en lisant ce livre au film de Stéphane Brizé sorti en 2012 Quelques heures de printemps... vu en octobre dernier, peut-être donc alors une histoire de comparaison...  

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7 juillet 2016

Concours et pause

Mon blog se met pour quelques jours en vacances, le temps de profiter du soleil revenu et de la famille, mais il y a toujours des cadeaux à gagner ici [clic]. Ci-dessous, vous pouvez découvrir quelques éléments du contenu des boîtes en jeu. Pour l'instant, la boîte littéraire est très demandée... mais la boîte brico/zen n'est pas mal non plus. Bonnes lectures et à bientôt !! ;)

Pictures17-001

Petite info de dernière minute (le 08/07/2016)... Je viens de recevoir les surprises promises par le livre de poche pour vous gâter. Grand merci à eux c'est magnifique !! Je vous en parle plus longuement après le week-end du 14 juillet. Elle est bien cette boîte littéraire... ;)

LIVREDEPOCHE

16 novembre 2016

Annie Sullivan & Helen Keller, Joseph Lambert ~ La BD du mercredi

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 "Elle m'interroge sur le ciel, le jour et la nuit, l'océan et les montagnes"

Helen Keller devient aveugle et sourde à l'âge de dix-neuf mois, sans doute des suites d'une méningite. Etant sourde, elle ne communique pas non plus par la parole. Nous sommes en 1880, dans l'Alabama. Ses parents sont largement dépassés et font appel à Annie Sullivan, qui est engagée comme gouvernante. Elle vient de terminer ses études à l'Institut pour aveugles. Mal voyante, opérée depuis peu, elle a appris la langue des signes et va tenter de l'apprendre à l'enfant. L'éveil d'Helen Keller est extraordinaire et la petite fille va même faire très vite ses premiers pas dans l'écriture...

J'avais lu dans ma jeunesse l'histoire d'Helen Keller, romancée, un livre qui m'avait fortement impressionnée à l'époque. Les premiers contacts entre Annie et Helen sont en effet assez rudes. L'album dont je parle aujourd'hui a éveillé mes souvenirs de lecture, mais a apporté aussi avec lui un élément très émouvant, la retranscription en image, très réussie, de l'apprentissage de la langue des signes et son effet progressif sur l'imaginaire de l'enfant. L'histoire est très centrée sur le parcours d'Annie Sullivan, les institutions plus ou moins salubres dans lesquelles elle a été recueillie et s'est formée. Mais j'ai surtout été absolument fascinée par le talent narratif de Jonathan Lambert. En effet, l'enchaînement de certaines cases sont d'un impact émotionnel fort. Je ne serais pas allée naturellement vers cette BD, la couverture et les dessins n'étant pas spécialement jolis mais je ne regrette pas d'avoir cédé à la curiosité du thème car c'est indubitablement une lecture coup de coeur !

Édition Ça et Là - 22€ - Octobre 2013 - Merci ma bibli !!

La lecture de Jérome - Quelques détails supplémentaires chez Caro

Les autres liens BD du jour sont chez Noukette ! 

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20 janvier 2017

Trois frères, Peter Ackroyd

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Tu as commencé depuis peu un Bullet journal... acheté des crayons de couleurs, ouvert un espace presque secret, fait d'écriture, de dessins et de papier. Et dans cet espace, tu as consacré une page entière à tes lectures de PAL... Alors, il te fallait fouiner dans les entrailles de tes services de presse, donner l'exemple, puisque tu es également l'organisatrice du challenge Objectif Pal (quand même). De tous, tu as donc choisi pour le mois de janvier ce Trois frères, sorti en 2015, parce que depuis le temps que tu reçois des livres des Editions Philippe Rey, tu sais leur qualité, qu'ils ne te décevront pas. Dans ce roman, très vite, tu rencontres ces fameux trois frères, mais surtout leur père, plein d'ambition littéraire, contraint par le mariage, et les trois naissances qui vont suivre de prendre un poste de veilleur de nuit. Un jour, la mère des trois garçons disparaît. Aucune explication ne sera donné aux enfants (ni au lecteur d'ailleurs). Les petits se retrouvent ainsi contraints de s'élever seuls. Ils ont des caractères très différents. Harry est frondeur, Daniel plus posé et studieux, Sam est trop rêveur... Et ce qui te surprend le plus dans ce récit, au fil de ta lecture, ce que tu rediendras, bien plus que l'évolution vers l'âge adulte de ces trois enfants, c'est la part de mystère et d'onirisme qui y plane... assez étonnante, dans un récit par ailleurs plutôt classique. Il se passe de drôles de choses dans les brumes de ce Londres d'après-guerre, des complots, des ambitions, des désirs cachés... et comme promis ce roman te promène jusqu'à sa fin avec facilité, classe et cynisme. Tu devines assez vite que l'équilibre des vies que tu croises dans ce livre est fragile, que quelque part, un narrateur omniscient (Dieu ? Les nonnes de Notre-Dame-des-lamentations ?) soupèse les âmes et valide ou non leur existence... Et tandis que tu rédiges ce billet, relis la dernière phrase du roman, tu te rends compte que s'explique là tout son fil rouge... Mais oui, bien sûr !! Bien joué Mr Ackroyd.

Editions Philippe Rey - Janvier 2015

objectif pal

11 janvier 2017

La Fin du monde, Tirabosco et Wazem

lafindumonde

Parfois les lectures se parlent et se répondent... alors tu n'as pas été vraiment étonnée de retrouver dans cet album un univers ésotérique (déjà côtoyé ici) qui mène une jeune fille trentenaire vers une vieille femme, puis vers son père, et permet aux personnages de se libérer de leur passé. Il pleut beaucoup dans cet album en bleu foncé et blanc. Les cases sont sombres, resserrées, l'univers inquiétant. C'est d'ailleurs un peu la fin du monde. Il faut dire que le père de notre jeune héroïne est dans le coma, et que cette jeune femme qui passe habituellement tout son temps au ras du sol pour fuir dans ses pensées, éprouve tout à coup le besoin de se rendre dans sa maison d'enfance, pour nourrir un chat. Là-bas, il y a une pièce interdite, un chat donc, une vieille femme un peu bizarre qui s'invite, et beaucoup de secrets... Et toi tu ne sais pas pourquoi tu as particulièrement aimé cet album là dans le tas emprunté en bibliothèque, mais tu sais que tu as été émue, malgré toi, par cette belle histoire... qu'elle t'a rappelée quelques films d'animation japonais connus (Ponyo sur la falaise par exemple)... et que parfois la magie tient à peu de choses, à une case qui te fait monter les larmes aux yeux... à une ombre, à une phrase, à une image. 

Editions Futuropolis - Août 2008

Ceci est ta BD du mercredi... tous les autres liens sont aujourd'hui chez Noukette [clic]

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2 mars 2017

Les examens de conscience, Stephen Grosz

lesexamensdeconscience

Tu as déniché ce titre dans ta pile de livres à lire... sans vraiment savoir de quoi il retournait (en fait tu avais oublié), mais peut-être seulement en raison de cette peinture en couverture, celle de Magritte, de ce clair obscur improbable qui t'intrigue toujours et qui signifie qu'il ne faut pas se fier aux apparences mais lever un peu les yeux, et chercher au-delà du premier regard... En réalité, tu apprends rapidement par la quatrième de couverture, et l'avant propos, que Stephen Grosz est psychanalyste. Il exerce à Londres depuis plus de vingt-cinq ans. Et ce livre est un recueil de quelques unes des séances qu'il a conduites avec ses patients. Il parle ici de quelques cas significatifs, avec bienveillance... sans chercher le sensationnel. Ce livre parle... [...] de notre désir de parler, de comprendre et d'être compris. Ce livre dit aussi comment on s'écoute les uns les autres, et pas seulement par les mots qu'on se dit, mais aussi par les vides entre les mots. C'est quelque chose qui habite notre quotidien : on frappe contre un mur, et on écoute. Tu pensais, en tant que lectrice, t'ennuyer un peu dans cet exercice, mais au contraire... comme il est intéressant de constater que la solution des angoisses se tient parfois dans les détails innocents d'un rêve, d'un souvenir, d'une parole, d'une habitude. Et le praticien mène l'enquête, conjointement avec son patient, tous les deux avides du même désir de changement et de guérison... Tu as beaucoup aimé parcourir ces tranches de vie, tu as souri souvent... Ce titre fait étrangement du bien, il apporte, il donne quelques clés pour qui aurait par hasard des serrures à ouvrir... Comme The Guardian, tu l'as trouvé doux, intense et croustillant. Et comme The New Yorker, haletant comme un polar... pour une fois que tu es en accord avec des citations dithyrambiques, profitons-en. 

Editions Slaktine et Cie - Mars 2016

15 août 2011

Les cris, Claire Castillon

Tout s'éclaire, je me demande si la lumière ne vient pas de mon oeil.

lescris

"Trahison, déception, suite au chant de l'amour, je savais que ça viendrait. C'est là et ça me soulage. Adam décevra, m'étais-je dit ; c'est fait. Pulvérisée, je cherche à me reconstituer. Intégrale, intègre. Moi seulement, je le veux. Repasser toujours derrière le travail de l'homme. Me remettre. Me suffire."

Il y a rupture, entre Adam et "elle", sans panache, sans éclat. Il y a crise. Adam en profite d'ailleurs pour déclarer qu'il ne sait pas si il l'aimait vraiment elle, ou si c'est la mousse autour d'elle qu'il aimait avant.
Elle, elle est cette femme écrivain, de caractère, à la personnalité socialement intéressante dont il pouvait être fier de tenir le bras.
Elle, elle découvre que l'homme est un objet qu'elle avait longtemps espéré, un passage comme un autre, mais que c'est le monstre textuel (celui qui l'amène à l'écriture) qui vit en elle qui a de l'importance à présent, qui la dirige, qui est sans doute son véritable amant, un amant violent et autoritaire.
De cette rupture naîtra un livre, dans la douleur et la jouissance, elle se le promet.

"Vous n'y pouvez plus rien, dit le monstre textuel, alors laissez-vous faire : j'écris profond en vous ma petite, j'écris comme ça, c'est en vous que j'écris, ne luttez pas."

Attention, chez Claire Castillon, point de bluettes, le ton est aux cris, intérieurs on s'en doute, jetés sur le papier, et à l'écrit (jeu de mots avec le titre ?)... Qui aura le dessus ? Cette faible femme qui vit finalement bien plus mal sa rupture qu'elle ne le clame ou bien le monstre qui vit en elle et qui a décidé de diriger sa main. Il attendait son heure. Nous, on attendra le mot fin pour connaître le vainqueur de cette bataille rangée qui nous donne au passage de bien belles phrases, et tout un tas de pages cornées.
Attention aux coeurs sensibles, vocabulaire évocateur et réglements de compte sont aussi au programme ! 

heart Coup de coeur ! - Edition du Livre de Poche - 6€ - Mai 2011

Explication de texte par l'auteure elle-même en cliquant [ici], émission 1 livre un jour du 22/01/2010...

20 novembre 2011

Les enfants de la veuve, Paula Fox

lesenfantsdelaveuve"Laura lança un sourire radieux à sa fille, et elles étaient alors si près l'une de l'autre que, derrière les lèvres pleines de sa mère, Clara distingua non seulement ses grandes dents légèrement jaunes, mais la salive qui tremblotait sur sa langue. Cette vision intime du corps maternel la stupéfia à tel point qu'elle en oublia une seconde de qui Laura riait."

Laura et Desmond ont décidé de réunir leur proches avant leur départ pour l'Afrique. C'est une tradition, avant chaque départ, ils les réunissent. Il y a là le tendre frère de Laura et excentrique homosexuel Carlos, Peter l'ami éditeur et Clara, la fille de Laura. Le temps d'une soirée, chaque personnalité se jauge et évite de se dévoiler, parlant de tout et de rien, riant sans raison, cherchant le sujet de conversation qui vexera le moins Laura, comme toujours promue reine de la soirée. Desmond se saoule lentement, Laura pérore, Carlos a hâte de partir, Peter est amer et Clara est pleine de terreur... Plane sur l'assistance réunie l'ombre culpabilisante d'Alma, la mère et grand-mère, la veuve, logée dans une maison de retraite dans laquelle elle devient peu à peu un fantôme. Demain, c'est promis, ils lui rendront visite, demain.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui exploite avec talent l'art de la confrontation familiale. En 24 heures et à peine trois lieux, on en apprend énormément sur ce qui lient ces gens réunis ici artificiellement. Rancoeurs et jalousies ont la part belle et c'est tant mieux, car on s'en amuse, on attend l'explosion, l'accident, le mot de trop, la faille qui déchirera tous les faux-semblants.  
Une lecture qui a la dimension d'un classique et dont la qualité évidente m'a bluffée.
Parions que ce n'est pas ma dernière lecture de Paula Fox.

Editions Folio - 6.20€ - Avril 2011 - Merci ma bibli !!

Un billet tentateur chez Enfin Livre

19 mars 2012

La page blanche, Boulet et Pénélope Bagieu

LAPAGEBLANCHE"J'ai beau chercher, il n'y a rien. Pas de cause, pas de raison."

Un jeune femme est assise sur un banc. Tout commence là. Elle lève la tête et se demande ce qu'elle fait là, comment elle s'appelle, où elle vit. Tout s'est effacé dans sa tête, plus rien, c'est la page blanche... De pas en pas, enquêtant sur elle-même, Eloïse retrouve son appartement, son travail de vendeuse en librairie, ses amis, les traces de sa famille mais pas qui elle était réellement... Echaffaudant des scénarios plus farfelus les uns que les autres, il faudra bien qu'Eloïse se rende à l'évidence que la vérité est bien plus simple et détestable qu'elle ne le souhaiterait...

Mais que cette BD est bien !! J'ai adoré. Avec intelligence, finesse et humour, les deux créateurs de cet album se sont ligués pour nous dresser un portrait pas très très flatteur des solitudes modernes et de la culture clé en main. J'ai tout aimé, de la noirceur de cette histoire à la fin optimiste et solaire, la réflexion sous-jacente également qui en parcourt les pages. Les dessins de Pénélope Bajieu, remplis de fraîcheur, collent parfaitement au contenu des bulles. Une très bonne surprise, excellente même !! Enthousiasmée, je suis.

heart Editions Delcourt - 22.95€ - 18 janvier 2012 - Merci ma bibli !!!

Vos lectures... Drôle et intelligent pour La Soupière qui vous offre aussi quelques planches - La lecture de George - Celle de Moka - L'irrégulière a adoré aussi !

21 juillet 2015

Amorostasia, Cyril Bonin

amorostasia

 "Je ne suis pas du genre à succomber à une jolie frimousse. Et puis, avec ou sans Amorostasie, l'amour est bien une maladie, une maladie qui rend dépendant et malheureux. Alors non merci très peu pour moi."

Un étrange mal sévit à Paris depuis quelques temps. La première victime s'est figée alors qu'elle lisait une lettre la demandant en mariage. Puis, un couple dans une voiture, se retrouve dans le même état catatonique en s'échangeant un baiser. L'amour serait-il devenu dangereux ? Olga est journaliste, elle enquête. Mais l'Amorostasie prend de l'ampleur, divise les couples qui ne se figent pas, met à l'index les jolies filles, rend tout le monde fébrile et extrêment suspicieux. Dans un pays où chacun se méfie dorénavant de ses sentiments, Olga se sent seule, et mal aimée...

Allez, je suis en veine du côté des BD. J'ai donc continué sur ma belle lancée avec celle-ci, qui est une jolie pioche de bibliothèque. Sa qualité essentielle est évidemment l'originalité de son scénario mais elle aurait aussi pû être son principal défaut. Heureusement, ce n'est pas le cas. L'histoire imaginée par Cyril Bonin est très crédible. Et j'ai été tellement ravie de mon voyage au pays de l'amour à risques que je me suis empressée de réserver le deuxième tome (sorti en février 2015). N'hésitez pas à vous laisser envoûter aussi, à l'occasion.

Editions Futuropolis - 19€ - Août 2013 - Merci ma bibli !!

amorostasia1   amorostasia2

 

Noukette a été conquise, émue [clic] - Sylire était un peu déçue [clic ici]

10 juillet 2015

Vous parler de ça, Laurie Halse Anderson

vousparlerdeça "La première chose dont je me souviens après ça, c'est le téléphone. J'étais debout, au milieu d'une foule alcoolisée, et j'ai appelé la police, parce que j'avais besoin d'aide."

Melinda commence le Lycée sous de désagréables auspices. Ses amis d'hier la fuit comme la peste, ses professeurs sont pour la plupart étranges, et les mots petit à petit s'étranglent dans sa gorge jusqu'au mutisme dans lequel la jeune-fille se fond peu à peu. Sur son bulletin, les notes chutent. Seul le cours de dessin semble encore éveiller en elle de l'intérêt. Mais que s'est-il donc passé ? Melinda trouvera-t-elle le courage de parler enfin, et d'attirer l'attention de quelqu'un, d'un ami, d'un enseignant, de ses parents ?

J'avais commencé ce livre il y a quelques temps déjà, puis je l'avais reposé sans le terminer (ce n'était pas le moment sans doute). Entre temps, ma fille (14 ans) l'a lu. Elle sait que cette collection peut l'intéresser, qu'elle est faite éventuellement pour sa tranche d'âge, et à son âge justement (dans un an elle rentre au Lycée), on cherche à connaître, à savoir ce que vivent les autres, à vouloir se confronter à des histoires plus rudes. Bref, j'avais oublié ce livre. Puis, il y a quelques semaines, nous avons regardé un film toutes les deux (Speak avec Kristen Stewart) et elle m'a dit au cours du visionnage reconnaître un livre qu'elle avait lu. Bon, j'ai pensé à un autre titre qu'elle avait emprunté en bibliothèque. J'ai repris dernièrement Vous parler de ça... et surprise ! ;) Vous l'aurez compris, j'ai reconnu le film à mon tour. Bref, tout cela pour vous dire que de ce roman existe donc une adaptation cinématographique, plutôt fidèle. Et que surtout le parcours de cette jeune fille, qui cache un secret qui la ronge de l'intérieur, est assez intéressant. J'ai été forcément un peu polluée par les images vues précédemment, ce que je savais déjà de l'histoire, mais La belle colère est véritablement une collection bien intéressante, une intelligente collection pour Ados et grandes personnes.

Editions La Belle colère - 19€ - Octobre 2014

La lecture de Cathulu [clic]

Attention, la bande-annonce ci-dessous est très très bavarde... trop.

20 août 2015

Camille, mon envolée, Sophie Daull ... Rentrée littéraire 2015

camillemonenvolee

 "Depuis mon coeur crevé je vais faire ça, raconter ta mort, ta maladie, ton agonie. Du jeudi 19 au lundi 23 décembre ; quatre jours, trois p'tit tours et puis s'en vont. Je vais relater dans le détail ta lutte, ton combat, blitzkrieg, parce que, putain, qu'est-ce que tu as été forte dans cette traversée de la fièvre et de la douleur. Médaillée, croix de guerre."

Comment parler d'un évènement aussi absurde et terrible que celui de la perte de son enfant ? A la veille de Noël. A la veille de ses 16 ans. Après trois jours d'une fièvre implacable, que le corps médical tentait de soigner négligemment avec quelques aspirines, le coeur de Camille cesse de battre. Sophie Daull réussit ce pari, sans trop de pathos, avec juste la bonne dose de délicatesse, de pudeur, de tristesse, d'humour qui permet à ses phrases de dresser le portrait en creux d'une jeune fille adolescente, qui ressemblait à toutes les autres filles de son âge, mais qui était unique pour ceux qui l'aimaient.

Récit d'un deuil, d'un enterrement, ce roman enveloppe, apaise, tente de trouver du baume au coeur. Il envoie tout de même des petits coups dans le ventre qui font brutalement monter les larmes aux yeux. J'ai aimé pour ma part qu'il soit si réaliste, si proche du quotidien, piqueté d'ironie, et que rien ne nous soit épargné de la crudité de ces moments, pendant lesquels, malgré la douleur, la vie ne cesse d'avancer. Un très beau roman, qui n'est pas seulement le témoignage d'une mère endeuillé, mais également le journal d'une survie. 

Editions Philippe Rey - 16€ - 20 août 2015

logo2015

Je participe au challenge 1% rentrée littéraire qui consiste à lire au moins 6 livres de la rentrée littéraire (clic sur l'image pour plus de détails). Challenge : 1/6.

25 août 2015

La Traversée du Louvre, David Prudhomme

latraverseedulouvre

 "On cherche à retenir...
... ce qui ne peut nous appartenir."

David Prudhomme se déplace dans les salles du Musée du Louvre, accroché à son téléphone, en conversation professionnelle, puis à la recherche de Jeanne, sa femme, qu'il ne trouve pas. Autour de lui, derrière lui, partout, des oeuvres et des spectateurs. Il s'interrompt alors dans sa quête veine et commence à observer le ballet des visiteurs, croque des scènes coquasses ou simplement subitement poétiques.

J'ai adoré visiter Le Louvre dans cet album à la fois précis et onirique. On reconnaît au fil des cases des tableaux célèbres mais c'est surtout dans sa faculté de saisir l'instant que David Prudhomme excelle. Tout à coup, les oeuvres sont sur les murs, derrière des panneaux de verre, faits de pierre ou de peinture, mais aussi bardés d'appareils photos, avachis sur des fauteuils, muets devant la joconde, faits de chair et de sang. On ne peut alors s'empêcher de sourire, d'être admiratifs de la finesse d'observation de l'auteur et en fin d'ouvrage on le remercie de nous avoir permis de visiter ce lieu, et d'en avoir grâce à lui également entendu le bruissement.

Editions Futuropolis - 17€ - Juin 2012 - Merci ma bibli !!!

Mo a aimé ce méli mélo visuel - Un très bel ouvrage pour Malice

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25 décembre 2015

A l'origine notre père obscur, Kaoutar Harchi

aloriginenotrepere "Ce courage-là, le courage de faire le compte des mots, des caresses, des baisers qu'on attend, parfois toute une vie, et qui ne viennent pas, je l'ai eu. Et à la première occasion que m'a offerte la vie - je veux parler de la mort de la Mère - je me suis enfuie."

D'aussi longtemps qu'elle se souvienne, elle habite ici, dans la maison des femmes bannies, avec sa mère, seule enfant parmi d'autres mères, punies par la rumeur, et qui attendent docilement l'autorisation de leur époux de rentrer chez elles. Elle ne voit le Père qu'occasionnellement, quand il vient apporter un peu de nourriture, et qu'il reste là à écouter la Mère l'assurer de son innocence, lui demander de la reprendre. Elle grandit avec l'image des mains du Père qui déposent des paquets, avec la distance que sa mère met entre elles deux, petit à petit... avec tout ce qui lui manque, l'étouffe, et vide son corps frêle d'adolescente.

Ce roman, que j'ai dévoré, est une très belle fable dont j'ai apprécié je crois l'esprit tragique, sensuel et universel. On peut trouver à redire à son style lyrique, mais c'est ce qui m'a plu je pense en fait ici, justement, ce lyrisme enveloppant des phrases de Kaoutar Harchi. Dans la recherche du père, dans ces pages, il y a un peu de l'Antigone de Bauchau, il y a un peu de l'amour maternel du Au nom de la mère d'Erri de Luca aussi. Un doux moment de lecture... donc.

Editions Actes Sud - 17.80€ - Août 2014

Sylire a beaucoup aimé l'écriture de l'auteure mais a été frustrée par ce roman - La grosse claque de la rentrée 2014 pour Noukette - On touche au beau, au sublime même, pour Leiloona - Stephie a été gênée par l'incohérence du style/origine sociale des protagonistes

21 décembre 2015

La Vie amoureuse de Nathaniel P., Adelle Waldman

lavieamoureusedenat "Hannah agrippa la bouteille de vin avec ses deux mains. Une petite ride se creusa entre ses sourcils. Un instant, Nate la vit sous un jour inconnu - vulnérable, en manque d'affection. Sa culpabilité se teinta d'agacement. Pourquoi en faire un drame ? De quel droit ? Pourquoi devrait-il se sentir mal à l'aise juste parce qu'il n'était pas d'humeur à se plier à un rendez-vous romantique un mardi soir ? Il avait envie de lire. Ou de s'amuser en ligne. Et alors ?"

Nate est devenu un auteur reconnu dans le milieu littéraire très fermé de New York. Mais sa vie amoureuse est un échec. Cependant, il ne s'en formalise pas. Ce n'est pas comme si il n'avait pas déjà essayé, avec Kristen ou dernièrement avec Elisa. Il ne comprend pas vraiment d'ailleurs pourquoi cette dernière s'accroche encore à lui. Leur essai d'amitié est de toute évidence un échec et Nate vit avec désagrément ce sentiment de culpabilité qu'elle provoque chez lui. Il est bien mieux seul, dans son appartement négligemment entretenu, à écrire son livre, et à voir à l'extérieur ses amis de temps en temps. Séduire est distrayant, le reste, la vie à deux, provoque très vite l'ennui chez lui. Mais pourtant, et si Hannah était différente ? La jeune femme, qu'il vient de rencontrer, le bouscule dans ses certitudes.

Il est assez étonnant de prendre du plaisir à la lecture d'un titre dans lequel le héros est à ce point irritant, cynique et franchement antipathique. Mais il vend très bien au lecteur cette hypothèse qu'il l'est seulement à son corps défendant, trouvant normal de traiter les femmes qu'il fréquente avec distance, et un brin d'arrogance, n'est-ce pas ? Je ne sais pas ce qui m'a plu dans ce roman, le fait peut-être d'aimer détester Nathaniel P. Et puis c'est un peu comme regarder un vieux Woody Allen. Le héros d'Adelle Waldman, est en effet bavard, un peu imbu de lui-même, mais également un observateur minutieux et critique de ses contemporains.

Editions Points - 7.50€ - Septembre 2015

Une lecture pénible sur le blog de blablablamia - Cathulu a manqué d'empathie mais a pris du plaisir avec l'humour vachard de ce roman !

23 mai 2016

Max et les poissons, Sophie Adriansen

maxetlespoissons

 "A mon avis, la mère de Lisa et Sophie se trompe. Demain, il ne va rien se passer d'autre que mon anniversaire.
Et j'ai hâte d'y être. Il fait nuit, plus qu'un sommeil et j'y suis."

Max a reçu un poisson en récompense à l'école, il a eu le prix d'excellence, un poisson rouge auquel il s'attache tout de suite et prénomme Auguste. Il a aussi une étoile jaune sur sa poitrine, ses camarades disent qu'elle pue. Nous sommes à Paris, à la veille d'une rafle mémorable, celle du Vel' d'Hiv, le jour qui précède le 16 juillet 1942. Mais demain, c'est surtout l'anniversaire de Max, et il ne peut rien arriver de grave un jour d'anniversaire... n'est-ce pas ? Pour autant, rien ne se passe comme prévu le jour J, les adultes ont de drôles de mines toutes tristes, il faut quitter la maison, laisser Auguste, le stade où ils passent la nuit n'est pas vraiment confortable, sans parler de ce bâtiment en forme de U à Drancy...

Je connaissais surtout Sophie via son blog [clic], je la découvre écrivain. Ce petit livre, conseillé à partir de 9 ans, est très émouvant, mais surtout très sobre et respectueux. Il se met à la hauteur d'un enfant de huit ans. Il permet je pense une approche en douceur de ces évènements de la seconde guerre mondiale auprès des plus jeunes, et peut être l'objet d'une foule de questionnements sur le port de l'étoile jaune, les rafles, le départ vers l'inconnu, ces enfants sauvés et cachés pendant la guerre, ceux qui ne sont pas revenus... Je vais le déposer sur la petite étagère que je destine à mes enfants, en espérant qu'ils aient la curiosité de l'ouvrir. Ma fille avait déjà été très impressionnée par sa lecture du Journal d'Anne Frank. La couverture est magnifique. C'est un petit livre essentiel à partager largement.

Editions Nathan - 5€ - Février 2015

Poignant et nécessaire pour Noukette - Un témoignage à hauteur d’enfant, tout en douceur et en délicatesse, qui se révèle bouleversant pour Jérome - Pour George c'est un livre pédagogique qui peut éclairer à la fois le passé et le présent - Une réussite pour Hélène - Un indispensable pour l'irrégulière !

1 juin 2016

Branques, Alexandra Fritz

branques

 "Car la norme est obligatoire pour vivre en société"

Ce roman nous plonge dans l'univers particulier d'un service en hôpital psychiatrique, via les voix de Jeanne, Isis, Tête d'Ail et Frisco, des résidents... Jeanne tient un journal, elle est la voix principale de ce récit, elle essaye d'analyser ce qu'elle voit, de porter un regard objectif sur elle et sur les autres, de savoir pourquoi et comment tout cela est arrivé, sa présence dans ces lieux. Elle est prise au piège, chambre 203, jamais deux sans trois. Les autres tentent de gérer leurs émotions, le mieux qu'ils le peuvent, acceptent ou non les rencontres, les échanges. C'est ce qui est confortable soudain, plus de normalité, plus de conventions, plus de jugements... l'impolitesse est possible.

Branques est un premier roman assez étonnant qui se picore sans précipitation. D'ailleurs, j'ai mis du temps à le lire... Il recèle de très beaux moments d'écriture, de fabuleux moments que l'on aurait envie de noter et de garder pour soi pour plus tard. Le journal de Jeanne est un délice. En effet, se pose très vite la question avec elle de qui est fou ? Malgré cela, ce n'est pas un écrit très facile à appréhender. Il y a du flou dans Branques, du désordonné, qui peut aussi désarçonner. Nous passons d'un personnage à un autre, d'un instant émotionnel à un autre, sans trop comprendre, ou savoir, quel fil narratif suivre réellement. J'ai apprécié l'écriture mais je me suis un peu perdue dans ce petit livre écarlate. A demi conquise et persuadée, donc.

Editions Grasset - 17€ - Mars 2016

Lu dans le cadre du challenge Premiers romans... 

68premieresfois

 Un véritable plaidoyer à vivre follement pour Sabine enthousiaste - Une écriture et une construction littéraires intéressantes pour Cécile - "Parfois le lecteur se sent perdu, égaré dans la logorrhée d'un patient et au moment où il va lâcher prise, une phrase d'une beauté et d'une sensibilité à pleurer le rattrape par le colbac." pour Albertine - "Mais ces trois là, entraînant dans leurs déraison, sont follement lucides"... Anita - Une lecture peu commune et un bon premier roman pour Nathalie - "Choc frontal pour ce premier roman court, intense, serré, parfois trop..." pour Catherine - Nadine s'est ennuyée - Virginie n'a pas du tout accroché - Décousu mais très fort pour Joelle - Geneviève n'est pas prête d'oublier Branques - Un livre pas fait pour Anne ! 

1 juillet 2016

Mon blog a dix ans cet été et vous offre des cadeaux !

concours

Vous vous souvenez des swaps qui ont fait les grandes heures des blogs littéraires il y a quelques années ? Je vous propose un peu dans le même esprit de gagner deux lots de cadeaux sur mon blog cet été, pour fêter donc les dix ans de mon blog, qui s'est tour à tour appelé @antigone (sur blog4ever), Un jour je serai grande ou Les écrits d'Antigone (sur Canalblog). Et dire qu'au début je pensais ne rien avoir à dire...
Pour participer et gagner une des deux boîtes (élaborées par mes soins), il suffit de s'inscrire en commentaire juste en dessous, pour l'une des deux box, ou les deux, selon vos envies (merci d'inscrire le nom de la boîte pour que votre participation soit prise en compte). Vous avez jusqu'au 30 juillet 2016 minuit. Deux mains innocentes effectueront ensuite le tirage au sort pour un résultat prévu début août ! 

Trois éditeurs ont répondu favorablement à mes sollicitations. Je les remercie chaleureusement pour leur réponse enthousiaste et leur générosité !! Ils me permettent de vous gâter. Sans vous, vos lectures et vos commentaires, votre présence souvent quotidienne, ce lieu n'existerai pas. 

niterrenimer2

La boîte littéraire contient notamment Ni terre ni mer, le merveilleux roman d'Anne Von Canal, un gros coup de coeur de lecture édité chez Slaktine et Cie (éditeur partenaire) - un roman de chez Le livre de poche (éditeur partenaire) - une petite fille rouge, et plein d'autres surprises... dont je vous dévoilerai la nature petit à petit au fil du mois de juillet sur ce blog, mais également sur les réseaux sociaux. 

 

 

vivezlebonheurLa boîte bricolage/détente contient notamment Un coffret CD Audiolib Vivez le bonheur ! par Sylvie Roucoulès (éditeur partenaire) - un chat - et des surprises... dont vous découvrirez également la nature petit à petit au fil du mois de juillet...

8 juin 2016

Gaspard ne répond plus, Anne-Marie Révol

gaspard

 "Jadis, les miens se retrouvaient le soir pour une veillée autour du chef, de l'ancêtre ou du sorcier."

Gaspard participait au jeu de téléréalité Un jour j'irai à Shangaï avec toi et voici qu'il tombe malencontreusement du camion qui les transportait, lui et sa comparse Cindy. Personne ne se rend compte de rien, le camion continue sa route, tout le monde dort à l'arrière du véhicule. Grièvement blessé, Gaspard est récupéré au bord de la route par des individus, puis amené dans un village à l'écart de toute civilisation. En France, la nouvelle se répand vite de la disparition du jeune homme, la chaîne Sparkle TV est en émoi. Il faut retrouver Gaspard, surtout que sa mère, Eulalie, les menace d'un énorme scandale. Dans son village retiré, Gaspard se familiarise lui avec une étrange femme, My Hien, venue en son temps de France avec son fiancé Hubert, aujourd'hui disparu. La lecture du journal de ce dernier sera pour Gaspard source de réconfort et le nid d'une somme d'étonnantes révélations.

J'ai passé un moment très agréable en compagnie de ce livre léger par le ton mais dense par son contenu. Gaspard ne répond plus est un véritable roman choral qui nous fait voyager, entre la France et le Vietnam, mais également dans le temps. Car en effet, chaque personnage (d'une galerie haute en couleurs) est amené à raconter son histoire, à comprendre, à réfléchir sur les liens qui le lie aux autres et à sa destinée. En toile de fond, les maîtres de la téléréalité s'époumonent en vain, essayant de contrôler et de rentabiliser l'humain. J'ai pensé assez souvent lors de ma lecture à un calme et serein Rendez-vous en terre inconnue qui serait en concurrence avec un Pekin Express exalté. Voici une lecture amusante et distrayante, un bon gros pavé de plage, un roman feel good, que je conseille d'emporter avec soi dans sa valise cet été.

Editions JC Lattès - 21.50€ - 11 mai 2016

Anne-Marie Revol signe ici son premier roman. Elle avait reçu le prix Elle pour son témoignage paru en 2010 Nos étoiles ont filé [Ma lecture ici]

26 juin 2016

A l'orée du verger, Tracy Chevalier

aloreeduverger

 "Je vais vous raconter ce que j'ai fait, poursuivait Sadie, s'adressant au groupe de femmes. Il nous restait simplement quelques pommes de table, et je les ai toutes mises dans une tarte !"

Au début du XIX ème siècle, aux Etats-Unis, les Goodenough se sont arrêtés sur cette terre boueuse de l'Ohio parce qu'il leur semblait impossible d'aller plus loin. Ils y ont construit leur maison, leur potager, ont été obligés de se battre contre les arbres, la fièvre des marais, ont perdu des enfants, planté des pommiers. Pour que leur installation soit entérinée dans les faits, leur verger doit compter au moins cinquante pieds. James met beaucoup d'énergie, et de doigté, dans la culture de ses pommiers. Sadie, elle, a sombré dans l'alcoolisme, ne se résignant pas à leur vie, à la perte de ses enfants, à ce qu'elle est devenue. Les aînés, Robert et Martha, portent un regard froid et résigné sur leurs parents. La famille a de temps en temps, la visite de John Chapman, qui leur vend des plants et circule en canoë. Le drame qui survient un jour était prévisible. Il séparera les frères et soeurs. Robert prendra la route de l'Ouest, et exercera beaucoup de métiers avant de lui aussi être pris par la passion des arbres...

Ce roman a été dès ses premières pages une pause dépaysante parmi mes lectures précédentes. Cela vient de son ton, un peu désuet sans doute, de son écriture relativement classique, et puis aussi de son atmosphère particulière, à la fois rude et apaisante, qui raconte la vie difficile et le courage des pionniers. Au début du récit de Tracy Chevalier, il est beaucoup question de pommes et de pommiers, et de tout ce qu'il faut faire pour les greffer, les entretenir et les faire fructifier. La guerre entre les époux Goodenough est à la fois violente et fascinante. Puis, dans la seconde partie du texte, qui semble au départ constituer de manière assez désarçonnante un nouveau récit, il est surtout question de botanique, et de tout ce qui a existé réellement comme commerce de graines et de plants partant des Etats-Unis vers l'Angleterre. Nous suivons alors plus particulièrement un Robert taiseux et circonspect. Tout cela m'a rappelé des lectures adolescentes et romanesques très appréciées, et m'a passionné, malgré le déséquilibre évident du texte et un parti pris narratif un peu déroutant (lettres insérées et ellipse de dix-huit ans en plein milieu du roman). Une lecture, de mon point de vue, captivante.

Editions Quai Voltaire - 22.50€ - Mai 2016

Un roman profond, implacable, délicat, et quand même parfois aussi, un peu déstabilisant pour le blog blablablamia - Clara est passée à côté - Gwenaelle a aussi l'impression d'être restée en dehors - Keisha a beaucoup appris mais a trouvé ça parfois un peu longuet et a été gênée par la première partie et le conflit entre les époux Goodenough - Le billet très complet de Papillon qui n'a pas été tellement emballée...

POMMES

(pommier de mon jardin)

18 août 2016

Voici venir les rêveurs, Imbolo Mbue ~ Rentrée littéraire 2016

voici venir les rêveurs

"Quels étaient ses choix ? Que faire pour rester ? Rien, sauf implorer la clémence du juge, lui avait dit Boubacar."

Jende et Neni sont prêts à pas mal de sacrifices pour pouvoir rester en Amérique. Venus du Cameroun avec un visa pour trois mois, leur rêve est d'obtenir la Green Card et d'offrir à leur fils Liomi un avenir. Jende trouve finalement un travail de chauffeur chez les Edwards, tandis que Neni entreprend des études avec brio et ténacité, son objectif étant de devenir pharmacienne. Les Edwards, les employeurs de Jende, s'avèrent généreux et agréables. Une complicité particulière, mêlée de pudeur et de respect, nait peu à peu entre ces personnes que tout oppose. Jende et Neni gardent leurs distances mais s'attachent au fil du temps aux fils du couple Edwards et entrevoient peu à peu l'avenir sous un jour heureux. Le rêve américain ne serait donc pas un mythe ? New York offre à Jende et Neni ses plus beaux atours. Et puis la crise des subprimes arrive, et Monsieur Edwards, employé chez Lehman Brothers, est touché de plein fouet. Tout s'écroule. C'est la sidération. Mais les prémices étaient déjà là, dans les conversations entendues, dans la fragilité de Madame Edwards, dans les envies de fuite de leur fils Vince et la tendresse désespérée de Mighty. Comment rêver encore d'Amérique alors que le service de l'immigration profite de ce moment tendu pour toquer à la porte de Jende et Neni ?

Ce premier roman, traduit de l'anglais (Cameroun), est une des bonnes suprises de cette rentrée littéraire. L'éditeur l'inscrit dans la lignée d'Americanah de Chimamanda Ngozie Addichie (que je n'ai pas encore lu mais qui a connu un grand succès). C'est un roman qui se lit avec facilité et enthousiasme, le lecteur se sentant galvanisé par la détermination de ce couple qui oeuvre pour son avenir et est persuadé de trouver à New York un destin meilleur que celui qui l'attendait au pays. J'ai aimé qu'Imbolo Mbue sache à la fois accorder une certaine réalité au rêve américain, elle qui a suivi le même chemin que ses personnages et a pu faire ses études aux Etats-Unis, et en montrer avec lucidité les travers et limites. On s'attache aux personnages, à leur tendresse, à leurs défauts, à leurs erreurs. J'ai particulièrement eu de l'empathie pour Neni et sa volonté farouche de ne pas baisser les bras quoiqu'il arrive. Une lecture pleine de richesse !

Editions Belfond - 22€ - 18 août 2016

Un grand merci à Belfond et à Babelio pour l'envoi de ce titre !

tous les livres sur Babelio.com
27 août 2016

A la fin le silence, Laurence Tardieu ~ Rentrée littéraire 2016

alafinlesilence

"il m'a fallu tant de temps pour apprendre à vivre avec mon corps combien va-t-il m'en falloir pour apprendre à vivre avec un corps poreux"

Alors que la narratrice s'apprête à se séparer de sa maison d'enfance et à écrire sur elle des pages qui lui permettront d'en commencer le deuil, l'attentat du 7 janvier 2015 est perpétré contre Charlie Hebdo. Comme tout le monde, elle ressent une immense sidération, de la peur, du chagrin, mais surtout l'impression que le monde a pris possession de son corps devenu poreux. Que faire d'autre qu'écrire sur ça, sur la succession des attentats, cette impression que cela ne cessera dorénavant jamais, que le quotidien a soudain changé de visage ? Et puis elle est enceinte, de son troisième enfant, et l'intérieur et l'extérieur se répondent pour chercher un sens au chaos.

Je suis Laurence Tardieu depuis longtemps. Ses mots ont toujours été une source d'interrogation, d'inspiration et d'émotion particulière. J'ai eu la chance de la rencontrer, de l'écouter, et de lui parler. Elle est une personne sensible, lumineuse, impressionnante de douceur naturelle, que l'on a envie de cotoyer plus longuement. J'aime suivre son parcours, être le témoin de son histoire, j'ai aimé la découvrir là dans un moment de tension inhabituel. J'ai été prise par son récit pour ça, pour son regard personnel sur ces évènements dont nous avons tous le souvenir aigu, et pour son désir d'en décortiquer les faits, et l'impact. Il n'est pas toujours facile de trouver le ton juste lorsque l'on a été touché, mais seulement en tant que spectateur impuissant. Le sentiment d'imposture, d'indécence, affleure à chaque mot, et pourtant la douleur est là, réelle, elle est entrée avec la sidération et ne lâchera pas prise si facilement. Mais j'ai surtout été emportée plus loin, comme à chaque fois, par la magie de certaines pages, très belles, qui parlent d'elle et de cette sensibilité particulière que je partage avec elle, celle là même qui nous donne le sentiment d'avancer dans la vie la peau à nue. Combien sommes-nous donc à vivre ainsi ? Ce livre est le récit à la fois intime et universel d'une quête de sérénité, mais également un précieux hymne à la vie.

Editions du Seuil - 16€ - 18 août 2016

laviedevantsoi

La très belle lecture de Leiloona

Un livre acheté chez La Vie devant soi, la très belle librairie indépendante et Nantaise de Charlotte Desmousseaux 76 rue Maréchal Joffre à Nantes. http://www.librairie-laviedevantsoi.fr/ Allez lui rendre une petite visite si vous passez par là.

24 septembre 2016

Le Sanglier, Myriam Chirousse ~ Rentrée littéraire 2016

lesanglier

 "C'est l'amour, se dit-elle. Tout ce qui nous arrive, c'est l'amour. Cette absurdité, c'est l'amour."

Christian et Carole doivent aller déjeuner chez Mamivette, la grand-mère de Carole. Nous sommes samedi, le jour où ils quittent le Plateau, ce coin reculé où ils logent, dans une vieille bicoque, pour faire leurs courses dans le grand centre commercial de la ville la plus proche, quand même à deux heures de route. Le réveil a été difficile, la nuit mauvaise, et dès le début tout part de travers. Carole a envie de faire pipi un quart d'heure après leur départ, Christian a peur d'un rien, s'énerve. En revenant sur le parking du centre commercial, Carole constate qu'elle avait mal fermé sa portière de voiture. Cet incident va déclencher chez Christian des réactions incontrôlables. A quel moment Carole a-t-elle donc perdu le fil de cette journée ?

De Myriam Chirousse, j'avais lu avec passion Miel et vin, en son temps un gros coup de coeur de lecture. Il me tardait donc de lire son nouvel opus de rentrée. Et je ne suis pas déçue car encore une fois c'est un gros coup de coeur ! Pourtant, ce titre est très différent de la fresque qu'elle nous avait précédemment donnée à lire. Ici, l'action se déroule sur une journée, nous sommes la plupart du temps dans le huis clos d'une voiture, où se joue un dialogue entre deux personnages. L'espace temps, les lieux, l'atmosphère, tout est très resserré, et je dirais même oppressant. Et c'est là que Myriam Chirousse est talentueuse. Elle nous tient du début à la fin sur la même note aiguë de tension, qui tranche avec la banalité terne d'un samedi ordinaire à courir les magasins. Ne passez pas à côté, ce livre est génial !

Editions Buchet Chastel - 14€ - 25 août 2016

Coup de coeur aussi chez A Bride abattue - A consommer sans modération pour Clara ! - La lecture de Sandrion qui rencontre bientôt l'auteure.

15 septembre 2016

Otages intimes, Jeanne Benameur

otagesintimes "Faut-il accepter qu'il n'y ait aucun refuge ?"

Etienne vient d'être libéré, il avait été pris en otage au cours d'un reportage, il est photographe de guerre. Mais le retour dans le village de son enfance, auprès de sa mère, la reconstruction, ne sont pas si simples. Il ressent le besoin de réunir autour de lui ses amis de toujours, Enzo et Jofranka. Et puis il y a la musique, qui fait le lien et le ramène à la vie. Sa mère joue tous les jours, pour lui. Comprendra-t-il enfin pourquoi il n'a de cesse de partir ? Tout comme son père. Une image l'obsède, la dernière, celle qu'il n'a pas pu prendre avant d'être kidnappé, cette femme qui tentait de sauver sa famille, leur voiture pleine, prête à partir. Et puis il y a Emma, qui ne voulait plus l'attendre et l'a quitté juste avant son dernier départ, et sa lettre aujourd'hui qui ne demande plus rien, qui constate seulement la fin.

Perdu, toujours otage malgré sa libération, Etienne tente de se ressourcer afin de pouvoir de nouveau vivre au monde. Ses amis l'aident, et il comprend peu à peu à quel point nous sommes tous otages de quelque chose, en nous, de nos émotions, de notre histoire, de nos manques, de nos empêchements. J'ai beaucoup aimé lire cet opus de Jeanne Benameur, ces mots qui permettent d'être au plus près des émotions intimes de chacun des protagonistes, de ressentir le présent si fort. C'était un moment particulier que la lecture de ce livre, un moment assez intense, de ceux qui remuent des choses en soi. Une très belle lecture !

Editions Actes Sud - 18.80€ - Août 2015 - Merci à mes prêteurs !!

Ce titre a été beaucoup lu sur la blogosphère - Sa page sur Babelio [clic ici]

 

 

1 novembre 2016

Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, Philippe Doumenc ~ Et c'est parti pour l'Objectif Pal de Novembre... !!

contreenquete

"Emma Bovary, née Boualt, vingt-cinq ans environ, épouse de M Charles Bovary, officier de santé à Yonville-L'Abbaye (département de la Seine-Inférieure), décédée à Yonville-L'Abbaye, le 24 mars 1846 à deux heures de l'après-midi, par empoisonnement à l'arsenic."

Qui ne connaît pas l'histoire d'Emma Bovary, célèbre personnage de Gustave Flaubert, rongée par l'ennui, ses phantasmes et ses désillusions, et qui décède par empoisonnement à l'arsenic ? Or, l'arsenic, en une seule prise, n'est presque jamais mortel. Une enquête est donc ouverte. Les médecins décèlent des traces de contusions sur le corps autopsié. Deux policiers de Rouen sont dépêchés sur les lieux, les suspects se multiplient... Et si il s'agissait effectivement d'un meurtre ?

Philippe Doumenc a imaginé une suite au roman de Gustave Flaubert. Et même si le lecteur peut être, dans les premières pages, dubitatif sur le procédé, il se laisse très vite prendre au jeu. Gustave Flaubert n'aurait été dans cette histoire qu'un rapporteur romantique et mal informé ? Voilà qui est d'une grande audace. Cette contre-enquête, elle, se base sur les faits, et seulement sur les faits, bien entendu. Et je dois dire que cette démarche étonnante m'a beaucoup amusée, et elle est par ailleurs très prenante, malgré un style qui reste très classique. On retrouve dans ce polar littéraire les personnages du mari Charles, du pharmacien Homais, et aussi Rodolphe l'amant hautain, etc... Philippe Doumenc m'a indubitablement donné envie d'ouvrir de nouveau le roman de Gustave Flaubert pour y repérer les détails cités avec minutie par l'auteur. On y retrouve avec plaisir tout ce qui fait le charme du précédent récit, et c'est un moyen tout trouvé de prolonger la rencontre avec une Emma Bovary décidément bien malheureuse et tourmentée. Un petit opus original qui, à l'instar de son image de couverture, dormait dans ma PAL depuis bien trop longtemps.

Editions Actes Sud Babel - 6.60€ - Janvier 2009

objectif pal

Lu dans le cadre du challenge....

Pour participer vous aussi, voir les autres contributions et en connaître les règles, il suffit de cliquer ici [clic]

Jusqu'à ce soir il y a un jeu sur le blog Lettres exprès

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Les lectures d'Antigone ...
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Les lectures d'Antigone ...
  • "Tu vois, moi, j'ai des passions, les livres, ça me sauve... J'ai traversé mes temps morts avec des gens qui ont oeuvré pour ça, ceux qui ont écrit... J'ai le livre en main et c'est du carburant pour ma vie à moi..." Jeanne Benameur
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